La stratégie reste la même. Appeler au dialogue, à l'issue duquel la tactique de mixage, brassage intégration avec quota dans les FARDC et les Services de Défense et de Sécurité de la République des éléments des unités des FDR, des forces rebelles de M23, de l'Alliance du Fleuve Congo et consorts. Et, pourtant, il faut bien savoir que, reconnaître à ces dernières forces d'agression une légitimité quelconque, c'est accepter de commettre pour la nième fois la même erreur commise à Sun City, avec le RCD, RCD/KLM, Kunda Batuare, Bosco Ntangana etc., pour laquelle le Pays continue à payer un lourd tribut. Mais, cette fois alors, avec l'ambition de contrôler totalement les FARDC et les Services de Sécurité, par conséquent, l'existence même de l'Etat Congolais et de ses structures régaliennes. Telle est l’analyse de François-Xavier Beltchika, leader de CDPS dont voici l’intégralité.
CONGRES DES DEMOCRATES POUR LE PROGRES SOCIAL
PRESIDENCE NATIONALE
DIALOGUE NATIONAL OU MISE EN CAUSE DE L'EXISTENCE MEME DE LA RDC
Depuis la chute de GOMA, les Princes des Eglises Chrétiennes, la CENCO et l’ECC procèdent aux consultations de la classe politique, de la société civile et autres divers leaders des structures nationales ayant pignon sur rue, avec objectif de constituer un cahier des charges pour un dialogue national. Le CDPS (Congrès des Démocrates pour le Progrès Social), Parti Politique, se prononce sur la démarche en prenant soins de la situer dans le contexte particulier de notre pays en la scrutant sous divers angles au regard des démarches Identiques dans le passé qui ont conduit aux conséquences désastreuses dont le pays peine encore à se relever, aujourd’hui. Le CDPS identifie les vrais commanditaires de la guerre imposée à la RDC et suggère l’unité de tous les Vrais Patriotes sous Un Large Front Populaire Interne et Externe pour une dynamique de mobilisation de masse responsable et disciplinée formant un mur de soutien aux FARDC et les Vaillants Patriotes Wazalendo. Un peuple consciemment débout pour la défense de son destin rien n'y peut. A défaut, c'est vers la mise en cause de l'existence même de la RDC que présage le dialogue de cette nature.
Du Principe général d'appel au dialogue.
Oui, le dialogue est un principe général noble de résolution des problèmes de société entre genre humain, pour une relation de paix. Et, il n'est que normal, que dans des semblables conditions, que l’hommage revienne à toute initiative qui vise la concorde, la paix et prévient le conflit ouvert et ses souffrances multiples, sous toutes ses formes. Le succès d'un dialogue réside, dans l’identification de la nature des problèmes à débattre, des principaux auteurs concernés et de la pérennité de ses résultats.
De l'agression armée de la RDC par les puissances occidentales, changement de narratif, stratégie d'affaiblir les FARDC pour faciliter le pillage de la RDC
La situation que vit la RDC, aujourd'hui, avec l'agression et l'occupation de son territoire est une situation de guerre contre la RDC imposée par les puissances Occidentales via le Rwanda de Paul Kagame, à l'Est de la RDC, à travers les marionnettes de M23, AFC et consorts. C'est une situation que prolonge l'application de l'esprit général des décisions prises à la Conférence de Berlin (Allemagne -1885), garantissant la liberté de navigation et la liberté de commerce dans le bassin du Congo, sur l'espace aujourd'hui, RDC, aux grandes puissances de l'époque, l'Union Européenne actuelle, plus les USA", (1). L'objectif est d'exploiter, puiser à volonté les richesses dont regorge cet espace, au prix qu'elles voudraient bien fixer, sans contrepartie en valeur équivalente, en laissant des miettes qu'elles voudraient bien consentir à la RDC. L'esprit de cette politique persiste et demeure, à travers le constat du phénomène de double évolution de l'histoire politique des nations et la mutation de forme de l'Etat, entretemps intervenue, depuis l'avènement de l'Etat Indépendant: (1885-1908), à ce jour, d'une part et l'évolution des mutations des innovations technologiques qu'ils renferment par rapport à la nature et qualité des matières premières nécessaires aux besoins de l'économie et de l’industrie des pays occidentaux, d'autre part. L'élargissement, au fil du temps, du spectre des minerais, en nature, qualité et diversité, dont la plupart est concentré en RDC, dans la partie Est coltan, étain, uranium, lithium, or etc., et notamment les terres rares, en aiguise l’appétit.
L'embargo qui avait été imposé à la RDC via les mécanismes des décisions des Nations Unies en matière d'achat d'armes, et ensuite, le contrôle, ainsi que le principe d'autorisation préalable pour l'achat de l'équipement militaire procèdent de la stratégie d'affaiblir et de perturber le Système de défense de la RDC. Pendant qu'à la même période, à la suite de différents et multiples dialogues, les FARDC devaient procéder aux mixages, brassages et intégrations répétitives des forces rebelles en son sein, facilitant ainsi, officiellement, l'infiltration horizontale et verticale de toutes les structures des forces de défense et sécuritaires des FARDC par les éléments rwandais, porteurs de leurs grades respectifs.
Cette double fragilisation a facilité aux Forces Rwandaises d'armer les forces rebelles contre la RDC et d'accompagner celles-ci dans leur aventure de déstabilisation et de balkanisation, visant ainsi à la fragmentation de l'unité de la RDC et à favoriser le pillage via le Rwanda complice et instrument de bradage à vil prix de la richesse du sol et sous sol de la RDC. Plus près de nous, c'est le fondement même du Protocole d'Accord signé entre l'Union Européenne et le Rwanda de Paul Kagame garantissant la traçabilité des minerais précieux mis en vente par le Rwanda de Paul Kagame alors qu'on ne sait pas par quelle magie ou quel miracle le Rwanda exporterait les minerais que son sol et sous-sol ne possèdent guère ?
Et pourtant, qu'il est de notoriété publique et même attesté par divers rapports des Experts Indépendants des Nations Unies, qu'il s'agit des minerais de sang pillés en RDC, dans les régions et zones de l'Est, que le Rwanda de Paul Kagame brade auprès des puissances de l'Occident devenues complices et receleurs qui créent de toute pièce un cadre factice légitimant le blanchissement des minerais de sang et de pillage que le cartel des pillards (les puissances de l'Union Européenne et les USA, les FDR, de Paul Kagame et les nègres des Services M23 et AFC) se coalisent pour se partager le butin du pillage sur le dos et le sang des martyres congolais.
Interpellation à l'adresse de tous les citoyens (nes), de tous les patriotes congolais
L'ignorance d'informations suffisantes ou l'absence de celles-ci peut conduire à ce qu'on se trompe de bonne foi. Certes Les FARDC cherchent la paix et la stabilité, forts de leur bon droit et déterminées à le défendre contre vents et marées la victoire sera de leur côté. L'histoire des peuples et des nations foisonnent d'exemples qui sont légion. (Algérie, Vietnam, Afghanistan etc.)
C'est donc à la résistance tous azimuts que nous convions nos compatriotes. Seule la lutte libère de la posture d'esclave que l'on voudrait nous imposer dans la profondeur de notre être. Certes, nous sommes pacifiques mais, prêts à nous assumer dans la peau révolutionnaire, lorsqu'il y va de l'existence de notre Nation, de notre dignité, de notre honneur. Nous revendiquons êtres Humains comme tous les êtres Humains, avec la plénitude des valeurs et pas être de sous hommes. OUI nous sommes conscients qu'il s'agit d'une guerre d'agression imposée à la RDC et qui mine son existence par l'occupation d'une partie du territoire national à l'Est du Pays.
Oui nous sommes aussi conscients que lorsqu'une partie du corps est atteinte, c'est tout le corps de la RDC qui est en souffrance et qu'il faut soigner. Oui nous sommes conscients que seule l'unité de tous les patriotes se retrouvant dans un large Front Populaire dressé contre tout déviationnisme et traitrise à l'esprit patriotique mais engagé dans le soutien total, sous toutes ses formes, à nos vaillants FARDC et les Patriotes Wazalendo en comptant avant tout sur nous mêmes constitue en gage de succès. En conséquence, nous exhortons le pouvoir public et principalement le gouvernement de se donner les moyens nécessaires en hommes de troupes formés aux exigences du terrain de combat, moralement, matériellement et socialement rassurés pour se donner totalement et pleinement aux devoirs de sauver la patrie. Nous exhortons le gouvernement à examiner l'évolution du monde, actuellement polycentrique, pour se soustraire des sentiers battus, frileux qui distraient et paralysent la dynamique capable de répondre aux ambitions et attentes de la nation, principalement dans ses perspectives existentielles présentes et à venir, dans une relation de respect réciproque et d'intérêts équitablement partagés.
Portés et soutenus par la dynamique de large FRONT POPULAIRE interne et externe encadré par des manifestations des masses coordonnées, responsables et de soutien à nos FARDC et nos compatriotes Wazalendo, nous récupérerons nos territoires, alors seulement nous pourrons parler de dialogue, et ce, directement avec les puissances occidentales sur les types des rapports nouveaux des relations économiques et commerciales de partenariat gagnants-gagnants. L'heure est grave et que seul l'existence de notre nation qui est en danger constitue la priorité des priorités et doit galvaniser l'attention de tous les patriotes, en dehors de toute autre préoccupation et calcul politicien de privilégier les intérêts égoïstes de ventre et de paraître.
Eviter la réédition des erreurs du passé
Notons en passant que notre pays a déjà été le théâtre de plusieurs formes de dialogues consécutifs à plusieurs convulsions des crises apparues dès son accession à l'indépendance et le long de son histoire. Entre autres notamment à la suite de largage des troupes belges à Thysville 4ème jour, à peine, après l'indépendance; le 11/juillet 1960, la sécession du Katanga, suivie quelques semaines après de celle du Sud Kasaï; plusieurs organisations de dialogue et conférences: de Tananarive, de Coquilhatville, de Louvanium, en passant par celle de Luluabourg, Conférence nationale Souveraine; Dialogue Inter-congolais, Sun City- Afrique du Sud, et encore 1998, RCD" Rassemblement Congolais pour la Démocratie"; 2004, Jules MUTEBUSI, 2009 CNDP de KUNDA BATUARE et de BOSCO NTANGANA et de 2012 avec M23 première formule, sous les bons offices du Président honoraire de Nigéria, Obasanjo, lors du mandat du Président KABILA KABANGE Joseph, dont les termes d'accords n'ont jamais étaient révélés au grand public. Mais à y voir de prés, tous ces forums ont consacré l'atteinte portée à la souveraineté de l'Etat et à l'intangibilité des frontières nationales héritées de la colonisation, affaibli et déstabilisé la sécurité interne de l'Etat, et que le M23 nouvelle formule continue à exiger l'application, en plus d'autres nouvelles exigences telles que l'officialisation de Kinyarwanda comme cinquième langue nationale.
Paul Kagame contre le mur de l'histoire, confondu avec son prétexte de prévention défensive de poursuite des FDLR sur le territoire de la RDC: La décrédibilisassions totale du prétexte évoqué par le Rwanda de Paul Kagame de l'insécurité que les FDLR créeraient pour le Rwanda à partir du territoire de la RDC qui lui donne le droit de poursuite préventive de défense sur le territoire congolais est totalement vidé de son argumentaire. Il appert que le déploiement de plus de 10.000 hommes des FORCES SPECIALES RWANDAISES en plus des rebelles de M23 et des AFC équipées des armes sophistiquées et bénéficiant de l'assistance logistique et de renseignements militaires de l'Otan, n'ont pu exhiber à la face du monde un seul FDLR, mort ou capturé vivant sur le territoire congolais, durant toute leur campagne, avec point culminant, l'agression et l'occupation de la ville de Goma. Là où, par contre, on dénombre plus de 3000, morts et autant des blessés; selon les Experts de l'ONU et les observateurs indépendants, pendant qu'ils allèguent intervenir pour protéger la minorité tutsi de la RDC.
De la nature du Deal entre le Rwanda de Paul Kagame et les puissances Occidentales.
Sur le fond de l'empathie suscitée par le génocide rwandais, devenu fonds de commerce du Régime de Paul Kagame, les puissances Occidentales garantissent au Rwanda de Paul Kagame, l'impunité et lui assurent le financement, lui procurent les armes sophistiquées avec technologie de pointe, lui procurent la logistique et les renseignements militaires, l'assiste en communication militaire à partir de la base militaire de l'Otan. En contrepartie, les puissances Occidentales assignent au Rwanda de Paul Kagame la mission de déstabiliser, la RDC, de la fragiliser et de la balkaniser, le cas échéant, l'objectif et de créer un espace sans droit ni autorité de l'Etat, où le pillage des minerais et de ressources se poursuivra sous couvert de commerce de pillage et de bradage des richesses du Congo, par la Rwanda de Paul Kagame interposé.
