La lutte sociale a triomphé par le passé : elle pourrait également connaître le succès aujourd'hui

La lutte sociale a triomphé par le passé : elle pourrait également connaître le succès aujourd'hui

(Par le Professeur Patience Kabamba)

 

‘’La lutte individuelle mène au suicide, tandis que la bataille en groupe est salvatrice !’’. De nos jours, nous considérons comme acquis que chaque mois, un grand nombre de travailleurs perçoivent leur rémunération. Il existe même des individus qui ne se rendent pas au travail tous les jours, mais qui reçoivent une rémunération mensuelle. Ces habitudes nous paraissent évidentes ; l'idée que les employés sont rémunérés chaque mois va de soi. Avant l'introduction du salaire au début du XIXe siècle, ce n'était pas le cas.

Dans l'histoire humaine, la seule révolution sociale qui a été couronnée de succès est celle du capitalisme bourgeois contre la noblesse. Il a fallu 13 siècles pour que cette révolution se concrétise. La bourgeoisie n'a pas accédé au pouvoir étatique. On n'a pas nécessairement besoin de se saisir du pouvoir politique pour réaliser une révolution.

La bourgeoisie a accompli deux actions majeures : elle a émancipé l'individu de ses attaches avec les propriétaires terriens pour lesquels il œuvrait. Le capitalisme a démantelé les chaînes de la servitude, permettant à l'individu de vendre sa force de travail à quiconque il le souhaite. Le travailleur indépendant, qui peut se faire embaucher où il le souhaite, représente le modèle idéal d'un travailleur dans le contexte capitaliste.

Le syndicalisme et les revendications collectives sont considérés comme une déviation du capitalisme, car le modèle idéal du travailleur dans un contexte capitaliste est celui du travailleur autonome. Le second avantage que la bourgeoisie a décroché dans sa révolte contre la noblesse, c’est le droit à la propriété privée lucrative.

Je possède une école qui constitue un patrimoine social et me génère des bénéfices grâce aux frais payés par les élèves, ce qui m'assure des revenus. C'est comme si je recevais en héritage une maison de mes parents et que je décidais de la louer. Elle me génère un revenu chaque mois. Ce patrimoine est profitable.

Ainsi, le détenteur des outils de production s'approprie une grande portion du rendement du travailleur, tout comme le propriétaire se réserve une part significative de l'argent généré par le locataire. Voici les deux principales réalisations de la révolution bourgeoise : Le capitaliste détient les ressources de production et privilégie la présence d'un travailleur autonome.

Initialement, le travailleur indépendant était rémunéré en fonction de la tâche accomplie. Je vous propose de découper ma vache ou de cirer mes chaussures, et je vous rémunérerai sans délai après. Voilà ce qu'est le paiement à la tâche. Les personnes ont lutté, se sont syndiquées et ont adopté une approche collective pour rejeter le système de rémunération à la tâche.

Les employeurs ont capitulé et la rémunération est désormais attachée à la fonction occupée et versée sur une base horaire. Le salarié est rémunéré à l'heure et sa paye dépend de la qualification du poste occupé. Si vous êtes recruté par une société, vous devez signer un contrat qui détaille les obligations associées à votre position.

La rémunération que vous percevrez dépend de la qualification du poste. Il ne s'agit plus d'un paiement par acte, mais plutôt d'un paiement basé sur la qualification du poste. C'est un progrès significatif par rapport à la facturation à l'acte. Et cette avancée a été acquis de manière collective.

Les affrontements individuels mènent au suicide, tandis que les combats collectifs apportent le salut. Les groupes ont lutté pour obtenir une rémunération basée non sur le travail effectué, mais sur la qualification requise pour le poste. Toutefois, il ne faut pas s'arrêter à cela.

Aux Etats-Unis, la garantie de l'emploi à vie pour les enseignants a également été acquise grâce à une mobilisation collective. Le principe de la titularisation universitaire (tenure) aux États-Unis est né au début du 20e siècle, dans le but de garantir aux enseignants une protection contre les renvois en raison d'expressions d'opinions peu populaires. Il se basait sur les traditions européennes de liberté universitaire et de protection de l'emploi, remontant jusqu'au Moyen Âge.

L'Association américaine des professeurs d'université a été fondée en 1915 et a établi sa Déclaration de principes sur la liberté académique et la titularisation en 1940. Cette dernière a renforcé les standards de l'emploi à vie pour les chercheurs, leur accordant le droit de mener des études et d'enseigner sans crainte de représailles.

L'idée de la titularisation étant liée non pas au poste occupé, mais à la personne elle-même est apparue aux alentours du début du XIXe siècle (1835). Les employés qui fournissent les services de l'État, tels que l'éducation, la santé et la défense nationale, effectuent un travail social qui ne génère pas de profits économiques commerciaux, malgré le fait que sans eux, même le secteur marchand ne serait pas aussi performant.

Tous les fonctionnaires sont hors du système de rémunération capitaliste, que ce soit en relation avec l'acte ou le poste occupé. Toutefois, la rémunération des fonctionnaires est associée aux individus. Son salaire est associé à son rang, qui constitue une qualification individuelle. Le fonctionnaire conserve son rang et sa rémunération jusqu'à son décès ; qu'il soit en activité ou non, il maintient son emploi.

Contrairement à ce que fait Donald Trump, un fonctionnaire ne peut pas être renvoyé. Un fonctionnaire possède son salaire qui est associé à sa personne et à son rang, de manière similaire à l'armée. Peu importe s'il occupe un poste ou non, le capitaine conserve sa position et son salaire. Les employés ont un droit au salaire qui leur est personnel.

On constate actuellement, notamment chez les professeurs universitaires et plus particulièrement les professeurs émérites, que peu importe s'ils travaillent ou pas, ils continuent à être rémunérés jusqu'à leur décès. Ils ne reçoivent pas une rémunération basée sur l'acte accompli, ni sur la qualification relative à leur fonction, mais ils sont rémunérés en fonction de la qualification propre à leur personne et de leur rang. Il ne peut pas être congédié, et même si cela se produisait, il conserverait sa rémunération.

L'idée communiste est de généraliser ce concept de rémunération à l'ensemble de la société. La rémunération ne devrait plus être la compensation pour le travail qui valorise le capital (générateur de profit). Le salaire ne découle pas d'un travail, mais représente le droit qui vous attribue la qualité de créateur des valeurs anthropologiques.

Ce salaire communiste est versé avant toute prestation de travail. Pour mettre cela en pratique à grande échelle, une autre forme d'éducation que celle que nous possédons actuellement est nécessaire. Il est nécessaire d'enseigner aux étudiants une plus grande responsabilité économique. Si l'on verse un salaire à chaque jeune dès l'âge de 18 ans, aujourd’hui, il y a un risque qu'ils gaspillent cet argent faute d'une éducation en matière de responsabilité économique.

La rémunération ne découle pas d'une dépendance vis-à-vis d'un employeur. Nous détenons un salaire qui ne peut être supprimé.

Cela nous donnera la possibilité d'effectuer un travail indépendant. Je crois que si le salaire était assuré chaque mois indépendamment du travail effectué, les personnes compétentes se consacreraient avec passion à l'activité qu'elles ont choisie. Les jeunes et les moins jeunes libérés des tracas financiers travailleront avec ardeur, propulsant ainsi la société vers l'avant, tandis que moins de personnes traîneront au travail ou à l'école.

Ce MDW annonce une bataille commune en vue !

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