Le principe fondamental de toutes les négociations, c’est celui d’un verre à moitié vide ou à moitié plein. Ça devient compliqué quand les discussions sont parrainées par des médiateurs supposés neutres. A l’instar de Sun City, les congolais ont épuisé toutes les échéances leur accorder par la facilitation afin de parvenir à un accord.
Les experts de la médiation à Doha ont produit un texte qu’ils ont estimé avoir pris en compte les desiderata des uns et des autres. Entretemps, l’AFC/M23 rouspète en considérant qu’on a accordé la part belle la délégation de Kinshasa. Même sentiment pour Kinshasa en attendant une déclaration officielle.
Les experts du gouvernement seraient en train de décrypter cette proposition de paix de la capitale qatarie. Pour le fait de souscrire à une médiation extérieure acceptée par les deux parties, on est obligé de se soumettre à son diktat. Si ce draft de la facilitation vise la restauration de la paix à l’Est congolais après plus d’une trentaine d’années, il y a également les intérêts économico-politiques des médiateurs. Après tout, ce ne sont pas de simples enfants de chœur.
Les USA restent aux aguets après avoir mobilisé leurs investisseurs sur les gisements miniers congolais. Cependant, l’applicabilité de l’accord de Washington est tributaire de celui de Doha. Pour cette raison, l’administration Trump appuie sur l’accélérateur afin de parer au plus pressé.
Les uns voient dans cette proposition qatarie, le décor planté de la balkanisation qui passe par la mise en place d’une force spéciale sous influence alors que les autres le voient sur autre prisme. La demande d’une force spéciale composée à 50% de membres de l’AFC/M23 ne répondrait nullement à la proposition de Kinshasa d’intégrer dans les FARDC les éléments rebelles au cas par cas. On serait sceptique de légitimer un contrôle militaro-politique sur des zones occupées du Nord et du Sud-Kivu. À l’issue de son mandat de cinq ans, renouvelable, ces éléments seraient intégrés à l’Armée et à la Police.
Cependant, en ce qui concerne le rétablissement de l’autorité de l’Etat afin de mettre fin la gestion hémiplégique de la RDC, le document de la facilitation prévoit l’extension de l’Etat dans les zones sous contrôle du M23-AFC via la nomination d’autorités intérimaires locales, il reviendra au Président de la République qui va user de son pouvoir discrétionnaire pour porter son choix sur les candidats qui lui seront soumis incluant éventuellement des personnalités suggérées par les rebelles, jusqu’à l’organisation d’élections en 2027.
Entretemps, le M23-AFC refuse le retour de l’autorité de l’État tel que formulé dans le projet et déplore l’absence de reconnaissance de son projet de fédéralisme. Qu’à cela ne tienne, Doha prévoit un nouveau rendez-vous de négociations dans les prochains jours.
La Pros.