Ainsi, se poursuivra et continuera à se réaliser le destin assigné à l'espace territorial, aujourd'hui, la République Démocratique du Congo, le destin lui assigné par la Conférence de Berlin, en 1885, à savoir la liberté de navigation dans le bassin du Congo et la liberté de Commerce reconnues à toutes les puissances, bafouant et jetant aux orchis la souveraineté de la RDC. Ni les mutations de façades successives, n'ont pas changé la nature fondamentale des choses à laquelle, les puissances occidentales s'accrochent désespérément, malgré les signes de temps. C'est donc, là, la vraie nature de la question et la signification de la guerre que les puissances occidentales imposent à la RDC par l'entremise des supplétifs rwandais et leurs marionnettes congolaises recrutées pour le besoin de la cause. Le M23; I' AFC et consorts.
Etat de la Question: La RDC face à son défi existentiel
Il ressort clairement que la RDC est en situation de guerre lui imposée par les puissances Occidentales, instrumentalisant le Rwanda de Paul Kagame lequel manipule les marionnettes congolais M23, AFC et Consorts achetés comme nègres de services.
La stratégie reste la même. Appeler au dialogue, à l'issue duquel la stratégie de mixage, brassage intégration avec quota dans les FARDC et les Services de Défense et de Sécurité de la République des éléments des unités des FDR, des forces rebelles de M23, de l'Alliance du Fleuve Congo et consorts. Et, pourtant, Il faut bien savoir que reconnaître à ces dernières forces d'agression une légitimité quelconque, c'est accepter de commettre pour la nième fois la même erreur commise avec Sun City, RCD, RCD/KLM, KUNDA BATUARE BOSCO NTANGANA etc., pour laquelle le Pays continue à payer un lourd tribut, Mais, cette fois alors, avec l'ambition de contrôler totalement les FARDC et les Services de Sécurité, par conséquent, l'existence même de l'Etat Congolais et de ses structures régaliennes.
Conclusion
C'est ne pas au moment où les FRDC se relèvent, avec peine, des convulsions d'infiltrations des années passées qu'il faut accepter de refaire la même erreur. La force d'une armée réside avant tout, dans son Unité vis-à-vis de la Nation, de sa Discipline et de son Engagement envers la Patrie. L'heure est donc, à l'unité de la Nation à travers un large Front Populaire, Interne et Externe, ceinture de sécurité imperméable autour des FARDC et des Vaillants WAZALENDO jusqu'à la récupération totale de l'ensemble du territoire national et la restitution de la dignité et de l'honneur du peuple congolais bafoués. Agir autrement, c'est prêter flanc à la trahison et mériter l'opprobre de la Nation et du Peuple
(Par Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur émérite à l’Université de Kinshasa)
*Nous empruntons délibérément ce titre à l'un de nos compatriotes qui mérite sa place dans le panthéon congolais : Paul Lomami Tshibamba. Il a formulé cette interrogation en janvier 1945 – vous avez bien lu – il y a plus de quatre-vingts ans. Il entendait alors revendiquer la place qui serait celle des "évolués" dans le futur Congo. Paul Lomami Tshibamba entendait dénoncer la discrimination raciale qui oppressait les Congolais dans la société coloniale. Pour avoir osé énoncer cette revendication, il fut fouetté tous les jours pendant trois semaines pour citer le nom du Blanc qui l'avait inspiré parce qu'un nègre ne pouvait pas tout seul penser à ces choses-là.
Cet article qui date de novembre 2005 (il y a 20 ans !) est toujours d’actualité au moment où certains se laissent bercer insidieusement par l’idée de balkanisation.
« Il y a trois mois et demi, la République Démocratique du Congo commémorait le quarante-cinquième anniversaire (sic) de son indépendance dans la méditation et une certaine effervescence. C'est tout dire. Alors que tous les espoirs étaient permis pour un avenir radieux le 30 juin 1960, quatre jours seulement plus tard, le pays allait s'engouffrer dans une longue et pénible crise, passant de Charybde à Scylla, de mutinerie en sécession, de sécession en rébellion, et finalement de la rébellion à la dictature. Tout comme l'expression "balkanisation" dérive des Balkans, l'on a commencé à parler de "congolisation" pour évoquer une situation de crise récurrente, embrouillée, entortillée.
Lorsque commence la période de Transition en 1990, on est bien loin de penser qu'elle durera au moins quinze ans, avec deux guerres à la clef, dont l'une a été qualifiée de "première guerre mondiale africaine" et a provoqué plus de quatre millions de morts et de nombreux réfugiés.
La crise continue sous différentes formes, et la République démocratique du Congo est portée à bout de bras par la communauté internationale. Même aujourd'hui les menaces de partition ne sont pas écartées totalement. Dans ces conditions, l'on peut se demander si la R.D.C peut jouer encore un rôle comme acteur international. Quel est son destin, quelle est sa vocation internationale ? Quelle sera notre place à nous, Congo et Congolais, dans le monde de demain ?
Eden Kodjo, ancien Secrétaire Général de l'OUA a écrit qu’« …il existe des constantes dans la politique des nations…Ce sont ces soubassements fondamentaux que les États doivent déceler et saisir pour assurer, au-delà des vicissitudes de l'histoire, la pérennité de la puissance et la grandeur des peuples". Quelles sont les constantes dans l'histoire de la R.D.C. ?
Les constantes dans l'histoire de la R.D.C.
« Le Congo, un pays convoité, objet de l'enjeu international ». Ce qualificatif que nous empruntons à Elikia M'Bokolo, "Le continent convoité", s'applique bien à la R.D.C. Les circonstances de la création de l'entité qui donnera naissance à la R.D.C. le justifient et l'illustrent bien.
Léopold II cherchait à tout prix une colonie pour la Belgique. Alors qu'il n'était encore que Duc de Brabant, il écrivait en 1865 : "il faut à la Belgique une colonie". Quelques années plus tard, les voyages de Stanley suscitaient de l'intérêt et braquaient les faisceaux lumineux sur l'Afrique centrale. Il alla tout d'abord à la recherche de David Livingstone que l'on croyait perdu, et le retrouva en 1871. Puis il chercha à résoudre l'énigme des sources du Nil et accomplit la traversée de l'Afrique centrale de l'Est à l'Ouest en 1001 jours de 1874 à 1877.
Pendant ce temps Léopold II convoque à Bruxelles une Conférence géographique en 1876. Y sont invités les géographes les plus réputés et les explorateurs les plus distingués provenant d'Allemagne, de France, d'Angleterre, d'Autriche-Hongrie, d'Italie, de Russie, de Belgique. La Conférence donne naissance à l'Association Internationale pour l'exploration et la civilisation de l'Afrique (A.I.A.). L'A.I.A. se donne un rôle humanitaire, civilisateur et scientifique.
Léopold II se présente au monde comme un monarque éclairé, philanthrope, mécène des grandes croisades scientifiques. Mais l’agenda caché est toujours là : chercher une colonie pour la Belgique.
Pour ne pas éveiller la méfiance, ni susciter la jalousie internationale, il s'entoure de secret et impose le silence à tous ses collaborateurs. En novembre 1878, il substitue le Comité d'Études du Haut Congo à l'A.I.A. Ce Comité d'Études, créé avec des banquiers et des commerçants belges, hollandais, anglais, a un rôle commercial ; le roi lui-même est souscripteur. Une année plus tard, en novembre 1879, pour avoir les mains libres au Congo et ne rendre compte à personne, il dissout le Comité d'Études, mais pour des raisons tactiques, il continue d'utiliser ce nom.
Sur le terrain, Léopold II doit affronter deux adversaires qui s'intéressent aussi au Congo.
Il y a la France, qui est présente au Pool Malebo par l'intermédiaire de l'explorateur français d'origine italienne, Pierre Savorgnan de Brazza. Ce dernier est arrivé à Mbe, la capitale du royaume teke (tyo) en passant par l'Ogooué (Gabon). Il a signé avec Makoko Iloo un traité de cession de territoire qui sera ratifié par les Chambres françaises en novembre 1882.
En rentrant en France, il a laissé le 3 octobre 1880 à Mfwa (future Brazzaville) Malamine, un laptot sénégalais, pour sauvegarder les intérêts de la France. Lorsque Stanley parvient au pool, il s'entend dire par Malamine que les deux rives du Congo appartiennent à la France. François Bontinck a évoqué cette période "quand Brazzaville était à Kinshasa".
Il y a le Portugal, qui fait valoir son ancienneté et ses droits historiques. Il est présent dans la région depuis le 15ème siècle. Il s'est abouché avec l'Angleterre en novembre 1882 parce que les deux pays craignaient la poussée française dans le bassin du Congo. Le Portugal entend faire reconnaître ses prétentions sur l'embouchure du Congo. C'est ainsi que le traité anglo-portugais du 26 février 1884 attribue les deux rives du Congo jusqu'à Noki au Portugal. Vivi créée en octobre 1879 reste à l'A.I.C.
L'A.I.C., Association Internationale du Congo, c'est la nouvelle création qu'imagine Léopold II en 1882, dictée par sa stratégie. Le roi entretient la confusion avec l'A.I.A. en maintenant la même administration et le même drapeau (le drapeau bleu avec une étoile d'or au centre = la lumière dans les ténèbres africaines).
Mais dans l'A.I.C., Léopold II est tout seul. Et on l'attaque : "une association privée n'a pas le droit d'acquérir la souveraineté sur un territoire ". Léopold II réplique en affirmant que l’AIC est à la tête d’une confédération de tribus qui s’est placée sous sa direction et son autorité.
La stratégie du roi est de mener une offensive diplomatique tous azimuts, que les historiens ont appelée aussi "guerre diplomatique". Il exploite les mécontentements et les frustrations nés du traité anglo-portugais.
La Hollande réclame la liberté de navigation et de commerce sur le fleuve Congo et ses affluents.
La Chambre de Commerce de New York se prononce également pour la libre navigation sur le Congo. La France s'oppose au traité anglo-portugais, de même que l'Allemagne de Bismarck, car cette "côte a toujours été ouverte à toutes les nations, et n'a pas encore été occupée". Même les députés anglais et les hommes d'affaires de Manchester prennent position contre le traité.
Léopold II se joue de toutes les grandes puissances et joue les unes contre les autres pour obtenir la reconnaissance de l'A.I.C.
Il approche les États-Unis en novembre 1883, et obtient la reconnaissance de l'A.I.C. le 22 avril 1884. Les arguments évoqués sont de trois ordres :
Economique : l'A.I.C. accorde aux USA le libre-échange et la liberté de commerce ;
Juridique : les premiers colons américains qui ont créé des États étaient de simples particuliers ;
Sentimental : l'A.I.C. œuvre pour l'ouverture de l'Afrique à la civilisation et la suppression radicale de la traite des esclaves ; tout comme les USA ont supprimé l'esclavage et rapatrient des Noirs au Liberia. Des Américains sont bien placés dans l'A.I.C. (Henry Shelton Sanford, Henry Morton Stanley).
Il obtient la reconnaissance de la France le 24 avril 1884 (deux jours plus tard) en échange du droit de préemption, le droit de préférence. La France a accepté parce qu'elle se méfiait de l'Angleterre : Léopold II utilisait beaucoup d'Anglais, qui pouvaient travailler pour les intérêts de leur pays.
Il obtient la reconnaissance de l'Allemagne le 8 novembre 1884 après lui avoir promis aussi la liberté commerciale. Ainsi l'Allemagne est obligée d'aider Léopold II à réussir sinon la France va tirer les marrons du feu et hériter des acquisitions territoriales de l'A.I.C.
Le climat est propice pour la convocation en octobre de la Conférence africaine de Berlin (15 novembre 1884 - 26 février 1885) dont l'un des points focaux est l'arbitrage de la question du bassin du Congo. Quatorze pays y prennent part : l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la France, le Royaume Uni (Grande Bretagne + Irlande), l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège et l'empire ottoman. En marge des débats de la Conférence, des tractations s'effectuent dans les couloirs et aboutissent à la reconnaissance de l'A.I.C. comme une entité légale internationale, habilitée à créer un État libre.
Les négociations les plus difficiles ont été celles menées avec la France et le Portugal. Pourquoi ? L'A.I.C. qui avait occupé entre-temps le Niari-Kouilou et y avait établi des stations pour se ménager un accès à la mer va céder cette région à la France moyennant indemnisation. En contrepartie, la France renonce à réclamer la rive gauche du Pool (Léopoldville) laissée à l'A.I.C. et la rive droite du fleuve Congo du Pool jusqu'à Vivi.
Le Portugal a dû se faire prier. Il a fallu un ultimatum présenté par l'Allemagne, l'Angleterre et la France à la suite d'un chantage de Léopold II qui menaçait de tout laisser tomber s'il n'avait pas d'accès à la mer. Finalement le Portugal va céder la rive droite du fleuve de Vivi jusqu'à l'embouchure, ainsi qu'une quarantaine de kilomètres sur le littoral.
