Acharnement politique contre Matata Ponyo : A qui profite le crime ?

Acharnement politique contre Matata Ponyo : A qui profite le crime ?

(Par Nathalie Ekenge Yanbgo, Correspondante Particulière)

Le lundi 3 mars 2025 à 13 heures, la Cour Constitutionnelle de la République Démocratique du Congo s’apprête à relancer le dossier de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo Mapon. Cette annonce, officialisée par un extrait de rôle signé par le Greffier en chef, François Aundja Isia Wa Bosolo, suscite une vague d’indignation. Non seulement cette procédure arrive dans un contexte politique et sécuritaire explosif, mais elle semble symptomatique d’une justice qui frappe sélectivement, laissant intacts ceux qui bénéficient du bon parrainage politique.

Pourquoi cette procédure est-elle engagée précisément maintenant ?

Le pays traverse l’une des crises les plus graves de son histoire récente : à l’Est, le M23, soutenu par le Rwanda, occupe des territoires, massacre des populations et menace l’intégrité nationale. Face à cette menace existentielle, la priorité ne devrait-elle pas être l’unité et la mobilisation générale ?

Pourtant, au lieu de resserrer les rangs, le pouvoir judiciaire décide d’orchestrer un procès qui divise. Cette manœuvre ressemble à une diversion calculée : plutôt que de répondre aux attentes urgentes du peuple congolais, on détourne l’attention avec un feuilleton judiciaire aux relents politiques.

Dans une situation normale, un Etat responsable mettrait toutes ses énergies dans la défense nationale. Mais ici, la Cour Constitutionnelle, censée être garante de la stabilité institutionnelle, choisit d’allumer un incendie interne au moment où la maison brûle déjà. Qu’y a-t-il de plus urgent : juger un ancien Premier Ministre pour des faits contestés depuis des années ou protéger des millions de Congolais menacés par une guerre ? Cette incohérence saute aux yeux.

L’acharnement contre Matata Ponyo contraste cruellement avec le silence assourdissant qui entoure d’autres affaires bien plus récentes et lourdes de conséquences. Où en est l’enquête sur le scandale RAM qui a ponctionné illégalement les Congolais sous prétexte d’un registre des appareils mobiles ? Pourquoi le dossier des forages et lampadaires surfacturés, impliquant des membres du Gouvernement actuel, n’a-t-il jamais été porté devant la justice ? Nicolas Kazadi et Augustin Kibassa, cités dans ces affaires, jouissent d’une impunité absolue.

L’opinion publique s’interroge : la justice congolaise est-elle devenue un instrument de règlement de comptes politiques ? Matata Ponyo est-il poursuivi parce qu’il représente une menace pour certains intérêts, tandis que ceux qui dilapident actuellement les finances publiques sont protégés ? Une justice crédible ne peut fonctionner ainsi. A quoi sert-elle si elle punit avec rigueur les adversaires du pouvoir mais protège ses alliés ?

Outre l’aspect politique de cette affaire, une faille juridique majeure entoure cette procédure : la Cour Constitutionnelle s’était déjà déclarée incompétente pour juger un ancien Premier ministre. En l’absence d’un Premier Ministre en fonction, comment justifie-t-elle aujourd’hui son revirement ? S’agit-il d’une nouvelle jurisprudence opportuniste, façonnée pour servir un objectif bien précis ?

Ce manque de cohérence institutionnelle ébranle la crédibilité même de la justice congolaise. En démocratie, la séparation des pouvoirs est un principe sacré. Mais ici, la Cour semble agir en parfait instrument du pouvoir en place. Cette instrumentalisation ne fait qu’alimenter la méfiance des citoyens envers leurs institutions et renforcer l’idée que la justice congolaise est avant tout un outil politique.

Si le régime pense se renforcer en éliminant ses adversaires politiques par des poursuites judiciaires, il se trompe lourdement. Chaque injustice nourrit la frustration populaire et érode la confiance du peuple envers ses dirigeants. Au lieu de diviser la Nation avec des procès à connotation politique, il serait plus avisé de concentrer les efforts sur la sécurité nationale, la stabilité et la lutte contre la corruption à tous les niveaux.

L’avenir nous dira si la Cour Constitutionnelle restera fidèle à son rôle ou si elle s’enfoncera dans l’histoire comme l’instrument docile d’un pouvoir qui a préféré persécuter plutôt que rassembler.

Mais une chose est sûre : une justice sélective n’est rien d’autre qu’un simulacre, et le peuple congolais n’est plus dupe.

 

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