54ème Lettre Sociale Congolaise : Communication de combat autour du refus de la colonisation rwandaise et de l’application de la résolution 2773(2025), un impératif pour réussir « Congolais telema »

54ème Lettre Sociale Congolaise : Communication de combat autour du refus de la colonisation rwandaise et de l’application de la résolution 2773(2025), un impératif pour réussir « Congolais telema »

(Par Jean Joseph NGANDU NKONGOLO, Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travai)

 

Hommage à Delphin Katembo alias Delcat Idengo

 

«C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information». Benjamin Disraeli.

                                                       

Chères lectrices, chers lecteurs ;

  1. La première ministre de la République démocratique du Congo, Judith Suminwa, a lancé ce 1er mars 2025 la campagne nationale de mobilisation populaire face à l’agression rwandaise, dénommée « Congolais telema ». « Congolais telema » se veut ainsi une rationalité politique d’une lutte identitaire contre l’indignité et la honte imposées aux congolaises et les congolais sur leur propre sol par les rwandais.
  2. Dorénavant, la réussite de » « congolais telema » dépend impérativement de la communication de combat, car, depuis 1996 l’invasion rwandaise n’a pas fait l’objet à l’interne d’une communication à la hauteur des exactions commises par les rwandais en République démocratique du Congo. La communication de combat fondée sur la conception militante, conflictuelle et constructive de Miguel Benasayag et Angélique del Ray (2007) était susceptible d’engager les congolaises et congolais dans une lutte identitaire purement congolaise.
  3. Car, la communication de combat est celle qui accepte le langage de vérité et qui cherche à influencer l’autre, voire le convaincre à faire valoir ses convictions.
  4. Cependant, l’absence d’un plan de communication de combat sur les mobiles et motifs de l’invasion rwandaise avec le concours et la complicité de certains hommes gaspillés de la RDC n’a pas permis au peuple congolais de jouer son rôle de souverain primaire pour participer activement à l’orientation du pays vers le progrès et le développement, rêves que ce peuple chérit depuis l’accession de la RDC à sa souveraineté nationale et internationale.
  5. L’importance que revêt la communication de combat est aussi à comprendre à travers le postulat de Mabika Kalanda(1965) qui montre qu’ « une société organisée sur la base de la connaissance de la vérité a plus de chance de survivre et de mieux échapper  à la disparition qu’une société dite naturelle ».
  6. L’invasion rwandaise est une expression déterminante éhontée du Rwanda à dominer les congolaises et congolais qu’ils considèrent à tort inferieurs à eux. Cette domination rwandaise justifie la mésentente entre Laurent Désiré Kabila et les Tutsis du Rwanda que reprend en ces termes : « Nous devons résister à l’oppression et nous devons refuser d’être massacrés chez nous. La cause de ma mésentente avec les tutsis du Rwanda est qu’ils prennent le peuple congolais pour un peuple mineur et ils veulent nous imposer ce que nous devons faire chez nous. (…), ils veulent avoir le droit de piller l’or, le diamant et tous les minerais du Congo et par-dessus tout, le droit de nous exterminer. Je ne peux pas accepter cela et les congolais ne l’accepteront jamais » Charles Onana (2023 : 296) dans son livre intitulé Holocauste au Congo. L’Omerta de la Communauté internationale. La France complice ?
  7. Ouvrons la parenthèse pour dire que l’accord du 23 mars 2009 qui est devenu aujourd’hui Mouvement du 23 mars découle du droit que s’est arrogé le Rwanda de piller l’or et les autres minerais de la RDC. Mais, comme l’avait déjà prédit Laurent Désiré Kabila, les congolais n’acceptent pas que le Rwanda via le M23 vienne les dominer, piller l’or et tous les autres minerais congolais tout en installant les administrations parallèles dans certaines entités de la RDC qu’il occupe illégalement.
  8. C’est ici qu’il convient de rendre un hommage mérité à l’artiste musicien congolais Delphin Katembo alias Delicat Idengo tué le 13 fevrier 2025 à Goma par les troupes rwandaises et leurs supplétifs du M23/AFC pour sa chanson interrogeant la libération accompagnée des tueries des congolais, des viols des filles et des femmes congolaises et des pillages. Cette chanson devrait être jouée constamment en guise, d’un côté, d’hommage à son hauteur et, de l’autre, du refus de la domination rwandaise.