Après l'annexion du Congo par la Belgique, les convoitises sont mises en veilleuse. Toutefois, au début de l'année 1914, l'Allemagne manifeste ses visées sur le Congo en entamant des négociations avec l'Angleterre pour le partage du pays. Ce n'est pas un hasard si les troupes allemandes ont agressé en 1914 le Congo, déclaré pourtant neutre à la Conférence de Berlin.
De son côté, la France a évoqué le droit de préemption après la tenue de la Table Ronde belgo-congolaise en 1960. Mais l'on peut se demander si ce n'était pas plutôt un canular du Général de Gaulle qui avait déclaré à Brazzaville en août 1958 : « L’indépendance, quiconque voudra la prendre, pourra la prendre aussitôt, s’il vote non au référendum du 28 septembre. La métropole ne s’y opposera pas ».
Les convoitises pour le Congo se sont encore aiguisées lorsqu'on a su que les premières bombes atomiques lâchées sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki avaient été fabriquées à partir de l'uranium que le directeur de l'Union Minière du Haut Katanga avait entreposé à New York peu avant la seconde guerre mondiale.
En 1960, le Congo indépendant est devenu l'enjeu de la confrontation entre l'Est et l'Ouest. La crise des années soixante est le résultat en grande partie des luttes d'influence des blocs qui voulaient avoir la mainmise sur le Congo,
Ces convoitises continuent à se manifester de nos jours par le biais de la sous-traitance confiée à des pays africains, voisins de la R.D.C. comme le Rwanda et l'Ouganda.
Le pillage de nos richesses à la faveur de la guerre qui nous a été imposée a été dénoncé publiquement par une commission de l'ONU.
Ce sont ces convoitises qui causent la déstabilisation et l'élimination des chefs d'État et de gouvernement soupçonnés de tiédeur ou d'opposition à l'égard de certains intérêts et de certaines puissances. Patrice Emery Lumumba a été accusé à tort de crypto-communiste.
Laurent-Désiré Kabila est tombé pour avoir voulu privilégier les rapports sud-sud, la prise en charge de soi-même, et la fréquentation de la Libye et de Cuba mis à l'index. En revanche Adoula et Mobutu ont été soutenus pour avoir compris que le Congo devait rester " une porte ouverte ".
Le Congo une économie de la porte ouverte
A Berlin, le résultat qui satisfait tout le monde en 1885 est la liberté de navigation et la liberté commerciale reconnues pour tous les pays, sans discrimination. Sur toute l'étendue du bassin conventionnel du Congo, il ne doit pas y avoir de traitement préférentiel. Le bassin conventionnel du Congo s'étend de l'Océan Atlantique à l'Océan Indien, et recouvre l'actuelle RDC, l'A.E.F (Congo, Gabon, Cameroun, Tchad, République Centrafricaine), l'Ouganda, l'Afrique orientale allemande (Rwanda, Burundi, Tanzanie).Les droits d'importation y sont interdits pendant vingt ans. Mais l'on admet certaines taxes pour contrebalancer les dépenses faites pour l'équipement des ports et les transactions commerciales.
Cinq ans après la Conférence de Berlin se tient à Bruxelles une Conférence internationale anti-esclavagiste. Léopold II qui a besoin d'argent, et de beaucoup d'argent, demande et obtient de la communauté internationale la révision de l'article 4 de l'Acte de Berlin. On l'autorise à percevoir des taxes à l'importation pouvant atteindre 10 % de la valeur des marchandises, et cela pendant 10 ans.
Mais bientôt les taxes à l'importation ne suffisent plus à compenser les besoins énormes de Léopold II. Unilatéralement, il instaure un monopole sur l'ivoire et le caoutchouc. Des critiques provenant du secteur privé s'élèvent contre ce qu'on a appelé "le régime léopoldien" (1891-1906). Les abus et les atrocités du système léopoldien sont dénoncés dans le monde.
La campagne anti-léopoldienne s'intensifie en 1903 avec la création de "Congo Reform Association" d’Edmond Morel et Roger Casement. Léopold II est obligé de constituer une commission d'enquête internationale qu'il envoie au Congo en 1904- 1905.
La liberté commerciale dans le bassin du Congo est maintenue après l'annexion du Congo par la Belgique en 1908. Le Traité de Saint-Germain-en Laye (10 septembre 1919) va la reconduire, tout en accordant à la Belgique le droit de fixer les règles et les tarifs douaniers. Cette taxation devait être uniforme pour tout le monde.
L'imposition de "l'économie de la porte ouverte" explique la présence non négligeable de capitaux étrangers dans une colonie qui était belge. A titre d'exemple, le trust anglo-hollandais Lever qui a créé les Huileries du Congo Belge (H.C.B.) et exerçait ses activités dans quatre des six provinces du Congo ; telle encore la Tanganyika Concessions Limited, l'un des principaux actionnaires de l'Union Minière du Haut Katanga.
Les intérêts américains n'étaient pas en reste avec American Congo Company qui s'intéressait à l'agriculture, le Groupe Thomas Ryan et Daniel Guggenheim qui a investi dans la Forminière, le Groupe Rockefeller qui était présent dans l'U.M.H.K. et les Filatures et Tissages Africains, l'United States Plywood qui était dans le bois. Les groupes français se sont intéressés à la Compagnie des Chemins de fer des Grands Lacs Africains (C.F.L.), à la Sucrerie et Raffinerie Africaine, et à la Compagnie de navigation fluviale FIMA.
Le Congo : une économie extravertie
Stanley avait déclaré péremptoirement : "Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny". Les chemins de fer qui seront construits au Congo n'ont qu'un seul but : exporter, évacuer les produits d'exportation vers la métropole, vers les pays étrangers. Jusqu'aujourd'hui, la production congolaise est organisée plus pour alimenter les marchés extérieurs que pour satisfaire les besoins locaux. L'économie est plus tournée vers l'extérieur que vers l'intégration de ses activités.
Le Congo, un géant assoupi, espoir du continent africain
Dans notre insouciance, nous, Congolais, ne nous rendons pas compte de l'espoir placé en nous par les autres pays africains.
Dans un livre paru en juin 1960, intitulé "Les Fondements Culturels, Techniques et Industriels d'un Futur état fédéral d'Afrique Noire", le savant sénégalais Cheikh Anta Diop réserve une place prééminente au bassin du Congo appelé à devenir "la première région industrielle de l'Afrique", "le centre principal de l'industrie lourde". Il recense les atouts du Congo qui sont multiples et indéniables.
Il y a l'énergie hydraulique à partir du fleuve Congo, deuxième fleuve au monde par le volume de son débit (30.000 à 60.000 m3/s ; 650 milliards de kwh de réserves annuelles, équivalant à l'époque aux 2/3 de la production mondiale.
Il y a les ressources minières qui ont valu au pays l'épithète de "scandale géologique" : le cobalt (65% de la production mondiale), le chrome (1/3 de la production mondiale), le cuivre, le tantale, le cadmium, le vanadium, le manganèse, l'étain, le zinc, le plomb, l'argent, le diamant industriel, l'or, l'uranium (50% de la production mondiale avant l'indépendance), le wolfram, etc. Le coltan n'est pas cité parce qu'il n'était pas encore à la mode.
Il y a la forêt vierge avec diverses essences.
Dans le plan d'industrialisation qu'il esquisse, Cheikh Anta Diop liait l'avenir industriel du continent africain au sort du Congo. Si l'on résolvait le problème du transport à longue distance de l'énergie électrique sous forme de tension continue, le bassin du Congo permettrait de ravitailler en électricité tout le continent. L'exploitation des ressources énergétiques permettrait de transformer les matières premières du continent et faire de l'Afrique Noire, selon ses propres termes, "un paradis terrestre".
Le Congo fabriquerait de l'acier et des aciers spéciaux à usage domestique ou stratégique. Il installerait une industrie électro-métallurgique pour traiter différents minerais. Il développerait des constructions aéronautiques et navales, des constructions d'automobiles et des machines agricoles, des industries variées du bois, des industries de pâte à papier, des colorants, des tissus artificiels, des matières plastiques.
Pour satisfaire les besoins du continent et exporter le surplus de production, Cheikh Anta Diop imaginait la multiplication des usines de pneumatiques, des usines de filature et de tissage, des huileries, des savonneries, des sucreries, des industries de chimie minérale et synthétique, des cimenteries.
L'agriculture n'était pas en reste. Le bassin du Congo était une région d'élevage de l'avenir en raison de ses prairies immenses, vertes en toutes saisons. La culture du riz, du coton et d'autres choses serait développée au Congo pour cesser de faire dépendre l'Afrique de l'extérieur en important d'Asie et d'Europe des produits indispensables à son existence. La pêche déboucherait sur l'industrie de conserves et l'industrie de frigorifiques et du froid.
Le tendon d'Achille de ce géant en devenir était en 1960 sa faiblesse démographique. La densité du bassin du Congo était de 2 à 3 habitants au km2. Aussi Cheikh Anta Diop plaidait-il pour "une politique d'hygiène et de développement systématique des naissances". Il ne fallait surtout pas recourir à une immigration massive d'étrangers. Tout au plus, admettait-il dans les premières années d'industrialisation, "un appel judicieux de la main-d'œuvre des territoires africains avoisinants".
A la même époque que Cheikh Anta Diop, et comme le savant sénégalais, Frantz Fanon, auteur de "Peau noire, Masque blanc", médecin martiniquais, naturalisé algérien, qui s'était engagé dans le F.L.N. pendant la guerre d'Algérie, et avait amené Jean-Paul Sartre à s'intéresser à la pensée politique de Lumumba, soulignait la position géostratégique du Congo : " L'Afrique a la forme d'un revolver dont la gâchette est au Congo". Cette citation réserve aussi une place prééminente au Congo. Malheureusement elle est souvent galvaudée, émasculée et banalisée.
Un quart de siècle après les indépendances africaines, Eden Kodjo a publié en 1985 un livre intitulé "Et demain l'Afrique". L'auteur plaide pour l'unification territoriale et politique de l'Afrique. Au fil des pages, il cherche un pays qui pourrait jouer le rôle de la Prusse en Allemagne au 19ème siècle. La Prusse s'est jouée de l'Angleterre pour établir l'unité allemande au travers de l'Union douanière ; elle a associé de grands États comme la Bavière, la Saxe, le Württemberg, les États de Thuringe.
Le pays que cherche Eden Kodjo devrait avoir, écrit-il, "une dimension d'États modernes". Il pose et retourne la même question : "Quel est l'État qui pourra assumer les fonctions de la Prusse des Africains ? Quel État jouera le rôle de catalyseur ?" (p.261). Un peu plus loin, il affirme encore : "Mais il faudra une Prusse africaine", "un pays africain qui accepte d'être le centre de l'union". (p.265).
Un autre moyen de réaliser l'unité continentale est de commencer à travailler par pôle fédérateur avec des États pilotes. En Afrique de l'Ouest, Eden Kodjo pointe le Nigéria à cause de son vaste espace et de sa population (100 millions d'habitants). En Afrique centrale, c'est le Zaïre (R.D.C.) à cause, dit-il, de sa richesse, de son immensité géographique, de sa position géostratégique exceptionnelle et de ses trente millions d'habitants (chiffre de 1985). En Afrique australe, il désigne l'Afrique du Sud sans l'apartheid. En Afrique orientale, c'est l'Éthiopie, et en Afrique du Nord l'Égypte ou l'Algérie.
L'historien franco-guinéen Ibrahima Baba Kaké a découvert le Congo tardivement. Il est co-auteur d'un livre publié à Paris chez Présence Africaine : "Le Conflit belgo-congolais". Impressionné favorablement après deux séjours au Congo, il a pastiché Alain Peyrefitte. L'ancien ministre du Général de Gaulle a écrit un livre titré "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera". Kaké a écrit du géant assoupi : "Quand le Zaïre s'éveillera, le monde s'étonnera".
Face aux attentes des autres Africains, quelle est notre réponse à nous, Congolais ?
Les ambitions et les velléités de puissance pour un grand Congo
Dans le Manifeste de "Conscience Africaine" publié fin juin 1956 - le premier texte politique des Congolais - les rédacteurs soulignent leur conviction que "le Congo est appelé à devenir, au centre du continent africain, une grande nation". Sans doute les rares compatriotes qui avaient eu l’opportunité de sortir du pays et de se comparer aux autres Africains leur avaient-ils communiqué cette certitude.
Antoine-Roger Bolamba qui a effectué un voyage à Dakar en 1952 dans la délégation constituée pour représenter le Congo à l'Assemblée Mondiale de la Jeunesse témoigne que les Noirs qu'il avait rencontrés à ce congrès n'étaient pas, pour la plupart, plus doués que les Congolais. Il ne fallait pas se faire des complexes. Ils avaient simplement une grande expérience des débats ; ils défendaient des principes et tenaient mordicus à leurs convictions.
