Constant Mutamba : démission confirmée !

Conformément aux textes contraignant, tout membre du pouvoir exécutif est appelé à quitter ses fonctions, 24 heures après sa mise à disposition à la justice. Me Constant Mutamba, jusqu’ici Ministre d’Etat, Ministre de la Justice et Garde des sceaux, a présenté, hier mardi 17 juin 2025, sa démission au Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à la suite de la levée de son immunité parlementaire. Poursuivi pour détournement présumé de fonds publics, l’ancien candidat à la présidentielle de 2023 quitte la scène ministérielle par la petite porte, dans un climat de haute tension politique et judiciaire.
Le Ministre d’Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Me Constant Mutamba, a officiellement fait part de son intention de quitter le gouvernement. L’annonce a été adressée au Chef de l’Etat lors d’une entrevue qui aurait duré plus d’une heure. Cette décision intervient dans un contexte particulièrement trouble, marqué par de lourdes accusations de détournement de fonds publics, pour lesquelles l’Assemblée nationale a autorisé l’ouverture de poursuites judiciaires.
Entré en fonction en mai 2024, Constant Mutamba s’était engagé, avec la fougue de sa jeunesse, à réformer une justice qu’il qualifiait lui-même de « malade », reprenant à son compte les mots du président Tshisekedi. Mais, l’élan réformateur du patron de la NOGEC aura été de courte durée. Le vent judiciaire s’est retourné contre lui, emportant au passage ses ambitions et, peut-être, sa carrière politique.
Un dossier Kisangani devenu boulet judiciaire
Tout commence en mai, lorsque le Procureur Général près la Cour de cassation adresse une requête à l’Assemblée nationale pour obtenir l’autorisation de poursuites contre le Ministre. En cause : un projet de construction d’une prison à Kisangani, dont l’exécution aurait donné lieu à un détournement de 19 millions de dollars, avec attribution directe et sans appel d’offres à une société peu expérimentée, Zion Construction. Le 15 juin, la Chambre basse vote massivement la levée de son immunité : 322 voix pour, 29 contre et 12 abstentions.
Face à cette décision, la démission devenait une évidence juridique, autant qu’un impératif politique. Selon des sources concordantes, un courrier officiel entérinant cette démission devrait être adressé à la présidence dans les heures à venir.
L’échec d’un pari politique risqué
Figure de la jeunesse politique congolaise, Constant Mutamba s’était illustré par une rhétorique anticorruption et des prises de position tranchées. Son accession au portefeuille de la Justice avait été saluée par certains comme le signal d’un renouvellement générationnel. Mais très vite, les lignes de fracture sont apparues : querelles ouvertes avec la Première ministre Judith Suminwa, tensions persistantes avec le Procureur Général Firmin Mvonde, qu’il accusera publiquement de faire partie d’un « groupe de mafieux » œuvrant à son humiliation.
Ces propos, loin d’apaiser les tensions, auront renforcé l’isolement politique du ministre, dont les appels au « règlement de comptes » n’ont trouvé que peu d’échos dans l’opinion publique. La veille de son entretien avec le chef de l’État, le 16 juin, une interdiction de quitter la ville de Kinshasa lui a été signifiée. Il est désormais sous menace d’un mandat d’arrêt, assorti d’une possible détention provisoire.
La Pros.
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