Tout pays qui doute de la nationalité des siens est sans avenir !

(Par Omer Nsongo die Lema)
Même dans nos familles, la remise en cause des liens de parenté est un facteur de déstabilisation avéré !
La prestation de Jean-Pierre Bemba du 9 juin 2025 sur Top Congo Fm est, on le sait, à la base d'une bataille féroce mettant jusqu'à ce jour aux prises dans les réseaux sociaux pro et anti Kabila, de même que pro et anti Katumbi, au sujet de la nationalité de ces deux acteurs politiques. Les pro et les anti mettent en ligne des vidéos et des audios favorables à leurs Causes respectives. Si l'opinion de l'homme de la rue peut se comprendre, celle, par contre, des scientifiques (professeurs d'université) étonne et gêne. Depuis 25 ans que Joseph Kabila est au-devant de la scène politique, aucun scientifique n'a entrepris jusque-là des recherches indépendantes pour savoir qui il est réellement, n'étant quand même pas sorti de la cuisse de Jupiter. Par contre, mû par le mercantilisme, il revendique des recherches sponsorisées avec, bien entendu, espèces sonnantes et trébuchantes ! Depuis presqu'autant d'années, c'est pareil pour Moïse Katumbi. Si bien qu'on en vient à se demander si Eco Umberto ne s'était pas adressé particulièrement aux Congolais à propos des réseaux sociaux. De cet outil de communication, il disait : "Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d'imbéciles qui avant ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel"...
L'arbre qui cache la forêt
Si un pays, 65 ans après l'indépendance, en est encore à débattre de la nationalité de ses ressortissants, c'est la preuve qu'il a un gros problème. Il est plutôt virtuel que réel. Car un pays vrai se définit d'abord par sa superficie, ensuite par sa démographie.
En 149 ans d'existence (de l'Association Internationale Africaine en 1876 à la République Démocratique du Congo en 2025 en passant par l'État Indépendant du Congo, le Congo-Belge, le Congo-Belge Rwanda-Urundi, la République du Congo, la République Démocratique du Congo et la République du Zaïre), ce pays devrait avoir des frontières certifiées ! Cela n'est pas le cas. Pourtant, les autorités le savent mais préfèrent laisser les choses en l'état alors que sous d'autres cieux, les différends frontaliers sont portés à la connaissance de la Cour internationale de justice. Preuve qu'on tient à l'intégrité territoriale.
S'agissant de la nationalité, le double cas Joseph Kabila et Moïse Katumbi a tout de l'arbre qui cache la forêt.
Qui, la veille du 30 juin 2025, peut se vanter d'être réellement congolais sur base d'une carte d'identité nationale, en dehors du Président de la République Félix Tshisekedi et de quelques membres des corps constitués qui la détiennent depuis deux ans ? Personne !
À ce sujet, le scandale premier est que l'État dit Congolais n'a aucune base scientifique pour déterminer le nombre de ses habitants en 2023, par exemple.
Boîte de pandore ? Ouvrons-la !
À partir du cas Kabila-Katumbi, s'il y a lieu d'ouvrir la boîte de Pandore, ouvrons-la en interpellant tous les "Jean-Pierre Bemba" qui se découvrent la vocation de remettre en cause la nationalité congolaise des acteurs politiques qui sont des enfants du pays lorsqu'ils sont du même camp et cessent de les devenir lorsqu'ils s'en séparent.
De prime abord, la Constitution qui régit la société congolaise dispose à l'alinéa 1 de l'article 10 que «La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre». Il n'est prévu nulle part une exception dans le genre d'un moratoire.
Or, il nous a été dit, ici, qu'il fallait rapidement résoudre la question de double nationalité pour laquelle un moratoire avait même été adopté en 2007. Dix-huit ans après (2025), rien n'est fait dans ce sens.
Moralité : tous les détenteurs de la double nationalité, gouvernants et gouvernés, sont des étrangers aux yeux de la Constitution. Ils font de l'usurpation. De un.
De deux, il nous a été dit, ici, que le pays manquait de sérieux du fait de ne pouvoir délivrer une carte d'identité nationale à ses citoyens, la dernière remontant à 1984, encore qu'elle était sans garantie d'authenticité. Un feutre, une ouate imbibée d'alcool et une agrafeuse suffisaient pour la faire passer par des dizaines de porteurs !
