Fusion des processus de Nairobi et de Luanda & Pacte social… ANR : Odéric Nyembo lance une alerte aux dirigeants de la CENCO et de l’ECC !

Fusion des processus de Nairobi et de Luanda & Pacte social… ANR : Odéric Nyembo lance une alerte aux dirigeants de la CENCO et de l’ECC !

 Odéric Nyembo, Leader de l’Alliance Nationale pour la République (ANR), a adressé une correspondance à Monseigneur Fulgence Muteba, Président de la Conférence Episcopale Nationale. Il insiste, dans cette lettre, sur la dynamique à observer pour parvenir à la paix en RDC, mais également à la cohésion nationale et l’unité des congolais dans un contexte de crise sécuritaire croissante dans l’Est du pays. Après la fusion des Processus de Luanda et de Nairobi, Odéric Nyembo-ya-Lumbu souligne, en effet, la nécessité, pour les Eglises catholique et Protestante, de se pencher, dans leur démarche visant un pacte pour la paix, sur l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. ‘’Cet instrument juridique international, constitue le seul «cordon sanitaire» dont disposerait la RDC en cas de dialogue essentiellement avec les belligérants. Permettez-nous, Monseigneur le Président, de vous signaler que la note relève concomitamment le risque que l’initiative des Eglises Catholique et Protestante ferait courir au pays si elle ne s'inscrivait pas dans un cadre légal’’,  souligne Odéric Nyembo, dans sa lettre à Monseigneur Fulgence Muteba.

ALLIANCE NATIONALE POUR LA REPUBLIQUE

« ANR »

TRAVAIL-AUTOGESTION-SOLIDARITE

Les Tenants de la thèse du vide juridique regroupés au sein de l’Union des Républicains et Alliés, en sigle « UR et Alliés », Partie prenante aux assises d’Addis-Abeba

N/Réf : 002/NYL/2025

Conférence Episcopale Nationale du Congo, « CENCO »

à Kinshasa/Gombe

A Monseigneur Fulgence Muteba,

Président de la CENCO

Archevêque de Lubumbashi.

Concerne : Fusion des processus de Nairobi et de Luanda – Pacte social des Eglises Catholique et Protestante.

Monseigneur le Président,

Nous, les tenants de la thèse du vide juridique regroupés au sein de l’« UR et Alliés », défenseurs de défenseurs de l'Accord-Cadre et partie prenante aux assises d'Addis-Abeba, au siège de l’Union Africaine, nous venons très respectueusement auprès de votre autorité vous transmettre la note dont l'objet est repris en marge.

Ladite note porte essentiellement sur la décision de fusion des processus de Nairobi et de Luanda décidée au sommet EAC-SADC tenu à Dar-es-Salaam en date du 8 février 2025 qu'elle met en rapport avec le pacte social des Eglises Catholique et Protestante.

Elle décrit la nature des deux processus, en apprécie le fondement juridique et relève finalement l’impact négatif que cette fusion peut avoir sur certaines dispositions de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba, quant à leur application. Cet instrument juridique international, constitue le seul « cordon sanitaire » dont disposerait la RDC en cas de dialogue essentiellement avec les belligérants.

Permettez-nous, Monseigneur le Président, de vous signaler que la note relève concomitamment le risque que l’initiative des Eglises Catholique et Protestante ferait courir au pays si elle ne s'inscrivait pas dans un cadre légal.

Hors Accord-cadre, point de salut !

Tout en vous en souhaitant bonne réception, nous vous prions d'agréer, Monseigneur le Président, l'expression de nos sentiments respectueux.