Comment alors le successeur de Laurent Désiré Kabila a-t-il accepté de signer un accord du 23 mars 2009 pour accorder indument au Rwanda les avantages et droits qu’avait refusés Laurent Désiré Kabila ?   Est-ce pour confirmer les propos de Yoweri Museni qui avait déclaré à la délégation des ministres des affaires étrangères de la SADC, selon Charles Onana (2023 :296), que « la RDC a besoin d’un président faible. Laurent Désiré Kabila est trop fort. Il refuse tout ce qu’on lui dit de faire ».   C’est ainsi qu’il convient de prendre au sérieux les présumées déclarations faites des temps en temps par le fils de Yoweri Museveni qui agit comme agissent les comédiens dans les cours des rois pour passer des messages non négligeables.

  1. Curieusement, quand les congolais refusent d’être dominés par les rwandais et de faire piller les ressources de sol et sous congolais par ces derniers, Paul Kagame, par sa stratégie de « talk and fight » telle qu’énoncée par Pierre Péan (2010) dans son livre intitulé Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, fait du Rwanda la fabrique des morcenais qu’on appelle par abus de mot rebelles pour réclamer les avantages et les droits que le Rwanda doit bénéficier au Congo Kinshasa. Ces mercenaires instaurent la terreur comme mode de gestion et d’administration des entités qu’ils occupent illégalement en République démocratique du Congo.
  2. La seconde vérité subsidiaire à la première est la violation de la Charte de l’Organisation des nations Unies, le Droit International et l’Acte Constitutif de l’Union Africaine par le Rwanda qui est membre de l’ONU et de l’UA au même titre que la République démocratique du Congo.
  3. La Charte de l’ONU, le droit international et l’Acte Constitutif de l’UA constituent la base documentaire pour le fonctionnement harmonieux des Etats Nations. La Charte de l’ONU, le droit international et l’Acte Constitutif de l’UA sont donc une réponse à un besoin managérial qui est la scrbalité que Budibangi Yambu(1996) définit comme « un état d’une société qui s’est engagée de manière irréversible, à quelque degré que ce soit, dans le processus où l’écrit est appelé de plus en plus à régir et ordonner la vie de la société et en assurer la pérennité
  4. Si l’Union Africaine est restée complaisante, voire complice avec le Rwanda qui a violé l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo au mépris souverain de l’Acte Constitutif de l’UA, l’Organisation des Nations Unies a tenu au strict respect de sa charte violée par le Rwanda. C’était en sa réunion d’urgence du 21 février 2025 que le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies a décidé, par la résolution 2773(2025), du retrait immédiat et sans conditions préalables, d’un côté, de la Force de Défense Rwandaise du territoire congolais et, de l’autre, du Mouvement du 23 mars 2009 des entités qu’il occupe. 
  5. La résolution 2773(2025) est donc l’accomplissement de la prédiction de Patrice Emery Lumumba sur la libération totale des congolais. En bon admirateur de l’héroïsme de Patrice Emery, Pierre Péan ci-haut cité revient sur la lettre de Patrice Emery Lumumba à Pauline, sa femme, dont l’extrait relatif à la prédiction de Lumumba sur l’accompagnement des congolais par les peuples libres et libérés du monde pour  libérer  les congolais est « (…) Nous ne sommes pas seuls, l’Afrique, l’Asie et les peuples libères et libérés  de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés des milliers de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays.(…) ». Patrice Emery Lumumba reste un modelé congolais de lutte pour la liberté et l’indépendance. Dès lors, en luttant pour la liberté et l’indépendance des congolais et de la République démocratique du Congo, nous lui rendons un hommage mérité.
