Publication du rapport des Experts de l’ONU, Dénis Mukwege : ‘‘Nous réitérons donc notre appel à des sanctions fortes et coordonnées contre les acteurs de la déstabilisation en RDC et à la mise en œuvre des prescrits de la résolution 2773 du Conseil de Sé

Publication du rapport des Experts de l’ONU, Dénis Mukwege : ‘‘Nous réitérons donc notre appel à des sanctions fortes et coordonnées contre les acteurs de la déstabilisation en RDC et à la mise en œuvre des prescrits de la résolution 2773 du Conseil de Sé

Le dernier rapport du groupes d’experts des Nations Unies continue à faire parler la classe politique congolaise car, les faits ainsi évoqués mettent à nu le soutien inconditionnel du régime de Kigali dans la crise sécuritaire dégradante qui secoue la partie Est de la RDC depuis plus de trois décennies. Dr Dénis Mukwege, figure emblématique de l’opposition congolaise et Prix Nobel de la paix 2018, a, dans une déclaration publiée hier, mercredi 9 juillet 2025, condamner l’implication irréfutable du Rwanda tels que mentionnée dans le rapport des experts de l’ONU et appelle à des sanctions fortes et coordonnées contre ceux qui se complaisent à déstabiliser le pays et sollicite ainsi la mise en œuvre des prescrits de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.

Déclaration suite à la publication du dernier rapport du Groupe d’Experts United Nations sur la République Démocratique du Congo 

Le rapport semestriel des experts mandatés par le Conseil de sécurité des Nations unies confirme, preuves à l’appui, les observations déjà faites par les populations dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), les autorités congolaises et les acteurs de terrain : le régime de Kigali dirige et contrôle de facto les opérations du M23 et les Forces de défense rwandaises (FDR) ont joué un rôle déterminant dans la conquête et l’occupation de nouveaux territoires et villes, notamment Goma et Bukavu.

Les experts onusiens fondent leurs conclusions sur des photos et des vidéos authentifiées ainsi que sur des témoignages et du renseignement. Ces sources fiables et concordantes attestent qu’il n’y a aucun doute que les FDR ont mené en territoire congolais des incursions systématiques et massives et que les forces d’agression ont été positionnées en première ligne pour s’engager directement dans les combats en utilisant des armes de haute technologie.

Depuis l’offensive éclair en janvier 2025 des troupes rwandaises et du M23, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies, plus de onze millions de citoyens congolais vivent entre la famine et la violence sous le joug des forces d’occupation qui contrôlent de larges pans des Provinces du Sud et du Nord Kivu, ce qui a provoqué un regain préoccupant de violations graves des droits humains et des Conventions de Genève, et a aggravé la crise humanitaire et augmenté le déplacement forcé des centaines de milliers de civils.

En outre, les experts rapportant au Conseil de Sécurité ont collecté des sources au sein de l’armée et du gouvernement rwandais indiquant que l’objectif ultime de Kigali est de contrôler le territoire des Kivus et les ressources naturelles congolaises grâce à la mise en place par le M23/AFC d’administrations parallèles illégitimes, semblables à celles d’un État, démontrant une volonté d’annexer les territoires conquis.

Ces révélations illustrent à nouveau que la prétendue préoccupation sécuritaire affichée par le régime de Kigali pour justifier ses « mesures défensives » et son interventionnisme en territoire congolais, à savoir la neutralisation des FDLR, est devenue un prétexte suranné et ne peut plus être invoquée comme une menace existentielle pour le Rwanda.

Trente ans après le drame du génocide commis au Rwanda dont les auteurs doivent répondre de leurs actes devant la justice, et malgré d’innombrables opérations militaires et initiatives menées pour mettre fin à l’activisme des FDLR, tant par les autorités congolaises qu'en collaboration avec le Rwanda par le déploiement direct de troupes rwandaises sur le sol congolais, souvent avec le soutien de la MONUSCO, l'effectif numérique d'éléments restants de ce groupe armé suggère que sa capacité résiduelle de nuisance de ceux qui ont participé activement au génocide est fortement réduite. Cette réalité met à mal le narratif avancé par le régime de Kigali qui continue d'endeuiller toute une région au nom de pseudo-mesures de sécurité.

