*L’Afrique qui pense et réfléchit par procuration, peine à produire un savoir à partir de ses propres concepts. Il sied de noter qu’il y a des questions qui sont de l'ordre culturel et celles d'ordre spirituel qui nécessitent des réponses de la part de l'Eglise.
L'Occident, après avoir brûlés vifs les homosexuels, au motif que l'homosexualité blessait la conscience morale collective, aujourd'hui, le même Occident considère l'homosexualité comme une valeur à universaliser, et non plus comme une perversion ni encore moins une déviance.
Cette question d'ordre culturel fait couler beaucoup d'encres en Occident et dans l’Église catholique occidentale, et divise les fidèles chrétiens.
Que faut-il savoir sur la question de la bénédiction des couples homosexuels ?
La question de bénédiction des couples de même sexe est pour nous, un défi culturel et pastoral de l’Occident.
Lesdits couples, considérés jadis comme des malades et des pervers, vivent aujourd'hui, officiellement leur homosexualité. Cependant, la question de leur appartenance à l’Eglise catholique se pose avec acuité dans le monde occidental.
Pour nous, les Eglises occidentales ont le droit légitime de trouver une approche pastorale axée sur la charité, le discernement, l'accompagnement spirituel, la miséricorde et la rigueur doctrinale ou évangélique. Cependant, elles ne doivent pas généraliser cette question, étant donné qu’elle n'est pas universelle.
Nous, en Afrique, avons d’autres défis culturels et pastoraux, notamment la polygamie, l'auto-prise-en-charge totale de nos églises africaines, financièrement condamnées à la mendicité perpétuelle. Le défi crucial, reste celui de la question relative à l'émancipation épistémologique, du point de vue de l'élaboration de la théologie chrétienne africaine, et celle de la liberté effective relative à l'exercice de quatre fonctions de l'Eglise particulière africaine, à savoir :
a) la fonction liturgique (éviter de continuer à prier par procuration, avec les rites liturgiques qui reflètent la théologie chrétienne surannée de l’adaptation et des pierres d’attente);
b) la fonction éthique ou morale ( avoir une morale chrétienne africaine, qui soit un aboutissement naturel de la conversion des Africains et de leur culture dans sa globalité);
c) la fonction juridique ( avoir un droit canonique chrétien, propre aux Eglises africaines, reflétant la culture africaine fécondée par la puissance transformatrice de l’Évangile de Jésus-Christ );
d) la fonction théologique, sans oublier celle évangélisatrice, c'est-à-dire élaborer une théologie chrétienne africaine théandrique dont parlait Oscar Bimwenyi Kweshi.
Il est aussi question de se pencher sur le social des prêtres, des religieuses et religieux, sans oublier les Laïcs. Dans quelles conditions vivent et meurent la plupart des prêtres et religieuses africains ?
Comment sommes-nous en train de préparer leur vieillesse?
Le détournement des biens de l’Eglise et la gestion calamiteuse des finances de nos Diocèses, paroisses et congrégations constituent un défi permanent pour l'Église africaine.
Plusieurs questions demeurent sans réponse au sein de nos Eglises africaines. Par exemple, comment l’Eglise africaine entend-t-elle gérer la question des enfants des prêtres qui n'ont pas défroqué, mais continuent à exercer leur ministère sacerdotal ? Quel type de charité pastorale doit-on réserver à ces prêtres, à ces enfants et leurs mères ? Quel type de charité pastorale doit-on réserver aux personnes polygames ?
Il est temps que l’Eglise africaine s'interroge sur son avenir au lieu d'attendre que le Vatican lui apporte des réponses toute faites.
Un autre défi culturel et ecclésial est celui relatif au tribalisme aux couvents et dans nos Diocèses africains. Le champ est vaste et les défis à relever sont énormes. D’où, la nécessité de prier, de réfléchir et d'agir ensemble, sans culpabiliser qui que ce soit.
Que le Dieu de l'amour miséricordieux continue à nous aimer et à nous pardonner, afin qu’aimés et pardonnés par lui, nous puissions nous aussi aimer et pardonner celles et ceux qu'il a mis sur notre chemin.
*Le plus important à comprendre dans la qualité du processus électoral 2023 est son reflet du système de prédation auquel il appartient. Un système qui fonctionne avec la corruption, le clientélisme, des détournements (sur facturation, enrichissement soudain de certains qui y sont liés directement ou indirectement…), l’insécurité entretenue, les tensions sociales et tribales, l’attribution alambiquée des marchés publics….
Pour arriver à voter à 15 h au lieu de 6 ou 7 heure ou à voir le matériel électoral vandalisé par les électeurs lorsqu’il ne fonctionne pas, il faut qu’il y ait eu une mauvaise manière de gérer les élections.
Si ces élections sont pires que les précédentes en terme de leur qualité et du désespoir quant au renouvellement de la classe politique, c’est dire, comme les autres, elles serviront seulement à conforter la position des prédateurs et à perpétuer le mauvais système de gouvernance qui ne peut redonner au peuple son pouvoir de contrôle sur les politiciens-commerçants et mettre fin à la misère du peuple et à l’exploitation sauvage de nos ressources.
Quelle que soit la bonne volonté d’un homme fort de changer la situation des congolais en bien, la classe politique que nous donne cette nature d’élection sera le blocage au décollage. Allant généralement en politique pour des rêves d’enrichissement personnel avec une industrie boostée à fond à cet effet, les élus portés par l’inconscience et l’insouciance d’une population abusée et esclavagiser, nous ne pourrons attendre mieux.
Voilà pourquoi, la proposition de Madame Marie-Josée Ifoku d’une transition est pour le peuple congolais un déclic pour savoir s’arrêter, se nettoyer, nous regarder avec miséricorde les yeux dans les yeux et envisager un autre Congo et une manière convenable de produire notre classe dirigeante. Nous Komboliser devient un devoir patriotique, afin que la médiocrité cesse d’être notre culture. Depuis l’indépendance, nous avons eu des politiciens plus soucieux de leurs intérêts personnels, nous prenant en otage pour les assouvir et servir de marionnettes aux puissances étrangères.
Il faut les komboliser dans un processus soutenu des programmes publics d’éducation, de conscientisation, d’inculturation des valeurs républicaines.
Nous avons tenté de nous arrêter avec la Conférence nationale souveraine mais, elle a été détournée par le système de prédation.
Nous devons être cette nation qui sait rentrer en soi-même et se poser les vraies et bonnes questions de son existence pour les adéquates et solutions.
C’est cela l’enjeu majeure de cette proposition de transition, faisable avec les nouveaux élus. L’essentiel sera de passer de l’actuel système de prédation à la République des valeurs, celle qui marque une tolérance zéro à la mauvaise gestion de qui que ce soit, à la fraude, à la corruption, à l’injustice et au mensonge dans les affaires publiques.
Avec la KOMBOLISATION, nous sommes dans un processus de révolution de la conscience et du changement des mentalités, sans laquelle nous courrons le risque de disparaître comme nation et de devenir un gérant inutile de ses richesses dont Dieu Lui-même peut être moins fier afin de lui arracher cette gestion pour la confier à d’autres, même en petits morceaux.
Ces élections sont celles d’un Etat faible, ce qui intéresse les prédateurs nationaux et internationaux ou étrangers. Un pouvoir politique faible et contrôlable par les prédateurs de tous bords arrange les affaires du capitalisme libéral sauvage qui nous asservit.
Quand feront nous cet arrêt de prise de conscience et de définition de notre vision commune ?
Nous risquons d’avoir toujours une raison pour repousser ce moment majeur dans la vie de toute nation du fait qu’on est sous pression de satisfaire des besoins immédiats des individus. Soyons ce peuple élevé dans la dimension spirituelle de transformation et de co-création du monde, que l’Eternel nous a confié pour le dominer et le rendre meilleur et non le laisser devenir une sorte de malédiction.
Il est possible de devenir ce peuple intelligent qui sait mettre toutes ses ressources au service du bonheur collectif, de l’unité dans la diversité et de la paix.
La KOMBOLISATION est en marche ; elle arrivera à destination : la renaissance de la RDC.
A l’aube des élections générales prévues le 20 décembre 2023, sauf report de dernière minute, le Congo-Kinshasa ploie sous une attente soutenue de son affranchissement, afin de sortir de l’impasse qui bloque son élan vers le développement. Plusieurs propositions sont sorties des tiroirs en guise de solution à la question congolaise, mais en vain. Dans une interview exclusive, le spécialiste des questions électorales, de démocratie et de développement en Afrique, penseur et analyste des faits socio-politiques, et enseignant à l’Université, Modeste Mbonigaba Mugaruka, met en évidence sa conception, -qui est quasiment une doctrine de développement-, de la «Division du travail citoyen». Dans cet échange avec votre média, il insiste sur cette formule «magique» qui tirerait le Congo du gouffre vers la lumière de l’essor, de l’appropriation par le Congolais de son fabuleux destin.Interview.
Congo365.cd : Vous avez très récemment livré une réflexion pertinente, pour ne pas dire révolutionnaire, sur les moyens de sortir le pays de l’impasse afin de l’ouvrir véritablement au développement. Et la formule que vous proposez pour parer à l’inadéquation entre les impératifs du développement et la mentalité inappropriée des Congolais, c’est la « Division du travail citoyen ». Pouvez-vous être plus explicite sur ce concept savant ?
Modeste Mbonigaba : Pour répondre correctement à cette question qui, il faut le reconnaître, renvoie à un concept tout à fait nouveau, il y a lieu de commencer par rappeler le contexte historique et géopolitique dans lequel notre pays accède à l’indépendance le 30 juin 1960, contexte caractérisé par une impréparation totale des populations congolaises à prendre, de façon responsable, leur destin en main. C’est ainsi que, déjà quelques jours avant la proclamation de cette indépendance, le Portefeuille du futur Etat indépendant va basculer, par un tour de passe-passe, dans le patrimoine du colonisateur en train de faire ses valises ! L’absence d’un peuple aguerri et prêt à se doter (par la voie des urnes) d’une élite politique entièrement dévouée à la cause du développement de la nouvelle Nation congolaise va également être à la base de toutes les difficultés rencontrées dès la naissance de ce nouvel État : mutineries des forces armées, sécessions du Katanga et du Sud Kasaï, destitution du premier gouvernement démocratiquement élu, assassinat du Premier Ministre Patrice Emery Lumumba… Or, de par ses ressources naturelles extrêmement abondantes et diversifiées, ce pays attise les convoitises de toutes les puissances du monde et doit donc être d’une extrême vigilance pour que la mise en valeur de ces immenses ressources profite en premier lieu à ses premiers bénéficiaires que sont les Congolais. Ce n’est pas ce qui est arrivé, hélas ! Pourquoi ? Nous avons fini par découvrir pourquoi ce pays, pourtant immensément riche, est, en même temps, habité aujourd’hui par le peuple parmi les plus pauvres de la planète ! Pour nous, la raison est bien simple. La voici : dans son immense majorité, le patron (qu’est le peuple) ignore que c’est lui le seul et unique boss. Sinon, il se serait organisé de façon appropriée pour protéger son patrimoine ! Nous avons découvert que ce qui manque, c’est une organisation politique, sociale et institutionnelle, permettant à ce que tout simplement : « chaque centime dû à l’Etat congolais tombe effectivement dans ses caisses et n’en sorte que pour régler ses seules, uniques et vraies créances » ! Cette organisation nouvelle que nous devons impérativement mettre en place permet, suite à une véritable «Division du travail citoyen», de transformer chaque citoyen en «Citoyen-gendarme», et de supprimer au passage «toutes les sources de vol, de détournement et de corruption tout en poussant concomitamment les Gouvernants à une meilleure répartition du revenu national».
C365 : Vous situez le problème congolais au niveau du processus électoral actuel, et vous arguez que vous avez une formule magique pour résoudre cette épineuse question des élections au Congo. Mieux, vous parlez de la transformation en or du bulletin de vote…
MM : En attendant notre sortie prochaine devant les médias du monde entier pour nous étendre davantage sur ce sujet, nous pouvons d’ores et déjà vous assurer que la nouvelle organisation à mettre en place permet en effet, par la Division du travail citoyen, d’éliminer du jeu de la gouvernance toutes ces voix qui, en réalité, sont des coquilles vides, des voix sans valeur ! Une vraie voix, lors d’un vote, devrait être tellement précieuse pour son détenteur qu’elle ne pourrait, en aucun cas, être bradée contre de la camelote du genre une bière, un t-shirt, un pagne ou un petit billet de banque ! Il se fait qu’avec la « Division du travail citoyen », tous les 45 à 50 millions de Congolais en âge de voter restent tous électeurs mais, désormais, chaque bulletin de vote acquiert une valeur tellement inestimable que le phénomène communément appelé aujourd’hui « chance eloko pamba » disparaitrait, du jour au lendemain, de nos mœurs politiques.
C365 : Vous évoquez aussi la rationalisation de la gestion de pratiquement tous les secteurs de la vie publique à partir de la Division du travail citoyen. Comment cela pourrait-il se faire concrètement ?
MM : Le « travail citoyen » permet en effet aux citoyens de ne plus laisser les gouvernants s’amuser avec le patrimoine commun comme s’il s’agissait de leur bien propre, de faire pratiquement ce qu’ils veulent avec les biens de nous tous. Désormais, chaque fait et geste de nos gouvernants sera en effet analysé, décortiqué, tourné dans tous les sens par des gouvernés plus que jamais conscients d’être les véritables propriétaires du patrimoine dont la gestion est confiée, pour un temps, à quelques concitoyens méritants. La recherche permanente de l’excellence pousserait, à coup sûr, à des réformes visant l’amélioration du fonctionnement de tous les secteurs de la vie nationale. Je vois mal, par exemple, ce multipartisme débridé (près de mille partis politiques), auquel on assiste aujourd’hui, poursuivre son bonhomme de chemin. Quant au climat des affaires, il serait à ce point tellement attractif que c’est le Congo qui serait submergé d’offres provenant de tous les pays du monde cherchant à prendre part au redressement d’une économie enfin correctement organisée et ouverte à des opportunités quasiment illimitées. Bref, la « Division du travail citoyen » va permettre au Congo de se remettre véritablement et définitivement debout.
C365 : Le grand problème du Congo, c’est le Congolais. Et vous abordez justement la question en parlant de la mentalité inappropriée du Congolais. Comment imaginez-vous transformer l’homme congolais, comme par exemple certains responsables et décideurs qui ont accumulé plusieurs décennies de pratique de corruption au point que cela est devenu leur seconde nature ? Comment comptez-vous les métamorphoser ?
