Révolution de la conscience révoltée (18) : Quand les vrais sujets sont absents, rétrocession, péréquation et PDL-145T oubliés à Kolwezi 2025
(Par Jonas Tshiombela, Avocat du peuple)
Kinshasa, 10 juin 2023. La récente conférence des gouverneurs à Kolwezi, dans le Lualaba, s’est tenue dans le respect du cadre constitutionnel. Mais au-delà de la légalité, qu’en est-il de la légitimité sociale et politique de ces assises ? À quoi servent-elles réellement, si ce n’est à offrir un vernis de gouvernance alors que le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans la précarité ?
Un décor institutionnel, un peuple abandonné
À Kinshasa, pendant que les discours ronflants se succèdent dans les salles climatisées de Kolwezi, le peuple endure. La capitale étouffe sous l’insécurité : braquages, assassinats, vols violents, tout cela sous le regard impuissant des autorités des autorités de la ville. Les routes sont devenues des pièges à ciel ouvert, les embouteillages paralysent toute productivité, l’éclairage public est quasi inexistant. La misère avance, et l’État recule.
L’occasion manquée de poser les vrais débats
C’est dans ce type de conférences qu’on aurait dû parler sérieusement de la rétrocession de 40 % des recettes à la source, tel que prévu par la Constitution, mais systématiquement ignorée par Kinshasa. Qu’en est-il de la Caisse nationale de péréquation ? Son rôle est de corriger les inégalités de développement entre provinces, mais jusqu’ici, elle est plus théorique que fonctionnelle. On aurait dû également évaluer sérieusement le Programme de Développement Local des 145 territoires (PDL-145T), censé incarner la nouvelle vision du développement à la base. Mais hélas, ces sujets fondamentaux ont été étouffés sous le poids des flatteries et des bilans maquillés.
Une gabegie institutionnalisée
Combien a coûté cette conférence aux finances publiques ? Nul ne le sait. Mais ce que l’on sait, c’est que le quotidien du citoyen, lui, ne s’améliore pas. Ces forums finissent souvent par n’être que des espaces de partage de per diem, de stratégies électoralistes et de discours déconnectés du réel. Les gouverneurs qui s’y présentent comme des bâtisseurs ne peuvent cacher que dans bien des cas, ils sont les premiers fossoyeurs de l’intérêt général.
Une gouvernance sans redevabilité
Si j’étais à Kolwezi, je rappellerais que la gouvernance n’est pas un théâtre de poses médiatiques, mais un engagement envers la justice sociale et le bien-être du peuple. Trop souvent, ces dirigeants se réunissent entre eux, s’écoutent parler, se congratulent, mais retournent dans leurs provinces sans le moindre plan d’action concret. Le peuple ne peut plus continuer à payer le prix fort d’un système qui ne lui rend rien.
Il est temps de renverser les priorités
Ces conférences doivent devenir des chambres d’éveil collectif, non des salons d’auto-satisfaction. Le peuple attend des réponses, pas des promesses. Il exige des routes, pas des résolutions stériles. Il veut la paix, la justice, la lumière dans les rues, un emploi digne, l’accès à l’eau potable, et des écoles qui fonctionnent. Tant que ces conférences ne serviront qu’à valider un statu quo inacceptable, elles resteront des coquilles vides. Et nous continuerons à poser cette question simple, mais essentielle : à quoi servent-elles vraiment ?
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