Plus de six millions de congolais sont morts depuis la fin du génocide au Rwanda. Une partie importante des innombrables crimes ont été et continuent d’être commis d'après divers rapports des Nations Unies, dont le rapport Mapping, publié il y a presque 15 ans, directement par l’armée rwandaise ou par le truchement de rebellions téléguidées depuis Kigali, toujours sous couvert de ce même prétexte. Les populations martyres de l’Est du Congo et la diplomatie internationale ne peuvent continuer de tolérer ce cycle répétitif de violences qui a pour objectif véritable le contrôle et l’accaparement des ressources minières congolaises.

Autant il est absolument impératif que les responsables du génocide soient traduits en justice et punis pour leurs crimes odieux, autant les victimes congolaises ont une soif immense que le monde reconnaisse leur souffrance et que justice leur soit enfin rendue. Pourtant, les mécanismes actuellement mis en place, qui sacrifient la justice sur l'autel d'une paix fragile et illusoire, s'avèrent inefficaces. Les expériences similaires du passé démontrent qu'en empruntant cette même approche, le peuple congolais martyrisé n'a obtenu ni la justice ni la paix.

Le temps est venu pour les autorités congolaises et la communauté internationale de s’impliquer de manière décisive en faveur du désarmement de ces citoyens rwandais opérant sur le sol congolais. Ceux qui en remplissent les critères pourront être réintégrés dans la société rwandaise. Cela permettrait, une fois pour toutes, de vider ce prétexte de sa substance afin qu'il cesse de justifier l'instabilité chronique, les millions de morts et les cycles de violence qui déchirent l'Est de la RDC depuis déjà trois décennies. Car, au-delà de leur enrôlement, ces individus restent des citoyens rwandais. Au moment même où des acteurs internationaux et des États s'impliquent pour trouver une solution pacifique à la dernière guerre d’agression déclenchée par le M23 avec l’appui direct et indirect du Rwanda, il y a urgence à éradiquer définitivement la question des groupes armés, notamment les FDLR et le M23, afin de donner une chance réelle à une paix durable et ouvrir la voie à une coexistence pacifique dans la région des Grands Lacs.

En outre, les Congolais ont droit à la justice, à la vérité, à des réparations et à des garanties de non-répétition des atrocités. Nous aspirons à ce que la Cour Pénale Internationale poursuive ses enquêtes et ses poursuites en RDC pour les faits commis après le 1er juillet 2002, date de l’entrée en vigueur du Statut de Rome, et nous encourageons également les États à utiliser le principe de la « compétence universelle » pour mener des enquêtes et des poursuites sur les crimes graves commis en RDC, notamment ceux répertoriés dans le rapport Mapping.

De plus, les Nations Unies se sont pleinement investies dans la mise en place des mécanismes de la justice transitionnelle dans de nombreux pays africains, notamment au Rwanda, en Sierra Leone ou en République Centrafricaine, confirmant la lutte contre l’impunité et le soutien à l’instauration d’un état de droit comme des outils nécessaires pour prévenir la répétition des violences et instaurer une paix juste et durable. La souffrance des victimes est universelle, et le droit à la justice doit l’être tout autant. Il est impératif de mettre fin aux doubles standards en matière de justice à rendre aux populations martyres, en Afrique et partout ailleurs. Les leçons apprises dans d’autres situations de conflit doivent aujourd’hui être appliquées pour mettre un terme à la tragédie congolaise. 

Enfin, nous réitérons donc notre appel à des sanctions fortes et coordonnées contre les acteurs de la déstabilisation en RDC et à la mise en œuvre des prescrits de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité, qui appelle à un cessez-le-feu sans condition, au retrait inconditionnel et immédiat de l’armée rwandaise du territoire congolais, et au démantèlement des administrations illégales implantées par le M23 et l’AFC au Nord et au Sud Kivu.

Comments est propulsé par CComment

Author’s Posts

Image

Download Our Mobile App

Image
Image
© 2025 JoomShaper. All Rights Reserved

Design & Developed by IKODI DESIGN & IT SOLUTIONS