MM : C’est vrai que nous visons la transformation qualitative de tous les Congolais, gouvernants et gouvernés, mais nous nous focalisons davantage sur le « citoyen lambda », celui qui, aujourd’hui, est victime de son ignorance, celui qui ne sait pas comment faire en sorte que la richesse du Congo soit effectivement mise à son service ! Changer le Congolais pour qu’il prenne conscience de son statut de propriétaire amènera les décideurs actuels ou futurs à s’adapter à la nouvelle donne. Ils auront le choix entre s’adapter ou quitter la scène politique.
C365 : Ce n’est pas un secret, vous avez rejoint le camp du candidat président de la République Denis Mukwege, avec d’autres personnalités comme Didier Mumengi, Albert Moleka… Quelles sont les raisons qui vous poussent à rallier son camp ?
MM : Il faut savoir gré à l’ancien Président de la République, Joseph Kabila, pour avoir eu l’honnêteté de reconnaître ouvertement et publiquement qu’en 18 ans de pouvoir, il n’a pas réussi à changer la mentalité de l’homme congolais ! Parce que, d’après nous, c’est là où se situe le véritable problème relatif au redressement d’un Congo aujourd’hui totalement couché. Nous sommes en pleine campagne électorale pour renouveler la confiance ou sanctionner négativement les gouvernants à tous les niveaux (local, provincial et national). Très peu parmi nous sont conscients qu’avec le type de gouvernance actuellement appliquée, il est totalement illusoire d’espérer répondre, de façon satisfaisante, aux attentes des populations que sont notamment : une éducation et des soins de santé de qualité pour tous, des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, aéroportuaires à la hauteur du grand Congo, de l’eau potable et de l’électricité pour tous dans les délais les plus courts, des emplois de qualité pour le plus grand nombre… bref, le redressement fulgurant de ce pays aujourd’hui, totalement grabataire. Dès le début de son premier quinquennat, Félix Antoine Tshisekedi a suscité d’immenses espoirs en déclarant que le changement de l’homme congolais serait l’un des principaux chantiers de son mandat. Il est presqu’immédiatement passé de la parole à l’acte en créant ce qu’il croyait être l’instrument de sa politique de changement des mentalités : il s’agit de la fameuse «Coordination pour le changement des mentalités. «Au bout de ce premier quinquennat, force est de constater que les mentalités du Congolais n’ont pas du tout changé ! Son reflexe est toujours celui du « chacun pour soi » et non celui du travail en équipe, de la mise en commun des efforts. Sa mentalité est toujours celle d’éternel assisté et non celle de quelqu’un qui prend enfin conscience d’avoir devant lui un pays à bâtir et à mettre en valeur d’abord pour lui-même ; de nombreuses opportunités à saisir pour ces jeunes entrepreneurs avides de créativité et un immense espace territorial à conquérir et à occuper de façon effective. Le candidat président de la République Denis Mukwege est depuis l’indépendance du Congo, cette personnalité d’envergure mondiale et totalement immergée dans la société congolaise à avoir des chances de devenir le futur Chef de l’Etat. Nous le soutenons parce qu’il promet une véritable rupture avec le système de gestion de la chose publique actuellement en place. Par ce fait, il offre de meilleures garanties pour mettre effectivement fin à la descente aux enfers illustrée par la guerre, la faim et les vices de toutes sortes, comme par exemple cette corruption quasiment institutionnalisée et …banalisée. Son directeur de campagne, Didier Mumengi, est sur la même lancée. C’est ainsi qu’il a, depuis plusieurs mois, appelé les Congolais à observer une pause pour pouvoir se poser les questions de fond sur notre existence en tant qu’État digne de ce nom… Transformer le Congolais, aujourd’hui complaisant et laxiste, pour en faire un acteur rigoureux et exigeant, est en effet, pour nous, la clé qui ouvre sur le véritable redressement de la Nation congolaise, plus que jamais menacée de disparition.
C365 : Avez-vous confiance en la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au regard du processus électoral en cours ? Croyez-vous que des élections véritablement libres, transparentes et démocratiques se tiendront le 20 décembre prochain ?
MM : Dans la conclusion de notre précédente publication qui a engendré cette interview, nous avons en substance explicitement dit, je cite : «En 2002, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples avait organisé un séminaire d’évaluation des processus électoraux en Afrique dont la conclusion fut sans équivoque : Il faut imaginer des formules nouvelles en matière électorale pour sortir notre continent de sa léthargie actuelle ! Vingt ans plus tard, nous sommes fiers d’annoncer au monde que nous avons trouvé la formule qui permettrait à un pays comme le Congo de se doter des meilleurs élus d’Afrique (voire du monde !) à tous les niveaux de gouvernance (local, provincial et national) », fin de citation. Or, à la suite de Frantz Fanon qui, à l’aube des indépendances africaines (nous sommes au début des années 1960), disait que l’Afrique avait la forme d’un revolver dont la gâchette se trouvait au Congo, Moustapha Niasse est revenu à la charge, quelques décennies plus tard, pour marteler que trente-cinq États africains (sur cinquante quatre !) étaient directement affectés par ce qui se passait au Congo Kinshasa ! Pourquoi ne pas profiter de ce vent nouveau pour le changement qualitatif de la gouvernance qui nous vient d’Afrique de l’Ouest pour permettre à notre pays de répondre enfin à sa vocation naturelle, déjà esquissée par Frantz Fanon et Moustapha Niasse, de locomotive de la sous-région, voire de tout le continent ? Pour nous, la réponse à votre question est toute simple : Il faut tout recommencer, il faut remplacer la CENI, pour que, suite à la Division du travail citoyen, il soit définitivement mis fin à un système électoral qui n’a jamais réussi à placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ! En plus, nous avons aujourd’hui des dépenses électorales scandaleusement budgétivores face à des résultats tout à fait dérisoires au vu des qualités intrinsèques du personnel politique issu de ces élections. Réduire à sa plus simple expression le budget consacré aux élections, tout en garantissant la participation au vote de tous les Congolais en âge de voter, tel est le tour de force que la « Division du travail citoyen » permet de réaliser, en transformant en or chaque bulletin de vote. Montrons au monde que nous sommes des êtres doués de bon sens en adhérant à ce schéma qui, selon notamment Frantz Fanon et Moustapha Niasse, doit impérativement partir du Congo Kinshasa, avant de gagner le reste du continent. Ainsi, notre pays aura définitivement renoué avec sa vocation presque naturelle que, du reste, personne ne lui conteste : celle de véritable leader continental.
Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Une décision du FMI qui montre que la RDC est sur la bonne voie
L’enjeu majeur, pour les pays africains, est de continuer à obtenir des bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque Mondiale) des facilités de crédit au moment où les financements destinés à l’Afrique se réduisent. Les facilités de crédit que le FMI accorde sont soumises à des conditions qui « appellent à des politiques budgétaires prudentes, notamment la limitation les dépenses non essentielles et l’amélioration de l'efficacité des dépenses, de la gouvernance et de la transparence. Des efforts pour renforcer la mise en œuvre de la politique monétaire sont également nécessaires. » Or, le FMI, par la décision qu’il vient de prend, vient confirmer la légitimité de la candidature de Félix Tshisekedi pour un second mandat.
En effet, au moment où s’achève son premier mandat et qu’il se présente à sa réélection, Félix Tshisekedi peut être satisfait : « Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé la cinquième revue de l'accord au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) pour la République démocratique du Congo (RDC), approuvé le 15 juillet 2021. L'achèvement de la cinquième revue permet un décaissement immédiat équivalent à 152,3 millions de DTS (environ 202,1 millions de dollars) afin de soutenir les besoins de la balance des paiements, portant le décaissement total à ce jour à 913,8 millions de DTS (environ 1219,1 millions de dollars). »
Une politique budgétaire qui va dans le bon sens
Cet accord de facilité élargie de crédit avec le RDC vient confirmer que la politique budgétaire du gouvernement va dans le bon sens avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe, qui s’exacerbe dans le contexte actuel (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. »
La conclusion du FMI peut satisfaire le président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Parmi, les points positifs que note le FMI, on retiendra les mesures prises par la Banque centrale du Congo (BCC) pour atténuer les effets négatifs provoqués par la dépréciation du franc congolais. Ces mesures ont permis de faire diminuer une inflation qui avait atteint les 23 % en juillet 2023. Or, la dépréciation de la monnaie et l’inflation sont des impôts supplémentaires pour les populations.
La maîtrise de l’inflation a été l’une des priorités du gouvernement. Mais, selon le FMI, « malgré les efforts de la Banque centrale du Congo (BCC) pour freiner l’inflation, la dépréciation et les pressions inflationnistes persistent. » Une situation préoccupante avec, cependant, le double constat suivant : « l'économie demeure résiliente, avec une croissance du PIB réel projetée à 6,2 % en 2023, soutenue par un secteur extractif toujours dynamique » et « les réformes structurelles avancent, bien qu’à un rythme plus lent : sur les neuf repères structurels, six ont été atteints, deux ont été mis en œuvre avec des retards, et le dernier concernant la recapitalisation de la banque centrale a été partiellement atteint et reporté. » Conclusion du FMI : « Malgré ces difficultés, la performance au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) reste globalement satisfaisante », avec des perspectives de croissance favorables pour 2024. À la conclusion de la discussion du Conseil d'administration, M. Kenji Okamura, Directeur général adjoint et Président par intérim, a fait la déclaration suivante : « Les réformes qui renforcent la gouvernance et la transparence budgétaires, améliorent la crédibilité budgétaire et limitent le recours aux procédures d’urgence et les dérapages dans la gestion de la trésorerie devraient se poursuivre afin de renforcer les cadres de gestion des finances publiques et des investissements publics. »
L’action de Vital Kamerhe, qui, depuis le 23 mars 2023, occupe le poste de Vice-Premier ministre, ministre de l'économie nationale de la RDC, a permis de renforcer la résilience de l’économie congolaise et d’installer cette économie sur la trajectoire d’une croissance plus inclusive. Même s’il est économiste de formation, Vital Kamhere n’oublie pas l’importance de la décision politique, lorsqu’il déclare : « la croissance n’est pas une fin en soi, elle ne constitue pas un projet de société. Seuls, les grandes orientations des politiques publiques et les choix budgétaires du gouvernement constituent un projet de société.C’est un projet de société que nous défendons, pour une nation unie et prospère. »
Ce qu’il faut retenir
Il faut interpréter le décaissement immédiat de 202,1 millions de dollars en faveur de la RDC comme un signe de confiance du FMI qui constate que les autorités ont respecté l’engagement de maintenir la stabilité et assurer la continuité des réformes économiques, malgré une situation socio-politique et sécuritaire difficile. Le FMI souligne la résilience de l’économie congolaise avec une croissance qui devrait se situer autour de 6,2 % du PIB réel.
La politique budgétaire s’appuie sur les points suivants : la capacité du gouvernement à tirer parti des secteurs-clés comme l'extractif ; les efforts pour améliorer l'efficacité des dépenses et limiter les dépenses non essentielles ; une approche prudente et responsable de la politique budgétaire afin de préserver la stabilité macroéconomique ; l’évolution positive dans la mise en œuvre des réformes structurelles ; l’amélioration du climat des affaires ; la mise en œuvre des pratiques de bonne gouvernance, notamment avec l’amélioration de la transparence et la lutte contre la corruption. L’opacité de l’écosystème du secteur minier favorise la corruption et prive l’Etat de recettes fiscales importantes. L’évolution est donc positive, mais beaucoup reste à faire, car certains objectifs n’ont pas été atteints.
Autre secteur-clef : la politique monétaire. Le FMI note que l'accumulation de réserves a permis de renforcer la stabilité monétaire et la résilience externe du pays, ce qui rassure les bailleurs de fonds internationaux, comme me FMI et la Banque Mondiale, et les investisseurs étrangers. On sait que le renforcement du cadre de mise en œuvre de la politique monétaire est essentiel pour parvenir à la stabilité des prix et renforcer l'attractivité du franc congolais.
La dimension politique de la candidature de Félix Tshisekedi
Toutes les analyses du FMI qui montrent que la RDC est installée sur une bonne trajectoire ne doivent pas nous faire oublier la dimension politique de l’élection de Félix Tshisekedi et sa candidature à un second mandat. L’élection de Félix Tshisekedi, le 25 janvier 2018, a permis la réalisation d’une transition démocratique dont le Congo avait besoin pour rejoindre le camp des grandes nations en développement. La démocratie oblige les gouvernements à rendre des comptes à la nation et à faire en sorte que l’enrichissement du pays descende jusqu’aux populations. Pour cela, le pays a besoin de stabilité, stabilité politique et stabilité économique, les deux sont indispensables. Lors de son premier mandat, Félix Tshisekedi a créé les conditions pour que le Congo retrouve le chemin de la croissance. S’il est réélu pour un second mandat, il devra faire en sorte que les réformes entreprises, que le FMI salue en accordant, ce qui est un signe de confiance, un décaissement immédiat de 202,1 millions de dollars en faveur de la RDC, profitent aux assiettes des Congolais. Pour que les réformes profitent aux assiettes des Congolais, il faut accélérer la construction d’une économie diversifiée créatrice d’emploi, moderniser l’agriculture et définir l’architecture d’un meilleur partage des richesses.
Marx et Engels établissent toutes les articulations dialectiques de la méthodologie objective qui permettra la rédaction du Grundrise et du Capital dans leur idéologie allemande (1845-1846). La méthodologie, également connue sous le nom de meta hodos, ne peut être extraite de l'esprit des individus que nous sommes. Le mouvement réel dans l'histoire est la méthode. Elle s'expose sur le plan historique. Nous accueillons humblement l'automouvement objectif historique réel de la méthode. En fait, c'est le tout qui s'expose dans sa radicalité essentielle. Cependant, quelle est la signification d'une situation historique spécifique, telle que les élections congolaises?
C'est une situation historique qui exprime un degré spécifique distinctif du devenir mondial de la valeur d'échange néolithique.
Comme vous pouvez le comprendre, nous utilisons la clé de lecture que l'Idéologie Allemande nous fournit. En général, il est impossible de comprendre un sujet particulier comme les élections congolaises en se concentrant uniquement sur sa singularité. En se concentrant exclusivement sur le Congo, on ne peut rien comprendre. Marx et Engels nous apprennent qu'il est nécessaire de comprendre les déterminations historiques générales d'un sujet, quel qu'il soit, et le mouvement d'ensemble qui l'a généré et engendré. Il est difficile de percevoir le visible électoral au CONGO en partant de la CENI ou des pancartes des candidats qui sont présents dans les rues de Kinshasa. La compréhension du visible dépend de la compréhension des fondements invisibles et des forces invisibles qui ont créé, produit et produit ce qui est visible dans nos rues. Le mouvement réel de l'histoire, qui est fait de la dialectique des forces productives qui s'extériorisent dans un seuil donné, dans un temps donné et dans un espace donné, en l'occurrence le Congo, est connu sous le nom de soubassements invisibles. Pour ne pas se disperser dans un tas d'explications idéologiques (Union Sacrée de la Nation), religieuses (La CENCO a son serveur et ses témoins) ou géopolitiques (les observateurs de l'UE qui quittent), il faut tenir cette clé de lecture des évènements.
