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Quelles sont les bases pour la réalisation du Grand Inga en RDC ?

Quelles sont les bases pour la réalisation du Grand Inga en RDC ?

(Par Tite Liongi Enkonkoy, Expert en Suivi évaluation et communication sur les projets hydroélectriques)

 

Contexte général dans la mise en œuvre du projet Grand Inga

La République Démocratique du Congo (RD CONGO) dispose d’un important potentiel hydroélectrique estimé à plus de 100.000 MW. On estime que la mise en valeur de ce potentiel permettrait de produire jusqu’à 774 TWh, ce qui place la RD CONGO en troisième position après la Chine et la Russie dont les productions potentielles d’énergie hydroélectrique sont estimées respectivement à 1.320 et 1096 TWh. Une part importante de ce potentiel (40%) est concentrée sur le site d’Inga dont les premières études d’aménagement ont été élaborées entre 1957 et 1960.

Le site d’Inga Bénéficie d’une topographie qui se prête remarquablement à un développement progressif. De ce fait, Le principe de base de son aménagement est la réalisation par fractionnement en fonction des besoins réels d’électricité. La mise en valeur du site est programmée par l’aménagement de la vallée de Bundi.

A ce jour, la RD CONGO a exécuté les deux premières étapes du développement du site d’Inga Par la construction des centrales d’Inga 1 (351 MW) et Inga 2 (1424MW) mises en service Respectivement en 1970 et 1982.

Au total, la capacité installée de ces deux centrales est de 1775 MW. Toutefois, la Puissance réellement disponible représente moins de 40 % de la capacité installée en raison du manque d’entretien de la centrale et de problèmes de conception des ouvrages qui ont conduit à l’arrêt de plusieurs machines et la limitation du volume du bassin de mise en charge.

Pour remédier à cette Situation, la RD CONGO a engagé des actions en vue de la réhabilitation des installations existantes afin d’assurer la sécurité d’alimentation des clients de la SNEL et de répondre à l’augmentation de la demande.

Parallèlement à la réhabilitation des installations existantes, le Gouvernement a initié une série de démarches pour renforcer les liaisons électriques avec le site d’Inga et pour préparer les études visant la poursuite de son développement. Ces démarches ont pour but de satisfaire à terme les besoins nationaux en électricité et les demandes de fourniture d’énergie exprimées par plusieurs pays et régions.

Ainsi que par les investisseurs privés. Elles s’inscrivent dans un contexte propice avec notamment, le retour à la paix dans le pays et dans la région des Grands Lacs, l’évolution favorable de la controverse sur les grands barrages1, l’augmentation sans précédent des cours des produits pétroliers, la Constitution de pools énergétiques africains, et l’avènement du Nouveau partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD).

En effet, le Plan d’actions à court terme (PACT) du NEPAD a retenu l’Etude du projet intégrateur de Grand Inga (PIGI) comme une de ses priorités.

Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé un crédit de 250 millions de dollars financé par l’Association internationale de développement (IDA)* qui constitue la première phase du programme de développement d’Inga 3 dont le total s’élève à un milliard de dollars. Ce programme de long terme repose sur une approche en plusieurs phases et permettra à la République démocratique du Congo (RDC) de poser les bases du développement durable d’Inga 3 — le plus grand projet énergétique de la RDC à ce jour — en commençant par la mise en place d’investissements en faveur des populations locales, des infrastructures et de l’emploi.

La première phase du programme de développement d’Inga 3 se concentrera sur les opportunités de développement local dans le Kongo Central, avec pour objectif d’améliorer les conditions de vie et les perspectives économiques d’environ 100 communautés (1,2 million de personnes) vivant à proximité d’Inga.

Ces communautés bénéficieront directement de l’amélioration des services de base et des infrastructures qu’elles ont indiquées comme des priorités, notamment la distribution d’eau potable et d’une énergie produite par une source renouvelable, ainsi que la maintenance des routes rurales. Les investissements ainsi mis en œuvre créeront des opportunités économiques et des emplois pour ces populations.

