D’après ce document, il existe une chaîne de commandement entre les autorités politico-militaires rwandaises, le Mouvement du 23 mars (M23), dirigé par le général Sultani Makenga, et l’Alliance du fleuve Congo (AFC), dont le chef est Corneille Naanga, dans le but d’intensifier l’expansion dans l’Est de la RDC.

« La coalition AFC-M23 agit avec pour objectif de remodeler durablement le paysage politique et militaire congolais, tout en bénéficiant d’un soutien direct et indirect des autorités rwandaises. Cette stratégie indique la volonté d’occupation et d’exploitation à long terme des territoires conquis », rapporte la note.

Le document des experts onusiens révèle que, depuis avril 2024, les Forces de défense rwandaises (RDF) et le Service de renseignement rwandais continuent de donner des instructions et un soutien logistique au M23.

Pendant ce temps, poursuit le même document, l’AFC, dirigée par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Naanga, dépend de Sultani Makenga pour mener ses actions. Cependant, bien que les deux entités soient distinctes, elles mènent ensemble des campagnes de recrutement de jeunes combattants auprès des populations locales des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

« Les deux groupes organisent des réunions dans les territoires nouvellement conquis pour promouvoir leur coalition, recruter de nouveaux membres et mettre en place des administrations parallèles », souligne le rapport.

Par ailleurs, le groupe d’experts de l’ONU sur la RDC a, dans son dernier rapport transmis au Conseil de sécurité, demandé au Rwanda de mettre fin aux perturbations des systèmes GPS afin d’éviter tout impact négatif sur les opérations aériennes civiles et humanitaires et sur celles des Nations Unies.

De fin mai à début août 2024, révèle l’ONU, le système mondial de localisation (GPS) et les capacités de navigation des aéronefs ont été perturbés par des actes de « spoofing » et de brouillage près des zones contrôlées par le M23 et l’armée rwandaise, qui ont touché sans distinction les vols des Nations Unies, les vols humanitaires et commerciaux ainsi que les drones de surveillance.

«Deux systèmes de « spoofing » et de brouillage ont été positionnés sur le territoire rwandais. Un troisième a été découvert à Kanyabayonga, au Nord-Kivu, peu après la prise de contrôle de la région par le M23 et les RDF. Le 29 octobre, un drone de la MONUSCO, dont le GPS a été brouillé alors qu’il survolait une zone de combat active, s’est écrasé. Peu avant le crash, la coalition AFC-M23 avait averti la MONUSCO de mettre fin à l’utilisation de ces drones», rapporte l’ONU.

Selon les experts onusiens, le 25 octobre 2024, un système de défense aérienne à courte portée utilisé par l’armée rwandaise a été découvert à Karuba, dans le territoire de Masisi : «Le déploiement de systèmes de défense aérienne à courte portée et de systèmes de brouillage et de «spoofing» capables d’immobiliser ou de neutraliser des moyens aériens offre un avantage tactique important au M23 et aux RDF».

En outre, le rapport de l’ONU a indiqué que, les 10 et 15 juin 2024, deux missiles guidés Spike à portée étendue ont frappé la Mission de la SADC en République Démocratique du Congo à Mubambiro et la position conjointe des FARDC et de la société militaire privée Congo Protection, à Kanyamahoro, dans le territoire de Nyiragongo.

Les groupes d’experts des Nations Unies concluent leur rapport en indiquant que cette situation n’est qu’une source d’alimentation des tensions régionales et compromet les efforts de stabilisation de l’Est de la RDC, en dépit des accords de cessez-le-feu paraphés entre Kinshasa et Kigali.

La Pros.