Trêve d'illusion : aucun milliard USD en investissements n'est à espérer de l'étranger sans rétablissement total de la sécurité au pays !
De Léon Kengo en 1994 à Félix Tshisekedi en 2025, les promesses d'investissements obtenues des partenaires extérieurs ces 30 dernières années obéissent à la même logique : celle de l'existence d'un ordre institutionnel rassurant !
21 milliards USD pour la RDC, à peine 2 milliards pour le Rwanda : la visite-éclair de l'Émir du Qatar Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani à Kigali le 20 et à Kinshasa le 21 novembre 2025 continue de faire délier les langues dans la Com' de la Fatshisphère. Pourtant, le communiqué final en six points publié à l'issue de l'étape de Kinshasa n'en parle pas. Normal : l'enveloppe est d'un holding privé ayant pour fondateur cheikh Mansour Ben Jabor Ben Jassim Al Thani, membre de la famille royale. Les investissements annonces à l'occasion de son passage à Kinshasa en septembre 2025 visent l’agriculture, les finances, les mines, l’industrie pharmaceutique, les hydrocarbures...
Deux initiatives distinctes
Or, les 6 Protocoles d'Entente (pas encore Accords formels) signés lors de la visite de l'Émir du Qatar concernent :
1. Le domaine des ports entre Qatar Ports Management Company “Mwani Qatar“ de l’État du Qatar et l’Office National des Transports (ONATRA SA) ;
2. Le domaine juridique entre le ministère de la justice de l’État du Qatar et le ministère de la justice de la RDC ;
3. L’exemption des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et passeports spéciaux de la RDC et de l’État du Qatar ;
4. Le mémorandum d’entente entre le Fonds du Qatar pour le développement dans l’État du Qatar et le ministère des Affaires sociales, action humanitaire, etc. ;
5. La coopération dans les domaines de la jeunesse et du sport entre les deux États ; et,
6. L’établissement des consultations politiques sur des questions d’intérêt mutuel entre les ministères des Affaires étrangères de la RDC et du Qatar.
On ne voit pas, à l'analyse de ces protocoles, où sont intégrés les 21 milliards annoncés !
Preuve qu'il n'y a rien à voir ni à avoir entre l'initiative du holding de cheikh Mansour Ben Jabor Ben Jassim Al Thani et la visite de l'Émir Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani.
Il s'agit de deux initiatives distinctes.
...Sur le terrain, pas grand-chose.
LE POTENTIEL (encore !) a visiblement perçu les risques de la confusion en ce que, dans sa livraison de ce mardi 25 novembre 2025 avec pour titré "Qatar-RDC : Une diplomatie des milliards sans investissements réels", il fait ce constat : "L’absence totale de précisions financières confirme que l’annonce relève davantage du souhait que de l’engagement. Aucun document ne mentionne une allocation du fonds souverain qatari, aucune structure de financement n’a été dévoilée, aucun calendrier n’a été fixé, aucun projet n’a été défini, aucun consortium industriel n’a été identifié. Tout ce qui aurait donné un début de crédibilité économique à cette annonce manque. Ce qui reste est une image diplomatique, une phrase lourde de chiffres mais vide de contenu opérationnel. Le Qatar n’a pas engagé 21 milliards. Il a simplement inscrit la RDC sur la longue liste des pays avec lesquels il entretient une relation de façade qui lui coûte peu et lui rapporte beaucoup en visibilité stratégique".
La Communication officielle doit avoir le courage de l'honnêteté.
Et pour cause !
Jusqu'à la veille de son entrée au Gouvernement le 8 août 2025, Adolphe Muzito jurait, la main sur le cœur, qu'aucun investisseur sérieux ne pouvait engager son argent dans un pays où le système politique n'est pas rassurant. C'était en 2019. Probablement qu'il a changé d'avis.
Mais, sur le terrain, la réalité n'a pas varié. En témoigne le nombre insignifiant d'investissements extérieurs opérés dans les 7 zones économiques spéciales installées au pays. Celle de Maluku, par exemple, peine à les attirer malgré toutes les facilités que leur offre l'État congolais dans le cadre de l'amélioration du climat des affaires.
Au cours des 6 dernières années, que d'audiences Félix Tshisekedi et les membres du Gouvernement n'ont-ils pas accordées à des investisseurs extérieurs ici au pays et à l'étranger, en référence à tout ce que rapporte la Com' de Julien Paluku dans le groupe WhatsApp CAJPK !
Pourtant, sur le terrain, pas grand-chose.
Probablement qu'on entend voir...
Sécurisation politique, juridique et judiciaire
Au fait, il n'y a rien d'étonnant ni de nouveau dans le volet Investissements économiques étrangers sur le territoire congolais quand on sait que les derniers à avoir été entrepris par États-Unis en particulier, les Occidentaux en général, remontent aux années 1970-1985 avec, entre autres, le CIS (Consortium Inga-Shaba), Midema, Goodyear, General Motors etc.
Depuis une quarantaine d'années, rien. Plus rien. Ou tout au moins, il y a eu en 2006 TFM (Tenke Fugurume Mining) revendue aux Chinois en 2016.
Au cours des années de la longue Transition (1990-2006), les Occidentaux semblent avoir mis la RDC en jachères dans l'objectif soit de susciter son implosion (balkanisation), soit de lui priver de toute capacité de leadership dans la région Afrique Centrale et dans toutes les sous-régions dont le pays est membre : CEEAC, SADC, EAC, CIRGL...
Au nom des concepts comme les Droits de l'Homme, l'État de droit et la Démocratie appliqués en double standard (condescendance à l'égard de certains régimes africains comme le Rwanda), fermeté à l'égard de la RDC), les Occidentaux avaient cru se complaire dans le désinvestissement.
Il a fallu l'entrée de la Chine dans l'exploitation minière via le contrat sino-congolais pour qu'on assiste au ressaisissement en cours.
Mais, au-delà de cette forme de rattrapage, il y a l'exigence incontournable de la sécurisation politique, juridique et judiciaire pour tous les investisseurs étrangers et même nationaux. Une sécurisation qui ne se discute pas. Elle s'impose.
On a en référence la tentative on ne peut plus suicidaire de Jules Angelete de préconiser la dissolution ou la nationalisation de la SICOMINES SA.
"Qui finance commande"
Ce qui se passe aujourd'hui a de quoi rappeler la première conférence de presse de Léon Kengo, redevenu Premier ministre en 1994 dans le cadre de la mise en place de la 3ème voie (ni Cns, ni CpK). Il avait averti les Zaïrois de ne rien espérer de l'étranger dès lors que le modus operandi adopté par les forces politiques et sociales était la destruction des investissements au nom de la prétendue lutte contre la fameuse dictature d'un certain Mobutu, aujourd'hui remis à la page aux musées nationaux au point d''y inviter l'Émir du Qatar !
Ironie du sort : le parti qui faisait fuir les investisseurs avec des initiatives du genre "Journées Ville Morte" est aujourd'hui au pouvoir. Il peine à les faire venir ou revenir au pays.
La morale à en tirer est que les 21 milliards de dollars promis à la RDC ne seront disponibles que lorsque la sécurité politique, juridique et judiciaire sera consolidée.
Entre-temps, le Rwanda disposera de ses 2 maigres milliards et en fera l'usage qu'il en fera, et cela pour avoir instauré la sécurité politique, juridique et judiciaire !
Comme pour dire de la RDC que son enveloppe à elle est soumise à d'autres considérations. Dont, sans doute et hélas ! La caution de Washington !
Omer Nsongo die Lema
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