Face à cette opportunité que nous offre le groupe de la Banque Mondiale pour la préparation du projet, il est important de préparer l’opinion nationale et les parties prenantes primaires sur les enjeux majeurs pour la réalisation de ce méga projet.

Dans le chapitre qui suit nous allons nous plancher sur les obligations techniques, administratives, économiques, géotechniques et stratégiques quant à l’érection de cette infrastructure hydroélectrique.

Les préalables pour la construction du grand Inga en RDC

Pour la réalisation de ce méga projet au cœur de l’Afrique une série d’études complémentaires seraient la garantie bancaire pour la République démocratique du Congo d’une part, et d’autres parts ses partenaires. À ce titre, les principaux chapitres de l’étude indiquent ceux qui suit : La réalisation de l’étude sur la demande de l’énergie, l’étude de faisabilité, l’étude d’impact environnementale et sociale, étude sur la structuration du projet, option de financement et principes régissant les principaux accords de projet et en fin la communication et sensibilisation.

  Étude technique :

  • Hydrologie : Analyse du potentiel hydraulique du site d’Inga, incluant les débits du cours d’eau, les hauteurs de chute, et la variabilité des débits.
  • Topographie : Etude du terrain pour déterminer l’implantation des ouvrages (barrage, usine, etc.) et l’aménagement de la zone.
  • Conception : Définition des ouvrages principaux (barrage, prise d’eau, conduites forcées, usine) et des équipements (turbines, alternateurs).
  • Aspects géotechniques : Etude de la stabilité des sols et des fondations des ouvrages.
  • Gestion de l’eau : Etude du comportement de l’eau, des débits de crue, des risques d’inondation et de sécheresse.
  • Conception des ouvrages de continuité écologique : Analyse des passes à poissons et autres ouvrages nécessaires pour respecter l’environnement.

Étude de la demande d’électricité

Cette étape veut que la République démocratique du Congo soit tenue de collecter toutes les informations concernant la demande d’énergie au pays au cours des cinq (5) dernières années en fonction de la tendance qui se dégagera, des projections de la demande doivent être faites pour les vingt(20) prochaines années sur une base annuelle. Ces projections seront révisées de manière judicieuse en tenant des plans de développement des réseaux de transport et de distribution.

Par ailleurs, il y a lieu de rendre en compte la création de nouvelles industries dans les prévisions relatives à la demande d’énergie. Ces nouvelles industries entraîneront une croissance de l’industrie des services et accroissement du nombre de ménages utilisant des appareils électroménagers de nature à doper la demande d’électricité. Ainsi, la tendance de référence servira à élaborer trois scénarios d’évaluation de la demande. La demande qui résultera de la construction de lignes de transport en RDC et le réseau de distribution qui seront construit selon les plans élaborés par la RDC et pour lesquels le financement de la centrale été convenu avec un prêteur sera prise en compte.

Le gouvernement est tenu d’établir une liste des toutes les centrales hydroélectriques existantes en RDC ayant une capacité d’au moins 10 MW, y compris les centrales Inga I et Inga2.

Les engagements formels à fournir l’énergie aux fins d’exploitation vers les pools énergétiques ou d’autres pays doivent également être pris en considération et déduits les volumes estimatifs de l’offre. Ainsi, la différence entre l’offre et la demande nette, année après année indiquera soit l’excédent d’énergie, soit la quantité d’énergie que devront produire les nouveaux projets Inga. En collaboration avec la SNEL identifier les points d’injection de puissance dans le réseau de la RDC à partir des nouvelles lignes d’interconnexions issues du site d’Inga. Et fin, décrire les différents pools énergétiques, notamment l’EEEAO en Afrique de l’ouest le PEAC en Afrique central, l’EAPP en Afrique de l’Est et le SAPP en Afrique Australe, qui existent déjà et qui sont à des stades de planification avancées.

Etude environnementale :

Analyse de l’impact environnemental :  Évaluation de l’impact du projet sur la faune, la flore, les habitats naturels et la qualité de l’eau.

