Présentation des états financiers de l’année fiscale 2024, David, Tshilumba : ‘’La REGIDESO a besoin de 1 milliard USD chaque année pour améliorer la desserte en RDC’’

Une atmosphère d’engagement et de confiance a embrasé hier, jeudi 19 juin 2025, la salle Panorama de Fleuve Congo Hôtel, situé en pleine commune de la Gombe, à l’occasion de la présentation par la Régideso SA de ses états financiers de l’année fiscale 2024 et de ses perspectives. Un moment stratégique de redevabilité qui a connu la présence des élus nationaux, des professeurs et d’autres invités de marque. Dans son exposé du jour, David Tshilumba Mutombo, Directeur Général de la Régideso, a présenté des performances de grande ampleur réalisées dans un esprit d’initiative poussée pour améliorer la gestion dans sa société et répondre aux attentes de tous les abonnés disséminés à travers l’étendue du territoire national. Selon David Tshilumba, en effet, en dépit de la situation difficile que traverse le pays, la Régideso est parvenue, grâce à une vision audacieuse, à augmenter de 22% son chiffre d’affaires pour l’année fiscale 2024. ‘’Nous sommes partis de 399 milliards de francs congolais à 486 milliards de francs congolais, soit 22% d’augmentation. Quand nous quittons le chiffre d’affaires, nous allons très vite aller à la valeur ajoutée qui a également augmenté de 113%. Pour une année fiscale, c’est quand-même des progrès remarquables’’, a-t-il révélé, avec fierté, dans son intervention.
Moyens financiers conséquents
Un succès qui ne doit cependant pas voiler le plus dur à faire. Devant son auditoire, le DG David Tshilumba a pris du temps à expliciter les défis pressants qui doivent être résolus pour permettre un rendement de qualité en faveur des populations. Pour lui, la Régideso accuse une insuffisance en termes des capacités pour élargir et renforcer sa desserte en RDC par manque des moyens financiers conséquents. Selon ce gestionnaire, il faut au moins 10 milliards de dollars américains repartis en dix ans à la Régideso, qui n’a que 16% de la desserve, pour relever le défi de la couverture nationale en eau potable.
‘’Le pays a besoin de plus de 1 milliard de USD par année dans le secteur de l’eau pendant au moins 10 ans pour qu’on sente la différence. Regardez ce que nous avons fait depuis l’indépendance : 16%. Tout ce qu’on a fait comme projets, tout ce qu’on a eu comme aide au développement, beaucoup de discours, des politiques et des législatures, des gouvernements, des projets, nous ne sommes qu’à 16%. Si nous n’investissons pas à une hauteur de 1 milliard de dollars pendant au moins 10 ans successifs, le changement sera difficile. C’est pourquoi, nous avons besoin de la participation de tous. Nous faisons cet appel pour que tous comprennent. Et ceux qui sont dans le Gouvernement et ceux qui sont dans le secteur privé et nos partenaires au développement. Le modèle de partenariat doit changer. On ne peut faire les mêmes choses et penser que nous allons continuer à améliorer’’, a démontré le Directeur Général de la Régideso.
Appel à l’action et interpellation
Avançant dans son élan, il a tiré la sonnette pour une aide au développement renforcée. David Tshilumba Mutombo a également exhorté le Gouvernement à prendre ses responsabilités pour soutenir le travail que réalise la Régideso au profit des congolais.
‘’L’aide au développement que nous recevons dans le secteur de l’eau par année dépasse rarement les 60 millions de dollars. Si on avait un tarif, on aurait 40 millions à ajouter au peu qu’on a de l’aide au développement. On aurait une enveloppe de 120 millions de dollars. L’impact serait meilleur pour le pays… Sur le plan des actifs, nous avons une augmentation globalement de près de 16% parce qu’on a beaucoup investi dans l’usine d’Ozone et de Lemba Imbu. Ce qui pousse les actifs à près de 16% d’augmentation. Si vous voyez les actifs circulants, c’est des chiffres. Ce n’est pas la réalité. On n’a pas le cash. C’est l’argent que les autres nous doivent. L’argent que l’Etat nous doit principalement’’, a-t-il déclaré. Et de compléter : ‘’ Dans les périmètres desservis par la Régideso, le taux de desserte en eau potable est de 37%. C’est basé sur les statistiques de la population de 2024. Si vous prenez la population de 2025, le taux est encore bas. Evidemment, les statistiques peuvent aller dans tous les sens selon la source. Mais, la réalité ne varie pas. La réalité, c’est aux robinets. Dans l’ensemble du pays, c’est 16% de la desserte. Dans d’autres provinces c’est 1%. Pour un pays qui a autant d’eaux, après 65 ans d’indépendance, je crois qu’il est temps qu’on se pose réellement des questions. Qu’avons-nous fait pour notre pays ? L’image est sombre. C’est cela l’image que je voudrais que vous puissiez retenir de notre triste histoire de la desserte en eau potable en tant que pays après 65 ans d’indépendance… La Régideso c’est 101 centres de traitement, 4300 agents à travers le pays, plus de 10.000km de réseau. Nous avons besoin de 50.000 ou 100.000 pour qu’on arrive partout… Notre production est petite. La demande nationale c’est près de 6.000.000 de m3 d’eau par jour. Nous en produisons seulement 1,5 million par jour… Il y a un grand travail à faire, un travail collectif que nous devons faire. Cela ne sert à rien de pointer du doigt à l’autre. C’est notre faute à nous tous. Mais c’est aussi notre responsabilité à partir d’aujourd’hui, une responsabilité collective. Vous qui êtes dans les affaires ou dans les institutions publiques, c’est notre responsabilité. Je ne peux pas prospérer dans les affaires pendant qu’il y a soif à côté de moi… SI vous regardez le résultat d’exploitation, il est encore négatif parce que les amortissements nous prennent beaucoup d’argent. En 2024, nous avons ajouté l’usine d’Ozone dans les amortissements. Cela a affecté les résultats’’.