La méthode consiste à comprendre ce qui fait l'histoire et à comprendre le mouvement dialectique des forces productives qui la font. Le président et son club des jouisseurs gèrent l'argent congolais tiré de la vente de ses minerais, tandis que les autres lui disputent à juste titre ce monopole sur le gaspillage du potentiel congolais. Le seuil de l'acceptable au Congo sera surdéterminé par le marché mondial, et cela ne sera jamais à l'avantage des Congolais, mais plutôt pour la circulation de la valeur d'échange. Par conséquent, nous sommes conscients de ce qui se passe au Congo, de ce qui s'est passé et de ce qui se passera. Il sera possible de prévoir et d'anticiper, et donc de gouverner le Congo de la manière la plus efficace possible.
Nous devrions arriver à la logique du tout en analysant dialectiquement les élections congolaises. La totalité est responsable de tout ce qui se passe. Ses parties sont déterminées par le tout. Les élections sont simplement des parties. Si l'on est coupé de sa totalité, on ne peut rien comprendre de ce moment électoral congolais. Le spectacle électoral fétichiste n'est qu'une fragmentation du capitalisme. Il y a bien entendu la réalité de tout le temps dans toute réalité historique du temps présent. Les élections au Congo n'ont pas un scénario autonome en termes géopolitiques. Les forces productives, qui résulteront de la vente de lithium sur le marché mondial, les ont surdéterminées. L'histoire du Congo n'est que le devenir de la valeur d'échange, comme l'histoire du monde dans son ensemble. De la valeur néolithique qui a conduit les communautés de chasseurs-cueilleurs au stade civilisé de l'avoir territorial appropriatif de la rente agraire, commerciale et industrielle, aujourd'hui où le Congo fournit le lithium nécessaire au progrès industriel. Le commerce du cobalt à Kolwezi est fortement influencé par la phénoménologie de la valeur d'échange. Tout est lié à la longue histoire du développement du marché mondial où le Congo a toujours fourni des matières premières depuis l'invention de l'automobile avec le caoutchouc congolais, la découverte de l'électricité maintenue par le cuivre congolais, L'uranium congolais a été utilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale, le coltan est utilisé dans l'industrie de la téléphonie et le lithium est utilisé pour les batteries des voitures électriques. Qui sera choisi au Congo pour continuer à fournir les besoins du marché mondial? Les protagonistes du marché mondial prendront la décision et non le cirque électoral auquel nous assistons dans l'espace national. Celui qui « gagnera » les élections congolaises sera le plus apte pour le marché mondial. Ce ne sont pas les Congolais qui décideront sur cet élu. Depuis les premiers échanges de valeur d'échange au néolithique, le marché mondial a toujours été le principal déterminant. Marx avait mieux compris cela que tout le monde.
(Par Anthony Nkinzo Kamole, Directeur Général de l’ANAPI)
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Ministère du Plan
Agence Nationale pour la Promotion des Investissements
(ANAPI)
Mutualisation des investissements productifs : opportunités, défis et préalables
Novembre 2023
Introduction
Avec une superficie de 30 415 873 km2 et une population estimée à 1,4 milliard d'habitants, l'Afrique occupe une place singulière sur la scène mondiale, détenant un potentiel économique colossal. Elle possède à elle seule plus de 60 types de minerais différents, totalisant ainsi un tiers des réserves minérales mondiales, tous minerais confondus. A titre d’exemple, elle est dotée de 90 % des réserves de platinoïdes ; 80% de coltan ; 60% de cobalt ; 70% du tantale, 46% des réserves de diamant ; 40 % des réserves aurifères et 10 % des réserves pétrolières.
Cependant, malgré ses ressources naturelles abondantes, le continent demeure confronté à une réalité paradoxale, où les richesses du sol et du sous-sol coexistent étrangement avec une pauvreté persistante qui touche 54,8 % de sa population. Alors qu’elle compte près de 60 % des terres arables mondiales, l’Afrique ne génère que 9% de la production agricole mondiale . La montée des conflits et de la violence en Afrique subsaharienne laisse à craindre un ralentissement de la croissance par rapport à l’année 2022 dans cette région qui pourrait être exacerbé par le choc climatique.
La République démocratique du Congo (RDC), joyau africain d'une superficie équivalente à toute l'Europe occidentale, incarne cette dualité de manière particulièrement frappante. En tant que premier producteur mondial de cobalt, avec 60 % des réserves mondiales prouvées , la RDC détient des richesses naturelles exceptionnelles, du cobalt au cuivre en passant par le coltan. Cependant, son économie, bien que dynamique avec un taux de croissance de 8,9% en 2022 , demeure tributaire du secteur minier, l’exposant à la volatilité des prix des matières premières.
Etant donné le contexte de mondialisation de l’économie, l’interdépendance économique des pays pousse ces derniers à coaliser les moyens en vue d’imposer le rythme qui le convient à la marche de l’économie mondiale. Ainsi, mus par la volonté de former une masse critique pour contrebalancer le poids commercial des économies avancées, les Etats africains ont opté pour une plus grande intégration économique par la création d’une zone de libre-échange, initiative à laquelle la RDC a adhéré par la ratification de l’Accord portant création de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) le 28 janvier 2022.
Cet accord vise notamment à (i) contribuer à la circulation des capitaux et des personnes physiques et faciliter les investissements en s’appuyant sur les initiatives et les développements dans les États parties et les Communauté Economique Régionale (ii) renforcer la compétitivité des économies des États parties aux niveaux continental et mondial (iii) promouvoir le développement industriel à travers la diversification et le développement des chaînes de valeurs régionales, le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire.
Cet accord s’accompagne notamment d’un protocole qui traite des questions liées à l’investissement entre les états parties dont la visée, entre autres, est (i) d’encourager les flux et les opportunités d’investissement intra-africains et promouvoir, faciliter, retenir, protéger et développer les investissements qui favorisent le développement durable des États parties ; (ii) établir un cadre juridique et institutionnel continental équilibré, prévisible et transparent pour les investissements, en tenant compte des intérêts des États parties, des investisseurs et des communautés locales ; (iii) fournir un cadre juridique solide pour la prévention, la gestion et le règlement des différends en matière d’investissement ; (iv) encourager l’acquisition et le transfert de technologies appropriées et pertinentes en Afrique ; et (v) promouvoir, renforcer et consolider les positions coordonnées et la coopération sur les questions liées à la promotion, la facilitation et la protection des investissements sur le continent.
Le Protocole sur l’Investissement de la ZLECAf promeut la collaboration entre Etats parties, notamment à travers des investissements mutualisés permettant un bien meilleur rendement pour les parties prenantes. En effet, la mutualisation des investissements productifs peut être compris dans le cadre de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo. Ce dernier soutient que les pays ont intérêt à se spécialiser dans la production des biens et services pour lesquels ils ont un avantage comparatif en termes de coûts d'opportunité.
Avec tous les potentiels dont regorge la RDC et pour lesquels en général elle dispose d’un avantage comparatif, il apparait clairement que la ZLECAf est une opportunité à saisir pour le pays. Cet article explore les enjeux de la mutualisation des investissements et examine de près les opportunités qui s'offrent à la RDC dans ce nouveau paradigme économique continental.
Alors que l'Afrique s'efforce de transformer ses richesses en prospérité partagée, comment la RDC peut-elle tirer profit de cette mutualisation pour stimuler sa croissance économique et favoriser une transformation structurelle significative ? C'est à cette interrogation que nous tenterons de répondre au fil de cet article.
Mutualisation des investissements productifs
La mutualisation des investissements productifs se définit comme une collaboration étroite entre plusieurs pays visant à optimiser l'utilisation de leurs ressources et compétences respectives dans le dessein de stimuler la croissance économique. Elle implique la mise en commun des ressources financières, technologiques et humaines en vue de créer des synergies capables de dépasser les frontières nationales. Ce concept s'inscrit dans le cadre plus vaste de l'intégration régionale, où les nations collaborent pour maximiser leurs avantages comparatifs, favorisant ainsi une spécialisation efficace et une prospérité partagée.
Dans le cadre d'une zone de libre-échange, la mutualisation des investissements va au-delà de la simple réduction des barrières tarifaires. Elle implique une harmonisation des politiques économiques, des infrastructures et des réglementations pour créer un environnement propice aux échanges et aux investissements. Pour la RDC, cela signifie non seulement une ouverture accrue aux marchés régionaux, mais aussi la possibilité de partager des technologies, des connaissances et des compétences.
Opportunités
La mutualisation présente un grand nombre d’opportunité pour un pays tel que la RDC. Les principaux avantages pouvant en résulter sont notamment :
• L’accélération de la diversification de l’économie par la création des chaines de valeur intégrées ;
• L’optimisation des avantages comparatifs ;
• L’amélioration de l’accès aux marchés régionaux ;
• Le partage de connaissances et des technologies ;
• La réduction des risques et le renforcement de la stabilité économique.
a) Diversification économique et création de chaînes de valeur
La RDC, en mutualisant ses investissements avec d'autres nations africaines, peut diversifier son économie au-delà du secteur minier. En collaborant avec des pays spécialisés dans l'industrie manufacturière, par exemple, la RDC peut créer des chaînes de valeur intégrées. Cette diversification est cruciale pour réduire la dépendance aux fluctuations des prix des matières premières, offrant ainsi une stabilité économique à long terme.
b) Optimisation des avantages comparatifs
En identifiant et capitalisant sur ses avantages comparatifs, la RDC peut tirer profit de ses ressources naturelles exceptionnelles. La spécialisation dans la production de matières premières, combinée à une collaboration avec des partenaires régionaux spécialisés dans la transformation, permet à la RDC d'optimiser son potentiel économique. Par exemple, en exploitant sa position de premier producteur mondial de cobalt, la RDC peut contribuer à la fabrication de batteries pour le secteur en plein essor des véhicules électriques.
c) Accès accru aux marchés régionaux
La mutualisation des investissements favorise l'ouverture des frontières économiques, offrant à la RDC un accès élargi aux marchés régionaux au sein de la ZLECAf. Ce nouveau cadre économique élimine les barrières tarifaires et non tarifaires, facilitant ainsi les échanges commerciaux. Pour la RDC, cela signifie une expansion des débouchés pour ses produits et services sur le continent, contribuant à stimuler la croissance des exportations.
d) Partage des connaissances et des technologies
La collaboration au sein de la ZLECAf permet à la RDC de bénéficier du partage des connaissances et des technologies. Les échanges d'expertise entre les nations membres favorisent l'innovation et la montée en compétence. Dans le contexte de la RDC, cela pourrait se traduire par des transferts de technologie dans le secteur minier, l'amélioration des pratiques agricoles et le renforcement des capacités industrielles, contribuant ainsi à une croissance économique plus durable et diversifiée.
e) Réduction des risques et renforcement de la stabilité économique
La mutualisation des investissements crée une interdépendance économique entre les pays participants, réduisant ainsi les risques liés aux chocs économiques nationaux. Pour la RDC, cela peut se traduire par une plus grande résilience face aux fluctuations des prix des matières premières. Une économie diversifiée et intégrée dans une zone de libre-échange offre une stabilité accrue, attirant davantage d'investissements étrangers et favorisant la croissance durable.
Défis
Bien que la mutualisation des investissements pourrait être vectrice des nombreuses opportunités pour la RDC, il faut relever l’existence des goulots d’étranglement dont la suppression constitue un réel défi pour le Gouvernement. Ces défis, principalement d’ordre structurel, pourraient entraver la réalisation pleine et efficace de ces opportunités. Parmi les défis majeurs, on peut mentionner :
La précarité des infrastructures de communication ;
La nécessité d’une gouvernance de qualité pour une stabilité politique ;
L’opacité dans la gestion des ressources naturelles ;
Les capacités institutionnelles faibles ;
L’absence de l’inclusion sociale pour une diffusion plus large des retombées positives de l’action publique ;
Le retard technologique.
a) Infrastructures et Connectivité :
Les déficiences en matière d'infrastructures, notamment les routes, les ports et les réseaux de communication, constituent un défi majeur pour la RDC. Pour que la mutualisation des investissements soit pleinement efficace, il est crucial de disposer d'infrastructures de qualité permettant le transport fluide des marchandises et la connectivité entre les différents pays membres de la ZLECAf. La modernisation de ces infrastructures demeure un enjeu prioritaire pour garantir la facilitation des échanges.
b) Gouvernance et Stabilité Politique :
La RDC a connu des périodes d'instabilité politique, ce qui peut créer un environnement d'investissement incertain. Une gouvernance stable et transparente est essentielle pour attirer les investissements étrangers et instaurer la confiance nécessaire à la collaboration économique au sein de la ZLECAf. La garantie de la sécurité juridique et la prévisibilité des politiques économiques sont des éléments clés pour surmonter ce défi.
c) Défis liés aux ressources naturelles :
Bien que le secteur minier soit une source de richesse pour la RDC, il est également confronté à des défis, notamment la gestion durable des ressources naturelles, la transparence dans les contrats miniers, et la réduction des impacts environnementaux. Pour maximiser les avantages de la mutualisation, il est nécessaire de relever ces défis afin d'assurer une exploitation minière responsable et socialement bénéfique.
d) Capacité Institutionnelle et Réglementaire :
La RDC doit renforcer ses capacités institutionnelles pour mettre en œuvre et réguler efficacement les accords de mutualisation des investissements. Cela comprend la mise en place de réglementations claires, la formation de personnel qualifié et le renforcement des organes de contrôle. Une coordination efficace entre les différents niveaux d'administration est également cruciale pour assurer la cohérence des politiques et des actions.
e) Inclusion Sociale et Répartition Équitable des Bénéfices :
La mutualisation des investissements doit bénéficier à l'ensemble de la population congolaise. Le défi réside dans la garantie d'une répartition équitable des bénéfices économiques, en particulier dans un pays aux disparités socio-économiques marquées. Des politiques inclusives, la promotion des petites et moyennes entreprises, ainsi que des mécanismes de protection sociale sont nécessaires pour garantir que tous les segments de la société participent aux fruits de la croissance économique.
f) Adaptation aux Changements Technologiques :
La RDC doit également relever le défi de l'adaptation aux changements technologiques, en particulier dans le contexte d'une économie mondiale en mutation. Cela nécessite des investissements dans la formation et le développement des compétences, ainsi que l'adoption de technologies de pointe pour rester compétitif sur le marché international.