POUR LES TENANTS DE LA THESE Du VIDE JURIDIQUE

REGROUPES AU SEIN DE L’ « UR ALLIES, partie prenante aux assises d'Addis-Abeba

Odéric NYEMBO-ya-LUMBU MUTUMBIWA

Président de l’Alliance Nationale pour la République, « A.N.R »

COORDONNATEUR

 

  1. Conseil de Sécurité.
  2. Secrétaire Général des Nations Unies.
  3. Union Européenne.
  4. Union Africaine.
  5. East African Community.
  6. Ambassade des Etats-Unis.
  7. Ambassade de Grande Bretagne.
  8. Ambassade de France.
  9. Ambassade d'Angola.
  10. Ambassade de Belgique.
  11. Ambassade de Tanzanie.
  12. Ambassade du Kenya p/c EAC.

SOMMET CONJOINT EAC-SADC :

LES PROCESSUS DE NAIROBI ET DE LUANDA NE SONT PAS FUSIONNABLES

l. En liminaire.

Les points 13 et 14 du communiqué de la réunion conjointe du Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement de I'EAC et de la SADC, tenue le 08 février courant font état de la fusion des processus de NAIROBI et de LUANDA en un seul étant donné que les deux seraient indispensables et complémentaires dans le cadre de la recherche des solutions à la crise congolaise.

« Le Sommet Conjoint a exigé (à l'instar de nombreux sommets qui se sont tenus avant celui-ci) la reprise des négociations avec l'ensemble des parties étatiques et non étatiques (militaires et non militaires) y compris le M23 et ce, dans le respect du processus LUANDA/NAIROBI ».

Hormis le couplage improvisé NAIROBI/LUANDA », cette exigence n'est pas une invention des assises de DAR-es-Salaam. Elle n'est pas née ex nihilo. En effet, elle trouve son fondement dans les points 4 et 14b de la Résolution 2098 adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies en sa 6943ème séance le 28 mars 2013 et portant mesures d'application de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba. Dar-es-Salaam n'a fait que se conformer à cet instrument juridique international qui fonde en même temps son action.

Rien ne peut se décider en dehors du cadre légal tracé par l'Accord-Cadre.

En effet, le point 4 in fine de la Résolution ci-haut reprise dispose que « se fondant sur l'Accord-cadre [le Conseil de Sécurité] invite l'Envoyée Spéciale à conduire un processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes en vue de remédier aux causes profondes du conflit » tandis qu'au point 14b [Le même Conseil de Sécurité] « demande au Représentant spécial pour la République Démocratique du Congo de s'acquitter, au moyen de ses bons offices, des tâches suivantes . promouvoir un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation ... »

Il. Pourquoi une telle fidélité de Dar-es-Salaam à l'Accord-Cadre ?

La situation qui prévaut dans l'Est de la R.D.C. et dans les Grands Lacs constitue une menace contre la paix et tombe par conséquent sous le coup du Chapitre VII de la charte des Nations Unies. La question relève, dès lors, exclusivement de la compétence du Conseil de Sécurité dont la mission principale reste le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Cette compétence exclusive reconnue au Conseil de Sécurité en cette matière tire son fondement de l'article 24 alinéa 1er de la Charte qui dispose qu' « afin d'assurer l'action rapide et efficace de l'Organisation, ses membres confèrent au Conseil de Sécurité la responsabilité principale de maintien de la paix et de la sécurité internationales et reconnaissent qu'en s'acquittant des devoirs que lui impose cette responsabilité le Conseil de Sécurité agit en leur nom ».

L'article 25 complète cette disposition en stipulant que « les membres de l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de Sécurité conformément à la présente Charte. »

Constatons à ce stade qu'au regard des dispositions ci-haut évoquées l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba constitue aussi bien la clé de voûte de tous les problèmes liés à la crise congolaise que la solution à ceux-ci, conformément aux dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

Dès lors qu'il est établi que cette matière est de la compétence exclusive du Conseil de sécurité, les organisations régionales et sous-régionales, à l'instar de l'UA, EAC, SADC, CIRGL, UE, etc. n'y interviennent que par délégation.

Ill. De la délégation des pouvoirs.

