Il n'y a plus de pont qui nous rapproche
Depuis que le noir a sonné sa cloche.
Nous nous regardons tels ciel et terre,
Distants et blessés comme à la guerre.
Il n'y a plus des lignes du temps
Qui croisent nos sentiments.
Nos cœurs ne se joignent plus
Depuis que notre pouvoir est déchu.
Ô que l'amour est beau, ô que le mal
Est laid, à la sauvagerie d'un animal.
Regarde sur cette terre ronde et blonde,
Sur la même onde, on a brisé notre monde.
Il n'y a plus des voix qui s'appellent
Pendant les nuits aux chandelles.
La lumière des aurores s'est évadée
Quand la bouteille de l'amour s'est vidée.
Il n'y a plus des mains qui se fouillent
Dans l'ombre, que des yeux qui se mouillent
Dans le désert innocent de notre amour
Où nos merveilles ne voient plus jour.
Ô que l'amour est riche, que nos têtes
Sont pauvres, maligne est la tempête
Qui nous a fait tanguer sur la mer
De l'inconscience, que c'est amer !
Mais il y'a encore des jolis murmures
A notre bout qui veulent escalader le mur
Qui nous éloigne à coups de silence,
Comme à coups de marteau, quelle violence !
Florence Meta