Le Moyen-Orient à travers l'Afrique

Le Moyen-Orient à travers l'Afrique

(Par le Professeur Patience Kabamba)

La semaine passée, un ami m'a sollicité pour rédiger le MDW sur le conflit au Moyen-Orient qui s'est intensifié, Israël attaquant le Hamas à Gaza, les Hezbollah au Liban et répondant systématiquement aux tirs balistiques provenant d'Iran. On ne peut pas nier que le Moyen-Orient est en pleine effervescence. Avec mes deux fois vingt-cinq ans d'expérience, j'ai acquis la capacité de remettre en question mes sources d'information. À Kinshasa, tout comme dans l'ensemble de l'Afrique, nous avons accès aux informations via la Radio France International (RFI), TV5 Monde et surtout le canal en continu France 24.

Ces chaînes de télévision et radio françaises qui remplissent l'espace francophone font partie de la France, diffusant son point de vue spécifique sur le Moyen-Orient. Chaque média ou chaîne d'information a sa propre ligne éditoriale. Les chaînes françaises ont pour but de diffuser des informations et parfois des intoxications sur les événements mondiaux, notamment au Moyen-Orient.

Quand je regarde France 4, ce qui m'étonne le plus, c'est l'absence d'histoire dans ses programmes. On vous présente constamment des invasions d'hôpitaux ou d'établissements scolaires, des meurtres d'enfants sans qu'il y ait de récit associé. Les médias français ciblent le côté affectif et émotionnel : voyez ces malveillants juifs qui détruisent les enfants et les patients dans des hôpitaux !

Il est évident que tout individu possédant un cœur implanté dans sa poitrine devrait éprouver une douleur et parfois une colère face à Israël, tout en se sentant attaché à la Palestine. Les médias français obtiennent des résultats, tout comme les médias américains ont diffusé des photos montrant de nombreux étudiants sur des campus américains manifester contre Israël et arborer des drapeaux palestiniens. L'objectif des médias a été atteint. Après avoir évité toute histoire des faits, ils en ont tiré des photos qui touchent les cœurs, mais pas forcément le cerveau.

Cette interrogation est complexe pour les cerveaux qui réfléchissent, mais simple pour la moralité qui identifie les bons et les mauvais en fonction du cœur (résultats anticipés par les médias). Dans ce type de contexte, l'intelligence est liée à l'historicisation et à la contextualisation. Pour ne pas restreindre son savoir aux limites de l’ignorance des journalistes de France 24, il est primordial que chacun se pose la question épistémologique essentielle : « Comment en sommes-nous arrivés là ? » « Qu'est-ce qui a conduit à la prise de cibles des hôpitaux ou des écoles ? » « Pourquoi sommes-nous parvenus à ce point, alors que le bilan tragique du Hamas indique presque 43000 décès à Gaza et au Liban, nous avons déjà dépassé 3000 décès ? »

Historisons ainsi le cadre de conflit au Proche-Orient. L'acceptation du concept d'un Etat juif par les Nations Unies en 1948, suite à la fin de l'Empire britannique, avait attiré l'attention des voisins arabes. Dès sa proclamation, l'Etat d'Israël se retrouva confronter à une bataille sans merci contre ses voisins arabes. Pour subsister, cette nouvelle entité devrait expulser environ 750 000 Palestiniens sur les 900.000 qui occupaient cette zone géographique. Il s'agit de la Nakba palestinienne qui a eu lieu en 1948. Cela constituait une injustice sévère envers le peuple Palestiniens.

Dès 1949, les nations arabes ont entamé une bataille sans relâche contre le récent Etat d'Israël. Le défi majeur consistait à substituer un peuple, en l'occurrence les Palestiniens, par une autre population, les Israéliens, par la force ou la légitimation des Nations Unies.

Cependant, pour faire face aux tentatives des voisins de détruire la population juive (de la rivière jusqu'à la mer), ce pays a dû résister. Quand le Président Macron soutient que la création de l'Etat d'Israël est due aux Nations Unies, il est en accord sur la légitimation de cet Etat. Toutefois, lorsqu'il répond à Macron en déclarant que c'est grâce à la résistance des pionniers juifs qu'Israël subsiste actuellement, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est également exact.