Les préalables
La suppression des goulots d’étranglement est un préalable essentiel à la réussite de la mutualisation. Le pays doit inlassablement travailler sur des mécanismes permettant d’aboutir à un cadre propice aux investissements mutualisés. Partant donc des principaux défis relevés ci-haut, les actions préalables du gouvernement devraient aller dans le sens à :
i. Favoriser une intégration physique du pays par la construction des infrastructures permettant d’améliorer la connectivité physique du pays aux autres Etats parties en vue de faciliter les échanges commerciaux et la mobilité des capitaux et des personnes.
ii. Garantir la stabilité des engagements publics : il faut que les projets et programmes dans lesquels le gouvernement s’est engagé soient moins dépendants des changements politiques qui peuvent intervenir dans le pays. L’annulation ou la révision systématique des contrats signés avec des partenaires étrangers pour des motifs pas clairs nourrit dans le chef de ces derniers, un sentiment d’insécurité juridique et un risque financier important.
iii. Assurer la transparence dans la gestion des ressources naturelles suppose le devoir de publicité des contrats publics dans le secteur minier ou agricole. Mais, également la nécessité de ne pas s’écarter des orientations stratégiques définies en matière notamment de respect des engagements environnementaux et sociétaux.
iv. Renforcer en ressources diverses (matériels, humaines et financières) les acteurs œuvrant dans la promotion, l’encadrement et le contrôle des investissements productifs.
v. Veiller à ce que les canaux de redistribution des bénéfices soient totalement opérationnels.
vi. Moderniser l’administration publique et promouvoir des solutions numériques.
Au-delà de ces préalables, il est impérieux pour le gouvernement de :
• Encourager et Renforcer les chaînes de valeur dans les filières porteuses
• Adapter les stratégies nationales d'industrialisation à la ZLECAf
• Favoriser la production agricole à plus forte valeur ajoutée pour réduire la dépendance aux importations ;
• Généraliser les systèmes de paiement régionaux intégrés
• Harmoniser et renforcer les systèmes de normes de qualité
• Adopter une politique fiscale souple pour encourager et inciter la production interne.
• Promouvoir les secteurs ciblés et les produits « made in DRC »
Conclusion
Les prévisions faites par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), révèlent que la ZLECAf devrait stimuler le commerce intra-africain d’environ, réduire le déficit commercial, favoriser la croissance industrielle et accroître la prospérité sur le continent. La ZLECAf est de ce point de vue, l’opportunité qui vient bouleverser la donne dans le processus d’industrialisation du continent, plus de quarante ans après la première décennie du développement industriel de ce dernier.
Il ne fait cependant aucun doute qu’un effort coordonné de mutualisation des investissements contribuera à une mise en œuvre réussie de la ZLECAf. Ce travail de mutualisation requiert des préalables des Etats-parties, parmi lesquelles figure la RDC, notre grand et riche pays. Il s’agit notamment d’un renforcement des capacités institutionnelles pour mettre en œuvre et réguler efficacement les accords de mutualisation des investissements. Cela comprend la mise en place de réglementations claires, la formation de personnel qualifié et le renforcement des organes de contrôle. Aussi, combler les déficiences en matière d'infrastructures, telles que les ports et les réseaux de communication, constituant à ce jour, un défi majeur pour le pays. En effet, disposer d'infrastructures de qualité permet le transport fluide des marchandises et la connectivité d’une part des zones à l’intérieur du pays et d’autre part, entre le pays et les autres Etats-membres.
Cet article sur la mutualisation des investissements productifs entre la RDC et les autres Etats de la ZLECAf, met un accent particulier sur la collaboration étroite entre pays, dans le but d’optimiser l'utilisation de ressources et compétences respectives, afin de stimuler la croissance économique. Cela implique la mise en commun des ressources financières, technologiques et humaines en vue de créer des synergies capables de dépasser les frontières nationales.
La campagne électorale en cours relève la capacité et le degré de nuisance de l'outil informatique, surtout dans les réseaux sociaux. Parmi les candidats victimes, pas de doute : les premiers visés sont, par ordre décroissant, Moïse Katumbi, Denis Mukwege, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi. En dépit de l'arrêt de la Cour constitutionnelle validant son dossier contenant parmi les pièces exigées le certificat de nationalité, Moïse Katumbi ne sort pas du viseur des francs-tireurs qui continuent de le traiter d'étranger. Pire, il lui est imputé la responsabilité des tueries survenues dans le Katanga ; les victimes étant les Congolais ressortissants du Kasaï.
Au nombre des vidéos mises en ligne, une porte sa voix sur des images de distribution des machettes. Vérification faite : les images sont authentiques puisque c'est en Haïti, et encore dans une cité urbaine déterminée à lutter contre les gangs. Donc, c'est du montage.
D'autres vidéos ne sont pas du montage. Les intervenants s'assument.
Le problème est de les localiser. Bien qu'à un moindre degré, Félix Tshisekedi n'est pas épargné. Lui aussi se retrouve dans des vidéos et des audios à caractère tribal et xénophobes.
Cependant, c'est moins, comparé à tout ce qui se raconte sur Dr Denis Mukwege et sur Martin Fayulu qui, à deux, passent pour des candidats étrangers à l'instar de leur collègue Moïse Katumbi.
Ce qui étonne et inquiète, c'est le silence de la Justice alors que depuis le 13 mars 2023, elle est dotée de l'ordonnance-loi n°23/010 portant Code Numérique qui lui permet de sévir.
En effet, cette ordonnance-loi a trois articles qui nécessitent rappel :
- Article 356 : « Quiconque aura, intentionnellement, créé, téléchargé, diffusé ou mis à la disposition du public par le biais d'un système informatique des écrits, contenus, messages, photos, sons, vidéos, dessins ou toute autre représentation d'idées ou de théories, de nature raciste, tribaliste ou xénophobe ou sous quelque forme que ce soit, au sens de la présente ordonnance-loi et conformément aux dispositions de l'ordonnance-loi n°66-342 du 07 juin 1966 portant répression du racisme et du tribalisme, sera puni d'une servitude pénale d'un mois à deux ans et d'une amende d'un million à dix millions de francs Congolais ou de l'une de ces peines seulement ».
- Article 358 : « Quiconque initie une communication électronique qui contraint, intimidé, harcèle ou provoque une détresse émotionnelle chez une personne, en utilisant un système informatique dans le but d'encourager un comportement haineux, tribal et hostile aux bonne mœurs et aux valeurs patriotiques est puni d'une servitude pénale d'un mois à deux ans et d'une amende de cinq cent mille à dix millions de Francs Congolais ».
- Article 359 : « Quiconque aura harcelé, pat le biais d'un système informatique ou d'un réseau de communication électronique, une personne alors qu'il savait ou aurait dû savoir qu'il affectera gravement par ce comportement la tranquillité de la personne visée, sera puni d'une servitude pénale d'un mois à deux ans et d'une amende de cinq cent mille à dix millions de Francs Congolais ou de l'une de ces deux peines seulement ».
- Article 360 : « Quiconque initie ou relaie une fausse information contre une personne par le biais des réseaux sociaux, des systèmes informatiques, des réseaux de communication électronique de ou toute forme de support électronique, est puni d'une servitude pénale d'un à six mois et d'une amende de cinq cent mille à un million de Francs congolais ou de l'une de ces peines seulement ».
Tous les trois cycles électoraux précédents (2005-2006, 2011, 2018) se sont caractérisés par la violence verbale et physique. Jamais cependant, mais alors jamais ils n'ont atteint la dimension ethnotribale du cycle électoral en cours.
C'est vrai que Eco Umberto nous a prévenus avec sa sentence : « Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d'imbéciles qui avant ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel ».
Mais, l'ennui - donc le danger - est que cette fois, c'est l'élite qui se radicalise dans le tribalisme. La campagne ayant formellement commencé, c'est maintenant - et non demain - que la Justice doit agir, ouvrir des informations judiciaires là où c'est utile, entamer des poursuites judiciaires là où c'est nécessaire. Et, au besoin, condamner !
Car la liberté d'opinion ou la liberté d'expression a des limites. La Constitution déclare à l'article 23 : « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs ». Il y a lieu de relever l'incise : « Sous réserve de la loi ».
Peut-être que pour n'avoir pas été enseigné ni renseigné sur ça, le Citoyen lambda n'a pas conscience des risques qu'il court en croyant que la liberté d'expression ou d'opinion est sans garde-fou !
Erreur !
D'ailleurs, la même Constitution tranche à son article 62 : «Nul n’est censé ignorer la loi. Toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer aux lois de la République ».
En d'autres termes, le lettré ou le non lettré qui crée, télécharge, diffuse ou met à la disposition du public par le biais d'un système informatique des écrits, contenus, messages, photos, sons, vidéos, dessins ou toute autre représentation d'idées ou de théories, de nature raciste, tribaliste ou xénophobe ou sous quelque forme que ce soit, au sens de la présente ordonnance-loi et conformément aux dispositions de l'ordonnance-loi n°66-342 du 07 juin 1966 portant répression du racisme et du tribalisme, est puni d'une servitude pénale d'un mois à deux ans et d'une amende d'un million à dix millions de francs Congolais ou de l'une de ces peines seulement.
A chacun de réaliser les risques auxquels il s'expose en croyant manipuler des supports du Numérique...
Twitter : @omernsongo
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
(Par Gilles Mpembele, PhD, MBA, Technical Lead Engineer at The Boeing Company, Adjunct Professor at Washington University in St. Louis, Missouri. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
*Alors que la campagne électorale est officiellement lancée et que la marche vers les élections générales de décembre prochain semble inéluctable, cet article prend le contre-pied des certitudes molles. Les récentes révélations sur les imperfections du fichier électoral et de la cartographie des bureaux de vote, ainsi que des difficultés logistiques importantes ont jeté le doute sur la capacité de la CENI à organiser les élections dans le délai constitutionnel. Un report pourrait bien être inévitable et, dans ce cas, la restructuration de la CENI en serait une conséquence logique.
Une récente sortie médiatique de Moise Katumbi a probablement fragilisé sa position au sein de l’opposition et subséquemment conforté les chances du Dr Mukwege d’être désigné candidat commun de l’opposition. Privé de la course à la présidentielle, Martin Fayulu pourrait bien participer à un gouvernement de transition, en même temps que d’autres personnalités comme Delly Sesanga et Marie-Josée Ifoku. Le retour du FCC dans le processus démocratique pourrait amener Matata Ponyo à prendre les rênes du Sénat, en dépit de ses démêlées judiciaires.
Une prédiction politique n’est pas une prophétie religieuse. Elle n’a pas vocation à véhiculer des prescriptions soi-disant divines auprès des masses croyantes et crédules. Elle procède par une analyse froide de la situation politique courante et utilise un raisonnement par inférence basé sur des expériences politiques récentes, afin de délimiter les champs des possibles et de les mettre à la disposition des opérateurs politiques et du grand public. C’est clair.
Prédiction #1 : Report des élections et restructuration de la CENI
Les insuffisances du fichier électoral et de la cartographie des bureaux de vote auraient pu être évitées si la CENI avait accepté un audit international indépendant. Rien ne peut justifier l’hostilité de la direction de la CENI face à un tel audit, qui aurait pourtant renforcé sa propre crédibilité. Mais il y a un risque encore plus grand qui guette les élections de décembre prochain, c’est le casse-tête logistique dont on peut légitimement douter qu’il puisse être résorbé en un mois, durant la campagne électorale.
Si les élections sont organisées dans ces conditions, elles risquent de se faire sur la base d’une participation qui ne reflètera peut-être pas fidèlement le corps électoral, et les résultats qui en découleront ne reflèteront peut-être pas fidèlement la volonté populaire. Le pays irait donc droit vers un mur.
Mais, ce scénario catastrophe n’est pas inévitable. Il est quasiment acquis qu’à partir d’un moment, la réalité des difficultés logistiques va rattraper la CENI et l’option du report des élections s’imposera d’elle-même. Il se raconte que les états-majors des partis politiques tablent déjà sur cette éventualité, et que l’assurance affichée d’une marche inexorable vers le 20 décembre n’est qu’une posture politique, ni plus ni moins. Personne aujourd’hui ne veut porter la responsabilité d’un report des élections, et lorsque l’annonce en sera faite, tous les doigts seront pointés vers Kadima et son équipe, même si, par ailleurs, il est de notoriété publique que le gouvernement a parfois trainé les pieds pour allouer les fonds nécessaires au travail de la CENI.
Si les élections de décembre sont reportées, la restructuration de la CENI sera nécessaire pour continuer le processus électoral sur de nouvelles bases. Il n’y aurait pas de sens de reconduire une équipe qui aurait échoué, mais remplacer Dennis Kadima et son équipe ne sera pas une tâche facile. Ma proposition personnelle est que les forces en présence se mettent d’accord pour qu’une personnalité non-congolaise ou une organisation internationale assure la continuation et la conclusion du processus électoral.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 80% à la prédiction #1.
Prédiction #2 : Dr Mukwege – candidat commun de l’opposition
Il est bien connu que les négociations en Afrique du Sud – mais aussi à Kinshasa ! – pour désigner un candidat commun de l’opposition sont plutôt âpres. Le récent faux bond de Martin Fayulu signifie que même si à l’arrivée un candidat commun est désigné, des dissensions restent possibles. Mais tout observateur averti reconnaitra que le véritable duel se déroule entre les candidats Mukwege et Katumbi.
Chacun des deux candidats a des atouts propres. Pour Moise Katumbi, c’est une certaine assise nationale, un bon carnet d’adresses international, une expérience politique de gestion en tant que gouverneur du Katanga (quoique ceci peut aussi apparaitre comme un passif encombrant), et des moyens de campagne importants. Le Dr Mukwege, quant à lui, est un homme de terrain, proche de la misère et des souffrances du peuple, d’une notoriété et d’une reconnaissance internationales sans pareilles, connecté à des réseaux internationaux puissants qui peuvent l’aider à faire avancer son agenda pour la paix.
La véritable base électorale du Dr Mukwege, c’est le peuple d’en bas, c’est une majorité silencieuse de laissés-pour-compte et d’opprimés de tous ordres qui se reconnaissent dans son combat. En 2018, c’est cette majorité silencieuse qui avait porté le candidat commun de l’opposition alors même qu’il n’était pas forcément une figure familière pour des millions d’entre eux.
Le processus de Genève avait rallumé la flamme de l’espoir, en dépit des faiblesses rédhibitoires de l’opposition congolaise qui en avaient un peu terni les mérites. En 2023, la candidature du Dr Mukwege suscite le même espoir auprès de la majorité silencieuse, et s’il parvient à se faire désigner candidat commun de l’opposition, ses chances de gagner la présidentielle vont augmenter considérablement.