  6. Par ailleurs, « congolais telema » se veut aussi un accomplissement d’une autre prédiction de Patrice Emery Lumumba évoquée dans sa lettre à Pauline ci-haut citée en ces termes, je cite : « je sais et je sens du fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il s’élèvera comme un seul homme pour dire non au colonialisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur », fin de citation. « Congolais telema » est donc le moment venu de se débarrasser des ennemis internes et externes des congolais et de la RDC. Mais, pour y parvenir, il faut une communication de combat et une intelligence locale
  7. Dans sa publication scientifique intitulée «  De l’accès des citoyens congolais aux comptes rendus des réunions du conseil des ministres comme condition de consolidation de la bonne gouvernance en RDC » parue aux cahiers africains des droits de l’homme et de la démocratie ainsi que du développement durable, NGANDU Nkongolo en sa qualité de chercheur et spécialiste en écrit et en communication écrite met en lumière la finalité de la communication telle que soutenue par Adler Jerome Mortimer et  Charles Van Doren qui montrent que  « we form a community to the extent that we can communicate, share common ideas and purposes. The good society, in large, must be an association of men made friends by intelligent communication ». Nous formons une communauté dans la mesure où nous pouvons communiquer, partager des idées et des objectifs communs. La bonne société doit, dans son ensemble, être une association des hommes devenus amis par la communication intelligente.
  8. Dorénavant, l’insouciance, l’inconséquence et l’inconscience de certains congolais et congolaises vis-à-vis de l’agression rwandaise mettent en exergue le déficit communicationnel sur l’agression rwandaise. Il est inacceptable que les victimes saluent, félicitent ou accueillent volontairement ou par force leurs bourreaux comme l’on observe avec regret dans le discours certains congolais ou dans certaines entités géographiques de la RDC.
  9. Ainsi donc « congolais telema » est un refus idéologique par excellence de l’agression rwandaise.
  10. Déjà, pour faire face aux velléités expansionnistes rwandaises, par ma 45ème lettre sociale congolaise du 23 avril 2024, j’ai montré avec Pius Ngandu Nkashama, alors Professeur des langue et littérature françaises au département de Français de la Louisiana State University aux Etats Unis d’Amérique qu’ « aujourd’hui, la force des armes n’a plus un pouvoir contraignant sur les peuples. Ces derniers ont acquis par eux-mêmes, à travers leur propre intelligence, le refus d’inculquer aux peuples les notions d’êtres inferieurs ou primitifs ». L’intelligence qu’évoque cet intellectuel congolais de renommée internationale c’est l’intelligence locale.
  11. Et, la communication de combat a aussi un rôle très important à jouer dans la formation et le développement de l’intelligence locale qui est le fer de lance de la conscience nationale.
  12. Dans un pays où l’improvisation est devenue la règle d’or dans beaucoup de domaines de la vie nationale, il importe alors de mettre en place un plan de communication de combat pour généraliser les deux vérités ci-haut citées partout où il y a des congolaises et des congolais afin de développer et accroitre l’intelligence locale congolaise. Pareille tâche ne peut pas être laissée aux seuls soins des médias de l’oralité secondaire pour reprendre l’expression de Marie Soleil Frère (2000) qui met la radio, la télévision et le téléphone au banc des accusés comme des médias de manipulation. Car, la République démocratique du Congo ne se limite pas seulement à la seule Ville Province de Kinshasa ou aux chefs de lieux des Provinces de la République démocratique du Congo, mais bien plus aux villages où la radio, la télévision et le téléphone androïde ou IPhone sont encore un luxe pour la plupart des concitoyens appauvris. Même s’ils pouvaient en disposent, il leur serait difficile de les utiliser correctement à cause de l’électricité. D’où l’importance de la généralisation de la communication de combat l’écrit qui est l’instrument de la généralisation de la pensée comme l’a affirmé Joseph Ki-zerbo(1969) pour évitera la manipulation des congolais.
  13. J’ai fait ma part par ma coupe pleine.

Fait à Kinshasa, le 31 mars 2025

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