Chiffres clés à noter
‘’Pour aller dans les indicateurs clés qui peuvent vous parler réellement de ce que nous faisons au jour le jour, vous pouvez voir l’évolution de vente pour les cinq dernières années. Nous avons presque doublé le chiffre d’affaires. Nous sommes partis de 254 milliards de francs congolais en 2020, à un peu plus de 460 milliards en 2024. Si vous regardez les livraisons en millions de m3, de 294.000 m3 que nous livrions l’année à 336.000m3. Mais, regardez de 2023 à 2024, il y a eu une légère diminution en volume délivré par jour. Beaucoup plus de pollution en 2024. Nous arrêtons beaucoup d’usines. Le changement climatique nous force à arrêter les usines. Comme conséquence, nous avons une production légèrement petite. Ce qui est intéressant c’est qu’en 2024, le rendement-réseau s’est amélioré significativement de 4%. Une très grosse affaire dans l’industrie de l’eau. C’est un résultat très impressionnant. Cela veut dire tout simplement qu’on a eu moins de perte dans le réseau, qu’on a eu moins d’eau non facturée… Ce qui est intéressant aussi c’est que le coût de revient de l’eau en 2024 par m3 c’est 2700fc. Pour produire un 1m3 d’eau, nous avons dépensé 2700fc. Mais, nous avons vendu ce même m3 d’eau à 2300fc. Donc, nous avons perdu 396fc par m3. C’est cela la question fondamentale de tarif que nous posons. C’est un tarif calculé moyennement en tenant compte des industriels, des commerciaux. Mais, le plus démuni payent 829fc par m3. Impossible de construire de la valeur à long terme avec un écart aussi grand entre le coût de revient et le prix de vente. C’est cela la correction que nous cherchons. Si on faisait correction, on ajouterait 79 milliards de francs congolais à notre bénéfice dans une année’’ a, encore, dans son exposé, déballé David Tshilumba.
Vision salvatrice et réaliste
Face à tous les défis, le DG de la Régideso a exprimé son engagement à tenir ses fronts par une stratégie de gestion efficace. Il a démontré de nombreuses avancées consacrées depuis son avènement aux commandes de cette entreprise de l’Etat pour amorcer la marche du changement.
‘’Nous avons trouvé une compagnie en faillite avec un potentiel extraordinaire. Il n’y a pas deux comme elle en Afrique. De l’Afrique du Sud à l’Egypte, on en trouverait pas. Les compagnies de l’eau ailleurs, c’est une petite ville ou une grande ville. C’est une communauté La Régideso est unique. C’est une fierté. Cette compagnie a un potentiel extraordinaire. On peut faire de cette compagnie la meilleure en Afrique. Cela ne dépend que de nous, de notre engagement. La vision que nous avons repose sur une transformation totale parce que tout ce qu’on a fait dans le passé jusqu’aujourd’hui n’a donné que 16%... Il faut que l’on transforme. Bien-sûr, il faut transformer avec un plan stratégique, avec des piliers, avec des méthodes, avec des ressources. C’est l’approche que nous avons aujourd’hui à la Régideso. Cette approche nous a conduits à ce Plan que nous appelons 3R pour dire Renaissance Résilience de la Régideso. Nous disons que nous voulons être un moteur de la transformation sociale à travers un service d’utilité publique exceptionnelle. Nous voulons promouvoir et donner de la dignité au capital humain et donner un peu de gain à l’Etat qui Actionnaire unique de la Régideso. Ce Plan comprend 4 axes principaux. Le premier axe c’est l’excellence dans les opérations à tous égards. Le deuxième consiste à rencontrer la demande. Il faut absolument une croissance et une expansion géographique. Nous allons diversifier nos activités parce qu’il faut désormais aller chercher de l’argent à venir investir dans l’eau. Le modèle historique n’a pas marché… On ne fera pas tout ceci sans embrasser la technologie, sans réellement être transformée par la technologie’’, a-t-il expliqué, dans son intervention. Pour lui, sa vision est de permettre à Régideso de commencer à produire ses outils sur plan en vue de réduire l’importation.
‘’Notre pays aujourd’hui importe tout pour donner le service public de l’eau. Comment on va rendre le produit accessible à tous ? Comment le prix va être beaucoup plus raisonnable ? Il nous faut changer d’approche’, a-t-il laissé entendre.
Refondation de la société
Au seuil de l’activité, c’est le Président du Conseil d’Administre de la Régideso, Alphonse Kisolokele, qui a retenu l’attention de l’assistance par son allocution empreinte d’espoir. Il a réaffirmé une détermination sans réserve visant à maintenir un leadership pragmatique en vue de la matérialisation de la vision du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
‘’ La complicité qui a caractérisé notre Conseil d’Administration avec la Direction Générale dans la gestion de la Société reste un atout pour l’implémentation de toutes les décisions’’, a rassuré, dans sa communication le PCA Alphonse Kisolokele.
La Pros.
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