Changement de la Constitution : l'UDPS renoue avec tactique "Unir pour gagner, isoler pour gouverner" !

Après l'Union sacrée, l'Usor, l'Usoral, l'Asd, et le Rassop, c'est au tour de l'USN de subir le sort traditionnel réservé à des alliés de circonstance. Surtout ceux avec lesquels il aura eu des contentieux...
*Au lendemain de la sortie controversée de Jean-Pierre Bemba sur Top Congo Fm le 4 décembre dernier au point d'amener son parti, le MLC, à se fendre d'un communiqué ayant tout du désaveu de son président national, tous les regards se sont tournés vers Vital Kamerhe et Modeste Bahati. Fait du hasard ou non, c'est à ce moment précis que les professionnels de la "VAR" ont sorti une vidéo d'une séance académique du Prof André Mbata lorsqu'il était membre de l'UNC. Le Constitutionnaliste y avait exclu toute possibilité de changement de Constitution au risque de haute trahison. Mais, c'était sans compter avec son art de se dédire. La rétractation ne s'est fait attendre. Le lendemain, il a déclaré : "Notre Constitution est révisable. Il faut vraiment n’avoir aucune notion de droit pour s’y opposer". De quoi ramener Vital Kamerhe auprès de Félix Tshisekedi le 9 décembre. Quant à Modeste Bahati, il attend, selon son parti, "la mise sur pied d’une commission multidisciplinaire qui s’y penchera, telle qu’annoncée à Kisangani par le Chef de l’Etat. L’AFDC-A est disposée à y participer’’. Qu'à cela ne tienne ! La politique en RDC est tellement dynamique que même la VAR - qui vous renvoie le matin un NON - n'a plus peur de changer d'opinion dans la minute suivante après avec un OUI pendant que les réalités du terrain sont les mêmes. D'où, d'ailleurs, la nouvelle expression "débat populaire et débat scientifique" lancée par quelques Professeurs de Droit de l'UNIKIN. Il y a de cela six ans seulement, l'Udps serait monté au créneau pour leur rappeler le Primat du Peuple sur le Droit. Et faire taire la société savante de toutes les institutions académiques du pays. Aujourd'hui, il fait profil bas. C'est du reste pour cela que ses vrais et propres constitutionnalistes ne s'empressent pas d'intervenir dans le débat en cours. Question, peut-être, de ne pas trop vite se brûler des ailes...
DEBAT POPULAIRE ET LE DEBAT SCIENTIFIQUE
Ce qui (nous) arrive n'a finalement rien de surprenant.
La déstabilisation en cours de l'USN résulte des cachotteries de l’UDPS vieilles de trois décennies et demie. Nous y revenons dans la conclusion.
Pour l'instant, reconnaissons seulement qu'ayant eu dans son agenda le projet de changement de la Constitution, ce parti - on ne le dira jamais assez - aurait dû commencer par un débat interne, en comité restreint, avant de saisir les organes du parti. Il aurait évolué en s'ouvrant par la suite à l'USN, encore en comité restreint. Ce n'est qu'à l'issue de ces concertations qu'on aurait jugé de la nécessité ou non d'annoncer l'initiative de revisitation de la Constitution. Ceci de un.
De deux, en raison de l'impact de l'initiative, l'Udps aurait dû prendre de la hauteur en plaidant pour une large ouverture vers d'autres forces vives de la Nation absentes de l'USN.
Par respect à la fraction de la population fidèle à l'Opposition qui n'en reste pas moins congolaise, le parti présidentiel devrait convaincre sa Hiérarchie de la nécessité d'un dialogue national avec, parmi les points à l'ordre du jour, la revisitation de la Loi fondamentale.
Avec cette approche, le débat populaire et le débat scientifique en cours se seraient enrichis mutuellement.
LA CONSEQUENCE SERAIT LA SOMALISATION DE LA RDC
Malheureusement, on a assisté à un forcing qui ne pouvait que faire cabrer une bonne partie de l'opinion congolaise.
Qu'on le veuille ou pas, il y a jusque-là l'article 219 qui interdit la révision de la Constitution en état de guerre, d'état d'urgence ou d'état de siège.
Pour le contourner et contourner en même temps l'article 218 prévoyant uniquement la révision, les intelligences udepesiennes ont levé en solo l'option du changement sans réaliser que les conséquences sur terrain restent les mêmes.