L'unique légitimation fournie par les Nations Unies ne suffirait pas pour maintenir Israël jusqu'à présent. Toutefois, sans la légitimation des Nations Unies, la bataille des pionniers juifs ne serait pas non plus suffisante.

Le problème réel dans ce secteur est celui des Palestiniens qui ont été expulsés de leurs domiciles pour constituer l'Etat d'Israël. Le souci est concret et avec le temps, des solutions ont été proposées par des leaders des deux côtés. Je me souviens de la poignée des mains portée par Yasser Arafat et Isaac Rabin, en présence du président Clinton. Les jeunes générations palestiniennes se préoccupent constamment du sort des Palestiniens qui ont été expulsés de leur territoire en 1948 et placés dans des camps de réfugiés au Liban ou en Jordanie (très rare).

Avec le temps, la Bande de Gaza sous contrôle d'Israël a été transférée aux Palestiniens. Dans sa bataille contre le Fatah, le Hamas a réussi à s’imposer dans la Bande de Gaza et le Fatah en Cisjordanie. Cet arrangement était presque un miracle réalisé, plus ou moins reconnu comme la solution la moins défavorable.

Pour de nombreux observateurs, l'idéal serait d'établir un unique pays où cohabiteraient Palestiniens et Israéliens, les Juifs et les Arabes. Il est fort probable que cette solution soit la préférable pour de nombreuses personnes, mais elle est presque infaisable compte tenu de la méfiance des deux communautés et surtout d'une condescendance des Juifs vis-à-vis des Arabes.

Cependant, en ce qui concerne le Proche-Orient, le monde a toujours espéré dans un équilibre basé sur la notion de deux entités vivant parallèlement. Cette solution incomplète a assuré la protection et l'aide aux Palestiniens tout en laissant Israël en « paix. »

Toutefois, il existait des personnages principaux qui ne se sentaient pas satisfaits de la progression ou du déroulement des choses. Les Hamas utilisaient cette occasion pour envoyer des obus vers Israël, tandis que les colons israéliens ne manquaient pas de saisir des territoires palestiniens afin de construire des colonies.

Bien que la Dôme de Fer protégeait Israël contre les missiles palestiniens, la communauté internationale continuait d'accuser les colons israéliens d’avoir confisqué des terres détenues par les Palestiniens.

Ainsi, le contrôle diminuait progressivement jusqu'au 7 octobre 2023, date à laquelle le Hamas a perturbé une célébration des jeunes Israéliens, causant la mort d'au moins 1200 individus et capturant plus d'une centaine. Selon les chiffres du Hamas en Palestine, la réponse d'Israël a provoqué presque 43.000 décès et 3000 morts au Liban. L'armée israélienne a détruit les tunnels qui permettaient le passage des armes palestiniennes. La difficulté que rencontre le Tsahal (l'armée israélienne) est de lutter contre un adversaire qui se dissimule dans les hôpitaux, les écoles ou les jardins d’enfants. Si vous devenez soldat et que vous soyez tiré depuis un hôpital ou derrière une école. Que réaliserez-vous ?

Nous ne donnons pas de réponse à cette question. Nous voulions uniquement démontrer que les médias qui mettent en scène des hôpitaux incendiés ou des enfants blessés ne précisent pas que le Hamas se dissimule derrière ces incidents d’après Israël. Les médias ne favorisent pas la mise en contexte, l'historique et la réflexion. Ils tentent simplement de nous dénigrer, tout comme la plupart des journalistes français.

Le MDW choisit une solution dépourvue d'Etat, car selon nous, l'Etat est intrinsèquement et non accidentellement en désaccord avec la liberté des individus. Une solution pour nous est celle où les communautés Ummah musulmane et arabe et Sion juif cohabiteraient, chacun portant sa propre culture et weltanschauung. La question du soutien américain à Israël fera l’objet d’un autre MDW.

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