Gestion post-inondations à Kinshasa : Daniel Bumba renvoie la balle à la Vice-Primature concernant le rapport de crise
Suite aux inondations dévastatrices des 4 et 5 avril 2025, le Gouvernorat de la ville-province de Kinshasa a, dans une correspondance officielle du 7 novembre 2025, répondu à une demande de "rapport détaillé sur la gestion de la crise humanitaire consécutive aux inondations" émanant du Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, Jacquemain Shabani. Si la lettre, signée par Daniel Bumba Lubaki, se présente comme un simple accusé de réception, sa lecture attentive révèle une subtile mais ferme clarification des responsabilités, plaçant la pression sur les services du Vice-Premier Ministre lui-même.
Dans sa réponse, l'Hôtel de Ville commence par rappeler sa priorité durant la crise : « évacuer en urgence les populations restées sans abris pour leur transfert vers les centres d'hébergement mis à disposition par le Chef de l'État ». Une manière de souligner que l'action de terrain a primé sur la bureaucratie dans l'urgence.
Cependant, le gouvernorat précise que la « Commission ad hoc mise en place pour la gestion de cette crise humanitaire a été placée sous votre Autorité », s'adressant directement au Vice-Premier Ministre. Cette commission interinstitutionnelle comprenait non seulement le Gouvernement Provincial de Kinshasa, mais aussi des délégués de la Présidence, de la Primature, et de plusieurs ministères clés (Intérieur et Sécurité, Affaires Sociales, Environnement), ainsi que la Cellule Permanente d'Alerte et d'Urgence (CPAU).
‘’Placée sous votre Autorité’’
S’agissait-il d’une coordination, d’un commandement direct, ou d’une simple supervision de la part du VPM en charge de l’Intérieur ?
Une question qui, du reste, suscite des interrogations et des réflexions dans l’opinion publique car elle serait, sans le moindre doute, une partie de la réponse plaçant ainsi toute la responsabilité au patron de la territoriale via ses services. Cette commission ad hoc étant le pivot même de la gestion de crise.
Par ailleurs, le point le plus saillant de la lettre est la clarification sur l'état d'avancement du rapport attendu. Il y est écrit noir sur blanc que les services mandatés pour produire le document final sont « la Cellule Permanente d'Alerte et d'Urgence (CPAU) et particulièrement les services des Finances près Votre Ministère ». En d'autres termes, le gouvernorat de Kinshasa indique que les entités responsables de la rédaction du rapport sont directement rattachées... au ministère du Vice-Premier Ministre qui le réclame.
Une conclusion au ton coopératif
La lettre se conclut sur un ton coopératif mais sans équivoque : la Ville de Kinshasa "ne manquera pas de tirer de ce rapport les éléments appropriés" pour donner suite à la demande, une fois que celui-ci sera produit par les services compétents.
Un repositionnement politique ?
Cette réponse, sous des dehors administratifs polis, constituerait-elle une manœuvre politique habile ? Plutôt que d'endosser seule la responsabilité d'un rapport potentiellement complexe et sensible, la Ville de Kinshasa rappelle que la gestion de la crise était une affaire collégiale, pilotée au plus haut niveau par la Vice-Primature. En pointant que les services du Vice-Premier Ministre à l’Intérieur sont eux-mêmes "à pied d'œuvre" pour finaliser le rapport, l'Hôtel de Ville se positionne non pas comme le responsable du document, mais comme l'un de ses futurs utilisateurs.
Il faut noter que cette correspondance met en lumière les tensions et les jeux de responsabilité qui peuvent exister entre les différents échelons du pouvoir dans la gestion des crises majeures. La balle est désormais clairement dans le camp de la Vice-Primature pour accélérer la production d'un rapport dont il est, selon l’Hôtel de ville de Kinshasa, l'un des principaux artisans.
César Nkangulu



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