Seconde déclaration : le célèbre discours de Patrice Lumumba du 30 juin 1960. Le premier Premier ministre congolais affirme que les Congolais vont "faire du Congo le centre de rayonnement de l'Afrique tout entière"… ; il poursuit : "L'indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain". Cette idée d'un grand Congo pour libérer l'Afrique est une idée-force de Patrice Lumumba. Elle revient dans la plupart de ses discours pendant les deux mois où il est resté au pouvoir.
Dans un discours prononcé à Stanleyville le 19 juillet, une semaine après la proclamation de la sécession katangaise, il précise qu'il faut sauvegarder l'unité nationale, "car c'est cette unité qui fera du Congo une grande nation au centre de l’Afrique ; et le Congo va jouer demain un grand rôle pour libérer le reste de l'Afrique". Lumumba pensait à l'Algérie, à l'Angola, à l'Afrique du Sud, au Kenya, au Ruanda-Urundi. Le 22 juillet 1960, il déclare : "Nous voulons faire du Congo une grande nation libre"…"Nous allons construire un grand Congo, un Congo fort, pour libérer le reste de l'Afrique, pour libérer nos frères qui sont encore sous la domination étrangère".
Le 9 août, il affirme dans une conférence de presse : "Et le Congo avec ses richesses, ses potentialités, le Congo va devenir une grande nation, puissante, économiquement, politiquement". Le 25 août, il se montre pathétique à la Conférence panafricaine de Léopoldville : "Si le Congo meurt, toute l'Afrique bascule dans la nuit de la défaite et de la servitude".
En 67 jours de gouvernement, Lumumba n'a pas pu concrétiser ses vœux. Par contre, le Président Mobutu est resté trente et un ans et demi au pouvoir. Le Président Mobutu a pu faire illusion, mais le Zaïre de Mobutu n'est pas devenu pour autant une grande puissance.
Le Président Mobutu a fait illusion lorsque 1 Zaïre valait 2 dollars. Il a fait illusion lorsqu'il a envoyé les forces combattantes zaïroises sur de nombreux théâtres de combats : en Angola, au Rwanda, au Tchad, au Biafra. Ce n'était pas faire preuve de nationalisme que de céder une bonne portion du territoire national à une firme étrangère - l'OTRAG - qui pouvait y faire tout ce qu'elle voulait.
Le recours à la philosophie de l'authenticité a été présenté en 1971 comme l'affirmation de la personnalité africaine, la défense et l'illustration de la dignité africaine ; les peuples africains ont été appelés à assumer leurs valeurs culturelles ancestrales. Un colloque national sur l'authenticité a même été tenu en 1981 sous les auspices de l'Union des Ecrivains Zaïrois. Ce que l'Afrique a retenu de l'authenticité, c'est le rituel de l'animation pour accueillir les chefs d'État étrangers.
Mobutu a lancé en 1985 le projet de la Ligue des États Négro-Africains pour repenser l'unité du monde noir et concevoir la coopération entre tous les États membres afin de sortir du sous-développement. Mais la LENA est un projet mort-né, parce que son promoteur fut présenté comme le Plus Grand Commun Diviseur de l'Afrique.
La CEPGL que Mobutu présentait en 1976 à l'Afrique et au monde comme un modèle de coopération régionale devant consolider les relations de bon voisinage et contribuer à l'intégration économique a volé en éclats.
A ce jour, la République démocratique du Congo n'est pas encore devenue ce grand Congo dont rêvent certains de ses enfants. Jusqu'ici on s'est limité aux paroles, aux déclarations d'intention, aux vœux pieux. Pire, la R.D.C. suscite la commisération, la risée, le mépris. Le pays est pillé, endetté. Beaucoup de Congolais ne songent qu'à fuir leur pays pour aller vivre ailleurs, sous des cieux qu'ils espèrent plus cléments : en Angola, en Afrique du Sud, en Afrique de l'Ouest, en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Australie…Sur Internet, les Congolais sont qualifiés d'adeptes de la B.M.W. (Bier, Money, Wife – la Boisson, l'Argent mal acquis, la luxure avec les Femmes). Et le président ougandais Museveni aurait déclaré qu'il ne connaît qu'un seul général en R.D.C. : "le Général Defao" (qui est un musicien).
Quelles sont les conditions pour devenir une grande puissance
Certaines conditions sont déjà remplies.
Un vaste espace géographique.
Le territoire congolais d'une dimension de 2.345.410 km2 est un facteur de puissance. Il nous donne la dimension d'un sous-continent. La R.D.C. couvre toute l'Europe occidentale et vaut le 1/13 du continent africain. Nous devons toutefois l'aménager et veiller à ce qu'il ne soit pas balkanisé.
Une population abondante.
La population, estimée entre 45 et 60 millions d'habitants faute de recensement fiable (sic, 2005), ne fait pas encore de la R.D.Congo un pays surpeuplé. Ce n'est pas la place qui manque en R.D.C. Il faut toutefois veiller à bien répartir cette population dans l'espace géographique, à la nourrir, à l'instruire et l'éduquer, à développer sa qualification technique, à lui procurer des soins de santé et un habitat décent.
Les ressources naturelles.
Le qualificatif de "scandale" a été utilisé à ce propos : " scandale géologique", " scandale hydraulique", "scandale forestier". Mais nous devons nous persuader que ces ressources ne sont pas éternelles. Il faut savoir les gérer. Des pays de l'Amérique Latine qui attiraient l'Espagne au 16ème siècle et ont laissé au monde l'expression de El-dorado, "l'homme couvert d'or", n'ont plus que leurs yeux pour pleurer. Il faut savoir que nos matières premières minérales peuvent être délaissées pour des concentrations de minerais que l'on peut trouver dans la mer, comme le pétrole, ou dans l'Antarctique. Par ailleurs, les progrès de la science font que la chimie de synthèse crée de nouveaux produits et accélère l'obsolescence de certaines autres matières.
En revanche, il faut changer de mentalités. Ceci ne doit pas être un simple slogan. Il faut s'inspirer de l'exemple de l'Allemagne et du Japon, les vaincus d'hier qui sont revenus aux premiers loges. Il faut s'inspirer de l'exemple des pays asiatiques, appelés "les Dragons". Il faut acquérir la ténacité dans le travail, la persévérance dans l'effort, l'esprit de sacrifice, le sens du devoir, de l'organisation de l'État, le souci du labeur bien fait. Il faut proscrire le gain facile, "la coop" ou corruption, le clientélisme et le népotisme.
Ceci vaut tout aussi bien pour les élites dirigeantes que pour le peuple, la masse. La volonté politique est absolument indispensable. La R.D.C. a besoin d'un leadership responsable, clairvoyant, lucide, visionnaire, détaché des étreintes ethniques et égoïstes, qui ait conscience des enjeux et engage le pays dans le processus de redressement.
Ce n'est pas normal que nous soyons là à recevoir des leçons de tout le monde, même de ceux qui, dans leur for intérieur, n'ont pas intérêt à ce que nous nous en sortions. Nous sommes l'un des rares pays au monde où les querelles de ménage sont réglées sur la place publique par des voisins. Nous nous entre-déchirons pour des intérêts partisans. Nous ne connaissons pas l'art de résoudre nos propres contradictions. Comment pourrions-nous forcer le respect ?
Le peuple de son côté doit faire preuve de discipline, et proscrire les tendances au nihilisme : "ebeba, ebeba", la casse et le pillage.
Des actions doivent être menées dans trois directions :
- l'armée: il faut absolument avoir une armée disciplinée, aguerrie pour dissuader les éventuels ennemis. L'idée d'un service civique pour la jeunesse, bien étudiée, est de nature à développer et consolider le sentiment national. Qui aurait cru en 1960 que les Angolais qui venaient trouver refuge chez nous deviendraient la grande force et l'arbitre qu'ils constituent aujourd'hui en Afrique centrale ?
- la diplomatie : "la guerre diplomatique" est à l'origine de la constitution de l'E.I.C. Le déficit diplomatique a été à la base de la déconfiture de la R.D.C. en 1998. Nous soutenons l'idée de l'ouverture d'une École Diplomatique pour former et recycler nos diplomates.
- la diaspora : au plus fort de la crise, alors que les différentes coopérations nous avaient abandonné à notre triste sort, ce sont les apports de la diaspora congolaise qui ont permis à beaucoup de familles congolaises de maintenir la tête au-dessus de l'eau, et de ne pas couler. Pourquoi ne pas instituer un Vice-Ministère, ou un secrétariat d'État chargé de la diaspora qui recenserait nos compatriotes qui se sont expatriés, et maintiendrait les liens avec eux ? Plusieurs projets pourraient bénéficier de leurs contributions. Les autorités auraient la tâche de les suivre pour les défendre afin de ne plus vivre certaines situations vécues dans certains pays.
Le mot de la fin
Notre place dans le monde de demain, en d'autres mots le destin international de la République démocratique du Congo, "notre beau et cher pays", sera ce que nous, Congolais, voulons réellement qu'il soit. Continuerons-nous à nous limiter aux vœux pieux, aux slogans ? Ou franchirons-nous le cap des actes ? Mais il n'y a pas de temps à perdre. Des vautours qui continuent de planifier et de programmer la partition de notre pays guettent. Pensons à l'histoire des Peaux-Rouges. Ils étaient assis - sans le savoir - sur des puits de pétrole, et ne les exploitaient pas. Ils ont été délogés lorsqu' ils ne pouvaient pas être exterminés ; et ils ont été parqués dans des réserves.
On a parlé du "miracle japonais", du "miracle allemand", du "défi américain". Jusqu'ici on n'a parlé que du "mal zaïrois". Mais le "miracle congolais" est aussi à notre portée, à condition que nous le voulions vraiment. Nous n'aurons plus à envier les uns et les autres. Cheikh Anta Diop n'a-t-il pas parlé d'un paradis terrestre au Congo ?
Lançons nos routes de part en part, du nord au sud et de l'est à l'ouest de notre sous-continent de pays ; modernisons notre agriculture, électrifions notre pays, industrialisons-le, équipons-le en moyens de communication, soignons nos ressources humaines en veillant à la santé, à l'éducation et à la recherche, et nous aurons accompli "le miracle congolais".
Mais au préalable, nous devons sortir de notre torpeur et changer de mentalités. Nous devons abandonner toutes les antivaleurs, et acquérir une mentalité de développement. Congolais, dressons nos fronts longtemps courbés comme nous y invite notre hymne national afin de reconstruire notre pays meurtri, et occuper la place qui nous est prédestinée ».
Le Député National de la Circonscription électorale de Tshikapa Province du Kasaï, Honorable Simon Mulamba Mputu, est actuellement en tournée de sensibilisation dans la Province du Kasaï.
Ce lundi 17 février 2025, cet élu du peuple a communié avec sa base. Au cours de cette rencontre, il a brossé la situation que traverse la République Démocratique du Congo marquée par la guerre d'agression dont elle est victime de la part du Rwanda et de ses supplétifs du M23.
En cette période très difficile, l'Honorable Mulumba Mputu a invité les membres de sa base à continuer de faire confiance au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le fils du terroir, l'objet d'un complot international.
Dans le cadre de la défense de l'intégrité territoriale de notre pays, l'élu du Territoire de Tshikapa a profité de cette occasion pour sensibiliser ses sœurs et frères sur l'enrôlement massif des enfants du Kasaï dans nos Forces de Défense et de Sécurité. Car, il est surprenant de constater que les ressortissants de la Province du Kasaï ne sont pas nombreux dans l'armée, la police nationale et les services de renseignement.
Cette réunion a regroupé les chefs coutumiers, les représentants de différentes couches sociales de Tshikapa.
Sans désemparer, l'Honorable Simon Mulumba Mputu, en sa qualité de Président National du parti politique CODEP, Convention Démocratique du Peuple, s'est également entretenu avec les responsables locaux de son parti, notamment les membres de la Ligue des Jeunes, de la Ligue des Femmes et des organes de base.
Il a transmis le même message relatif à la défense de la Nation en guerre, à l'alliance entre les membres de la CODEP et le Président de la République et à la mobilisation de la population pour faire face au complot en cours.
(Un appel de l’Ambassadeur Jean Thierry Monsenepwo)
Il y a un moment où une Nation doit regarder son propre reflet et décider de son destin. Ce moment, c’est maintenant. Il y a un mur entre le chaos et l’existence du Congo. Ce mur, ce dernier rempart… ce n’est ni une armée seule, ni un Président seul. C’est Nous. Le Peuple. Si nous cédons, tout s’effondre. Regardez autour de vous. Voyez ce qui se passe à l’Est : des terres arrachées, des enfants déracinés, des familles détruites. Ce n’est pas un conflit lointain, c’est une guerre qui vise à effacer notre identité, à nous soumettre, à nous réduire au silence.
