Rapport de monitoring 2024, RDC : OLPA et PPI recensent 133 cas de violation de la liberté de la presse !
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La liberté de la presse est l’un des sujets qui alimentent beaucoup de débats en République Démocratique du Congo. En 2024, plusieurs cas de violation de ce droit ont été recensés dans les 4 coins du pays. L’Observatoire de la liberté de Presse en Afrique (OLPA) et le Partenariat pour la protection intégrée (PPI), ont publié un rapport de monitoring sur la situation de la liberté de la presse en RD Congo : interpellation, entrave à la libre circulation de l’information, agression, menaces, pressions administrative, judiciaire ou économique. Au total, plus de 133 cas ont été répertoriés dans ce document de 45 pages, rendu public mercredi 12 février 2025, par ces organisations, au cours d’une cérémonie à Sultani Hôtel. Ce rapport est produit dans le cadre du projet ‘’Protéger la Liberté d’informer en RDC’’ (PROLIR), mis en œuvre par Internews et financé par la coopération suisse.
OLPA et PPI, ont documenté respectivement 77 et 41 cas. Les 15 autres sont le fruit d’un travail en synergie. Ces structures renseignent que ces différentes atteintes ont été enregistrées dans 17 provinces, sur les 26 que compte la RDC. Partant de la province la plus touchée à la moins touchée, on retrouve notamment : le Sud-Kivu, qui est suivi de l’Equateur, du Nord-Kivu, de l’Ituri, de Kinshasa, du Tanganyika, du Kasaï-Oriental, de Lomami, du Kasaï, du Kwango, du Sankuru, du Haut-Katanga, du Haut-Uélé, du Kasaï-Central, du Kwilu, de la Tshopo et la Tshuapa. Ce rapport renseigne que ces actes de violation ont été commis par les forces de sécurité, les autorités politico-administratives et judiciaires, des groupes armés, des acteurs sociaux, des acteurs politiques et des militants d’un parti politique. Parmi les victimes, 115 hommes et 12 femmes ont été dénombrés.
Situation globale
Au vu du nombre des cas de violation de la liberté de la presse enregistré dans la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2024, l’OLPA et le PPI tirent la sonnette d’alarme.
‘’La situation de la liberté de la presse demeure préoccupante en RDC et particulièrement dans l’Est. Le monitoring réalisé démontre malheureusement que les personnes investies du pouvoir public sont en majeure partie auteures de différentes violations. Cette situation devient de plus en plus volatile dans l’est du pays, en raison de la présence des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et de l’activisme des groupes armés locaux. Les journalistes et médias qui communiquent régulièrement sur la situation se retrouvent pris à partie par ces derniers, dès qu’ils conquièrent leur zone. Certains journalistes ont même été contraints de quitter leurs zones, et mènent désormais une vie de déplacés. Ces violations rendent difficiles leurs conditions de travail’’, ont déploré ces organisations de défense des droits de la presse, qui appellent à l’implication des autorités, des organisations d’appui à la promotion de la liberté de la presse et des journalistes, pour que chacun agisse dans son secteur, afin d’endiguer cette situation.
Des recommandations
Pour garantir aux professionnels des médias un environnement de travail sain, l’OLPA et le PPI préconisent aux autorités de : mettre en application les textes de lois qui promeuvent la liberté de la presse ; de mener des enquêtes sérieuses sur les cas des journalistes assassinés ces dernières années ; et d’accorder des subventions aux médias en vue de les rendre autonomes et indépendants.
Les organisations de la corporation des journalistes sont quant à elles invitées : à prioriser la prise en charge des journalistes en détresse ; d’appuyer les formations professionnelles des journalistes en mettant l’accent sur leur sécurité numérique, physique et émotionnelle ; et d’accompagner les organisations dans leurs efforts de plaidoyer pour améliorer la situation de la liberté de la presse en RDC.
Les journalistes, sont à leur tour invités à : toujours veiller à leur sécurité en prenant en compte le contexte changeant dans lequel ils travaillent ; veiller au respect de lois du pays et du code d’éthique et de déontologie du journaliste congolais ; œuvrer en toute indépendance et en toute impartialité.
A la rescousse des journalistes
En cas d’atteinte à la liberté de la presse, l’OLPA et le PPI se tiennent aux aguets pour réagir rapidement, en apportant une aide urgente à la personne victime. Cette aide peut se traduire en alerte, communiqué de presse ou plaidoyer, pour dénoncer un cas de violation de la liberté de la presse. Celle-ci va jusqu’au remplacement d’un matériel de travail du journaliste, qui est endommagé ou confisqué, assurer le transport d’un journaliste déplacé pour le rapatriement vers son milieu de vie, lui fournir un logement en cas de déplacement, garantir les soins médicaux, et sécuriser les locaux d’un média menacé.
En termes d’assistance juridique, elle se traduit en assurant au journaliste en détention un emplacement confortable, en payant les frais de caution pour l’obtention d’une liberté provisoire, en couvrant les frais de procédure et de justice.
Cette intervention a été effective dans la ville de Kinshasa, avec l’aide apportée à Patrick Lokala qui avait été interpellé en octobre dernier, et au Sud-Kivu, où deux journalistes avaient bénéficié d’une assistance juridique fournie par le PPI, alors qu’ils étaient poursuivis pour faux bruits et imputations dommageables.
Nathan Mundele