Après Goma : Kabila consulte à Bukavu

Beaucoup d’interrogations sur l’initiative de Joseph Kabila alors qu’on ne le voit nullement dans les contacts du Qatar et ceux des USA. Indésirable à Kinshasa, l’ancien chef de l’Etat a choisi de poser ses valises à l’Est de la RDC. Cette présence a eu à indisposer la classe politique essentiellement, les groupes politiques et autres personnalités qui avaient rejoint Corneille Nangaa à l’AFC.
Joseph Kabila a fait, en début de semaine en cours, une apparition inattendue à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, lundi, après un séjour prolongé à Goma. Deux villes aujourd’hui sous contrôle de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du M23, dont Kinshasa l’accuse ouvertement de complicité. Dans un climat de guerre larvée à l’Est, cette arrivée, tenue secrète jusqu’au dernier moment, relance le débat sur le rôle exact que joue l’ex-président dans la crise.
Alors que ses immunités sénatoriales ont été levées en mai, et qu’il est sous la menace de poursuites pour intelligence avec une puissance étrangère, Kabila semble choisir une posture de médiateur de proximité. À Bukavu, comme il l’a déjà fait à Goma, il prévoit de consulter notables, chefs religieux et représentants de la société civile. Son entourage évoque une volonté de paix et d’écoute, mais la démarche divise, notamment dans les rangs du pouvoir central qui y voit un double jeu.
En misant sur un ancrage local dans les zones occupées, Joseph Kabila apparaît en marge des négociations officielles pilotées depuis Washington entre Kinshasa et Kigali, avec le soutien du Qatar et des États-Unis. Pourtant, son positionnement coïncide avec une dynamique régionale où les acteurs non institutionnels, notamment les leaders religieux et coutumiers, commencent à peser davantage sur la scène diplomatique congolaise.
Si ses partisans saluent un homme « à l’écoute du peuple », nombre d’observateurs redoutent que cette présence serve plutôt à légitimer une forme de statu quo imposé par les armes. Depuis janvier, l’AFC/M23 contrôle une portion significative du Nord et du Sud-Kivu, et la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour. Kabila choisit-il son camp ou tente-t-il de redevenir incontournable dans un paysage politique en pleine recomposition ?
Ce qui est certain, c’est que son retour intervient dans un timing troublant. À quelques jours de la reprise officielle des pourparlers internationaux, et alors que la CENCO et l’ECC proposent un dialogue national, Joseph Kabila se place à nouveau au centre du jeu. Il soutient ces initiatives religieuses, qui pourraient court-circuiter l’approche plus formelle portée par Tshisekedi.
La Pros.
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