S'agissant d'une délégation des pouvoirs, c'est-à-dire d'un « transfert à une autorité délégataire désignée par sa fonction d'une compétence que le déléguant ne pourra plus exercer tant que la délégation n'aura pas été rapportée » (V. Gérard CORNU, vocabulaire juridique, 9ème édition mise à jour « Quadrige », P.U.F. 2011, Paris, p. 312), les principes de ladite délégation sont posés aux articles 52 à 54 de la Charte.

Ainsi, en vue de faciliter le travail du Conseil de Sécurité dans l'accomplissement de sa mission, ce dernier délègue, sous certaines conditions, un certain nombre de ses attributions aux organisations régionales et favorise la signature des accords régionaux.

En effet, « le Conseil de Sécurité encourage le développement du règlement pacifique des différends d'ordre local par le moyen de ces accords ou de ces organismes régionaux, soit sur l'initiative des Etats intéressés, soit sur renvoi du Conseil de Sécurité » (Article 52 alinéa 3). L'article 53 alinéa 1 er complète la disposition précédente en précisant notamment que « le Conseil de Sécurité utilise, s'il y a lieu, les accords ou organismes régionaux pour l'application des mesures coercitives prises sous son autorité. »

Puisqu'il ne s'agit que d'une délégation, « le Conseil de Sécurité doit, en tout temps, conclut l'article 54, être tenu pleinement au courant de toute action entreprise ou envisagée, en vertu d'accords régionaux, pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. »

Il ressort de cette analyse que les décisions que les organisations régionales comme l' IJA, I'EAC, la SADC, la CIRGL, prennent par délégation ne peuvent en aucune manière entrer en contradiction, c'est-à-dire violer celles du Conseil de Sécurité prises sur la même matière et en conformité avec l'Accord-Cadre et la Résolution 2098.

La question du dossier relatif au processus de Nairobi avait déjà été soulevée par le Mouvement du 23 mars à Addis-Abeba lorsqu'il s'était agi d'examiner le problème de l'ordre du jour du dialogue à venir. En effet, le M23 avait souhaité que les conclusions arrêtées à l'issue de ce processus et autres accords intervenus ultérieurement, le processus de Nairobi ayant connu deux phases, soient inscrits comme point à l'ordre du jour. Cette proposition avait été rejetée et la décision de rejet actée et approuvée par la Communauté internationale pour des raisons que nous présentons dans notre point IV.

IV. De la nature des processus de Nairobi et de Luanda.

Il convient de signaler de prime abord que le processus de Nairobi est antérieur à celui de Luanda et que les deux ne sont pas de même nature.

De l'analyse minutieuse de la déclaration aussi bien du Gouvernement de la R.D.C. à l'issue des pourparlers de Kampala signée par Raymond TSHIBANDA, Ministre des Affaires Etrangères d'alors que celle du M23 portant la signature de Bertrand BISIMWA, toutes faites à Nairobi à la date du 12 décembre 2013 et coiffées par un communiqué final conjoint CIRGL-SADC portant sur le même sujet, signé le même jour et dans la même ville, il résulte que le processus de Nairobi tire son fondement juridique de l'accord du 23 mars 2009, dit « Accord de Goma » intervenu entre le Gouvernement de l'époque et le Congrès National pour la Défense du Peuple, « C.N.D.P » en sigle de Laurent NKUNDABATWARE, un général issu de l'ex-armée du RCD-Goma.

Il s'est agi, en réalité des pourparlers entre les deux « belligérants », parties audit accord dont l'objectif poursuivi visait à demander au « Gouvernement de la République Démocratique du Congo d'écouter le M23, d'évaluer ses doléances et de répondre à celles qui s'avéreraient légitimes » (V. Communiqué final Conjoint CIRGL-SADC sur les pourparlers de Kampala, point 1 in fine).