Mesures d’atténuation :  Proposition de mesures pour minimiser les impacts négatifs sur l’environnement.

Gestion des déchets : Etablissement de procédures pour la gestion des déchets générés par la construction et l’exploitation de la centrale.

Etude économique :

Pour la réussite du projet Grand Inga, dont la phase initiale est Inga3, il est nécessaire de parachever les études de préfaisabilité existantes. Dans le cadre des préparatifs de ces centrales, il faut étudier avec la SNEL les problèmes d’exploitation des centrales Inga 1 et Inga 2, depuis leur mise en service. Un bref historique de chacune de ces centrales électriques devra être présenté, mettant en exergue les problèmes rencontrés, notamment, la liste n’étant pas exhaustive, les causes des pannes d’équipements (turbine et générateurs), les problèmes de sédimentation, les problèmes liés à l’alimentation en eau et à la disponibilité de pièce détachées, ainsi que l’insuffisance d’entretien. Indiquer le cadre juridique.

Ainsi, les conclusions à cet égard seront prises en considération dans la conception préliminaire des nouveaux projets Inga.

Établir le calcul des coûts, préparation du calendrier et analyse économique des projets.

Après l’achèvement de l’étude de préfaisabilité du projet Grand Inga songer d’entreprendre l’étude de faisabilité déballée du projet.

Les études de faisabilité d’une centrale hydroélectrique comprennent une évaluation approfondie de la faisabilité administrative, technique, environnementale et économique du projet. Ces études visent à fournir au maître d’ouvrage des informations claires, fiables et chiffrées pour apprécier l’intérêt de réaliser le projet. Voici les principaux aspects couverts par ces études :

Estimation des coûts : Calcul des coûts de construction, d’exploitation et de maintenance de la centrale ;

Évaluation des recettes : Estimation des revenus potentiels de la vente de l’électricité produite ;

Analyse de rentabilité : Calcul des indicateurs de rentabilité (VAN, TRI, etc.) pour déterminer la viabilité économique du projet ;

Étude administrative et juridique :

Évaluation des aspects réglementaires :

Analyse des lois et réglementations applicables à la construction et à l’exploitation d’une centrale hydroélectrique. Obtention des autorisations : Identification des autorisations et permis nécessaires et accompagnement dans les démarches administratives. Respect des normes : Application des normes et standards de sécurité et de qualité.

Etude sociale :

Impact social : Analyse de l’impact du projet sur les populations locales, y compris la création d’emplois et les déplacements éventuels.

Consultation des parties prenantes : Organisation de consultations publiques pour recueillir les avis des parties prenantes. En résumé, l’étude de faisabilité est une étape cruciale pour évaluer la pertinence d’un projet hydroélectrique, en s’assurant qu’il est techniquement, économiquement, environnementalement et socialement viable.

Communication et sensibilisation

Dans une étude de faisabilité de projet hydraulique, la communication et la sensibilisation ont pour objectif principal d’informer, d’impliquer et de mobiliser les parties prenantes afin d’assurer la réussite du projet. Elles permettent de recueillir les besoins et les attentes, de faciliter l’acceptation du projet, et d’assurer sa durabilité en impliquant activement les acteurs concernés dans le processus.

Les objectifs de la communication et de la sensibilisation peuvent se détaillées en :

  • Informer et sensibiliser les parties prenantes
  1. Transparence : Présenter clairement les objectifs, enjeux, les différentes options techniques et financières du projet ;
  2. Présenter clairement les objectifs, les enjeux, les différentes options techniques et financières du projet ;
  • Compréhension

Expliquer les aspects techniques du projet de manière simple et accessible afin que tous puissent comprendre les implications.