Ils pensent que nous sommes un peuple divisé. Ils parient sur nos querelles politiques, nos hésitations, notre fatigue. Ils croient que nous allons nous disperser pendant qu’ils avancent. Mais ils ont tort. Car nous sommes encore debout. Autour du Président, autour des institutions : Une muraille humaine.
Le Président Félix Tshisekedi a pris une position claire : le Congo ne négociera plus son existence. Il s’est levé face à ceux qui pillent notre pays, face à ceux qui arment nos bourreaux, face à ceux qui veulent faire de nous une simple zone d’exploitation.
Mais un homme, même un Chef d’Etat, ne peut gagner seul. Il lui faut un peuple uni, conscient et déterminé. Nos institutions, notre armée, notre gouvernement, tout cela n’a de sens que si nous, citoyens congolais, nous décidons d’en être le socle.
Soutenir notre armée, ce n’est pas un slogan. C’est refuser la propagande qui cherche à la fragiliser, c’est défendre ses soldats, c’est comprendre que sans eux, nous n’existons plus.
Soutenir nos institutions, c’est comprendre que notre stabilité vaut plus que les ambitions personnelles. C’est refuser la division, c’est choisir l’unité.
Soutenir le Chef de l’Etat, c’est admettre que dans cette guerre, nous avons besoin d’un commandant. Et ce commandant, c’est lui.
Que chacun prenne sa place dans la bataille. Nous sommes en guerre. Et dans une guerre, personne ne reste spectateur. Chacun doit être un soldat à sa manière.
Dans les médias et sur les réseaux, défendons notre pays. Dans nos foyers, enseignons à nos enfants l’importance de la Nation. Dans nos entreprises, nos écoles, nos quartiers, refusons le discours de la fatalité. Mobilisons-nous, manifestons, faisons entendre la voix d’un Congo qui ne pliera pas.
Nous sommes 100 millions. Si nous nous levons ensemble, personne ne pourra nous briser. Le Dernier Rempart, c’est Nous.
Si nous cédons, si nous abandonnons nos institutions, si nous laissons nos divisions nous affaiblir, alors nous offrirons la victoire à ceux qui veulent notre mort. Mais si nous résistons, si nous nous unissons, alors nous construirons une muraille plus forte que toutes les armées du monde : la volonté d’un peuple qui refuse de disparaître.
Alors, Debout Congolais ! Ce pays est le nôtre. Prenons-en la responsabilité. Protégeons-le. Défendons-le. Sauvons-le.
Après des souillures et des humiliations inimaginables que nous avons tous connues, le temps n’est plus aux propos fanatiques et à la recherche de la cohésion nationale opportuniste. Le Congo a tout connu à l’instar de certains pays africains tels que le Nigeria, le Ghana et la Sierra Leone. Ces pays ont traversé des moments plus critiques que ceux du Congo actuels. Par patriotisme et nationalisme, ils se sont mis ensemble pour le bien de leurs peuples, pour écarter des solutions palliatives en faveur des solutions radicales. Actuellement, nous pouvons nous permettre de dire que ces pays se sont civilisés politiquement, socialement et économiquement.
Beaucoup de nos frères et sœurs africains compatissent avec nous, les Congolais. Nous semblons ignorer leurs soucis à notre sujet, alors que nous devrions plutôt exploiter leurs soutiens pour convaincre la communauté internationale par des réalités palpables. Le moment actuel au Congo n’est plus pour des solutions palliatives et des arguments fanatiques. Le patriotisme et le nationalisme devraient l’emporter sur l’égoïsme, le tribalisme et le régionalisme. Il est temps pour que des penseurs congolais de tout bord et quelques bons politiciens se mettent ensemble pour concevoir des solutions radicales pour sortir le Congo de ces marasmes sociaux et politiques et mettre fin aux calamités entretenues par les Congolais ennemis du Congo et qui tirent les ficelles pour leurs intérêts personnels. Ces Congolais ennemis du Congo avec leurs complices étrangers ne veulent pas du tout entendre parler du forum. Ils préfèrent le dialogue pour user des manipulations et des corruptions pour leurs intérêts égoïstes.
Un grand nombre de penseurs congolais connaissent les origines de la décadence politique et sociale du Congo. Fort de ces connaissances, nous sommes convaincus que si l’opportunité leur est donnée, ils seraient en mesure de stopper des médisances diaboliques entretenues par le monde international et de tracer des voies et moyens pour rehausser et réhabiliter le Congo, notre pays.
Nos pères religieux de la CENCO, de l’ECC et certains autres peuvent être chargés de coordonner les discussions et les échanges dans le forum comme a été organisée pendant la Conférence nationale souveraine (CNS) organisée sous l’égide du Président Mobutu. La situation actuelle du Congo ne nécessite plus de solutions palliatives du genre de dialogue plutôt un forum de discussions approfondies. Le fanatisme et le clientélisme politique dévaluent totalement les politiciens congolais et c’est marrant.
Du point de vue des ressources humaines de valeur, le Congo actuel ne souffre pas de carence de leadership comme dans les années de notre indépendance. Le Congo actuel souffre par l’implémentation de leadership de carence. Des leaders congolais et pas des leaders de pacotille peuvent mettre fin aux désarrois et offrir aux Congolais et au Congo une paix durable et un pays prospère, un pays qui attirera des valeurs du monde. Le Congo a tous les éléments de valeur dans toutes les spécialités qui existent. Il est simplement question de les utiliser à bon escient.
Le Forum patriotique indépendant est très nécessaire en ce moment critique pour la survie au Congo et du Congo. Nous sommes tous complètement satisfaits du fait que nos parents religieux ont choisi le terme forum plus que simplement le dialogue. La différence entre le dialogue et le forum est que le dialogue aboutit toujours au partage du gâteau-Congo aux gangsters, tandis que le forum est un cadre de discussions profondes, de débats pour trouver des solutions solides pour le bien de tous et pour rehausser le Congo de Lumumba. En fait, le forum englobe le dialogue qui est trop palliatif.
Les analystes congolais vivant partout dans le monde ont émis des idées pour avancer le Congo dans un droit chemin. Ces idées ne peuvent pas franchement être ignorées pour apaiser les politiciens et maintenir la politique actuelle qui est la cause première des désarrois au Congo depuis des années.
Le projet de « paix » énoncé par la CENCO et l’ECC contenant des propositions pour sortir notre pays de la crise sécuritaire semble loin d’être exhaustif. Le Congo ne souffre pas seulement de crise sécuritaire, mais aussi des crises sociales, économiques et surtout politiques qui nécessitent des ajustements structurels réfléchis qui devraient provenir des discussions dans le Forum.
Comme nous avions toujours insisté, le pacte de la CENCO et l’ECC pour la paix doit être pris pour un forum patriotique indépendant où les membres sélectionnés par territoire n’y iront pas pour défendre les actions et les comportements des individus ou des partis et groupes politiques, mais s’engager dans des discussions profondes pour déterminer de bonnes voies et politiques pour la refondation et le développement total du Congo. Les bonnes résolutions venant du Forum amèneront une cohésion nationale sans faille. Nous, Congolais, nous aimons notre pays, autrement le Congo n’existerait plus.
Le Forum que nous attendons tous avec grand espoir doit nécessairement aboutir à la paix et à la prospérité au Congo. Cependant, le plan de sortie de crise proposé par la CENCO et l’ECC ne doit pas être imposé aux Congolais. Il doit plutôt faire l'objet de profondes discussions pour aboutir à de bonnes résolutions.
Réfléchissant à haute voix sur le plan de sortie de crise proposé par la CENCO et l’ECC, nous trouvons que le point 2, la mise en place d’un Conseil national pour les réformes (organe législatif) composé de 800 membres dont Lamuka de Fayulu 150 membres, AFC/M23 de Naanga 150 membres, Union sacrée de Tshisekedi 150 membres, FCC de Kabila 150 membres, Ensemble de Katumbi 150 membres, les activistes de la société civile 50 membres, nous trouvons que cette proposition est mal conçue. Nous réitérons que les responsables des crises dans notre Congo sont des politiciens à cause de leurs intérêts égoïstes. Cette proposition donne aval aux autorités morales des partis politiques de reprendre la danse et de distraire le peuple congolais comme à l’accoutumée. Les activistes de la société civile et des Congolais indépendants seraient donc minimisés à la faveur des « politiciens ». Cette proposition mérite d’être revue sérieusement dans le Forum.
Concernant le point 6, nous devons éviter de proposer ou de constituer un gouvernement de la cohésion nationale avec l’idée de partage de gâteau-Congo. Le Congo n’a pas de compétence que parmi les politiciens congolais. Le Congo a des compétences partout et dans tous les domaines. Ces compétences doivent être détectées et utilisées pour la victoire et l’honneur du Congo et du peuple congolais. Le Forum doit trouver des solutions pour rationaliser ces propositions. Nous devons prôner la méritocratie et la compétence et non amadouer l’incompétence et la médiocrité.
Pourquoi devrions-nous, Congolais, demander l'approbation de la communauté internationale avant d'appliquer nos résolutions du Forum, qui seront opposables à tous ? Pourquoi ? Il est impératif que nous démontrions notre compétence et notre volonté à résoudre les problématiques du Congo.
Tous les 10 points proposés par la CENCO et l’ECC doivent être classés pour des discussions profondes dans le Forum. Les points 2 et 6 sont extrêmement critiques pour un avenir certain et pacifique de notre cher Congo.
Il est essentiel de considérer que le Forum souhaité doit marquer le début d'une prise en charge collective, constituant un cadre où les décisions allant à l'encontre des intérêts du Congo ne seront pas acceptées. L’incompétence et la médiocrité doivent être bannies de l’environnement politique du Congo. Les compétences congolaises sont capables de contourner les stratégies néfastes montées contre le Congo. Nous ne pouvons pas laisser le Congo à la merci des politiciens qui sont dépassés, sans vision et sans stratégies pour mettre fin à la guerre de l’Est et pour développer le Congo. Il est souvent dit que gouverner implique de prévoir. Les politiciens congolais ont manqué de prévoir ce que le Congo subit en ce moment. Ils ont donc manqué de gouverner. Nous ne pouvons pas gratifier ces manquements.
Crier au secours dans ce monde de l’hypocrisie et aller aux pourparlers en position de faiblesse ne servent pas convenablement le Congo. En ce moment, le Congo a besoin de deux équipes : une équipe de négociateurs crédibles pour défendre le Congo dans le monde international et pour stopper les déboires au Congo par la diplomatie. Une autre équipe, également composée de personnes crédibles qui méritent la confiance du peuple congolais, et cette équipe aura la mission de consolider la cohésion nationale et de voter des résolutions pour amener la paix sociale, la prospérité et la refondation du Congo par le changement des politiques et des structures administratives dans tous les domaines. Quittons les superficialités, allons dans les profondeurs.
Chers compatriotes, engageons-nous à voter des résolutions visant à instaurer la paix et la prospérité pour le Congo. Écartons le gangstérisme et les gangsters politiques du «landscape» social et politique du nouveau Congo.
Patriotiquement vôtre,
Professeur Yangambi Matthieu Waakal’Ewae Université pédagogique nationale Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. +243 999 035 079
Nos inquiétudes aujourd’hui sur ce que représente le bourbier congolais nous ramènent à élucider pourquoi l’histoire de la RDC est un éternel recommencement et nos voisins nous voient comme des paillassons au-dessus desquels ils doivent nous marcher ? La problématique de l’éveil patriotique, du nationalisme réside dans la qualité, l’état d’esprit de nos dirigeants. Depuis l’indépendance, les congolais ont organisé plus de soixante conciliabules qui n’ont abouti à rien parce que les mêmes causes continuent d’engendrer les mêmes effets. Si c’était plus facile, il suffirait d’éviter les erreurs du passé pour s’épargner les conséquences dommageables résultantes d’aujourd’hui. En dépit de nombreux dialogues, concertations nationales, la RDC s’effondre et devient la risée du monde par manque de leadership fort marquant une rupture drastique avec le passé dans le contexte géopolitique actuel caractérisé par l’émergence des armées fortes au service de la paix, de la diplomatie.