Nous voici donc en face d'un acte unilatéral dont le but est de « trouver une solution politique au conflit entre le Gouvernement de la R.D.C. et le M23 (V. Déclaration du gouvernement alinéa 2 in fine) qui ne s'inscrit pas dans un « processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes en vue de remédier aux causes profondes du conflit » tel que le décrète le point 4 in fine de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Notre analyse est confortée aussi bien par le contenu de la déclaration du M23 que par celui du Communiqué final conjoint CIRGL-SADC : pas la moindre allusion à l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba encore moins à la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies dans lesdits communiqué et déclaration.

En revanche, la déclaration du Gouvernement fait seule allusion « expressis verbis » aussi bien à l'Accord-Cadre qu'à la Résolution 2098 non pas pour s'en approprier la philosophie mais tout simplement pour s'en servir comme « bouclier sanitaire » face aux réclamations du M23. La méthode avait déjà été utilisée par le même gouvernement lors des différents concertations et dialogues organisés par lui : se référer à ces deux instruments juridiques dans le préambule sans en traduire l'esprit et la lettre dans le texte.

Dans cette confusion où le Gouvernement pensait d'une part que le processus de Nairobi consacrerait la mort du M23 pendant que ce dernier mouvement voyait d'autre part en ce processus le début d'un nouveau deal avec de nouveaux engagements, aucun problème n'a été résolu.

C'est dire que les résultats de tous ces pourparlers et rencontres auraient dû converger vers, l'application de l'Accord-Cadre. Considéré comme étalon de mesure, toute initiative qui serait entreprise en violation de cet instrument juridique international aura très peu de chances d'apporter une solution durable à la crise congolaise.

Mais le processus de Nairobi a connu une deuxième phase. En effet, lorsque Félix TSHISEKEDI arrive au pouvoir, ce dernier a cherché à trouver, à son tour, son « modus vivendi » avec les groupes rebelles et des engagements auraient été pris dans ce sens. C'est dans ce contexte qu'intervient la facilitation de l'ancien Président kenyan, UHURU KENYATTA.

Alors que le processus ci-haut décrit est fondé sur la volonté de deux parties belligérantes engagées à régler leur conflit sur un point précis, à savoir l'évaluation de l'exécution des engagements pris sur base de l'Accord du 23 mars 2009, le processus de Luanda trouve son fondement dans l' AccordCadre d'Addis-Abeba, un traité international dont l'objectif est, grâce à la mise en œuvre d' « un processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes en vue de remédier aux causes profondes du conflit », de procéder à la réforme structurelle des institutions de l'Etat au cours d'un dialogue dont l'ordre du jour est prédéterminé au point 5 paragraphe 1 er alinéas 1 à 6 de l'AccordCadre d'Addis-Abeba. Comme nous l'avons toujours souligné, la Communauté internationale a passé plus de cinq ans à réunir sous l'empire de l'Accord-Cadre toutes les parties prenantes au conflit à savoir I'U.S.N. représentée par le Président TSHISEKEDI, le FCC par Joseph KABILA, LAMUKA représenté par MM FAYULU et MUZITO, l' « UR et ALLIES » représenté par M. Norbert LUYEYE et le M23/AFC représenté par M. Bertrand BISIMWA. Conformément aux principes et conditions posés par l'AccordCadre, un travail de titan a été réalisé. Il était fin prêt : les principes de la transition arrêtés, l'organisation et l'exercice du pouvoir pendant la transition actés, la réforme structurelle des institutions de l'Etat réalisée. Restait, ce travail terminé, de procéder à la signature de l'acte final afin de permettre à la Communauté internationale de convoquer le dialogue (V. La prospérité n o 6212 du jeudi 16 novembre 2023, pp. 13, 15).

Etant donné que nous avons une classe politique nomophobe, c'est-à-dire qui rejette et déteste la loi et qui adore par conséquent depuis 1960 gérer l'Etat en dehors de tout cadre légal, la signature de l'acte final n'a jamais eu lieu. Plusieurs manœuvres dilatoires et contestations ont vu le jour : contestation du médiateur du dialogue déjà désigné, de la présence du M23 à la table du dialogue alors que l'Accord-Cadre l'y invite au nom de la réconciliation sans pour autant consacrer le principe de l'impunité (V. Point 5 paragraphe 1er dernier alinéa de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba et point 8 de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité), contestation des principes et conditions posés par l'Accord-Cadre tant qu'ils touchent aux intérêts particuliers des uns ou des autres, .

