Le Rwanda accablé par une nouvelle enquête de Global Witness : 280 tonnes de coltan congolais vendues illicitement par le Rwanda au Luxembourg

Le Luxembourg s’est révélé comme le pays de l’Union européenne qui a œuvré pour s’opposer aux sanctions des 27 contre le Rwanda pour fait d’agression contre la République Démocratique du Congo. Plus d’une fois, il a recouru à son veto avant que la dynamique s’impose.
Selon les conclusions d’une enquête effectuée par l’ONG Global Witness, l’entreprise luxembourgeoise Traxys est un négociant international en matières premières basé au Luxembourg, en Europe qui a acheté 280 tonnes de coltan au Rwanda en 2024. Et pourtant, ce minerai est introduit en contrebande depuis la République Démocratique du Congo à destination de Kigali.
L’analyse des données commerciales et le témoignage recueillis par cette ONG internationale certifie qu’une part importante du coltan acheté par Traxys au Rwanda est liée à la guerre en cours dans l’est de la RDC.
Pour les experts de cette organisation, le tantale, un métal dérivé du coltan, est utilisé dans la fabrication de produits électroniques tels que les téléphones portables, les ordinateurs personnels et les pièces automobiles notamment, pour les véhicules électriques qui participent à la transition énergétique. Un téléphone portable contient en moyenne 40 mg de tantale. Selon les estimations officielles, Rubaya représenterait à elle seule entre 15 et 30 % du coltan extrait dans le monde. De quoi susciter l’engouement et la convoitise du monde pour cette partie orientale du Congo.
L’enquête de cette ONG révèle également que le groupe armé du M23 est en grande partie financé par l’exploitation du coltan dans la région minière de Rubaya, qui a été introduit clandestinement au Rwanda en grandes quantités.
Cette enquête de Global Witness vient conforter le rapport accablant du groupe d’experts des Nations Unies publié en janvier dernier, confirmant que le mouvement politico-armé de l’AFC-M23 a frauduleusement exporté 150 tonnes de coltan de Rubaya, une cité minière congolaise, en le mélangeant à la production rwandaise. Plus de 800 000 dollars américains par mois sont générés rien que par les taxes sur la production et le commerce de ce minerai.
Réagissant à cette enquête de Global Witness, le négociant en matières premières Traxys a nié que son coltan provienne de Rubaya et contribue au financement du M23, affirmant qu’il est « fermement engagé à travailler uniquement avec des chaînes d’approvisionnement responsables lors de l’approvisionnement en minéraux provenant de zones touchées par des conflits et à haut risque ».
Global Witness a également soulevé une collusion entre le coltan congolais illégalement exploité par les rebelles, le Rwanda et l’Union européenne. Elle appelle l’UE à annuler son partenariat sur les matières stratégiques signé en février 2024 avec le Rwanda et à suspendre son aide au développement jusqu’à ce que Kigali retire ses troupes de la RDC et cesse tout soutien au M23.
L'exploitation du coltan fait partie d'une dynamique extrêmement complexe où politique, milice, mafia et finance semblent parfois se confondre.
La Pros.
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