Il convient ici de revenir brièvement sur les acteurs politiques congolais qui ont pris l’habitude de se partager le gâteau et le reste au diable après certains dialogues. L’origine de la crise existentielle congolaise éclate immédiatement après l’indépendance. La question cruciale était celle de la carence des cadres congolais formés à la gestion du pays, car le gouvernement belge n’avait pas en réalité anticipé sur l’émancipation de la colonie. En dehors de la riche documentation empirique que nous disposons aujourd’hui, il faut souligner que c’est à l’acteur politique congolais d’assumer la plus grande responsabilité dans la gestion de la Res publica parce qu’après 65 ans d’indépendance nous ne pouvons pas continuer de jeter l’anathème sur l’occident quant à la mauvaise gouvernance, à la mégestion de la construction nationale. L’Evangile de Jésus Christ selon Luc 6,41 : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » nous élucide davantage sur la vraie réalité de nous-mêmes. Il nous est plus facile de condamner les autres que d’admettre nos responsabilités sur la déliquescence de notre pays. La faillite de l’État congolais incombe aux dirigeants médiocres qui ont plongé notre pays dans un état fantomatique. Certes nous ne pouvons pas aussi négliger le partage des responsabilités applicables à l’Union européenne dont la dimension morale de la Commission européenne se heurte aujourd’hui aux intérêts malhonnêtes en recelant les minerais de sang vendus par le Rwanda. C’est pourquoi la gravité de la situation que tous les congolais observent aujourd’hui continuera de susciter des fortes mobilisations.
On dit que l’histoire sert à éclairer le présent. Eclairer veut dire comprendre ce qui s’est passé dans l’histoire politique de la RDC dans les perspectives de trouver des réponses aux questions que nous pose le temps présent. A-t-on tiré les leçons pour savoir pourquoi Laurent Désiré Kabila a été assassiné en 2001 suite aux tensions entre le feu président et ses alliés ougandais et rwandais ? Si on ne peut pas dégager politiquement les leçons des expériences du passé pour définir les stratégies politico-militaires pour renforcer nos capacités dans le cadre géopolitique où la RDC est entourée des voisins belliqueux, on va droit au mur en répétant les mêmes erreurs du passé. Qu’il s’agisse de la diplomatie de force, de la défense de l’intégrité territoriale, nul n’ignore que l’état du monde se fonde sur la logique de la puissance militaire. Les relations internationales entrent dans le contexte des rapports de force, des zones d’influence, de soft power. La puissance, qu’elle menace ou qu’elle protège détermine les conditions d’existence des Etats et des populations. Aujourd’hui la puissance militaire d’un pays se met au service de la diplomatie, du développement du pays. Si la fameuse devise romaine : « Si vis pacem, para bellum » vaut son pesant d’or dans le contexte du monde d’aujourd’hui où les régimes autoritaires ne respectent que la force, c’est parce que les romains harcelés par les barbares prirent la décision de se défendre pour s’assurer pendant des siècles la paix et la prospérité. Les dirigeants congolais, ces jouisseurs de première catégorie se délectant dans le marigot de Kinshasa n’ont jamais pris la mesure des événements politico-sécuritaires dans le paradigme de la puissance militaire. Mobutu à son époque l’avait très bien compris. L’on ne saurait enfin parler de la géopolitique de force sans mettre l’accent sur la qualité des animateurs, en l’occurrence les officiers supérieurs des Forces armées. Quand la corruption et d’autres fléaux gangrènent toutes les institutions du pays, tous ces maux ne permettent pas aux forces armées de mettre le pied à l’étrier.
Quant à l’appel lancé par l’église catholique et l’église protestante pour le dialogue national, c’est l’ultime moyen parce que la paix n’a pas de prix, car nos compatriotes ne doivent plus continuer à mourir à l’est du pays, l’intégrité de nos frontières et notre souveraineté doivent être respectées. Le régime de F. Tshisekedi et tous ceux qui le soutiennent ont déjà perdu le contrôle du pays et le glas a sonné pour qu’ils préparent leurs valises. Ces losers viennent de créer des situations chaotiques et aujourd’hui des administrations parallèles à l’est du pays. C’est un pouvoir qui ramène le pays à la fin des années 1990, d’août 1998, voire même au début des années 1960. La situation de la RDC va un cran plus loin et c’est dans ce sens que le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’inquiète du cycle de violence sans fin en RDC. Il faut souhaiter que le dialogue national aboutisse à une feuille de route en vue des nouvelles élections générales dans un délai plus raisonnable.
Avec la prise d’une partie de la ville de Goma par la coalition M23/AFC avec un appui massif de l’armée rwandaise, Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), estime que ‘’le Rwanda a décidé de déclencher une guerre de voisinage en se justifiant par l’auto-défense’’. Selon lui, ‘’des sanctions économiques et militaires devraient constituer le meilleur moyen de pression’’.
Afrikarabia : Depuis le retour du M23, fin 2021, rien ne semble arrêter la rébellion soutenue par Kigali, ni militairement ni diplomatiquement. On se demande quel est l’objectif final de cette nouvelle version du M23 ? Annexion des Kivu, renversement de Félix Tshisekedi ?
Thierry Vircoulon : Depuis le début du conflit, Kigali dissimule ses buts de guerre derrière la rhétorique habituelle sur la « menace existentielle » que constitueraient les FDLR et la défense de la minorité congolaise tutsie. Mais on sent bien que le but de cette guerre est ailleurs. Le but immédiat est de forcer le gouvernement à faire ce qu’il refuse de faire depuis la résurgence du M23 en 2022 : négocier avec cette rébellion armée. Mais une négociation pour quoi ? Certainement pas pour que le M23 puisse réintégrer l’armée congolaise comme cela avait été le cas après la crise de 2008. Une négociation entre le gouvernement congolais et le M23 viserait à conférer à ce mouvement armé le contrôle territorial d’une partie du Nord-Kivu à minima. Cela permettrait l’officialisation des gains territoriaux du M23 depuis 2022 et équivaudrait à une annexion officieuse par le Rwanda. Le Nord-Kivu (ou en tout cas une partie de cette province) deviendrait ainsi un Donbass rwandais – dans la version du Donbass avant le référendum d’annexion par la Russie en 2022. Le renversement de Félix Tshisekedi n’est pas exclu dans cette stratégie si celui-ci continue à s’opposer à cette volonté d’annexion. Pour ce faire, Kigali semble avoir ressorti des poubelles de l’histoire la vieille stratégie du paravent politique congolais : l’Alliance du Fleuve Congo est le nouvel avatar du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
Afrikarabia : L’armée rwandaise a joué un rôle moteur dans l’avancée des rebelles et la prise de Goma. Qui peut faire plier Paul Kagame et a-t-il encore des soutiens dans la région ?
Thierry Vircoulon : Paul Kagame semble dans un « moment poutinien ». Comme Poutine avant l’invasion de l’Ukraine, il dispose d’une certain aura internationale basée sur l’exceptionnalisme de son régime dans le contexte africain (un Etat développeur et une armée efficace sont très rares sur le continent). Comme Poutine, il a décidé de déclencher une guerre de voisinage en se justifiant par l’auto-défense. Mais, à l’inverse de Poutine, le Rwanda ne dispose pas d’un complexe militaro-industriel et d’une économie exportatrice de matières premières dont les marchés internationaux ont besoin (hydrocarbures et céréales). Par conséquent, à l’inverse de la Russie, les sanctions économiques et militaires devraient constituer le meilleur moyen de pression. L’industrie rwandaise ne produit pas les armes sophistiquées utilisées au Nord-Kivu (missiles, systèmes de brouillage, etc.), les exportations minières représentent l’essentiel des recettes d’exportation du pays (1,1 milliard de dollars en 2023) et, même si l’aide internationale a baissé, sa suspension aura un impact. Les marchés ont déjà réagi négativement à la prise de Goma (Rwanda’s dollar bond slips after M23 enters Congo’s Goma | Reuters) et l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui ont longtemps soutenu le développement du Rwanda, menacent de suspendre leur aide (Lammy tells Rwanda it is putting $1bn in aid ‘under threat’ in DRC invasion | Rwanda | The Guardian).
Afrikarabia : Qui peut sauver le soldat Félix Tshisekedi ? Sur quel pays peut-il encore compter pour lui venir en aide ?
Thierry Vircoulon : Le régime de Félix Tshisekedi vient de découvrir qu’il n’avait plus beaucoup d’alliés et encore moins d’amis. Il y a deux acteurs qui ont des troupes dans l’Est de la RDC : la SADC et le Burundi. Félix Tshisekedi a mis à la porte le Kenya et appelé à l’aide l’Afrique du Sud à la fin de l’année 2023 et celle-ci a déployé des troupes pour bloquer le M23 dans le cadre de la SADC. Or maintenant, la SADC « lâche » Tshisekedi en annonçant le retrait de sa mission après une réunion d’urgence le 31 janvier. La mission de la SADC a perdu des hommes dans les combats avec le M23 et le gouvernement sud-africain, qui est dans une situation politique fragile (c’est un gouvernement de coalition), ne semble pas prêt à une nouvelle aventure militaire. Son opinion publique ne le comprendrait pas. Sollicité lundi dernier par Félix Tshisekedi, l’Angola n’a pas les moyens militairement d’intervenir dans l’Est de la RDC. Il ne reste donc que le Burundi dont l’armée intervient depuis plusieurs années au Sud-Kivu. L’armée burundaise semble renforcer déjà l’armée congolaise dans cette province afin de contrer une éventuelle offensive du M23 et de l’armée rwandaise sur le Sud-Kivu, offensive qui pourrait les amener jusqu’à la frontière burundaise. Pour l’heure, le Burundi apparaît comme le seul soutien militaire du régime congolais.
Afrikarabia : Dans une possible sortie de crise, le M23 et le Rwanda semblent favoriser une médiation de l’East African Community (EAC), alors que Kinshasa privilégie la piste angolaise. Pour quelles raisons ?
Thierry Vircoulon : Tout d’abord, il y a une raison circonstancielle. Après avoir adhéré à l’EAC et lui avoir demandé son aide en 2022 pour contrer le M23, Félix Tshisekedi a congédié les troupes du Kenya déployées au Nord-Kivu et s’est tourné vers la SADC. Les espoirs motivant l’adhésion à l’EAC ayant été déçus, le président congolais est revenu dans le giron de la SADC. Mais il y a aussi une raison historique à ce clivage. Depuis la guerre de 1998, l’Est de la RDC est le lieu de la confrontation entre certains pays de la SADC (en particulier l’Afrique du Sud) et certains pays de l’EAC (en particulier le Rwanda). Dans la partie orientale du Congo, le conflit est régionalisé depuis longtemps. L’IFRI avait attiré l’attention sur cette réalité au sujet du Sud-Kivu il y a quelques années [La province du Sud-Kivu : un champ de bataille multidimensionnel méconnu | Ifri]. La rébellion du M23 a re-régionalisé le conflit du Nord-Kivu avec le déploiement des armées rwandaise, burundaise, kenyane puis sud-africaine. Par ailleurs, l’armée ougandaise se renforce à la frontière congolo-ougandaise. Loin d’être simplement un conflit congolo-rwandais, le conflit du M23 est aussi un conflit régional.
Afrikarabia : Pourquoi l’Union africaine est encore timide dans ses condamnations du Rwanda ?
Thierry Vircoulon : Si l’UA « condamne sans équivoque tout soutien militaire étranger apporté au M23 », elle n’a pas explicitement mentionné le Rwanda après sa réunion d’urgence sur la situation en RDC. Cela est une défaite importante pour la diplomatie congolaise et montre que Kinshasa a peu de soutiens au Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Paul Kagame et Félix Tshisekedi ont tous deux présidé l’UA mais le premier a porté des initiatives de réforme qui ont en grande partie échoué mais ont montré qu’il s’investissait quand même dans l’UA, à l’inverse de Félix Tshisekedi. En outre, Paul Kagame jouit d’une stature particulière au sein des présidents africains : il apparaît comme le seul à avoir réussi à développer son pays et le seul pourvoyeur de sécurité avec les déploiements militaires rwandais au Mozambique et en Centrafrique.
Afrikarabia : Comment expliquer l’apathie des Nations Unies et des Occidentaux ?
Thierry Vircoulon : L’ONU a été plus loin que l’UA après la prise de Goma. D’une part, le Conseil de sécurité a nommé indirectement le Rwanda comme soutien du M23 en faisant référence au dernier rapport du panel des experts de l’ONU qui détaille la présence militaire rwandaise au Nord-Kivu. D’autre part, avant même la prise de Goma, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, France et Belgique) ont déclaré publiquement que le Rwanda violait l’intégrité territoriale de la RDC. Après la prise de Goma, la Grande-Bretagne, membre du Conseil de sécurité, vient de rejoindre cette liste. Depuis le début du conflit en 2022, le gouvernement américain n’a cessé de mettre en cause le Rwanda et le président français a tenté d’organiser plusieurs rencontres entre les présidents congolais et rwandais sans succès. Le ministre français des Affaires étrangères est le seul ministre à s’être rendu à Kinshasa la semaine dernière et des discussions sur d’éventuelles sanctions contre le Rwanda sont en cours au sein de l’Union européenne. A l’inverse, la Chine et la Russie n’ont jamais nommé l’agresseur. La Chine dont un diplomate est le représentant de l’ONU pour les Grands Lacs devrait être au cœur des initiatives diplomatiques, mais elle paraît absente. Et l’UA n’ose pas prononcer le nom du Rwanda. Donc l’apathie ne me semble pas être là où on pense et l’attaque des ambassades des rares pays ayant dénoncé l’agression rwandaise laisse perplexe…
Afrikarabia : Quelles sont les responsabilités congolaises dans cette crise du M23 ?