  • Adhésion Motiver les parties prenantes à soutenir le projet en démontrant les bénéfices qu’il apportera et en répondant à leurs préoccupations.
  • Recueillir les besoins et les attentes ;
  • Dialogue : Organiser des rencontres, des ateliers participatifs ou des enquêtes pour recueillir les avis et les attentes des communautés locales ;
  • Participation : Impliquer les acteurs locaux dans le processus de prise de décision afin qu’ils se sentent partie prenante du projet et qu’ils s’approprient le projet ;
  • Adaptation : Ajuster le projet en fonction des besoins et des contraintes spécifiques de chaque zone d’intervention ;
  • Faciliter l’acceptation et l’appropriation du projet :
  1. Plaidoyer : Mobiliser les acteurs clés (autorités, leaders communautaires) pour obtenir leur soutien et leur engagement.
  2. Communication de changement de comportement : Informer et sensibiliser sur l’importance de l’eau, de son utilisation rationnelle et de la préservation de la ressource.
  3. Communication de proximité : Utiliser des canaux de communication adaptés aux réalités locales (radio communautaire, affiches, etc…)
  • Assurer la durabilité du projet
  1. Formation : Former les communautés à l’entretien et à la gestion des infrastructures hydrauliques
  2. Gestion locale : Impliquer les communautés dans la gestion et l’entretien des infrastructures afin d’assurer leur pérennité
  3. Suivi et évaluation : Mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact du projet et ajuster les stratégies de communication si nécessaire.

En somme, la communication et la sensibilisation dans la phase d’étude de faisabilité sont essentielles pour garantir l’acceptation, la participation et la durabilité d’un projet hydroélectrique. Elles permettent de transformer un projet technique en un projet socialement accepté et porteur de bénéfices pour tous.
Conclusion et recommandations

En résumé, après avoir réalisé les études de faisabilité d’une centrale, la conclusion générale est d’évaluer la viabilité du projet, en tenant compte de plusieurs aspects : technique, économique, environnemental et social. Ces études permettent de déterminer si le projet est réalisable et rentable, et d’identifier les risques potentiels afin de prendre une décision éclairée sur sa poursuite.

Voici une analyse plus détaillée des éléments clés d’une conclusion d’étude de faisabilité pour une centrale :

Viabilité technique : L’étude doit confirmer que la centrale peut être construite et exploitée avec les technologies disponibles, en tenant compte des ressources, des compétences et de l’infrastructure nécessaire.

Faisabilité économique : L’analyse financière doit évaluer les coûts de construction, d’exploitation, de maintenance et de démantèlement, ainsi que les revenus potentiels de la vente d’énergie. L’étude doit démontrer que le projet est rentable et que le retour sur investissement est acceptable.

Impact environnemental : Il est essentiel d’évaluer les impacts potentiels de la centrale sur l’environnement (émissions, utilisation des ressources, etc.) et de s’assurer que les mesures de mitigation sont adéquates. Impact social : L’étude doit prendre en compte les impacts sur la communauté locale (emplois, nuisances, etc.) et s’assurer que le projet est acceptable socialement.

Analyse des risques : L’étude doit identifier les risques potentiels (techniques, économiques, environnementaux, sociaux) et proposer des mesures pour les atténuer.

En fonction de ces éléments, la conclusion peut être :

Favorable : le projet est jugé viable et rentable, et il est recommandé de passer à la phase de planification et de construction.

Favorable avec réserves : le projet est viable, mais des améliorations sont nécessaires dans certains domaines (par exemple, optimiser les coûts, renforcer les mesures environnementales).

Défavorable : le projet n’est pas viable ou rentable, et il est recommandé de ne pas le poursuivre.

En conclusion, l’étude de faisabilité est une étape cruciale pour toute centrale. Elle permet de prendre une décision éclairée et de minimiser les risques avant de s’engager dans un projet d’envergure.

Les études comparatives aident à identifier les solutions les plus efficaces en termes de production d'énergie, de flexibilité et de capacité d'adaptation aux variations de la demande, en comparant différentes configurations de barrages, de turbines et de systèmes de gestion de l'eau.

Il est conseillé au Gouvernement de la République de réaliser les études comparatives pour s'assurer de pertinence de celles qui ont été délivrées par le bureau d'études en charge d'effectuer ce travail. Son rôle est l'optimisation des performances.

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