Dans le processus initié en Afrique du Sud, le critère dominant est et devrait être celui de l’électabilité – pardonnez ce néologisme – de chaque candidat. Et par rapport à ce critère, la récente interview que Moise Katumbi a accordée à une chaine locale au Katanga était probablement un faux pas. L’utilisation d’un identifiant inconvenant pour désigner une communauté nationale spécifique a un peu écorché sa stature de candidat national. Il n’y a aucun doute que Moise Katumbi n’avait aucune intention méprisante à l’endroit de la communauté en question, mais en politique la perception est, bien souvent, la réalité. Si Katumbi est désigné candidat commun de l’opposition, son interview sera rediffusée des millions de fois dans les médias proches du pouvoir, et partagée des millions de fois sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, l’opposition sera perçue non pas comme une alternative au président sortant, mais comme un front commun contre une communauté nationale spécifique dont il a été question dans l’interview du candidat Katumbi. Il est possible que l’effet antagonisant que ces propos ont eu est plus profond qu’on le pense et qu’il est probablement irréparable. Pour cette raison, nous pensons que le Dr Mukwege a aujourd’hui plus de chances que Moise Katumbi d’être désigné candidat commun de l’opposition.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 70% à la prédiction #2.
Prédiction #3 : Participation de Martin Fayulu et d’autres personnalités à un gouvernement de transition
Si les élections de décembre sont reportées et que la CENI entame une restructuration de sa direction, il est évident que le gouvernement aussi sera affecté et qu’un remaniement sera inévitable. La portée de ce remaniement reste encore à déterminer, mais elle verra presque certainement le remplacement du premier ministre et l’entrée au gouvernement de certaines figures de l’opposition. Le pays se trouvera de fait dans une période de glissement, même si beaucoup s’évertueront à éviter cette terminologie. Tout dépendra de la longueur de ce glissement. S’il se réduit à quelques mois pour résoudre les problèmes logistiques de la CENI et renforcer sa crédibilité, alors un gouvernement de transition restreint sera mis en place pour soutenir le processus électoral.
Notre point de vue est qu’un glissement, au sens commun du terme, de plus de six mois sera inacceptable pour tout le monde dans le contexte politique et constitutionnel actuel. En revanche, une transition limitée permettra de renouveler la direction de la CENI, de rationaliser le processus électoral, et d’apaiser l’environnement politique dans le pays. Le Président de la République nommera certainement un de ses proches comme nouveau premier ministre, et des personnalités importantes de l’opposition seront approchées pour participer à ce gouvernement. En particulier, si Martin Fayulu abandonne sa course à la présidentielle, il se verra attribuer des responsabilités importantes dans la nouvelle équipe. Il ne sera pas seul : Delly Sesanga, autant que Marie-Joseé Ifoku pourront, eux aussi, participer à ce gouvernement.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 60% à la prédiction #3.
Prédiction #4 : Matata Ponyo pourrait remplacer Bahati au Sénat
La formation d’un gouvernement de transition, dans la foulée du report des élections, devrait aussi avoir un impact sur la représentation nationale. Une stratégie efficace du Président de la République pour convaincre le FCC de Joseph Kabila de rejoindre le processus démocratique serait, en l’occurrence, de leur céder la direction d’un organe de l’Etat. A défaut de la primature, la présidence du Sénat, deuxième personnalité de la république, semble bien convenir à cet objectif. Matata Ponyo a le parfait profil pour cela. Il est aussi la personnalité du FCC la plus en vue et son élévation à la présidence du Sénat pourra être présentée comme une victoire de son camp et de leurs exigences (parmi lesquelles l’abandon définitif des poursuites judiciaires contre Matata Ponyo) pour participer de nouveau au processus électoral. Mais son élévation sera aussi présentée par le camp présidentiel comme un rapprochement objectif avec le FCC en vue de ratisser un électorat plus large. En dernière analyse, les deux cas de figure servent un processus électoral rasséréné.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 50% à la prédiction #4.
Conclusion
De nouveau, l’analyse présentée ici n’est pas parole d’Evangile. Elle décrit avec un certain degré de confiance ce qui peut arriver demain, et tout ou partie de ces prédictions peut être démenti par l’actualité politique des prochains jours. Mais, ce qui est certain, c’est que des élections bâclées auront un effet dévastateur sur la stabilité du pays. Les soubresauts et les conflits communautaires qui apparaissent ici et là, comme les récents évènements de Malemba-Nkulu, sont une indication claire que le pire n’est pas loin de nous. Peut-être que la meilleure façon de conclure cette analyse est d’évoquer ces mots, qu’un détenu politique en Amérique Latine avait peints sur les murs de sa cellule avant de succomber aux tortures les plus atroces et abominables :
« Que nos combats soient sans haine. Qu’en nos cœurs règnent l’amour, la miséricorde et le pardon. Attendons-nous d’être heureux ensemble ».
(Par Gilles Mpembele, PhD, MBA, Technical Lead Engineer at The Boeing Company, Adjunct Professor at Washington University in St. Louis, Missouri. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
*Alors que la campagne électorale est officiellement lancée et que la marche vers les élections générales de décembre prochain semble inéluctable, cet article prend le contre-pied des certitudes molles. Les récentes révélations sur les imperfections du fichier électoral et de la cartographie des bureaux de vote, ainsi que des difficultés logistiques importantes ont jeté le doute sur la capacité de la CENI à organiser les élections dans le délai constitutionnel. Un report pourrait bien être inévitable et, dans ce cas, la restructuration de la CENI en serait une conséquence logique.
Une récente sortie médiatique de Moise Katumbi a probablement fragilisé sa position au sein de l’opposition et subséquemment conforté les chances du Dr Mukwege d’être désigné candidat commun de l’opposition. Privé de la course à la présidentielle, Martin Fayulu pourrait bien participer à un gouvernement de transition, en même temps que d’autres personnalités comme Delly Sesanga et Marie-Josée Ifoku. Le retour du FCC dans le processus démocratique pourrait amener Matata Ponyo à prendre les rênes du Sénat, en dépit de ses démêlées judiciaires.
Une prédiction politique n’est pas une prophétie religieuse. Elle n’a pas vocation à véhiculer des prescriptions soi-disant divines auprès des masses croyantes et crédules. Elle procède par une analyse froide de la situation politique courante et utilise un raisonnement par inférence basé sur des expériences politiques récentes, afin de délimiter les champs des possibles et de les mettre à la disposition des opérateurs politiques et du grand public. C’est clair.
Prédiction #1 : Report des élections et restructuration de la CENI
Les insuffisances du fichier électoral et de la cartographie des bureaux de vote auraient pu être évitées si la CENI avait accepté un audit international indépendant. Rien ne peut justifier l’hostilité de la direction de la CENI face à un tel audit, qui aurait pourtant renforcé sa propre crédibilité. Mais il y a un risque encore plus grand qui guette les élections de décembre prochain, c’est le casse-tête logistique dont on peut légitimement douter qu’il puisse être résorbé en un mois, durant la campagne électorale.
Si les élections sont organisées dans ces conditions, elles risquent de se faire sur la base d’une participation qui ne reflètera peut-être pas fidèlement le corps électoral, et les résultats qui en découleront ne reflèteront peut-être pas fidèlement la volonté populaire. Le pays irait donc droit vers un mur.
Mais, ce scénario catastrophe n’est pas inévitable. Il est quasiment acquis qu’à partir d’un moment, la réalité des difficultés logistiques va rattraper la CENI et l’option du report des élections s’imposera d’elle-même. Il se raconte que les états-majors des partis politiques tablent déjà sur cette éventualité, et que l’assurance affichée d’une marche inexorable vers le 20 décembre n’est qu’une posture politique, ni plus ni moins. Personne aujourd’hui ne veut porter la responsabilité d’un report des élections, et lorsque l’annonce en sera faite, tous les doigts seront pointés vers Kadima et son équipe, même si, par ailleurs, il est de notoriété publique que le gouvernement a parfois trainé les pieds pour allouer les fonds nécessaires au travail de la CENI.
Si les élections de décembre sont reportées, la restructuration de la CENI sera nécessaire pour continuer le processus électoral sur de nouvelles bases. Il n’y aurait pas de sens de reconduire une équipe qui aurait échoué, mais remplacer Dennis Kadima et son équipe ne sera pas une tâche facile. Ma proposition personnelle est que les forces en présence se mettent d’accord pour qu’une personnalité non-congolaise ou une organisation internationale assure la continuation et la conclusion du processus électoral.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 80% à la prédiction #1.
Prédiction #2 : Dr Mukwege – candidat commun de l’opposition
Il est bien connu que les négociations en Afrique du Sud – mais aussi à Kinshasa ! – pour désigner un candidat commun de l’opposition sont plutôt âpres. Le récent faux bond de Martin Fayulu signifie que même si à l’arrivée un candidat commun est désigné, des dissensions restent possibles. Mais tout observateur averti reconnaitra que le véritable duel se déroule entre les candidats Mukwege et Katumbi.
Chacun des deux candidats a des atouts propres. Pour Moise Katumbi, c’est une certaine assise nationale, un bon carnet d’adresses international, une expérience politique de gestion en tant que gouverneur du Katanga (quoique ceci peut aussi apparaitre comme un passif encombrant), et des moyens de campagne importants. Le Dr Mukwege, quant à lui, est un homme de terrain, proche de la misère et des souffrances du peuple, d’une notoriété et d’une reconnaissance internationales sans pareilles, connecté à des réseaux internationaux puissants qui peuvent l’aider à faire avancer son agenda pour la paix.
La véritable base électorale du Dr Mukwege, c’est le peuple d’en bas, c’est une majorité silencieuse de laissés-pour-compte et d’opprimés de tous ordres qui se reconnaissent dans son combat. En 2018, c’est cette majorité silencieuse qui avait porté le candidat commun de l’opposition alors même qu’il n’était pas forcément une figure familière pour des millions d’entre eux.
Le processus de Genève avait rallumé la flamme de l’espoir, en dépit des faiblesses rédhibitoires de l’opposition congolaise qui en avaient un peu terni les mérites. En 2023, la candidature du Dr Mukwege suscite le même espoir auprès de la majorité silencieuse, et s’il parvient à se faire désigner candidat commun de l’opposition, ses chances de gagner la présidentielle vont augmenter considérablement.
Dans le processus initié en Afrique du Sud, le critère dominant est et devrait être celui de l’électabilité – pardonnez ce néologisme – de chaque candidat. Et par rapport à ce critère, la récente interview que Moise Katumbi a accordée à une chaine locale au Katanga était probablement un faux pas. L’utilisation d’un identifiant inconvenant pour désigner une communauté nationale spécifique a un peu écorché sa stature de candidat national. Il n’y a aucun doute que Moise Katumbi n’avait aucune intention méprisante à l’endroit de la communauté en question, mais en politique la perception est, bien souvent, la réalité. Si Katumbi est désigné candidat commun de l’opposition, son interview sera rediffusée des millions de fois dans les médias proches du pouvoir, et partagée des millions de fois sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, l’opposition sera perçue non pas comme une alternative au président sortant, mais comme un front commun contre une communauté nationale spécifique dont il a été question dans l’interview du candidat Katumbi. Il est possible que l’effet antagonisant que ces propos ont eu est plus profond qu’on le pense et qu’il est probablement irréparable. Pour cette raison, nous pensons que le Dr Mukwege a aujourd’hui plus de chances que Moise Katumbi d’être désigné candidat commun de l’opposition.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 70% à la prédiction #2.
Prédiction #3 : Participation de Martin Fayulu et d’autres personnalités à un gouvernement de transition
Si les élections de décembre sont reportées et que la CENI entame une restructuration de sa direction, il est évident que le gouvernement aussi sera affecté et qu’un remaniement sera inévitable. La portée de ce remaniement reste encore à déterminer, mais elle verra presque certainement le remplacement du premier ministre et l’entrée au gouvernement de certaines figures de l’opposition. Le pays se trouvera de fait dans une période de glissement, même si beaucoup s’évertueront à éviter cette terminologie. Tout dépendra de la longueur de ce glissement. S’il se réduit à quelques mois pour résoudre les problèmes logistiques de la CENI et renforcer sa crédibilité, alors un gouvernement de transition restreint sera mis en place pour soutenir le processus électoral.
Notre point de vue est qu’un glissement, au sens commun du terme, de plus de six mois sera inacceptable pour tout le monde dans le contexte politique et constitutionnel actuel. En revanche, une transition limitée permettra de renouveler la direction de la CENI, de rationaliser le processus électoral, et d’apaiser l’environnement politique dans le pays. Le Président de la République nommera certainement un de ses proches comme nouveau premier ministre, et des personnalités importantes de l’opposition seront approchées pour participer à ce gouvernement. En particulier, si Martin Fayulu abandonne sa course à la présidentielle, il se verra attribuer des responsabilités importantes dans la nouvelle équipe. Il ne sera pas seul : Delly Sesanga, autant que Marie-Joseé Ifoku pourront, eux aussi, participer à ce gouvernement.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 60% à la prédiction #3.
Prédiction #4 : Matata Ponyo pourrait remplacer Bahati au Sénat
La formation d’un gouvernement de transition, dans la foulée du report des élections, devrait aussi avoir un impact sur la représentation nationale. Une stratégie efficace du Président de la République pour convaincre le FCC de Joseph Kabila de rejoindre le processus démocratique serait, en l’occurrence, de leur céder la direction d’un organe de l’Etat. A défaut de la primature, la présidence du Sénat, deuxième personnalité de la république, semble bien convenir à cet objectif. Matata Ponyo a le parfait profil pour cela. Il est aussi la personnalité du FCC la plus en vue et son élévation à la présidence du Sénat pourra être présentée comme une victoire de son camp et de leurs exigences (parmi lesquelles l’abandon définitif des poursuites judiciaires contre Matata Ponyo) pour participer de nouveau au processus électoral. Mais son élévation sera aussi présentée par le camp présidentiel comme un rapprochement objectif avec le FCC en vue de ratisser un électorat plus large. En dernière analyse, les deux cas de figure servent un processus électoral rasséréné.
Nous avons attribué un intervalle de confiance de 50% à la prédiction #4.
