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Kinshasa étouffe : Il est temps d'agir pour réformer le transport public et la circulation !

Kinshasa étouffe : Il est temps d'agir pour réformer le transport public et la circulation !

Par Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza, Expert en Administration Publique, Vice-Président Fédéral en charge de la Politique et de la Diplomatie Fédération des Etats-Unis d’Amérique
Kinshasa, la capitale dynamique et la plus grande ville de la République Démocratique du Congo (RDC), traverse aujourd’hui une crise complexe qui touche plusieurs aspects fondamentaux de la vie urbaine.
Cette situation de crise ne se limite pas uniquement aux désagréments quotidiens subis par les habitants, mais s’étend bien au-delà, affectant profondément la qualité de vie des Congolais ainsi que l’équilibre socio-économique de la ville.
Au cœur de cette crise se trouve un problème majeur : la gestion des transports publics et l’intensification des embouteillages qui paralysent les routes de la capitale.
Alors que Kinshasa abrite une population en constante augmentation, estimée à plus de 15 millions d'habitants, les infrastructures routières et le système de transport public n'ont pas suivi cette croissance rapide.
Les embouteillages incessants, qui sont désormais une caractéristique quotidienne de la ville, génèrent non seulement une perte de temps considérable, mais entraînent également une dégradation de l’environnement et un stress chronique chez les usagers.
En effet, chaque jour, des milliers de Congolais passent plusieurs heures dans les bouchons, ce qui affecte leur productivité, leur santé mentale et leur qualité de vie en général.
Ces perturbations entraînent des conséquences directes sur l’activité économique de la ville, réduisant l'efficacité des entreprises, freins à la circulation des biens et services, et ralentissant la croissance de secteurs clés tels que le commerce, l’industrie et même les transports de marchandises.
Derrière cette crise se cache une gestion inappropriée des transports publics, illustrée par la défaillance du système de transport en commun, notamment l’entreprise Transco. Malheureusement, malgré des investissements publics dans le secteur, la société Transco, responsable du transport public à Kinshasa, reste profondément inefficace, avec une flotte de véhicules insuffisante, une organisation en désordre et un service défaillant qui laisse de nombreux usagers dans l’incertitude.
L’absence d’un véritable plan de gestion du trafic, ainsi que l’incapacité des autorités à mettre en place des solutions durables, plongent la capitale dans un cercle vicieux d’embouteillages sans fin.
Les Congolais, piégés par cette situation, aspirent à des solutions concrètes et urgentes. L’inefficacité du système de transport public et la mauvaise gestion du trafic ne sont plus des problèmes marginaux, mais des obstacles majeurs qui entravent le développement de la ville.
Ils ne peuvent plus être ignorés, car ils affectent non seulement l’économie locale, mais aussi la compétitivité de Kinshasa sur la scène internationale.
Les défis sont énormes, mais des solutions existent, inspirées des meilleures pratiques à travers le continent africain.
Il est désormais impératif que les autorités prennent des mesures vigoureuses et adaptées pour réformer la gestion des transports publics, décongestionner les routes et améliorer la mobilité urbaine à Kinshasa.
Ces actions ne relèvent pas seulement de la compétence des autorités publiques, mais impliquent également la collaboration active des citoyens et des entreprises locales pour construire une ville plus fluide, plus vivable et plus productive.
Le chaos de Transco : un gouffre pour les usagers
L’entreprise Transco, censée offrir un service de transport public digne de ce nom, se trouve aujourd’hui au centre de cette crise. L’un des problèmes majeurs réside dans la défaillance managériale de cette société d’État.
Bien que Transco ait pour mission de faciliter la mobilité des citoyens, sa gestion inefficace, le manque de matériel roulant, l'entretien insuffisant des véhicules et l’absence d’une véritable stratégie de gestion ont conduit à une diminution flagrante de la qualité du service. En 2020, le ministre des Transports a indiqué que seulement 1 200 bus étaient en circulation contre un besoin de 5 000 véhicules pour répondre à la demande (Radio Okapi, 2020).
