Au front de sa propre défense, Procès Bukanga Lonzo : Matata crie à l’acharnement politique !

Cette fois-ci, il s’est livré désormais, lui-même, à l’exercice âpre de défendre son honneur et de préserver sa carrière politique menacée, dit-il, par des officines déterminées à l’écarter définitivement de la scène politique congolaise. Inculpé dans le procès Bukanga Lonzo dont un tout nouveau feuilleton s’est ouvert, lundi 3 mars 2025 à la Cour Constitutionnelle, l’ancien Premier Ministre Augustin Matata Ponyo dénonce la résurgence de fausses allégations ‘’infondées’’ à son sujet sur une affaire, pourtant, dont se sont dessaisies antérieurement la Haute Cour ainsi que la Cour de Cassation. Dans une allocution officielle, Matata Ponyo relate, faits à l’appui, l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire et crie à l’acharnement politique dont il est victime. Pour lui : « Ce procès pénal à sensation déconcertante restera inscrit dans les annales de l’histoire à scandales judiciaires du siècle dans le monde. Il ne me reste qu’à demander au Président de la République, qui a la responsabilité constitutionnelle de faire respecter la Constitution et de veiller aux droits et libertés de tous les congolais, d’user de son pouvoir légal pour faire arrêter ce harcèlement politico-judiciaire de mauvais augure », conclut-il, dans son adresse, de laquelle rappelle-t-il des preuves clamant son innocence et sa probité à l’époque où il patronnait, des mains de fer, le Gouvernement de la République.
ALLOCUTION DE MONSIEUR MATATA PONYO MAPON
Mes chers compatriotes,
Avant toute chose, je voudrais exprimer ma sollicitude à l’endroit des compatriotes de l’Est du pays, en particulier ceux du Nord Kivu et du Sud Kivu, victimes des atrocités de la rébellion du M23.
Par la même occasion, je renouvelle tout mon soutien aux forces armées congolaises qui se battent pour la paix et la sécurité pour l’ensemble de notre pays.
Mes chers compatriotes,
Vous avez été surpris, comme moi, par l’extrait de rôle de la Cour Constitutionnelle m’invitant de nouveau à comparaitre devant elle sur l’affaire Bukanga Lonzo alors que tous les congolais pensaient que ce dossier était classé sans suite.
Comme vous pouvez l’imaginer, ce dossier, plutôt politique que judiciaire, réapparait comme un sphinx, chaque fois que le Pouvoir politique initie une action en sa faveur pour ratisser large. Pour mémoire, le dossier Bukanga Lonzo est né parce que j’ai refusé d’intégrer l’Union sacrée ; il a été réactivé pour m’empêcher de créer mon Parti politique, le LGD ; il est réapparu pour me dissuader de poser ma candidature à la présidentielle ; aujourd’hui, il est remis sur la table des juges, tous les congolais le savent, pour exercer une pression sur moi à cause du dialogue politique et du gouvernement d’union nationale qui se profilent à l’horizon. C’est donc un dossier politique, un dossier de la honte pour notre justice.
Mes chers compatriotes,
Cela fait près de quatre ans que la Constitution est violée plus de 40 fois dans le seul objectif de m’écarter de la scène politique et de démystifier ma gestion du reste exemplaire. Cela fait près de quatre ans que les deux plus hautes juridictions judiciaires de notre pays, la Cour constitutionnelle et la Cour de cassation, sont instrumentalisées à outrance par la Présidence de la République pour pouvoir condamner un homme politique qui n’a volé aucun dollar du Trésor public. Et tous ceux qui ont tenté de s’y opposer ont payé le prix fort au comptant.
Le Professeur Dieudonné Kaluba, brillant constitutionnaliste, a été viré de la Cour Constitutionnelle, comme un va-nu-pieds, en violation de la Constitution, pour avoir refusé d’obtempérer aux instructions de la Présidence de la République : Il a dit clairement à la Présidence que la Cour Constitutionnelle est incompétente pour juger un ancien Premier Ministre. L’Arrêt RP 0001 rendu par la Cour Constitutionnelle, sous sa haute direction, le souligne explicitement. Bravo à ce Professeur d’université.
Le Procureur Général près la Cour de Cassation Victor Mumba Mukomo a écrit au Président de la République pour lui dire expressément que la Cour de Cassation n’est pas compétente pour juger un ancien Premier Ministre.
Par la même occasion, le Procureur Général a demandé au Chef de l’Etat l’autorisation de classer définitivement ce dossier parce qu’aucune juridiction du pays, conformément aux lois actuelles, ne peut juger un ancien premier ministre.
En effet, nul ne peut être jugé que par la loi. Et la loi, en droit pénal, est toujours écrite. En réponse à sa bravoure et son honnêteté professionnelle, il a été récompensé par la mise à la retraite. Bravo à ce Procureur général.
Le Premier Président de la Cour de cassation David Christophe Mukendi Musanga, soucieux de ne pas violer la Constitution pour me condamner injustement, a été forcé par la Présidence de la République de retransférer, en violation de la Constitution, le dossier Bukanga Lonzo à la Cour constitutionnelle. En réponse à son manque de courage et de soutien au régime politique, il a été sanctionné par la mise à la retraite.
