Médias et élections 2023, JED : Tshivis Tshivuadi tacle Félix Tshisekedi !

*‘’Je voudrais très respectueusement, poser à Votre Excellence, une question directe à laquelle Vous n’êtes pas tenu de répondre. C’est celle de savoir, si vous êtes réélu à la fin de cette année, qu’est- ce que Vous feriez pour la presse, et que vous n’avez pas pu lors de votre premier mandat ?
Telle est la question que Tshivis Tshivuadi, Secrétaire Général de JED, a posée à Félix Tshisekedi hier, mercredi 3 mai 2023, en marge de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. C’était dans la série de discours tenus devant le Premier Ministre, Sama Lukonde Kyenge, le Ministre de la Communication et Médias, le Président du Sénat ainsi que de tant d’autres autorités invitées à cette occasion, à Fleuve Congo Hôtel, dans son cadre lambrissé situé au premier étage. Plus loin, le Secrétaire Général de JED s’est appesanti, par ailleurs, sur les progrès réalisés dans la protection des libertés des professionnels des médias sous le règne de Félix Tshisekedi. Puis, il a épinglé quelques défis auxquels la RD. Congo est encore confrontée en cette période de guerre d’agression et, surtout, vers la phase finale qui, normalement, marquera la fin du quinquennat grâce à l’organisation de nouvelles élections 2023.
Allocution du Secrétaire général de JED à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse
Kinshasa, Fleuve Congo Hôtel, le 03 mai 2023
La liberté d’expression à l’épreuve de la crise sécuritaire en RD Congo
Excellence Monsieur le Président de la République
Après le 03 mai 2019, à l’Hôtel Béatrice, quelques mois après votre arrivée au pouvoir ; après les Etats généraux de la presse qui se sont tenus il ya un peu plus d’une année, sous Votre haut patronage, Vous voici une fois de plus parmi nous à l’occasion de la célébration de cette journée mondiale dédiée à la presse… à la liberté de la presse.
Soyez rassuré, Excellence, que les journalistes et acteurs des médias congolais apprécient à leur juste valeur cet Honneur et cette proximité.
Cette journée intervient dans un contexte bien particulier marqué par la crise sécuritaire qui persiste, notamment à l’Est du pays ; et que pointe à l’horizon 2023, la fin d’un quinquennat de tous les espoirs.
Comment, dès lors, parler de la situation actuelle de la liberté de la presse, sans être tenté de dresser Votre bilan et celui de Votre gouvernement sur l’exercice de cette liberté de la presse, notamment, au regard de votre engagement de « promouvoir la presse et les médias pour en faire véritablement un quatrième pouvoir ».
Un exercice qui peut paraitre un peu risqué et mal interprété surtout en ce moment, et surtout si ce bilan est négatif…
Et pourtant, ce ne sont pas les réalisations qui manquent à Votre actif. Et j’en donnerais au moins deux à titre illustratif.
Il y a 4 ans, la RDC occupait la 154ème place au Classement mondiale de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières, qui est une Organisation connue et reconnue à l’International pour sa rigueur et pour son sérieux.
Ensuite, nous sommes passés à la 150è place en 2020 ; et à la 125è place en 2021, aujourd’hui au dernier classement qui vient d’être publié, il y a quelques heures, la RDC se positionne à la ….
En quatre ans donc, et sous votre leadership, la RDC a gagné ….. places dans ce classement qui est la baromètre mondiale de la démocratie .
Toujours à Votre actif, et à votre accession au pouvoir, la presse congolaise était régie depuis plus de 20 ans par une vieille Loi datant de l’époque de la dictature sous le Maréchal Mobutu, obsolète et répressive pour la liberté de la presse. Aujourd’hui, 27 ans après, la RDC vient de se doter d’une Nouvelle Loi sur la Presse, plus moderne, et plus protectrice pour les journalistes.
C’est ici le lieu de saluer ces efforts de votre gouvernement, et l’implication personnelle de notre Ministre de la Communication et médias, qui ont permis tant soit peu de redorer l’image d’un pays longtemps présenté comme l’un des plus dangereux pour les journalistes.
Mais, ces avancées significatives ne peuvent occulter d’autres motifs d’inquiétudes et qui demeurent sur des pratiques héritées des anciens régimes, telles que le harcèlement des journalistes, les arrestations et détentions arbitraires, les fermetures ou saccages des médias.
Les affrontements à l’Est du pays entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 mettent à mal le travail des journalistes qui se trouvent bien souvent pris entre deux feux, menacés par les deux camps.
Et malgré l’état de siège, cette partie du pays reste l’une des régions la plus violente de la RDC, et la plus à risque pour les professionnels des médias.
La question sécuritaire des journalistes nous préoccupe d’avantage au moment où le pays se prépare à s’engager dans un nouveau cycle des élections générales prévues pour la fin de l’année dans un contexte qui s’annonce tout autant tendu que les cycles précédents.
Afin d’assurer la sécurité des journalistes sur terrain et leur permettre de faire correctement et en toute sécurité leur travail durant tout le processus, nous lançons un appel au gouvernement d’entamer dès à présent, des campagnes de formation et de sensibilisation des forces de sécurité sur la nécessité de respecter le travail des journalistes.
C’est dans ce cadre que nous saluons également la mise en place récente, en concertation avec le ministre de la Communication et des médias, d’un mécanisme de sécurité pour la protection des journalistes à travers la création d’un groupe de communication réunissant des ministres, des représentants de la police et des services des renseignements, des représentants de la Monusco, des gouverneurs militaires des provinces sous états de sièges. Ce groupe WhatsApp permet d’interagir pour prévenir des cas d’atteintes à la liberté de la presse, alerter sur ceux qui sont arrêtes ou menacés, et de faire en sorte que ces exactions ne restent impunies.
Avant de terminer mon propos, je voudrais très respectueusement, poser à Votre Excellence, une question directe à laquelle Vous n’êtes pas tenu de répondre. C’est celle de savoir, si vous êtes réélu à la fin de cette année, qu’est- ce que Vous feriez pour la presse, et que vous n’avez pas pu lors de votre premier mandat ?
Merci Excellence !
Tshivis Tshivuadi
SG.
JED
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