Surpeuplement, Malnutrition et manque de soins médicaux adéquats, RDC : Stanys Bujakera dénonce les mauvaises conditions d’incarcération à la Prison Centrale de Makala
Stanys Bujakera, journaliste à Actualité.cd et correspondant du magazine Jeune Afrique à Kinshasa, a divulgué, sur les antennes de TV5MONDE, quelques images prises au cours de sa détention à la prison Centrale de Makala, dans le but, selon lui, de montrer à la face du monde, les conditions d’incarcération au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). Au micro de ce média français, Stanys Bujakera n’y est pas allé par quatre chemins pour décrire la situation déplorable dans laquelle vivent les prisonniers, portant atteinte aux droits de l’Homme.
Sorti de prison le 19 mars dernier après y avoir passé 6 mois, Stanys Bujakera qualifie cette sortie médiatique de contribution, car il devait mettre à profit tout ce qu’il a pu voir et entendre lors de son passage dans ce centre d’incarcération, pour alerter l’opinion tant nationale qu’internationale, sur les réalités dudit centre. ‘’ Même dans l’abîme, le journaliste doit continuer à faire son travail’’, a-t-il affirmé. Ainsi, poussant au loin sa curiosité, il a décidé d’immortaliser ce moment.
‘’Surpopulation, maladies, non accès aux soins médicaux appropriés, malnutrition, des prisonniers dormant à même le sol’’. Cet ancien détenu de Makala a peint un tableau sombre de ce qu’il aurait constaté pendant son incarcération.
‘’L’hébergement est marqué par la surpopulation qui conduit à des fréquentes décès par étouffement ; présence des diverses maladies diverses ; les prisonniers dorment perchés sur des latrines ; maigres nourritures de très mauvaises qualités de surcroît, servies une fois par jour entre 17 heures et 18 heures ; la cuisine faite avec du bois pour nourrir plus de 15 milles personnes ; l’eau potable ne coule pas des robinets, elle est fournie par des dons ; les détenus font leurs besoins naturels à l’air libre, les latrines sont hors-services faute de leur vétusté’’, a déploré Stanys Bujakera.
Et d’interpeller les autorités : ‘’ Moi, par exemple, j’étais au pavillon VIP, il y avait une centaine des personnes qui partageaient quatre toilettes combinées aux douches. Des situations difficiles, qui sont très sérieuses, et je pense que les autorités doivent trouver des solutions par rapport à ce calvaire’’.
Sur cette lancée, il a affirmé, en outre, que les détenus devraient payer une certaine somme d’argent, pour échapper, à en croire à ses dires, aux conditions de détention générale, et, ainsi, s’offrir une cellule au quartier VIP, qui n’aurait rien du qualificatif lui attribué.
‘’ Quand je suis arrivé au pavillon 8 VIP, je me demandais vraiment si c’était le cas, mais après avoir visité d’autres pavillon, j’ai compris que celui dans lequel j’étais c’est effectivement un VIP… Le fait que la prison ait été construite pour accueillir 1 500 personnes et qu’on en est aujourd’hui à plus de 15 000, rend forcément les conditions de détention difficiles. C’est ce qui fait que les gens pour trouver un espace pour dormir, doivent sortir quelques billets de dollars. Moi spécialement, quand je suis arrivé au pavillon 8, il m’a été demandé de payer 3 000 dollars américains’’, a-t-il souligné, tout en précisant le fait que malgré la direction pénitentiaire condamne ces pratiques, ce système serait bien ancré à Makala.
Conscient des poursuites judiciaires auxquelles il se serait exposé, le correspondant de Jeune Afrique à Kinshasa estime que si sa démarche peut servir à l’intérêt général, et de permettre aux gens d’avoir accès à la justice, alors, cela en vaut la peine, car pour lui ‘’Makala n’est plus une prison, mais un centre de concentration’’.
Réponse du berger à la bergère
Constant Mutamba, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, n’a pas tardé à faire une mise au point sur ce dossier. Dans un tweet sur son compte X, il a déclaré que ces images diffusées étaient des anciennes, et a, par ricochet, précisé que l’Etat congolais avait d’ores et déjà , lancé le processus de désengorgement et d’amélioration des conditions de détention des prisons, et cela, bien avant que de telles images soient exposées sur la place publique.
Nathan Mundele