En revanche, ceux qui obéissent à la lettre aux instructions de la Présidence et violent la Constitution sont encouragés, félicités et même promus.
Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle Jean-Paul Mukolo Nkokesha est un célèbre exemple connu de tous les congolais. Il a inventé un autre droit pénal et constitutionnel qui n’est enseigné dans aucune université au monde. Comment un Procureur général près la plus Haute Cour peut écrire au Congrès et au Sénat sur le dossier d’un ancien Premier Ministre alors qu’il n’en a pas la compétence ?
Comment une telle autorité peut demander à un ancien Ministre des Finances d’accuser faussement un ancien Premier Ministre ? Comment une telle personnalité judiciaire peut demander à un ancien ministre de revenir sur sa signature et de changer sa déposition sur un procès-verbal déjà signé, contresigné et numéroté dans le seul objectif de condamner injustement un ancien premier ministre ? Comment un Procureur Général peut poursuivre un sénateur couvert des immunités parlementaires ?
Le Procureur Général Jean-Paul Mukolo Nkokesha, poussant l’ignominie jusqu’à l’extrême, a monté de manière rocambolesque un dossier sur les biens zaïrianisés en soutenant que j’ai détourné près de 145 millions de dollars américains. Les Ambassadeurs des pays occidentaux dont les concitoyens ont reçu l’intégralité de ces fonds étaient choqués et scandalisés. En récompense à ses actes de bravoure dans la violation éhontée de la Constitution, il a été maintenu à son poste et envoyé dernièrement au Conseil d’Etat alors qu’il est censé aller à la retraite.
Le Président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo, l’homme au poids politique, qui a comploté avec Jean-Paul Mukolo Nkokesha contre moi, a toujours clamé à ceux qui voulaient l’entendre qu’il a reçu mission de faire condamner Matata pour l’écarter de l’élection présidentielle.
Et qu’à ce titre, il était prêt à violer la Constitution, parce que protégé par la Présidence. Fort de ce soutien politique et en violation flagrante de la Constitution, il a levé de manière irrégulière, scandaleuse et cavalière, tel dans un film hollywoodien, mes immunités parlementaires sur le dossier fictif des biens zaïrianisés.
Il a même déclaré du haut de l’hémicycle du Sénat que les arrêts de la Cour Constitutionnelle n’étaient pas applicables au Sénat. En récompense à sa capacité hors pair à jongler et à violer la Constitution, il a été maintenu à son poste et reconduit par la suite comme Vice-Président du Sénat.
Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, je n’ai jamais volé un dollar du Trésor public, que ce soit au BCeCo, au Ministère des Finances ou à la Primature. Je suis donc poursuivi pour avoir bien géré les affaires de l’Etat. Et, il y a plus de trois ans que j’ai écrit à l’Inspection Générale des Finances pour enquêter sur ma gestion successive au sein de ces trois institutions de 2003 à 2016.
L’inspecteur Général des Finances, Monsieur Jules Alingete Key Keita, bras armé de la Présidence pour fomenter des coups contre les opposants politiques sur base des faux rapports financiers, a largué dans l’ensemble du pays des Inspecteurs des Finances pour trouver les preuves de détournement sur ma gestion. Il n'en a trouvé aucune. Les Ministres des Finances et le Gouverneur de la Banque Centrale disent n’avoir jamais donné un dollar du projet Bukanga Lonzo au Premier Ministre Matata.
L’entreprise sud-africaine Africom Commodities qui a reçu tous les fonds sur Bukanga Lonzo a certifié aux services compétents sud-africains et à la presse congolaise qu’aucun dollar de ce projet n’a jamais été remis au Premier Ministre Matata. Malgré tous ces éléments probants de mon innocence, les hautes cours de la justice congolaise, non indépendantes et instrumentalisées par la Présidence de la République, s’obstinent à violer la Constitution qu’elles sont censées respecter. Une maman de la commune de Kimbanseke, qui n’a pas étudié, s’est même posée la question de savoir à quoi ça sert d’avoir une Constitution et d’étudier le droit ?
Mes chers compatriotes,
Ce procès pénal à sensation déconcertante restera inscrit dans les annales de l’histoire à scandales judiciaires du siècle dans le monde. Il ne me reste qu’à demander au Président de la République, qui a la responsabilité constitutionnelle de faire respecter la Constitution et de veiller aux droits et libertés de tous les congolais, d’user de son pouvoir légal pour faire arrêter ce harcèlement politico-judiciaire de mauvais augure.
Que la justice s’occupe des responsables politiques de l’Union sacrée, dont certains proches de la Présidence, qui ont détourné des dizaines, voire des centaines des millions de dollars américains et qui s’en félicitent allégrement. Je sais que le Gouvernement me pousse à l’exil. Sachez que j’ai refusé l’exil alors que plusieurs pays me l’ont offert. J’aime mon pays et je préfère y rester. J’ai refusé la nationalité étrangère qui m’a aussi été offerte.
Je suis fier d’être congolais et je veux travailler pour mon pays afin qu’un jour les congolais sortent du déshonneur et de la honte dans lesquels ils se trouvent aujourd’hui et qu’ils soient fiers d’être appelés congolais.
Je vous remercie pour votre meilleure attention.
Matata Ponyo Mapon
Kinshasa, le 6 mars 2025
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