Thierry Vircoulon : Cette nouvelle crise du M23 est plutôt accablante pour le Rwanda que pour la RDC. Kigali a réactivé le M23 qui avait disparu entre 2013 et 2021, envoyé son armée au Nord-Kivu et importe illicitement des minerais en provenance des zones contrôlées par le M23. Toutefois, le point de départ de ce conflit reste mystérieux et c’est peut-être là qu’il faut rechercher des responsabilités congolaises. En effet, sitôt au pouvoir, le président Tshisekedi avait mené une politique de rapprochement avec le Rwanda et l’Ouganda. Des accords de coopération économiques et sécuritaires avaient été signés et Paul Kagame s’était même rendu à Goma en 2021. La rupture brutale de cette politique pour des questions d’intérêt est probablement à l’origine de la « résurrection » du M23.
Afrikarabia : Les négociations entre le M23 et le gouvernement congolais, comme le demandent les rebelles, mais aussi Kigali, sont-elles la solution au conflit ?
Thierry Vircoulon : Paul Kagame ne s’étant pas rendu à la signature de l’accord négocié par l’Angola le 15 décembre 2024, il est révélateur qu’il veuille des négociations maintenant… La question essentielle est le but des négociations. Pour Kigali, il s’agirait de faire avaliser en position de force le contrôle territorial du M23 sur une partie de l’Est congolais ; pour Kinshasa, il s’agirait d’obtenir le retrait de l’armée rwandaise de son territoire. Si entrer dans des négociations permet de geler la progression du M23 vers le Sud-Kivu, cela serait avantageux pour Kinshasa. Si non, alors le gouvernement congolais sera humilié encore plus en participant à des négociations en position d’extrême faiblesse. Dans l’immédiat, l’urgence est évidemment humanitaire : l’accès humanitaire à Goma (une ville de plus d’un million d’habitants) et aux camps de déplacés qui l’environnent doit être rétabli très vite, sans quoi en plus d’être l’agresseur le gouvernement rwandais sera responsable d’une catastrophe humanitaire. Pour cela, il n’y a pas besoin de négociations. Des négociations basées sur des concessions réciproques pourraient mettre fin à ce conflit mais elles ne seraient pas la solution au système de conflits des Grands Lacs qui est fondé sur un extractivisme prédateur régionalisé et une commercialisation illicite sur les marchés internationaux. Le « business model » de ce système de conflits est l’extraction par la violence et la commercialisation par la fraude.
Dans un communiqué publié le 1er février, le professeur Ntumba Lwaba, coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, appelle à des sanctions immédiates contre le Rwanda. Cette structure exhorte la Communauté Internationale à cesser les simples condamnations verbales et à prendre des mesures concrètes contre Kigali et ses dirigeants politico-militaires. Dans son communiqué, le professeur Ntumba Lwaba dresse un bilan accablant des exactions commises : massacres de civils, assassinats ciblés, coupures d’eau et d’électricité ayant des conséquences sanitaires dramatiques, bombardement d’hôpitaux et de camps de déplacés, ainsi que des exécutions sommaires. Il évoque également des bombardements indiscriminés sur Goma depuis la ville rwandaise de Gisenyi, entraînant de nombreuses pertes humaines parmi la population civile. Ci-dessous, l'intégralité du communiqué de ce mécanisme.
République Démocratique du Congo
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
MECANISME NATIONAL DE SUIVI DE L’ACCORD-CADRE D’ADDIS-ABEBA
Comité Exécutif
Le Coordonnateur
APPEL DU MECANISME NATIONAL DE SUIVI AUX REPRESENTANTS DES INSTITUTIONS GARANTES DE L’ACCORD-CADRE POUR LA PAIX, LA SECURITE ET LA COOPERATION POUR LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET LA REGION
A : - M. Huang Xia, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs,
E.M. Sghair Mbarek, Haut représentant du Président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour la région des Grands Lacs et Chef du Bureau de liaison au Burundi,
L’Ambassadeur João Samuel Caholo, Secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région du Grands Lacs (CIRGL),
Elias Mpedi Magosi, Secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Mme Bintou Keita, Représente Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC et Cheffe de la Monusco
Le Mécanisme National de Suivi de l’Accord-cadre de la RDC (MNS) considère qu’il est plus que temps, après les attaques à l’arme lourde et l’entrée en RDC au grand jour, par milliers, des militaires des unités spéciales rwandaises, pour ouvrir la voie à leurs proxys et collabos du M23, de poursuivre et de sanctionner les responsables bien connus, dans la hiérarchie politique et militaire du Rwanda et du M23, pour les crimes de guerre, les crimes contre l’Humanité et même des actes constituant des atteintes à la Convention des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de Génocide.
Au nombre des crimes commis dans la ville de Goma figurent le carnage et massacre inqualifiables du 26 au 29 janvier 2025, la poursuite d’assassinats ciblés, les coupures d’eau et d’électricité, avec des conséquences sanitaires incommensurable, le bombardement des hôpitaux et des camps des déplacés, et les exécutions sommaires. Il y a eu des bombardements indiscriminés sur Goma à partir de Gisenyi, avec de très nombreuses victimes au sein de la population civile, hommes, femmes et nombreux enfants, ainsi que des viols à volonté. Les victimes se comptent par milliers, dont au moins 700 morts, plus de 2.000 blessés et plusieurs milliers des déplacés internes, d’après les premières estimations.
Messieurs les Garants,
Des crimes graves, massifs et odieux ont été commis sous vos yeux, même les soldats de la paix de la MONUSCO et de la SAMIDRC n’ont pas été épargnés. Il convient de ne pas mettre sur le même pied le bourreau (Rwanda) et la victime (RDC), l’agression et l’agressé. Comme vient de le stigmatiser le Président de la RDC, S.E. Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO, dans son adresse sur la dégradation de la situation sécuritaire à l’EST de la RDC : « le Rwanda continue de violer ouvertement et sans scrupule les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies ainsi que les accords régionaux. Pire, ces agissements se déroulent dans une impunité totale… ». Sans foi ni loi, avec une arrogance inouïe, le Rwanda a violé tous les textes fondamentaux dont vous êtes les garants et les gardiens, de façon répétitive, dans une sorte de permissivité implicite de la part de la Communauté internationale. Outre la Charte des Nations Unies et d’autres instruments de l’Union africaine (UA), il viole également, de manière flagrante, le Pacte de Nairobi sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et ses Protocoles. Le Rwanda a ignoré et piétiné tous les engagements des Etats de la Région au titre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes des pays voisins.
Le moment est venu de passer des condamnations formelles et des dénonciations sans conséquence à de véritables sanctions à l’endroit du Rwanda et de sa hiérarchie politico-militaire. Le cas FDLR étant un problème rwando-rwandais, après trois décennies, doit pouvoir également trouver une issue politique par le dialogue entre le Gouvernement de Kigali et le groupe armé précité. Il ne sera pas résolu uniquement par des moyens militaires. C’est devenu une rengaine interminable, une ritournelle sans fin et à tous usages, une excuse permanente à tous les actes de barbarie et de pillage des ressources, sans aucune indentification de leur nombre et leur localisation.
Il est étonnant qu’aucun Sommet extraordinaire de la CIRGL ne soit convoqué à ce jour, alors que sept (7) sommets ont été tenus en 2012, dont un sommet commun SADC-CIRGL, pour gérer la situation conflictuelle et des occupations territoires, y compris de Goma, par les mêmes auteurs. On peut aussi s’interroger sur le report sans cesse du 12ème Sommet du Mécanisme Régional de Suivi de l’Accord cadre d’Addis-Abeba. Le Président KAGUTA MUSEVENI de l’Ouganda l’ayant repoussé tout au long de l’an 2024 pour finalement proposer en décembre sa tenue au mois de mars 2025, sans aucune raison avancée.
Le Mécanisme National de Suivi sollicite l’engagement des garants à obtenir la cessation des hostilités, le retrait complet et inconditionnel de toutes les troupes rwandaises du territoire congolais et la neutralisation du M23, la rencontre en urgence des Garants de l’Accord-cadre, la convocation des réunions urgentes des institutions que vous représentez au niveau de l’Accord-cadre ainsi que la tenue urgente de la deuxième réunion quadripartite (EAC, CEEAC, CIRGL, SADC) sous l’égide de l’UA, la première ayant été tenue le 27 juin 2023 à Luanda, en Angola.
« Vous me posez une question sur le Rwanda, et c’est un problème très grave, j’en conviens, mais je ne pense pas qu’il soit approprié d’en parler maintenant.
Mais, c’est un problème très grave ». Telle est la réponse du président américain Donald Trump à la faveur d’une conférence de presse ce 30 janvier sur une collision aérienne à Washington. Bien que les circonstances ne s’y prêtaient pas avec cette catastrophe aérienne, cette réaction spontanée appelle cependant à plus de circonspection de la part du président Tshisekedi et d’entrain pour éclairer la religion de la nouvelle administration américaine. A la faveur d’une conférence de presse à la Maison Blanche sur une collision aérienne survenue à Washington au-dessus du fleuve Pontomac, une question de la presse est tombée comme un cheveu dans la soupe en rapport avec la situation du conflit à l’Est de la RDC qui a pris une autre dimension avec la prise de Goma. Il a été demandé au président Donald Trump s’il avait un plan pour ramener la paix en RDC où un conflit, impliquant le Rwanda, selon les USA et l’ONU, s’est intensifié.
Pris sans doute de court, le nouveau locataire de la Maison Blanche a reconnu la gravité du problème, tout en faisant savoir que ce n’était pas le moment approprié pour en parler. Est-ce à dire que la nouvelle administration américaine qui est en train de prendre ses quartiers a inscrit cette question à son agenda, qu’elle entend avoir plus d’informations pour se faire une opinion à ce sujet, ou qu’elle n’a pas d’avis tranché de manière claire sur ce conflit qui ravage la partie orientale congolaise ? En attendant de décrypter la politique africaine de Washington et de réaliser la voie qu’il va emprunter relativement à ses intérêts dans la région, quelques questions méritent d’être posées : Pourquoi Trump qui avait promis de mettre fin aux guerres s'est abstenu de parler de la question, tout en reconnaissant la gravité de la question ?
Que fait-il ou que va-t-il faire de la déclaration de la représentation américaine au Conseil de sécurité, voire de son administration, condamnant l’offensive du M23 et demandant aux RDF (Forces armées du Rwanda) de quitter le territoire congolais ?
Quelle place Trump accorde à la crise dans l'Est de la RDC par rapport à celle de Gaza et en Ukraine ? En tout état de cause, Washington, qui semble faire une grise mine, est appelé à se prononcer sur l’issue de ce conflit qui dure depuis trente ans et pour lequel l’establishment politique américain et les multinationales « yankeestes » ne cessent de tirer les ficelles, même à découvert. Loin la question de savoir si l’administration trumpiste doit se déterminer entre le Rwanda et la RDC, comparaison n’est pas raison avec la situation qui prévaut présentement au Moyen-Orient entre l’Israël et les Palestiniens, ainsi que d’autres nations arabes, mais est-il le Congo fait face à des défis complexes, dus, notamment, à une guerre injuste lui imposée par le Rwanda, sous l’œil complaisant et complice de la communauté internationale, depuis plus de 3 décennies avec son cortège de plus de 10 millions des morts et d’innombrables déplacés. Les récentes offensives menées par le Rwanda, sous couvert de ses supplétifs de M23, en ont rajouté au drame humanitaire déjà indicible. C’est ici que le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est appelé à plus de circonspection et d’entrain pour éclairer la religion de la nouvelle administration américaine sur les vrais enjeux qui ne sont pas ignorés des Américains. D’autant que ceux qui tiennent présentement le gouvernail aux USA semblent être arrosés par des informations erronées sur la RDC. On en veut, pour exemple, les affirmations pendant la campagne électorale sur le réseau X de Trump et de Musk, aujourd’hui l’un des bras droits du président, affirmations selon lesquelles de milliers de prisonniers sont libérés au Congo et poussés à immigrer au pays de l’oncle Sam. Comment deux personnalités, aussi éminentes et merveilleusement entourées, peuvent gober pareille monstruosité ? Cela voudrait dire qu’un travail a été fait en amont pour diaboliser la RDC. Par qui ? That’s the question. En son temps, CADA avait adressé une note de protestation à l’équipe de campagne du candidat Donald Trump et avait demandé au Gouvernement congolais d’utiliser les voies diplomatiques pour corriger cette incongruité, ce qui était une manière de jeter déjà une passerelle entre les futurs dirigeants, dont Musk qui avait quelques soucis pour son projet de communication Starlink installé au Rwanda et qu’il voulait étendre au Congo pour plus de rentabilité.