Conclusion
De nouveau, l’analyse présentée ici n’est pas parole d’Evangile. Elle décrit avec un certain degré de confiance ce qui peut arriver demain, et tout ou partie de ces prédictions peut être démenti par l’actualité politique des prochains jours. Mais, ce qui est certain, c’est que des élections bâclées auront un effet dévastateur sur la stabilité du pays. Les soubresauts et les conflits communautaires qui apparaissent ici et là, comme les récents évènements de Malemba-Nkulu, sont une indication claire que le pire n’est pas loin de nous. Peut-être que la meilleure façon de conclure cette analyse est d’évoquer ces mots, qu’un détenu politique en Amérique Latine avait peints sur les murs de sa cellule avant de succomber aux tortures les plus atroces et abominables :
« Que nos combats soient sans haine. Qu’en nos cœurs règnent l’amour, la miséricorde et le pardon. Attendons-nous d’être heureux ensemble ».
*Dans sa livraison du 13 septembre 2022, le quotidien La Prospérité avait annoncé à la Une, un événement de taille, une fierté pour notre pays. Il s’agissait de l’élévation de son Excellence le Dr Moka Ngolo Mpati au rang de « Légende » du Jeu d’échecs par le site américain Chess.com comptant près de 100 millions des joueurs. Ainsi notre compatriote, actuellement ambassadeur de l’UA (SOAD, sixième région économique), auprès de la République arabe d’Égypte, figurait parmi les meilleurs joueurs d’Echec sur la scène internationale. Ce qui est une fierté pour notre pays.
Il est vrai que chez nous, particulièrement dans notre ville de Kinshasa, tout se ramène à la question de nourriture qui manque cruellement à la population. Celle-ci demande constamment ce que ceci ou cela lui apporte dans sa quête quotidienne de nourriture. Aussi ne serait-on pas surpris d’entendre dire « Yango ba Echecs na bino wana ekopesa biso kolia ? Botika biso makambo yapamba-pamba wana ». Cette réaction est bien sûr légitime car la nourriture c’est le carburant du corps et sans elle, celui-ci n’a plus d’énergie, donc plus de vie. Pour autant, la recherche effrénée de nourriture doit-elle arrêter toute autre activité y compris celle qui conduit à la réflexion ? Surtout quand on sait que c’est de la réflexion que viendra la solution au problème de manque criant de nourriture dans la mégapole congolaise.
C’est d’ailleurs ce à quoi s’attèle le jeu d’échecs, appelé aussi jeu des Rois. Car le Roi, tout dirigeant de la communauté, doit être en réflexion permanente afin de trouver les meilleures solutions aux problèmes qui se posent. Ne serait-ce pas là ce qui manque justement à nos dirigeants actuels ? La question du manque de nourriture à laquelle la population fait face au quotidien est-elle vraiment insoluble ? Y-a-t-on bien réfléchi ? Nos dirigeants pratiquent-ils le jeu d’échecs, le jeu de la réflexion ? Notre pays a-t-il vraiment besoin des millionnaires et des milliardaires pour résoudre le problème de la carence de nourriture dont souffre notre population ? Voilà donc l’enjeu de cette nouvelle, pourtant, passée inaperçue.
Mais, si j’y reviens aujourd’hui, c’est pour une autre raison. Ce que notre champion mondial d’échecs a reçu une nouvelle distinction. Il vient d’être nommé Vice-président du prestigieux Observatoire Africain de Géopolitique (OAG). Les termes utilisés pour justifier cette nomination sont élogieux. Il y est fait mention de son engagement constant, de son expertise, de son expérience et de sa connaissance approfondie de la scène politique internationale et continentale. Ce qui fait de lui une valeur sûre que l’OAG compte utiliser pour se hisser vers des horizons nouveaux. Le nouveau Vice-Président ne devra pas que remplacer le président le cas échéant, mais il devra être un véritable leader, dynamique et rassembleur. Ceci rejoint d’ailleurs sa posture de Chef traditionnel, Roi, Bayansi.
Cette nouvelle distinction s’ajoute à une longue série que le Dr Moka a déjà obtenue. Par le passé, il a été vice-président de la City Bank à la très prestigieuse City de Londres, directeur des opérations de l’Ebenbank, président du Club de Zurich. Il a en outre travaillé dans divers pays, USA, EU, Israël, China. Docteur en Sciences Politiques, il a été professeur à l’Université de Djuma.
(Professeur Elie P. Ngoma-Binda, Université de Kinshasa, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
L’objectif vital final de Paul Kagame est la prise de Goma et, donc, l’englobement définitif dans son pays de tout l’espace territorial congolais autour de cette ville. Ainsi, le Président rwandais entend coûte que coûte réaliser le rêve messianique de la balkanisation du Congo ; projet initié, décidé, élaboré et soutenu par les avidités occidentales. Si rien de plus et de très efficace n’est fait, la velléité deviendra réalité, et le Congo nous sera découpé, décapité, dépossédé de sa tête orientale.
La balkanisation est possible sous deux formes possibles : comme émiettement du territoire national en quelques morceaux, en des républiques autonomes, sous la forme d’un remembrement assumé en toute conscience (du fait soit d’une initiative de sécession soit d’une correction nécessaire de l’organisation territoriale) ; ou encore comme confiscation par des étrangers, au moyen de la force, de certaines parties du territoire national. Si cette dernière est absolument indésirable aux yeux des citoyens, la première forme peut par contre être possible et désirable, par le consentement lucide ou stupide des Congolais eux-mêmes.
La question terrifiante de la balkanisation comme sécession ou comme confiscation se pose, ainsi qu’on le sait, depuis la crise congolaise des premières heures de l’indépendance. Voulues, inspirées et financées par l’ex-colonisateur nostalgique désemparé, les sécessions du Katanga et du Sud-Kasaï sont survenues juste quelques jours après la proclamation de l’indépendance. Leur funeste souvenir ravive et renforce aujourd’hui encore, dans les esprits, les craintes du démembrement du Congo. Des fils congolais manipulés et instrumentalisés avaient en effet servi de porte-volontés des convoitises et cupidités des puissances étrangères.
C’est dire que nous pouvons être, nous-mêmes, par cupidité et/ou par stupidité, des artisans de notre propre démembrement non désiré. Mais de façon énergique, les autorités politiques du Congo Indépendant, depuis Joseph Kasa-Vubu, Patrice Lumumba et Mobutu Sese Seko jusqu’à Félix Tshisekedi, en passant par les Laurent-Désiré et Joseph Kabila, avaient pu porter et portent le flambeau de la résistance contre les perverses volontés de démembrement de notre pays en de petites entités territoriales autonomes. Mais les agissements cyniques et machiavéliquement tenaces de Paul Kagame, travaillant pour ses intérêts et, complice, pire, traître africain, pour ceux des pays occidentaux prédateurs, indiquent clairement la persistance de la convoitise et, par ricochet, la mesure du combat à mener par les Congolais authentiques patriotes.
Dès lors, la question fondamentale est non pas celle de savoir si les puissances extérieures, insatiablement voraces, peuvent parvenir à leur objectif d’arracher au Congo sa partie orientale (spécialement les deux Kivu et l’Ituri rageusement convoités), en se servant éventuellement de leur bras armé qu’est Kagame. Elle est, bien plutôt, la celle de savoir comment éviter la balkanisation ignominieuse. Et face à la situation, il y a trois positions majeures.
Le Congo convoité confronté à trois positions contradictoires
Pour les puissances extérieures et les voisins, le Congo doit être démembré
Pour les puissances capitalistes du monde, le démembrement du Congo est nécessaire voire indispensable : pour une plus grande possibilité de manipulation de petites entités territoriales, suivant le principe romain antique du Divide ut impera, comme stratégie d’affaiblissement des nations dont on convoite les biens, comme mécanisme de domination et d’accès facile aux ressources naturelles convoitées.
En effet, dans les années 1990, quelques citoyens membres de la Société Civile zaïroise avaient été invités à Washington pour consultation. Ils devaient dire ce qu’ils pensaient de l’idée d’un possible démembrement du trop vaste pays qu’est le Congo. Les capitalistes tâchaient de leur faire voir que le Congo est trop grand pour être correctement dirigé par de tout petits cerveaux noirs. On leur fit savoir que c’était pour l’intérêt capital du peuple congolais qui n’arrive toujours pas à surmonter le sous-développement, à reculer la misère de la population, et à garantir une paix durable.
Il semble que la réponse unanime de ces membres de la Société Civile fut un refus catégorique. Mais on sait que la volonté de démembrement du Congo par les puissances extérieures est bel et bien toujours à l’ordre du jour. Le britannique Tony Blair n’en fait guère un mystère ; le français Nicolas Sarkozy l’a dit et répété clairement. Pour eux, le Congo doit, de gré ou de force, partager ses ressources avec ses voisins. Cela signifie, en des mots clairs ou non diplomatiques, que le Congo doit être démembré, doit céder à ses voisins de larges parties de ses terres frontalières contenant des ressources naturelles importantes. Pour permettre aux voisins de vivre !
Pour la majorité des Congolais, la balkanisation du Congo serait un sacrilège inacceptable
Si les étrangers et les voisins sont à l’affût, veulent à tout prix le démembrement du Congo, par contre la majorité des citoyens congolais sont persuadés que la balkanisation du Congo est chose inacceptable. Elle n’est ni concevable ni souhaitable.
Le refus est soutenu par trois raisons majeures. Primo, le maintien de l’intégrité du territoire congolais obéit au principe juridique, internationalement ou panafricainement reconnu, de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le maintien des lignes de partage coloniales est un facteur de stabilité de l’Afrique. Secundo, l’intégrité du Congo est un facteur de puissance indéniable. On estime que plus grand on est, plus on a de chance ou de possibilité de puissance. Cela se constaterait pour les grands pays du monde (les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, le Brésil, etc.). Tertio, le maintien de l’intégrité territoriale est l’expression forte du nationalisme, comme droit à la jouissance légitime d’une commune fierté nationale. Légitime fierté d’une population unie par l’histoire et ayant longtemps partagé et partageant les mêmes trajectoires de vie, les mêmes symboles, les mêmes déboires, les mêmes souffrances, les mêmes cultures du passé et du présent, les mêmes espérances d’un futur de dignité, de liberté, de prospérité, bref, de fierté d’être un peuple, uni par le sort, partageant un destin commun.
Pour « le Grand Congo » : un démembrement peut être, à condition, souhaitable
Pour certains citoyens congolais, intellectuels et non intellectuels, le démembrement du pays est inacceptable mais souhaitable, en solution de recours en dernière instance. Le Congo peut être divisé en trois ou quatre pays, qui seraient encore, chacun, aussi vaste que le plus vaste pays moyen d’Afrique. Des républiques autonomes plus que conventionnellement unifiées dans un « Grand Congo » (dans le sens, sensiblement, qui est donné du « Grand Kasaï » ou du « Grand Katanga »). Plus aisément gérable, chacun des petits Congo arriverait plus facilement à faire le bonheur de son peuple.
L’argumentation peut être rationnelle, et humainement logique. L’aspiration fondamentale des hommes et des nations est celle de jouir de la vie la plus longue et la plus heureuse possible sur la terre : une vie de paix, de prospérité, de joie maximale. Or ce n’est pas nécessairement l’immensité ou la grandeur physique d’un pays qui fait la grandeur, le bonheur, la vie heureuse des hommes et des nations (comme on le sait pour l’Israël, l’Iran, la Suisse, le Japon, la Corée, etc.). Ce qui fait le bonheur d’un pays, c’est la capacité de ses dirigeants à nourrir, à protéger et à amener ses populations à la vie longue et à la joie de vivre. Le bonheur passe par la capacité à concevoir et à mettre en œuvre des stratégies intelligentes de gouvernance correcte efficace.
Si des décennies après les indépendances, les dirigeants n’arrivent toujours pas à imaginer et à appliquer des stratégies d’une bonne gouvernance politique, qui conférerait de la puissance à la nation et de la joie d’exister maximale aux citoyens, il faudrait bien finalement se résoudre à choisir le chemin le meilleur, qui mène effectivement à la puissance, à la dignité, à la respectabilité et à la vie heureuse des citoyens.
En tout cas, ce n’est pas parce qu’on vit dans une entité territoriale mastodonte qu’on accède nécessairement et automatiquement à la puissance et à la vie heureuse. De même, et à l’inverse, ce n’est pas parce qu’on vit dans une petite entité territoriale qu’on est nécessairement et automatiquement faible, impuissant, pauvre et malheureux.
Ainsi, après avoir longtemps suivi le chemin de l’unité apparente, de « l’unification forcée » des peuples, sans succès quant à la vie heureuse des citoyens, une unité du reste virtuelle et irrémédiablement précaire, on devrait pouvoir se donner le courage de chercher à essayer d’emprunter un autre chemin.
Sans doute idéaliste, cet argument peut néanmoins convaincre. En effet, le « tout petit » n’est ni nécessairement ni automatiquement faible (comme on le sait pour le combat entre David et Goliath ; ou encore comme on le voit pour Israël et le monde arabe). On sait que le « mastodonte » peut aussi être un réel tigre en papier ou un simple colosse aux pieds d’argile, incapable de nourrir son peuple et de défendre les intérêts et la vie de ses sujets. De même, le tout petit peut toujours devenir une puissance, et même une grande puissance s’il en réunit les conditions et moyens nécessaires, s’il sait s’organiser de manière efficace, s’il se dote de stratégies intelligentes de gestion de ses ressources naturelles et de ses énergies humaines, spirituelles, et morales.
Le chemin du salut : quatre pistes de solution radicales durables
Si nous désirons véritablement et efficacement éviter la balkanisation non désirée de notre pays, quatre pistes efficaces graduées devraient être mises sur la table de réflexion lucide et objective des scientifiques, des politiques et des experts stratèges.
Envisager une stratégie d’englobement des convoiteurs ?
Il y a des gens qui ont une idée radicale : puisque les convoiteurs tiennent à jouir des richesses du Congo, on devrait pouvoir s’en remettre à la solution finale d’englobement de ces pays dans le Congo. Convoiteur particulièrement actif, le Rwanda deviendrait une province du Congo, et Kagame citoyen congolais (comme du reste l’ont été ou le sont, mais frauduleusement, James Kabarebe, Laurent Nkundabatware, Bizima Karaha, et plusieurs autres, qui siègent même au parlement !). Il semble que c’est là une idée que certains intellectuels et paisibles citoyens rwandais ne dédaigneraient sans doute point.
L’englobement se ferait de trois manières possibles, exclusives ou combinées, la meilleure devant être préférable : par voie de conquête (ce qui n’est ni souhaitable ni acceptable par le peuple à conquérir) ; elle suppose, pour le conquérant-annexeur, de disposer d’une très grande force militaire, une force au moins trois fois supérieure à celle du pays à englober ; par voie de colonisation ou d’établissement massif rusé progressif des populations congolaises sur les terres des voisins (comme Paul Kagame le fait présentement sur le territoire congolais) ; ou encore, par voie de négociations persuasives, avec le plein consentement de ces voisins (ce qui est absolument faisable, si de réels avantages durables leur sont présentés coulés dans une loi constitutionnelle référendairement approuvée par les pays protagonistes).
