RDC : Denis Mukwege juge la démarche suspecte et inopportune !
Alors que la campagne pour une révision constitutionnelle bat son plein en République Démocratique du Congo, le prix Nobel de la paix, le gynécologue Denis Mukwege, a brisé le silence à propos des réformes constitutionnelles proposées par le Président Félix Tshisekedi. Le mercredi 25 décembre 2024, à l’occasion de la célébration de la Noël, il a exprimé ses inquiétudes face à une initiative qu’il juge ‘’suspecte, inopportune et dangereuse’’.
Pour Denis Mukwege, il est inconcevable d’envisager une révision constitutionnelle dans un contexte où le pays est confronté à des défis sécuritaires majeurs. Il estime que cette démarche pourrait compromettre davantage l’intégrité territoriale et aggraver les tensions sociales.
‘’Il est paradoxal que, dans un moment où l’intégrité territoriale de notre pays est gravement menacée, le Président de la République choisisse de proposer une révision constitutionnelle. Cette initiative est non seulement suspecte mais également inopportune et dangereuse’’, a-t-il déclaré.
Selon lui, les désaccords provoqués par un tel projet, dans un climat déjà marqué par des crises intérieures et régionales, pourraient fragiliser encore davantage la cohésion nationale. Il pointe également du doigt les séquelles laissées par la crise de légitimité qui a suivi les élections controversées de décembre 2023.
Pour le prix Nobel de la paix, les priorités des Congolais devraient se concentrer sur la sécurité et la consolidation de la démocratie.
‘’La mauvaise gouvernance et les horreurs actuelles ne peuvent plus durer. Comment accepter autant de morts, de blessés et de misère dans une telle indifférence ? Nous ne devons pas permettre que l’ambition de pérenniser le pouvoir au-delà des mandats constitutionnels mette en péril la vie de nos concitoyens et l’avenir même de notre Nation. Une telle tentative constituerait un recul majeur pour notre démocratie, fruit des luttes acharnées de plusieurs générations’’, a-t-il ajouté.
Entretemps, la position de Félix Tshisekedi sur le sujet semble ferme.
‘’Personne ne changera mon avis à ce sujet’’, avait-il affirmé lors d’un séjour à Lubumbashi.
Toutefois, Mukwege considère qu’un changement de la Constitution serait une trahison des idéaux portés par les leaders africains qui ont milité pour la démocratisation du continent.
Il rappelle que plusieurs figures emblématiques de l’Afrique moderne, telles que Nelson Mandela, Julius Nyerere ou Léopold Sédar Senghor, ont su quitter le pouvoir de leur propre gré, laissant derrière eux des pays stables et des Nations fortes.
‘’Cette tentative serait une honte pour l’Afrique. Nelson Mandela, l’un des plus grands leaders de notre continent, est entré dans l’histoire mondiale après un seul mandat présidentiel. Cette initiative serait une profanation de la mémoire de nos héros africains, qui ont montré que l’alternance est possible sans discorde’’, a martelé Mukwege.
En appelant le régime à s’inspirer de ces exemples historiques, il insiste sur la nécessité de préserver les acquis démocratiques et de prioriser la stabilité du pays. Pour l’ancien candidat à l’élection présidentielle 2023, l’heure est à la sauvegarde de l’intégrité territoriale et à la consolidation de la démocratie, et non à des initiatives susceptibles de replonger le pays dans le chaos.
Chimea Samy