Guerre de l’Est : l’Union Européenne préconise le dialogue entre parties prenantes

Josep Borrell, Haut Représentant du Conseil de l’Union Européenne
*Le Haut Représentant du Conseil de l’Union Européenne a, dans un communiqué de presse daté du 4 mars 2024, appelé au dialogue des parties prenantes, pour trouver une solution à la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo (RDC), spécifiquement autour de Sake et Goma.
S’exprimant au nom de l’Union Européenne (UE), le haut représentant se dit ‘‘préoccupé’’ par l’escalade de la violence et l’aggravation de la situation humanitaire dans cette partie du pays. « L’UE condamne la dernière offensive du M23 et réitère sa ferme condamnation des actions des groupes armés dans l’Est de la RDC. Ces groupes doivent cesser toutes les hostilités, se retirer des zones qu’ils occupent et se désarmer conformément aux décisions prises dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi », stipule le communiqué.
L’UE épouse, une fois de plus, la thèse du rapport des Nations Unies qui affirme l’implication du Rwanda dans la guerre d’agression que livre le M23 contre la RDC ; cette instance européenne pointe également du doigt la RDC par rapport à sa relation avec les FDLR : « l’UE condamne le soutien du Rwanda au M23 et sa présence militaire sur le territoire congolais. Elle exhorte vivement le Rwanda à retirer immédiatement l’ensemble de son personnel militaire de la RDC ainsi qu’à mettre fin à tout le soutien qu’il apporte au M23 et à cesser toute coopération avec celui-ci. Elle exhorte vivement la RDC et tous les acteurs régionaux à mettre fin à tout le soutien qu’ils apportent aux FDLR et à cesser toute coopération avec celles-ci ».
Alors que la RDC entend engager un bras de fer et exige des sanctions de l’UE à l’endroit du Rwanda, cette dernière (UE) pense qu’une solution militaire n’est pas à envisager. « Seule une solution politique, et non militaire, peut mettre un terme à cette crise : un dialogue inclusif doit pour ce faire être engagé entre la RDC et le Rwanda afin de s’attaquer aux causes profondes du conflit », insiste le communiqué.
Le Haut représentant ne fait allusion ni à des possibles sanctions contre le Rwanda, ni au ‘‘protocole d’accord sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières’’ signé le 19 février dernier entre l’UE et le Rwanda. Voilà la diversion qu’a fustigée, le 24 février dernier, l’Archevêque Métropolitain de Kinshasa.
Au cours d’une messe célébrée en l’église cathédrale Notre-Dame du Congo, à Kinshasa, pour la paix dans l’Est de la RDC, le Cardinal Fridolin a déclaré : « lorsque le Congo est attaqué par un pays voisin, le Rwanda en l’occurrence, nous sommes plutôt étonnés, surpris, sidérés, par la réaction de cette même communauté internationale. En effet, comment comprendre qu’au même moment où cette communauté internationale dénonce finalement l’implication directe du Rwanda et son armée en soutien aux groupes armés M23, l’Union Européenne signe un accord de coopération minière durable avec le Rwanda, sur des ressources pillées en République Démocratique du Congo ».
L’opinion publique se souviendra que de nombreux dialogues ont déjà eu lieu en vue de la pacification de cette partie de la RDC. Un énième dialogue fera-t-il l’affaire ?
Prosper Mbumba
Journaliste indépendant
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