Dans ce dernier mode d’englobement stratégique : (1) on ferait voir qu’on vivrait mieux en paix dans un même pays, comme cela le fut du temps colonial : nous étions tous des citoyens d’un même pays dénommé « Congo belge et Rwanda-Urundi », administrés par une même autorité, jouissant du même statut et se nourrissant des mêmes richesses puisées dans la même terre commune ; (2) on ferait voir et savoir aux populations de la désormais province englobée que tous les habitants s’établiraient aux endroits de leur choix, sans passeport ni laisser-passer, à travers toute l’étendue du territoire national élargi, et que pour eux il ne se poserait plus de problème d’étroitesse d’espace vital ; (3) on leur ferait voir que, désormais citoyens d’une province du Congo, ils seraient équitablement pris en compte dans la distribution nationale des biens matériels et politiques à tous les niveaux.
Réaliser un remembrement lucide par les Congolais eux-mêmes désiré
Une solution envisageable à moyen terme est la mise sur pied d’une stratégie de soft-démembrement, c’est-à-dire, de fédéralisation du pays, en créant la République Fédérale du Congo, comme le préconisaient la Constitution de Luluabourg et la Conférence Nationale Souveraine. Si nous voulons être forts, il est impératif que nous puissions procéder au changement radical de la forme d’organisation et d’administration du territoire national. Il s’agit de tourner le dos à la forme d’État unitaire, option naguère opérée par les « nationalistes », tenants de l’idéologie socialiste marxiste, et consolidée par le régime dictatorial du Président Mobutu.
Malgré les avis des esprits lucides et réalistes, et en dépit des défaillances y détectées, la forme unitaire de l’État a erronément triomphé, et continue à triompher dans nos têtes aveuglées et apeurées par les velléités sécessionnistes. On doit désormais se décider à tourner les aiguilles, à passer de gauche à droite, à la liberté créatrice. En tout cas, il est temps d’essayer l’autre possibilité, étant donné les spécificités évidentes et concrètes du Congo. En clair, parce que, au minimum, la responsabilisation effective des citoyens à la base constitue la voie la plus sûre et la plus directe dans la garantie de la sécurité et du bonheur des citoyens et des peuples, nous avons à assumer la lucidité, l’audace et le courage d’emprunter l’autre voie, la voie fédéraliste.
On devrait tout au moins essayer, en surmontant nos craintes émotives naguère générées par les velléités sécessionnistes. On devrait changer de stratégie dans la manière d’organiser notre territoire. En érigeant, préalablement bien entendu, toutes les conditions nécessaires et indispensables à une administration territoriale fédéraliste, en maintenant spécialement allumée la flamme de la volonté. En étant conscient que le système d’État fédéral comporte de nombreux avantages objectifs. Contrairement à l’unitarisme (même dit décentralisé), l’organisation fédéraliste rend l’unité nationale plus effective, l’administration plus transparente et plus saine, et l’énergie productrice de biens matériels et culturels plus compétitive (comme dans tous les pays fédéralistes, puissants, du monde d’aujourd’hui). Pour ne point nous voir dominés et balkanisés de force, nous avons le devoir rationnel et patriotique de nous donner le courage de changer de cap, de nous organiser d’une manière plus intelligente, en fonction de nos réalités spécifiques en face, en faisant de chaque province un État fédéré de forte puissance, économique et militaire, dans le cadre d’États-Unis du Congo.
Construire une réelle puissance intellectuelle, économique et militaire
Mettre en action un mode de gouvernement du pays hyper-efficace. Pour faire face à l’indésirable situation de balkanisation possible du pays, la piste de solution à suivre, prioritairement et de façon méthodique, est celle de l’inévitable et nécessaire construction immédiate d’une puissance intellectuelle, économique et militaire redoutable.
Il nous faut mieux et très bien nous organiser, en planifiant chacune de nos actions politiques, en suivant les trois démarches prioritaires, ci-après : (1) la mise en place de plus nombreuses structures de qualification, de production et de valorisation efficace des intelligences congolaises ; en étant préalablement conscient qu’une population peut beau être très nombreuse, elle demeure faible et ne sert à rien si la majorité d’entre elle n’est ni qualifiée ni efficacement productive ; (2) la construction d’une puissante industrie de production endogène de nos propres biens économiques (au-delà des ressources minières), ainsi qu’une grande chaîne d’usines de production d’armes offensives et défensives et dont il faut doter les militaires (et des civils à la réserve intensivement bien formés) et placés dans des bases militaires à implanter le long des neuf frontières nationales ; (3) la culture d’une nouvelle éthique vis-à-vis des ressources financières communes accompagnée d’une culture rigoureuse de la sanction positive et punitive sans complaisance.
Au total, la bonne gouvernance du pays doit être de mise, axée sur une vision claire et volontariste de faire du Congo une puissance efficacement redoutable et respectable par tous les convoiteurs extérieurs, proches et lointains.
Faire vivre une plus vigoureuse énergie de gouvernance politique éthique
Quand bien même on parviendrait à l’englobement des convoiteurs, qu’on opterait pour la forme de l’État fédérale, ou qu’on aspirerait à implanter des structures pouvant faire du Congo une grande puissance économique, il est entendu que la réussite présupposera une organisation nouvelle et une administration territoriale rationnelle éthique, soutenue par la culture permanente d’une authentique saine et légitime volonté de puissance.
Ceci veut dire que l’autre stratégie à élaborer pour une lutte efficace contre la balkanisation de notre pays est l’exigence de la pureté morale : il s’agit de se détourner de tout comportement politique irresponsable, léger et immoral. En détournant et en laissant s’opérer de copieux détournements répétés des deniers publics, les dirigeants politiques peuvent être des coauteurs de l’affaiblissement du pays et, donc, des acteurs complices des intérêts des forces étrangères à volonté balkanisatrice. Il est impératif d’inverser la situation. En nous forgeant, résolument, l’indispensable haute capacité à mobiliser nos intelligences et nos ressources morales les plus nobles : pour changer, pour gouverner autrement.
En définitive…
Notre salut passe par notre capacité à faire preuve d’audace, de courage, de volonté de puissance et de vie, dans la justice et l’amour de la patrie à toujours placer au-dessus de nos intérêts personnels égoïstes. Nous avons à nous organiser, avec intelligence et détermination, comme M’Zee Laurent-Désiré Kabila s’efforçait à nous le faire comprendre. Pour cela, l’homme politique principal doit prendre le devant, doit conduire efficacement le peuple sur et à partir des chemins appropriés, ceux de la discipline morale et managériale la plus rigoureuse.
Le salut du Congo passe, en dernière instance, par le degré le plus élevé de notre puissance organisationnelle, intellectuelle et éthique. La respectabilité et la puissance salvatrice ne s’engendrent que sur le « lit de lattes » de la culture des vertus combinées de l’intelligence pragmatique et de l’intégrité morale ; sur le lit de la culture intensive des vertus de l’esprit et du cœur, et dans l’effort franc constant au nom de l’amour sincère infaillible de la patrie ; sur le lit de la sanction maximale sans complaisance, négative et positive, des mérites comme des défaillances de chacun de nos compatriotes portant un quelconque degré de responsabilité sur la couleur, rose ou sombre, de notre destinée commune.
Déclaration du Groupe de la Banque africaine de développement à la suite de l’arrestation illégale de membres de son personnel en Ethiopie
Le 31 octobre 2023, deux membres du personnel du Groupe de la Banque africaine de développement en poste à Addis-Abeba ont été illégalement arrêtés, brutalisés et détenus pendant de nombreuses heures par des éléments des forces de sécurité, sans aucune explication officielle.
Nous sommes heureux que le Premier ministre éthiopien ait immédiatement agi lorsqu’il a eu connaissance de l’incident, qu’il ait ordonné la libération immédiate des membres du personnel concerné et qu’il ait promis de diligenter une enquête immédiate sur l’incident.
Il s’agit d’un incident diplomatique très grave, et la Banque africaine de développement a porté plainte officiellement auprès des autorités éthiopiennes.
Le gouvernement a, quant à lui, officiellement pris acte de notre plainte, reconnu la gravité de l’incident et nous a assuré que toutes les personnes ayant contrevenu à la loi feront l’objet d’une enquête approfondie et seront traduites en justice, dans le respect de la transparence et d’une pleine reddition de compte.
En outre, le gouvernement a également assuré à la Banque africaine de développement que son personnel en Éthiopie et ceux qui se rendent en mission dans le pays continueront de bénéficier du plein respect de leurs droits, privilèges et immunités diplomatiques en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et de l’Accord de pays hôte conclu entre la Banque africaine de développement et le gouvernement éthiopien.
La Banque africaine de développement accorde une grande importance à la qualité de ses relations avec le gouvernement éthiopien et est actuellement en contact avec les autorités, par voie diplomatique, concernant cet incident.
La direction de la Banque africaine de développement tient à réaffirmer son engagement en faveur de la sûreté, de la sécurité, des droits et des privilèges de l’ensemble de son personnel dans tous les pays où la Banque opère.
La Banque africaine de développement tient à rassurer tous ses partenaires que ses opérations en Éthiopie n’ont pas été affectées par cet incident.
Parmi les innombrables problèmes insolubles qui se posent au quotidien de notre peuple, figure en tête de peloton celui du manque criant des routes. A cause de ce déficit, la vie du citoyen congolais est infernale et le pays tout entier gît enclavé sur lui-même. A moins de se retrouver par hasard sur la trajectoire de l’une ou l’autre route, la plupart de nos quartiers et villages demeurent inaccessibles. Et il ne semble pas avoir de solution car la pression démographique de plus en plus grande ruine le peu de routes qui existent. Dans cet article je propose l’abandon de l’infernal modèle colonial dans le domaine de l’aménagement du territoire en général et de la construction des routes en particulier pour permettre à notre peuple de respirer.
L’histoire des routes telles qu’elles sont connues dans notre pays a démarré en 1880, soit cinq ans avant la proclamation du fameux État Indépendant du Congo (EIC). Cette première route, œuvre de Stanley, d’une largeur de 4,50 m partait de Vivi pour le pool Malebo ou Léopoldville. Le but de ce tracé, j’en ai déjà parlé précédemment, était de résoudre l’épineux problème des cataractes afin d’assurer le transport des marchandises et des bateaux à vapeur venus d’Europe. Le premier défrichage de cette route démarra le 18 mars 1880 et 22 avril 1880, la première section de la route était terminée, soit 38 km. Le transport du Royal, ancien bateau de plaisance de Léopold II, démarra le 04 mai. 50 personnes, appelées porteurs, transportaient les différents éléments de ce bateau sur leurs têtes.
Pour la petite histoire ce fut le 24 novembre 1880 que l’ingénieur Louis Valcke fit exploser grâce à une dynamite une paroi de rocher du mont Ngoma pour permettre le passage plus aisé de la route. Et c’est ce jour-là que les autochtones baptisèrent la dynamite de « Bula matadi », battre (vaincre) les pierres. Plus tard, étant en amont du fleuve, Stanley s’attribuera de ce nom comme étant celui de l’État ou de la Loi du plus fort qu’il incarnait. Ce qui continue d’être la caractéristique de notre administration jusqu’à ce jour.
Cette route qui passa par Lisangila et Manyanga arriva à notre Pool-Malebo, le 27 juillet 1881 couvrant une longueur totale de 400 km (E. Devroey, 1939, p. 7-9). Plus tard d’autres travaux furent entrepris. Ce fut le cas de la construction de la route carrossable Redjaf-Ibembo, 1.250 km, qui débuta en novembre 1900 pour relier la région de l’Uele au Nil. En 1904, commença le tronçon Buta-Bambili reliant la vallée d’Itimbiri à celle d’Uele et celui de Mahagi-Irumbu, reliant le Lac Albert à la mine d’or au centre vers Mombasa, la même année, 165 km. A la même époque, intervint la construction de la route Piana/Mulumbo-Buli pour relier le Sankuru au Lualaba, 450 km. En 1912-193, d’autres routes furent ouvertes, notamment Kilo-Kasenji, Elisabethville-Kasenga, Nyangara-Papwandi, Kasongo-Kambambare, Lubutu-Bobandana, Bukama-Kambove, Kilwa-Moliro-Mana, Ndola-Kabunda, Sakabinda-Kolwezi, Tumba-Kitobola, Stanleyville-Wakubi ; en 1919, Kasenji-Kilo (la route de l’or) ; 1921, route Prince Léopold, 1.100 km, de Port-Francqui (sur le Kasaï) à Bukama sur le Lualaba. Cette dernière route préfigura le chemin de fer Katanga-Bas-Congo en empruntant la voie fluviale à partir de Port-Francqui (Ilebo) jusqu’à Léopoldville (Kinshasa) pour le transport des minerais (Idem, p. 22-25).
Ce réseau routier s’est surtout concentré à l’Est pour des raisons évidentes des richesses que présentait cette région, richesses qui correspondaient à la demande coloniale. C’est pour cela que ces routes sont des routes coloniales dont le but est le transport des richesses en direction de l’Europe. Ce qui est la raison d’être même de la colonisation.
En effet, selon E. Devroey, ces routes n’étaient pas construites pour les villages ni pour les villageois. Ils devaient se regrouper au contraire le long des routes. Dans l’esprit du colonisateur la route est faite pour l’automobiliste et ne doit pas subir de détours pour cheminer de village en village. C’est aussi pour cette raison que les villages qui se retrouvent sur la trajectoire suivie par les routes, doivent être placés d’un seul côté. Et ils ne doivent surtout pas être la destination de la route même (Idem, p.40).
Cette politique routière coloniale est restée intacte jusqu’à ce jour alors que dans leurs propres pays, en Europe, c’est une politique différente qui est appliquée. Car en Europe, les routes relient les villages et les agglomérations entre eux avant tout. Les automobilistes ne sont pas des étrangers mais des gens du pays. Ainsi on trouve des véhicules dans tous les villages, même les plus reculés qui sont, eux aussi, reliés par des routes carrossables.
Il n’est donc pas étonnant que les quelques routes bitumées de notre pays soient des routes rectilignes qui ignorent les villages et passent leur chemin comme si de rien n’était. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des routes de la ville de Kinshasa : boulevard Lumumba, boulevard du 30 juin, avenue Kasa-Vubu, avenue Pierre Mulele (ex 24 novembre), avenue de l’Université, avenue des Poids Lourds, route de Mont-Ngafula, route du fleuve, y compris la nouvelle route de Ngiri-Ngiri. Ces routes, étonnamment rarissimes pour une si grande ville, sont rectilignes. Tant pis pour ceux qui ne se trouvent pas sur leur trajectoire. Ils sont ignorés et doivent se démener pour y arriver. C’est pour cela que les gens dévalent des kilomètres de tous les coins de Kinshasa pour aller au « Prince », véritable prince impassible, la route asphaltée. Ce qui fait de notre peuple un tout malheureux qui doit courir tout le temps et de partout pour essayer d’arriver quelque part dans sa propre ville. Au point que cette ville de Kinshasa est pour beaucoup qui y habitent, une ville étrangère où ils ne sont pas chez eux.