Ce déficit de véhicules et d’infrastructure transporte les Congolais dans des conditions inacceptables, entre heures d'attente interminables et voyages surchargés, contribuant ainsi à l’augmentation du stress et de l’insécurité routière.
Le manque de régulation sur les horaires et les itinéraires aggrave la situation, et l’on assiste à des scènes de chaos dans les stations, où les conducteurs de bus ou taxis sont parfois contraints de se battre pour prendre les passagers.
Des solutions africaines éprouvées à adopter d’urgence
Pour sortir de cette impasse, il est impératif de s’inspirer des exemples réussis de certains pays africains qui ont su repenser leur système de transport avec peu de moyens.
1. Le système de transport en commun structuré : Le Sénégal a mis en place le projet de bus rapides (BRT) pour décongestionner Dakar.
Ce système de bus dédiés sur des voies réservées a permis de réduire les temps de trajets et d’augmenter la fréquentation des transports publics tout en optimisant la fluidité de la circulation (Diouf & Ba, 2020).
Une telle stratégie pourrait être adaptée à Kinshasa en aménageant des voies spéciales pour les bus Transco, ce qui permettrait de libérer les routes des véhicules privés et d’assurer un service plus rapide et plus fiable.
2. Les systèmes de transport informel bien régulés : À Abidjan, le transport informel (taxis-motos, minibus) est un acteur majeur de la mobilité, mais il est structuré par des contrôles stricts des itinéraires et des tarifs.
Le gouvernement ivoirien a mis en place un système de régulation qui permet de mieux gérer l’offre tout en assurant une certaine sécurité (Kouadio, 2021).
À Kinshasa, une régulation des taxis et bus informels, en leur attribuant des routes et des horaires fixes, pourrait permettre de réduire la concurrence anarchique et d’améliorer la ponctualité des trajets.
3. La promotion des transports alternatifs : En Afrique du Sud, le gouvernement a investi dans des infrastructures cyclables et piétonnes pour encourager l’utilisation de ces moyens de transport comme alternatives aux embouteillages (Mbele, 2019). À Kinshasa, la mise en place de pistes cyclables sécurisées et de zones piétonnes pourrait réduire l’utilisation des véhicules privés, diminuant ainsi la pression sur les routes.
Réformer Transco : un impératif de gouvernance
Cependant, pour que ces solutions aient un impact réel, il est impératif de réformer en profondeur Transco.
Cette réforme doit passer par une révision de la gestion interne de l’entreprise : une meilleure formation des cadres, un audit rigoureux de ses finances, et un renouvellement de son parc de véhicules.
Le gouvernement doit également envisager des partenariats public-privé pour permettre l’extension du réseau de transport public tout en impliquant les investisseurs privés.
Il est également urgent de repenser la gouvernance de l’entreprise Transco.
Les responsables actuels doivent être tenus pour responsables de l’état catastrophique du service, car leurs erreurs de gestion et de planification ont contribué à la situation actuelle. Le manque de transparence dans la gestion des fonds publics alloués à cette entreprise est un autre facteur à corriger. Il est impensable que l'État continue à investir sans en attendre de résultats tangibles.
Les enjeux pour les usagers : un appel à la solidarité et à l’action
Les usagers des transports publics ne doivent pas se contenter de dénoncer la situation, mais également jouer leur rôle en se comportant de manière plus responsable.
Le respect des horaires, la courtoisie dans les stations et la collaboration avec les autorités pour améliorer le service sont des éléments cruciaux pour améliorer la mobilité à Kinshasa.
La solution à la crise des transports ne peut venir uniquement du gouvernement ; elle doit être l’effort de tous les acteurs de la société.
Conclusion : un tournant décisif pour Kinshasa
L’heure est grave à Kinshasa. Les embouteillages et la mauvaise gestion du transport public ne sont pas seulement des problèmes logistiques : ils entravent le développement social et économique du pays.
Il est temps que les dirigeants, les usagers et la société civile se mobilisent pour réformer en profondeur la gestion des transports publics et réinventer la mobilité urbaine à Kinshasa.
L’adoption des meilleures pratiques africaines, une gouvernance plus transparente de Transco et une gestion plus dynamique du transport public sont des solutions qui permettront de libérer la capitale du chaos routier. Le moment est venu d’agir pour un avenir plus fluide et plus serein.

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