Comme relevé ci-dessus, en dehors du chef de l'Etat et de quelques membres des corps constitués, personne d'autre ne détient la carte d'identité nationale. Aucune loi ne consacre pourtant la carte d'électeur comme carte d'identité nationale. D'ailleurs, les nouveaux adultes congolais âgés de 18 ans la veille du 65ème anniversaire de l'indépendance n'ont aucun document les reconnaissant Congolais à part entière.
Fait gravissime : l'ONIP (Office national d'identification de la population) est devenu muet comme une carpe !
Curieusement, l'Etat réserve la priorité à la délivrance du passeport biométrique (réservé principalement à ceux qui se rendent à l'étranger ou en reviennent) et au permis de conduire (réservé exclusivement aux conducteurs de véhicule), comme si les rentrées financières l'emporteraient sur la preuve d'appartenance au pays ; la carte d’identité n'étant pas génératrice de recettes!
Encore deux ans et six mois, le régime actuel pourrait s'en aller sans avoir résolu le problème.
Au contraire, on a sur les bras la question embarrassante des orphelins des militaires que la loi ne reconnaît pas puisque issus des mariages illégaux contractés par leurs parents. La confirmation a été faite en direct sur la Rtnc dans l'émission Briefing, sans que les animateurs ne réalisent l'impact de démotivation et de démoralisation sur des soldats au front se trouvant dans ce cas.
Ces enfants ne sont pas seuls dans cette situation. Ils font partie des millions d'enfants nés dans des mêmes conditions et qui, pour être reconnus Congolais, vont devoir passer par la procédure du jugement supplétif pour obtenir le certificat de la nationalité congolaise. Coût de ce document : près d’USD 150 !
De l'eau au moulin des pros-balkanisation
Ainsi, en RAC (République des Agendas Cachés), on banalise cette affaire de nationalité et on fait braquer l'attention de l'opinion sur le statut d'étrangers et d'apatrides des autres, cela en appui à une certaine Cause politique.
On s'y livre tout en sachant que la politique d'exclusion dans le contexte actuel apporte de l'eau au moulin des pros-balkanisation. Car les exclus de la nationalité qui vont refuser l'apatridie n'auront pour alternative que la "sécession".
Qu'on ne le perde pas de vue : avec ses 9 voisins, la RDC a des territoires frontaliers avec chacun de ces pays, c’est-à-dire des populations transfrontières. Certaines communautés ont même des familles se trouvant de part et d'autre de la frontière. Leur contester la nationalité congolaise parce qu'appartenant à une province ou à un territoire proche d'un Etat voisin, c'est cela aussi, apporté de l'eau au moulin des pros-balkanisation.
Juste un rappel à ceux qui l'oublient ou ne le savent pas : dans sa configuration coloniale au 30 juin 1960, le Congo avait six provinces toutes frontalières avec des Etats voisins, c'est-à-dire susceptibles d'avoir des communautés présentes de part et d'autre du tracé frontalier. On a là des "Kabila et des Katumbi" potentiels pour les 50 ou 100 ans à venir.
Venir à bout du pays et de son peuple par l'usure
A ceux qui se rouent des coups avec pour uppercuts des vidéos et pour jabs des audios avérés ou mensongers de réaliser leur participation à une opération suicidaire.
Car, la veille du rendez-vous de Washington (27 juin) et même de la célébration des 65 ans d'indépendance (30 juin), débattre avec autant de légèreté de la question hautement sensible de la nationalité, comme on est en train de le faire, doit avoir d'autres motivations que celles jetées en pâture à la consommation publique.
Tout le monde le sait : dans la situation sécuritaire actuelle, l'État congolais, qui n'est déjà militairement pas en mesure de repousser une agression, ni de mater une rébellion, encore moins d'écraser une mutinerie, sera totalement désarmé, tétanisé, anéanti en cas de sécession !
La naïveté serait de compter sur le soutien de l'Onu et l'Occident (Otan en tête).
Dans l'administration américaine, ils sont légion, les "géostratèges" promoteurs de la thèse selon laquelle la RDC est trop grande pour être bien gouvernée. Depuis les années 1990 coïncidant avec la fin de la Guerre froide, ils sont dans le schéma de venir à bout du pays et de son peuple par l'usure. La contestation de la nationalité pourrait s'expliquer dans cette optique. De même que d'autres initiatives apparemment "souverainistes", mais en réalité discriminatoires...
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