Face à ce blocage voulu et sciemment entretenu, chaque partie prenante a choisi sa voie : les Tenants de la thèse du vide juridique regroupés au sein de l'UR et Alliés ont continué à soutenir le dialogue de l'Accord-Cadre comme unique voie de sortie de crise sans effusion de sang ; l'USN, LAMUKA et apparentés ont opté pour des élections chaotiques en vue de saborder tout le processus d'Addis-Abeba, le M23/AFC a choisi la voie qui lui a toujours été familière, c'est-à-dire celle des armes pour peut-être espérer demain rendre possible une fois de plus la malheureuse expérience de Sun City qui a consacré le principe de prime à la guerre, tandis que KABILA avec son F.C.C. s'est réfugié dans un mutisme mystérieux.

C'est dans ce contexte qu'est né le processus de Luanda. Fondé sur l'Accord-Cadre, il reste un mécanisme mis en place dont l'objectif est de faire cesser les hostilités de manière à rendre possible la convocation du dialogue sous l'empire de l'Accord-Cadre, seule voie aujourd'hui de sortie de crise sans effusion de sang. Est-ce par hasard qu’arrivé à la fin de son mandat, « Lourenço conseille à TSHISEKEDI de dialoguer avec le M23 » ? (V. Africa News n o 2502 du vendredi 14 au dimanche 16 février 2025, p. 5).

Ne confondons donc pas tout au risque de préparer pour la RDC une sauce indigeste.

V. De la conclusion.

A. De la fusion des processus de Nairobi et de Luanda.

  1. Les processus de Luanda et de Nairobi ne sont pas de même nature. Si le premier tirant son fondement de l'Accord du 23 mars 2009 dit « Accord de Goma vise à évaluer l'exécution des engagements intervenus entre les parties belligérantes, le second trouve son fondement dans l’accord-Cadre d'Addis-Abeba, traité international produisant des effets erga omnes dont il reste l'instrument d'exécution.
  2. Dès lors que les deux processus n'ont pas le même fondement juridique, qu'ils ne sont par conséquent pas de même nature et qu'ils n'ont pas la même portée, ils ne peuvent en aucune manière être fusionnés.
  3. Les fusionner reviendrait à faire du cahier des charges des belligérants et, pourquoi pas de ceux des autres parties prenantes, des points à inscrire à l'ordre du jour du dialogue à organiser sous l'empire de l'Accord-Cadre, alors que ce dernier instrument juridique international a déjà fixé en son point 5 premier paragraphe alinéas 1 à 6 l’ordre du jour du dialogue à venir.

Il résulte de ce raisonnement que les différents dossiers issus des parties prenantes au conflit devront se conformer à l'ordre du jour préétabli et être examinés à la lumière des principes posés par l'Accord-Cadre.

  1. La crise congolaise constitue une menace contre la paix et relève des dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales reste de la compétence exclusive du Conseil de sécurité des Nations Unies.

En intervenant dans cette matière I'EAC et la SADC agissent par délégation conformément aux dispositions des articles 52 à 54 de la Charte des Nations Unies. En décrétant la fusion des deux processus Nairobi/Luanda, l' EAC et la SADC ont décidé « ultra petita », c'est-à-dire en violation des dispositions de la Charte des Nations Unies car, en effet, la question du sort du processus de Nairobi au regard de l'Accord-Cadre avait déjà été tranchée aux assises d'Addis-Abeba : les belligérants à l'instar des autres parties prenantes présenteront leurs cahiers des charges au dialogue qui seront examinés conformément aux points inscrits à l'ordre du jour fixé par l'Accord-Cadre.