En effet, sauf leur neutralisation avant le référendum, les groupes armés qui occupent une partie du territoire national ne trouveraient aucun intérêt à adhérer à l'avènement de la IVème République résultant du changement de la Constitution. Les villes et localités échappant à l'autorité de l'Etat resteraient sous l'occupation de la rébellion. A propos de celle-ci, ouvrons une parenthèse pour noter que dans le discours d'investiture du Gouvernement Suminwa, il est fait allusion à la rébellion et non à l'agression.
Dès lors que le référendum va exclure une bonne partie du territoire national, la conséquence logique en serait la somatisation de la RDC.
Certes, il se dit que le Président Félix Tshisekedi n'a pas la volonté de briguer un troisième mandat. C'est vrai puisque l'article 220 ne le lui permet pas.
D'où le changement de la Constitution, de façon à laisser s'accomplir le schéma "NOUVELLE CONSTITUTION=NOUVELLE RÉPUBLIQUE=NOUVEAU CYCLE ÉLECTORAL". C'est-à-dire possibilité d'un nouveau mandat ; le premier d'une nouvelle série.
Raisonnons alors de façon insensée : Félix Tshisekedi change la Constitution, crée la 4ème République et se retire de la vie politique pendant que l'occupation des terres par les rebelles se poursuit. Qu'aura-t-il fait gagner au pays ? Rien, naturellement.
Raisonnons maintenant de façon sensée : Félix Tshisekedi se fait élire pour un premier mandat pendant que l'occupation des terres par les rebelles se poursuit. Qu'aura-t-il fait gagner au pays ? Evidemment rien.
Et pour cause !
Dans les deux cas, la sentence sera dans le serment d'investiture : le nouveau Chef de l'Etat va s'engager certes à respecter la Constitution, mais aussi à maintenir l'intégrité du territoire national et à sauvegarder l'unité nationale !
Seulement voilà : de quelle Constitution, de quelle intégrité territoriale et de quelle unité nationale sera-t-il question ?
Serait-ce à ce moment-là qu'il va approcher la rébellion, l'Opposition et la Société civile - dont les Églises Catholique et Protestante - pour négocier ?
"UNIR POUR GAGNER, ISOLER POUR GOUVERNER" !
Dans la confusion entretenue par l'Udps impliquant anti-révision, pro-révision constitutionnelle (mais dans le respect strict des mécanismes prévus pour ce aux articles 218 et 219) et pro-changement, la balance politique et médiatique penche pour l'instant du côté de ces derniers.
Mais, en termes d'argumentation, c'est l'inverse qui est en train de se produire. Les articles alignés par les premiers sont systématiquement détruits par les seconds.
Faute justement de coordination, les pro-changements s'annoncent chacun avec ses articles, et ça fait désordre.
Pendant qu'Augustin Kabuya brandit les articles 214, 215 et 217 qui le rattrapent au travers du "Corridor de Lobito", Jean-Pierre Bemba se focalise, lui, sur les articles 5, 10, 51 et 198. Dans la mêlée, on voit des Professeurs d'université se signaler avec les articles 2, 5, 10, 13, 68, 70, 71, 77, 78, 81, 217 et 218 et un udepesien pur sang avec 150 dans une Constitution de 229 articles !
Prof Paul Gaspard Ngonda Nkoy, cité parmi les membres de l'Association nationale des Constitutionnalistes, a lâché sur Radio Okapi ce lundi 9 décembre 2014 cette phrase :_“Nous demander aujourd’hui de réviser cette constitution, y compris en touchant les articles verrouillés, nous met mal à l’aise. Parce que nous-mêmes, nous nous mettons en difficulté, voire même en impossibilité juridique d’exister” !
Faute de pouvoir gérer la confusion ainsi créée, l'Udps réduit maintenant le débat à "pensée unique, pensée inique". Pour leur prestations dans les médias, ses Communicateurs semblent avoir pour consigne de passer désormais la rengaine : "Que vous le vouliez ou pas, la Constitution sera changée".
Il paraît que cela procède de la vitalité démocratique. Une vitalité qui fait pourtant de terribles ravages au sein de ce parti et gangrène l'USN (comme) pour en affaiblir les leaders majeurs.
Ceux de notre génération connaissent le modus operandi de ce parti. Depuis l'Union sacrée en 1991, l'Udps fonctionne par et avec la formule : "Unir pour gagner, isoler pour gouverner" !
On y est de plain-pied...
Omer Nsongo die Lema
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