Cette situation est exactement la même pour les quelques routes asphaltées à l’intérieur du pays. C’est même pire. Elles ont des trajectoires fuyantes et toujours rectilignes. C’est le cas de la route Boma-Matadi. On est étonné de rencontrer si peu de villages alors que le Mayombe est l’une des régions parmi les peuplées du pays. Il en est de même de la route Matadi-Kinshasa. Elle ignore les quelques villages ou villes qu’elle traverse à toute vitesse. D’ailleurs Vivi, Lisangila et Manyanga sur le premier tracé de la toute première route sont totalement ignorés comme presque tous le villages du Congo. Pour eux, il n’y a plus aucun espoir de communication avec qui que ce soit car une autre alternative leur a été substituée et ils sont retombés dans l’oubli. La plupart des véhicules qui partent de Matadi n’ont qu’un objectif, Kinshasa et vis-versa. La population, le long de la route, les voient passer. Souvent elle a le droit de les approcher lorsque survient un accident car il y en a énormément sur cette route appelée aussi route de la mort.
Sur la route Kinshasa-Kikwit, l’ambiance est exactement la même. Cette route dite du Kwilu n’a du Kwilu que le nom. Elle suit un itinéraire totalement opposé au Kwilu qu’elle ne retrouve qu’à Kikwit où elle passe aussi son chemin vers on ne sait où. Le pont sur le Kwilu est construit totalement en dehors de la ville. C’est aussi le cas à Tshikapa. Le pont sur le Kasaï est hors de la ville. La route dite du Kwilu frôle à peine les villes de Kikwit, Masi-Manimba ou encore Kenge contraignant la population fuir leur habitat premier pour venir habiter près du passage de la route. Cette route détruit littéralement ces villes. Ailleurs, elle a engendré d’innombrables nouveaux villages anti-villages ancestraux où règne la débauche, la pauvreté et le vol. Le long de cette route, la population marche toujours à pied, les charges sur la tête.
C’est donc pour tout cela qu’il est urgent de décoloniser la politique congolaise des routes pour construire enfin des routes véritablement nationales ; des routes qui relient nos villages entre eux et nos villes à d’autres. Pour prendre le cas de Kikwit, alors qu’elle n’est reliée à aucune ville autour d’elle, Gungu, Nkara, Bulungu, Feshi, Idiofa, Bagata, Bandundu, c’est à Kinshasa, qu’elle est reliée en ligne droite, à 500 km.
En guise de correction, pour les routes coloniales existantes, comme on ne peut pas les détruire, je propose que l’on change leurs configurations. L’aspect rectiligne peut être atténué en construisant à certains endroits des zones de développement susceptibles de permettre à la population environnante de prendre part, elle aussi, aux bienfaits de la route. Ainsi sur l’axe Boma-Matadi et Matadi-Kinshasa plusieurs pools de développement peuvent être envisagés qui marqueraient ainsi comme une pause sur la route pour obliger les usagers à marquer l’arrêt et même de s’arrêter carrément. Ainsi comme il y aura des magasins, des boutiques, des hôpitaux, des écoles, des vrais pools d’échanges vont se créer. Et Kinshasa ne va plus être l’unique destination de tout, mais une destination parmi bien d’autres. Car c’est cette prééminence de Kinshasa en tout qui engendre le monstrueux exode rural dont souffre notre pays.
Le même procédé devrait être appliqué sur la route Kinshasa-Kikwit. Plusieurs pools de développement pourront aussi y être construits. Par exemple à Nsele, Mbankana, Mongata, Bukanga-Lonzo, etc. Le but sera de transformer ces routes coloniales en chemins de développement pour notre population qui ne devra plus être spectatrice, mais actrice dans le processus de la transformation du pays. Mon appel est celui d’une prise de conscience collective quant à notre appartenance à ce pays. Il est notre pays et non celui d’autres personnes. Ce n’est pas aux étrangers de venir nous proposer des projets de transformation du pays. C’est à nous de les concevoir suivant l’intérêt de notre peuple et de les réaliser avec le concours des étrangers s’il le faut. Elle est mortifère la démarche qui consiste à tout confier aux étrangers et attendre de recevoir des ouvrages clés-à-main. Cela nous disqualifie et voue notre peuple au mépris des autres.
Prof. Kentey Pini-Pini Nsasay – Université de Bandundu (Uniband) / Institut Africain d’Études Prospectives (Inadep)
Notice bibliographique
E. Devroey, Le réseau routier au Congo belge et au Rwanda-Urundi, Bruxelles, Falk fils &Georges Van Campenhout, 1939.
A Kinshasa, il existe deux sortes de routes. Pour la population il y a des « nzela », les routes en terre, qui font partie de son quotidien et il y a les « princes », les routes asphaltées.
Objet : Retour, sous peine de relève anticipée des fonctions (magistrats), et radiation (Avocats de fond) du bon côté de l’histoire de la représentation en justice des parties à la rentrée judiciaire 2023-2024 sous Votre haute direction.
« 100.000.000.000.000Fc »
Robe avec épitoge garnie de fourrure de léopard (art. 71 de la loi du barreau en vigueur).
Excellence Monsieur le Président de la République et Magistrat Suprême,
Depuis le 15 Août, ont commencé les vacances judiciaires des hautes juridictions spécialisées jusqu’au mois d’Octobre 2023.
Il Vous a déjà été donné l’occasion, à quatre reprises, de vous retrouver devant les hauts magistrats, avec les avocats inscrits au seul et unique barreau existant légalement, uniquement et exclusivement dénommé « Barreau près la Cour Suprême de Justice » (art. 4 al. 1 et 4).
En effet, aux articles 90 de la loi organique n°13/010 du 19 Février 2013 et 405 al. 2 de la loi organique n°16/027 du 15 Octobre 2016, Votre autorité a pourtant bien précisé que « En attendant l’installation du barreau près la Cour de Cassation, les avocats au barreau près la Cour Suprême de Justice » exercent leur ministère devant la Cour de Cassation ».
Vous n’y avez fait allusion ni à l’avocat à la Cour d’Appel, avocat de fond ni au défenseur judiciaire ni à la procuration spéciale.
Nous avons, nous, compris que Vous aviez déjà lu les articles 2, 3 et 5 de la procédure de 1969 et les mêmes de la procédure de 1982 où également sont exclus, les avocats de fond, tous, et même s’ils sont membres du Conseil National des Avocats.
Magistrat Suprême, vous avez, à l’occasion de chacun de vos discours sur l’état de la Nation, fait, durant ces trois dernières années, un constat de dysfonctionnement de la justice !!
Nous prenons le deuxième élément que vous avez demandé à chacun de vérifier : la recevabilité de la requête ou du mémoire en réponse ainsi que la robe de l’avocat qui comparaît s’il ne s’y est pas affiché avec une fourrure de léopard à sa robe.
Vous avez même, avec votre main droite, indiqué une seule direction à suivre par tous les magistrats et tous les avocats de la RDC : le respect de la constitution et des lois parmi lesquelles la loi du barreau à ses articles 103 à 111 ainsi qu’aux dispositions transitoires des lois organiques de 2013 et 2016.
En annexe, la récupération par nous de votre haut geste pour la sensibilisation de votre esprit rénovateur sur la scène judiciaire.
Excellence Monsieur le Président de la République et Magistrat Suprême,
C’est, selon nous et Vous, l’invitation claire faite par Vous aux hauts magistrats et à tous les avocats de la RDC, surtout ceux de cassation de rester sous l’autorité uniquement de la loi (art. 150 al. 2 et 153 al. 4 de la Constitution) et non sous celle des jurisprudences avec leurs « revirements » contra legem.
Excellence Monsieur le Président de la République et Magistrat Suprême,
Notre seul souci est celui que, en beaucoup de domaines, Vous avez manifesté à chaque fois, en RDC, que vous parlez de la justice et son fonctionnement tant sur le plan de la procédure (saisine régulière des juges de fond, ceux de cassation et ceux de la Cour Constitutionnelle) que de la recevabilité des demandes ou défenses signés par des avocats.
Sur la haute scène judiciaire, il n’est pas trop tard, nous avons encore, en vie, des cassationnistes de la vieille et noble époque mais déjà retraités.
Nous citons par exemple, à Kinshasa, NKATA, MAKUNZA et LUBAKI qui sont des grands cassationnistes.
Ces virtuoses ou vertébrés de la procédure devant les hautes juridictions, peuvent être à Votre cabinet comme des tamis ou filtres des textes à vous soumis, pour endossement comme aussi les cas des Arrêts sur lesquels on appose vos noms et fonctions à travers la formule exécutoire qui, souvent ou toujours, vous implique dans la violation de la Constitution ou de la loi comme c’est le cas des Arrêts des hauts magistrats, ayant pourtant le pouvoir de soulever, même d’office, les exceptions d’ordre public (liée au délai, à la compétence territoriale ou matérielle de l’avocat dans une procédure ou dans un ressort où il a accompli son ministère) et à la qualité figurant au bas de la requête introductive en matière de prise à partie, renvoi de juridiction ou révision lorsqu’elle est signée par un avocat à la Cour d’Appel ou la partie elle-même).
Ces vertébrés précités savent que le magistrat et l’avocat de cassation doivent suivre la direction tracée par votre main.
Par exemple, l’article 2 auquel renvoie l’article 59 al. 4 de la procédure devant la Cour de Cassation n’est jamais appliqué par nos hauts magistrats de cassation.
Et pourtant en suivant les termes « outre les mentions prévues à l’article 2, la requête contient (…) », le juriste cassationniste légaliste comprend facilement que à cet article 2 du Titre I de la procédure de 1982 n’est prévu que l’ « avocat au barreau près la Cour Suprême ».
En Février 2013, en Octobre 2013 et en Octobre 2016 Votre autorité n’a pas abrogé ce Titre I de 1982.
Est-ce difficile, en 2023, de faire ce retour pour y découvrir la qualité exacte de « un avocat » aligné à l’alinéa 1 comme « mention de la requête ?
Excellence Monsieur le Président de la République et Magistrat Suprême,
Lisez Vous-même uniquement les dispositions abrogatoires de chaque loi, en application de notre méthode TSHIJANGALA, pour comprendre, mieux qu’eux, celles transitoires qui excluent tous les avocats près la Cour d’Appel, tous les défenseurs judiciaires, toutes les parties et toutes les procurations spéciales (lire l’article 73 de la loi du barreau).
Ces avocats de fond sont curieusement les plus nombreux dans les salles des hautes juridictions qui doivent être considérées comme des monastères, sont écartés depuis 1979 (loi du barreau aux articles 103 à 111) et procédure de 1982 (articles 2 à 29).
A la Cour de Cassation, c’est le vendredi qu’il y a grand attroupement d’avocats de fond, jusqu’à 20 heures !
Ils vont encombrer la Cour Constitutionnelle lors du prochain contentieux des élections présidentielles et législatives et devant le Conseil d’Etat pour le contentieux des élections provinciales.
Le Conseil d’Etat risque aussi d’être envahi par des avocats qui ne sont visés ni par l’article 111 de la loi du barreau, 109 et 119 de la loi organique d’Octobre 2013.
A toutes ces dispositions précitées, ne sont programmés que les avocats inscrits au seul barreau près la Cour Suprême de Justice, sans procuration.
Excellence Monsieur le Président de la République et Magistrat Suprême,
Nous suggérons à votre Autorité, pour vérifier la pertinence de notre préoccupation, de remettre, à la prochaine rentrée judiciaire, 100.000.000.000.000FC à tout haut magistrat, chef de juridiction ou chef d’office, qui, de ses deux mains, vous remettra, à l’audience solennelle, la page du Journal Officiel qui, de l’article 1 au dernier, porte la mention « avocat au barreau près la Cour d’Appel ou Défenseur Judiciaire ».
Excellence Monsieur le Président de la République et Magistrat Suprême,
Nous proposons, enfin qu’avant l’introduction de leurs textes respectifs à lire devant vous, chacun aligne, sous un titre préliminaire, la question de la recte représentation des parties devant sa juridiction en ne s’appuyant que sur l’article 111 de la loi du barreau en combinaison avec la disposition transitoire de la loi organique régissant sa juridiction !
Le Bâtonnier National, sous un titre préliminaire, répétera le point de vue du barreau pour définitivement mettre fin à cette anarchie devant toutes les hautes juridictions de la RDC sous le faux prétexte que le monopole des avocats n’est limité qu’en matière de cassation, alors que dans d’autres pays, tel que le Gabon, les hautes juridictions sont des lieux sacrés où ne sont admis que des avocats d’au moins 15 ans au tableau ou ceux qui ont prêté serment devant la Cour de Cassation du Gabon !
Hauts Magistrats et Avocats !
Retournons du bon côté de l’histoire de la digne et experte représentation des parties devant toutes les hautes juridictions de la RDC, du Congo Brazzaville et devant la CCJA, haute et commune juridiction de cassation dont le siège est à Abidjan !
Ne suivons plus l’Arrêt RR 302 CSJ du 4 Mai 2000 ; c’est la source de l’actuelle catastrophe procédurale que, par nostalgie et non par serment, tous les hauts magistrats et avocats clandestins de fond, parmi lesquels des stagiaires, se suivent, sans lire le RA 258 CSJ du 28/09/1994 que détient et a publié MUEPU MIBANGA, ancien premier avocat général de la République, actuellement avocat encore au barreau près la Cour d’Appel !
Tous ces actuels hauts magistrats de cassation, des deux ordres juridictionnels et les membres de la Cour Constitutionnelle, n’ont-ils jamais aussi lu le RPP 110 CSJ du 28/09/2001 et les dispositions transitoires de leurs législations respectives ?
Madame la Directrice du service de documentation, Conseillère à la Cour de Cassation, détient ces rectes Arrêts.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.
KALALA MUENA MPALA
Avec robe professionnelle et qualité conformes aux articles 71 et 111 de la loi du barreau.
Chercheur judiciaire, légaliste et indépendant.
Eco-garde de la dénomination authentique de son barreau de cassation ainsi que des procédures spécifiques devant les hautes juridictions alignées à l’article 223 de la Constitution et du Règlement de procédure devant la CCJA tous les délais des Avis, des Jugements et Arrêts.