  1. Agir autrement reviendrait à nous rapprocher dangereusement du schéma de Sun City dont la grande faiblesse a résidé dans la consécration du principe de prime à la guerre dont souffre la RDC jusqu'à ce jour. ADDIS-ABEBA n'est pas LUSAKA pour que l'on puisse se permettre de développer des mécanismes qui, une fois mis en place, donneront aujourd'hui les mêmes mauvais résultats qu'hier.
  2. Certes, au cours des débats organisés au sein du Conseil de sécurité relatifs à la crise congolaise et ayant donné lieu à l'adoption de la résolution 2773, Monsieur XIA HUANG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Région des Grands Lacs et bien d'autres voix encore, parlant des efforts régionaux réalisés ont « salué le fait que ces sommets — notamment celui tenu conjointement par la CAE et la SADC le 8 février dont les décisions ont été entérinées par le Conseil de Paix et de sécurité de l'Union Africaine », mais, pour marquer le lien d'indissociabilité, symbole de l'unité existant entre les différents textes en matière de résolution des conflits les déclarations entendues ont toutes chuté sur le dialogue, c'est-à-dire sur l'application de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba (V. Gilbert GUILLAUME, Les grandes crises internationales et le droit, Editions du Seuil, Paris, 1994, p. 10)

Tenter de casser ce lien en introduisant des mécanismes susceptibles de modifier le cours des décisions finales tel qu'arrêté par le texte de base, c'est-à-dire l'Accord-Cadre équivaudrait à une violation de texte.

L'expérience avait été tentée dans le cadre de l'Accord politique global et inclusif du Centre Interdiocésain de Kinshasa, dit « Accord de la Saint Sylvestre » avec l'adoption par le Conseil de sécurité des résolutions 2277 et 2348 violant scandaleusement les dispositions aussi bien de l'Accord-Cadre que celles de la résolution 2098 dans le seul souci d'empêcher KABILA de briguer un troisième mandat. Nous en connaissons la suite.

B. Du pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RD Congo et dans les Grands Lacs.

  1. L'organisation structurelle du pacte social visant les réformes structurelles « dans une approche holistique de paix et de promotion du vouloir vivre en R.D.C. et dans la Sous-Région des Grands Lacs » telle que conçue par les Eglises Catholique et Protestante est une copie plus ou moins fidèle de l'ordre du jour arrêté par l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba intervenu le, 24 février 2013 (V. Point 5 paragraphe Ier alinéas l à 6 de l'Accord).
  2. Comme signalé plus haut, un travail a été bel et bien réalisé réunissant tous ces acteurs politiques qualifiés de « majeurs » par le projet en chantier, sous la supervision de la Communauté internationale dans le strict respect de l'esprit et de la lettre de l'Accord-Cadre l'objectif poursuivi étant de sortir le pays de la crise sans effusion de sang. Une fois terminé, ce travail n'a toujours pas été appliqué : le blocage reste le fait desdits acteurs majeurs. Si l'Accord-Cadre était appliqué et le dialogue convoqué, il n'y aurait pas eu plus de trois mille morts à Goma, Bukavu ne serait pas non plus tombée. Il est moralement inacceptable que la « pleine et enthousiaste adhésion » au projet des Eglises Catholique et Protestante soit attendue de « ceux-là mêmes par qui le malheur est arrivé » (V. Hervé CHEUZEVILLE, Chroniques Africaines de guerres et d'espérance. R.D. Congo, Ouganda, Rwanda, Burundi, Soudan, Editions Persée, 2006, p. 7).
  3. Le pacte social des Eglises Catholique et Protestante est, certes conçu dans une approche holistique mais n'est pas assorti d'une vision prométhéenne, capable de déplacer les montagnes, de sortir des sentiers battus en procédant à de véritables réformes structurelles de toutes les institutions de l’Etat tel que le décrète l'Accord-Cadre.
  4. Ne s'appuyant sur aucun texte juridique, les résultats du forum, aussi hautement scientifique soient-ils, seront dépourvus de tout caractère contraignant. Dans ces conditions, la mission des bons offices des Eglises Catholique et Protestante risque de connaître le sort, O combien tragique, qu'a connu l'Accord politique global et inclusif du Centre Interdiocésain de Kinshasa dit « Accord de la Saint Sylvestre ». Violant Constitution, Accord-Cadre d'Addis-Abeba et autres lois de la République, cet accord a permis le « glissement », l'organisation des élections chaotiques et peut être identifié comme l'une des causes de la situation actuelle pour avoir donné à Kabila le temps de concevoir un nouveau mode de dévolution du pouvoir en R.D.C. les accords secrets.
  5. La paix par le pacte social ? il y a des signes qui ne trompent pas : le samedi 22 février 2025, lors d'une rencontre avec les membres de l'Union Sacrée, le Président Félix TSHISEKEDI qui avait encouragé hier l'initiative des Eglises Catholique et Protestante a été très catégorique pas de dialogue avec le M23. (V. Forum des As n o 7360 du lundi 24 février 2025, p. 5). Commentant la Résolution 2773 récemment adoptée par le Conseil de sécurité, un observateur de la géopolitique des Grands Lacs écrivait "comme « le temps se venge de ceux qui se passent de lui, la résolution 2773 (2025) du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies du 21 février 2025 a vidé la substance de l'objet prétendu de ce « forum » CENCO-ECC" (V. L'Avenir n o 8405 du lundi 24 février 2025, p.5). Comprenne qui pourra !
  6. Enfin, les Tenants de la thèse du vide juridique regroupés au sein de l' « UR et Alliés » tiennent à attirer l'attention aussi bien de l'opinion nationale qu'internationale sur le risque que pourrait faire courir à la R.D.C. aussi bien la fusion des processus de Nairobi/Luanda que l'initiative des Eglises Catholique et Protestante.

Décidée en dehors de tout respect des dispositions de la Charte des Nations Unies en la matière, la question ayant déjà été vidée à Addis-Abeba, la fusion des deux processus ne peut se justifier que par une seule préoccupation : renforcer la position des belligérants lors d'un éventuel dialogue alors que selon l'esprit et la lettre de l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba l'analyse combinée des dispositions de cet instrument associée à l'objectif de réconciliation ne donne aucunement droit aux belligérants à une place prépondérante au cours de ce dialogue à venir. Fusionner sans fondement juridique les deux processus en appliquant aveuglément la décision du sommet de Dar-es-Salaam reviendrait à préparer Sun City bis.

Il en sera de même de l'initiative des Eglises Catholique et Protestante au cas où elle s'obstinerait d'évoluer en dehors de tout cadre légal.

Seule l'intégration d'une telle initiative dans le cadre légal qu'est l'Accord-cadre peut augurer d'un aboutissement heureux étant donné que cet instrument juridique pose des principes et des conditions claires pour la sortie de crise sans effusion de sang : un dialogue sous l'empire de l'Accord-cadre convoqué par la Communauté internationale qui en désigne le médiateur.

Le travail a déjà été réalisé. Au lieu d'ouvrir de nouveaux chantiers, que les Eglises Catholique et Protestante s'arment de leur grande capacité de mobilisation pour faire appliquer l'Accord-cadre. Procéder autrement reviendrait à un pilotage à vue susceptible d'amener le pays à Canossa et de rendre possible la répétition de l'histoire : un Sun City bis.

Hors Accord-cadre, point de salut

Fait à Kinshasa, le 24 février 2025

POUR LES TENANTS DE LA THESE DU VIDE JURIDIQUE

REGROUPES AU SEIN DE L’ « UR ALLIES

Odéric NYEMBO-ya-LUMBU MUTUMBIWA

Président de l’Alliance Nationale pour la République, « A.N.R »

COORDONNATEUR

 

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