La guerre au Congo n’est pas seulement militaire, mais elle est surtout économique et minière comme l’a laissé entendre le nouveau Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Elle est aussi une guerre de communication. Ce qui appelle à des actions de lobbying de grande envergure en faveur de la RDC ; les Rwandais ayant pris une longueur d’avance parce qu’ayant réussi à vendre le génocide qu’ils mettent sur le dos du Congo en grattant avec doigté sur la corde tutsie, alors que Kinshasa n’est mêlé ni de loin ni de près à cette tragédie. Par contre, il en est victime avec le déversement autrefois de plus deux millions de réfugiés rwandais sur son sol à la demande de la communauté internationale. Curieusement, on lui fait traîner tel un boulet à ses pieds la problématique des FDLR sur laquelle le Rwanda surfe pour justifier ses missions funestes en RDC. Mais, avec qui le président Félix Tshisekedi peut s’engager dans une entreprise aussi grandiose visant à apporter l’éclairage à la religion que doit se faire l’administration trumpiste sur la problématique à l’Est du Congo ? Il est impérieux de procéder à une remise en cause de la voie empruntée jusque-là, et au nettoyage, sans atermoiement et au krasher, des écuries d’Augias. Le chef de l’Etat congolais doit s’entourer, non des flagorneurs, mais plutôt des gens de poigne avec connaissances et expériences éprouvées dans plusieurs secteurs de la vie nationale. Un réaménagement technique du Gouvernement est impérieux. Il en est de même pour le Cabinet du président de la République. Et le tout sur fond d’une bonne gouvernance qui va cimenter la communion avec la population.
C’est plus qu’une nécessité. D’autre part, l’ordre doit être vite rétabli dans les rangs du parti au pouvoir.
« Vous me posez une question sur le Rwanda, et c’est un problème très grave, j’en conviens, mais je ne pense pas qu’il soit approprié d’en parler maintenant.
Mais, c’est un problème très grave ». Telle est la réponse du président américain Donald Trump à la faveur d’une conférence de presse ce 30 janvier sur une collision aérienne à Washington. Bien que les circonstances ne s’y prêtaient pas avec cette catastrophe aérienne, cette réaction spontanée appelle cependant à plus de circonspection de la part du président Tshisekedi et d’entrain pour éclairer la religion de la nouvelle administration américaine. A la faveur d’une conférence de presse à la Maison Blanche sur une collision aérienne survenue à Washington au-dessus du fleuve Pontomac, une question de la presse est tombée comme un cheveu dans la soupe en rapport avec la situation du conflit à l’Est de la RDC qui a pris une autre dimension avec la prise de Goma. Il a été demandé au président Donald Trump s’il avait un plan pour ramener la paix en RDC où un conflit, impliquant le Rwanda, selon les USA et l’ONU, s’est intensifié.
Pris sans doute de court, le nouveau locataire de la Maison Blanche a reconnu la gravité du problème, tout en faisant savoir que ce n’était pas le moment approprié pour en parler. Est-ce à dire que la nouvelle administration américaine qui est en train de prendre ses quartiers a inscrit cette question à son agenda, qu’elle entend avoir plus d’informations pour se faire une opinion à ce sujet, ou qu’elle n’a pas d’avis tranché de manière claire sur ce conflit qui ravage la partie orientale congolaise ? En attendant de décrypter la politique africaine de Washington et de réaliser la voie qu’il va emprunter relativement à ses intérêts dans la région, quelques questions méritent d’être posées : Pourquoi Trump qui avait promis de mettre fin aux guerres s'est abstenu de parler de la question, tout en reconnaissant la gravité de la question ?
Que fait-il ou que va-t-il faire de la déclaration de la représentation américaine au Conseil de sécurité, voire de son administration, condamnant l’offensive du M23 et demandant aux RDF (Forces armées du Rwanda) de quitter le territoire congolais ?
Quelle place Trump accorde à la crise dans l'Est de la RDC par rapport à celle de Gaza et en Ukraine ? En tout état de cause, Washington, qui semble faire une grise mine, est appelé à se prononcer sur l’issue de ce conflit qui dure depuis trente ans et pour lequel l’establishment politique américain et les multinationales « yankeestes » ne cessent de tirer les ficelles, même à découvert. Loin la question de savoir si l’administration trumpiste doit se déterminer entre le Rwanda et la RDC, comparaison n’est pas raison avec la situation qui prévaut présentement au Moyen-Orient entre l’Israël et les Palestiniens, ainsi que d’autres nations arabes, mais est-il le Congo fait face à des défis complexes, dus, notamment, à une guerre injuste lui imposée par le Rwanda, sous l’œil complaisant et complice de la communauté internationale, depuis plus de 3 décennies avec son cortège de plus de 10 millions des morts et d’innombrables déplacés. Les récentes offensives menées par le Rwanda, sous couvert de ses supplétifs de M23, en ont rajouté au drame humanitaire déjà indicible. C’est ici que le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est appelé à plus de circonspection et d’entrain pour éclairer la religion de la nouvelle administration américaine sur les vrais enjeux qui ne sont pas ignorés des Américains. D’autant que ceux qui tiennent présentement le gouvernail aux USA semblent être arrosés par des informations erronées sur la RDC. On en veut, pour exemple, les affirmations pendant la campagne électorale sur le réseau X de Trump et de Musk, aujourd’hui l’un des bras droits du président, affirmations selon lesquelles de milliers de prisonniers sont libérés au Congo et poussés à immigrer au pays de l’oncle Sam. Comment deux personnalités, aussi éminentes et merveilleusement entourées, peuvent gober pareille monstruosité ? Cela voudrait dire qu’un travail a été fait en amont pour diaboliser la RDC. Par qui ? That’s the question. En son temps, CADA avait adressé une note de protestation à l’équipe de campagne du candidat Donald Trump et avait demandé au Gouvernement congolais d’utiliser les voies diplomatiques pour corriger cette incongruité, ce qui était une manière de jeter déjà une passerelle entre les futurs dirigeants, dont Musk qui avait quelques soucis pour son projet de communication Starlink installé au Rwanda et qu’il voulait étendre au Congo pour plus de rentabilité.
La guerre au Congo n’est pas seulement militaire, mais elle est surtout économique et minière comme l’a laissé entendre le nouveau Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Elle est aussi une guerre de communication. Ce qui appelle à des actions de lobbying de grande envergure en faveur de la RDC ; les Rwandais ayant pris une longueur d’avance parce qu’ayant réussi à vendre le génocide qu’ils mettent sur le dos du Congo en grattant avec doigté sur la corde tutsie, alors que Kinshasa n’est mêlé ni de loin ni de près à cette tragédie. Par contre, il en est victime avec le déversement autrefois de plus deux millions de réfugiés rwandais sur son sol à la demande de la communauté internationale. Curieusement, on lui fait traîner tel un boulet à ses pieds la problématique des FDLR sur laquelle le Rwanda surfe pour justifier ses missions funestes en RDC. Mais, avec qui le président Félix Tshisekedi peut s’engager dans une entreprise aussi grandiose visant à apporter l’éclairage à la religion que doit se faire l’administration trumpiste sur la problématique à l’Est du Congo ? Il est impérieux de procéder à une remise en cause de la voie empruntée jusque-là, et au nettoyage, sans atermoiement et au krasher, des écuries d’Augias. Le chef de l’Etat congolais doit s’entourer, non des flagorneurs, mais plutôt des gens de poigne avec connaissances et expériences éprouvées dans plusieurs secteurs de la vie nationale. Un réaménagement technique du Gouvernement est impérieux. Il en est de même pour le Cabinet du président de la République. Et le tout sur fond d’une bonne gouvernance qui va cimenter la communion avec la population.
C’est plus qu’une nécessité. D’autre part, l’ordre doit être vite rétabli dans les rangs du parti au pouvoir.
Congolais de la diaspora, il suit de très près l’évolution de la situation désastreuse dans la partie Est de son pays d’origine, plus précisément dans la ville de Goma en proie à des violents combats entre les troupes loyalistes et les terroristes du M23 appuyés par les forces spéciales rwandaises. Julien Babete Yandi en appelle à la mobilisation générale derrière le Chef de l’Etat et Commandant suprême des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de Police nationale congolaise (PNC).
Dans son message à la nation tant attendu, Felix Tshisekedi a fait ce serment solennel : « A tous mes compatriotes d’ici et de la diaspora, la République Démocratique du Congo ne pliera pas. La République Démocratique du Congo ne reculera pas. Je ne vous abandonnerai jamais, j’en fais le serment. Le soleil n’a pas cessé de briller sur notre patrie. »
De son côté, Julien Babete Yandi estime qu’il est temps de taire les querelles intestines et de privilégier l’intérêt général. Il nous faut rallumer la flamme de l’éveil patriotique. Car, l’heure est grave. Padri Nahimana, un opposant rwandais au régime de Kagame a lancé un message percutant aux Congolais dont voici un extrait : « Chers Congolais, je suis Rwandais et je connais très bien les faiblesses du Rwanda. L’unique arme que le Rwanda utilise pour déstabiliser la RDC, ce sont vos propres faiblesses. Paul Kagame se sert des faiblesses des Congolais pour déstabiliser un pays comme le vôtre. »
Et de poursuivre : « Premièrement, Kagame sait très bien que vous n’êtes pas unis. Voilà pourquoi il utilise parmi vous certains politiciens congolais pour développer parmi vous la division et le tribalisme. » Donc selon cet opposant au régime de Kigali, ces divisions internes affaiblissent la RDC et la rendent vulnérable aux ingérences extérieures. Et il n’a pas tort. « L’union fait la force », disent les Belges. C’est dans cet élan patriotique que Julien Babete Yandi s’est décidé de se ranger derrière Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Président de la République, pour bouter l’ennemi hors du territoire congolais. Et aussi de transporter cette guerre au Rwanda.
Par ailleurs, il salue la bravoure des jeunes soldats congolais et des Wazalendos qui défendent la patrie aussi bien à Goma que d’autres théâtres des opérations jusqu’au sacrifice suprême. Mais il dit regretter le comportement de quelques officiers généraux qui ont pris la poudre d’escampette. Quoiqu’il en soit, le Congo sortira victorieux de cette guerre d’agression qui permet à Paul Kagame et ses soutiens de piller les richesses minières de la RDC.
« Quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil apparaitra. »
Pour Maître Célestin Tunda ya Kasende, VPM Ministre honoraire de la Justice, la RDC demeurera indivisible. Il invite, en effet, l’ensemble de congolais à soutenir le Président de la République, Félix Tshisekedi, et les Forces loyalistes pour, dans un élan de cohésion parfaite, barrer la route, dans l’Est du pays, à l’agression du Rwanda. Dans un message patriotique, publié hier, mercredi 29 janvier 2025, en soutien aux FARDC et au Chef de l’Etat, Me Célestin Tunda ya Kasende tire la sonnette d’alerte sur la dégradation croissante de la situation humanitaire, du reste, occasionnée par la guerre imposée par Kigali, soulignant la nécessité pour le Conseil de sécurité des Nations Unies de prendre ses responsabilités pour imposer la paix et la sécurité, conformément à ses missions.
‘’Nous félicitons le Chef de l’Etat, Son Excellence Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, pour tous les efforts et les sacrifices qu’il est en train d’endurer pour non seulement défendre la Patrie de nos ancêtres, mais aussi pour chercher à faire du Congo un Etat fort qui refuse de s’incliner devant toutes tentatives de domination. Nous en appelons au Peuple congolais de se mobiliser comme un seul homme autour du Chef de l’Etat et Commandant suprême des forces armées pour refuser la conquête de notre Pays par les envahisseurs de tout genre en demeurant la tête haute avec dignité et détermination. Nous encourageons nos forces armées à poursuivre l’élan de résistance et de bravoure jusqu’à la récupération de tous nos territoires occupés’’, insiste l’Ancien Vice-Ministre des Affaires étrangères.
Halte à l’inaction !
‘’A la date d’aujourd’hui, l’implication des Etats voisins dans le conflit en RDC ne devrait plus être difficile à démontrer puisqu’elle a été affirmée par le Secrétaire Général des Nations Unies lui-même, ainsi que par des nombreux Etats membres ou non du Conseil de sécurité. Par ailleurs, si certains Etats étrangers pouvaient avoir des revendications à faire à l’égard de la RDC, le droit international, a prévu des mécanismes permettant à ces pays d’agir (Commissions de droit de l’homme et des peuples de l’union africaine, Cour africaine des droits de l’homme et des Peuples, Cour internationale de justice, saisine du Conseil de sécurité). Malheureusement, la RDC n’a pas vu lesdits Etats voisins recourir à ces mécanismes officiels prévus au niveau international ou régional’’, explique tous dans son message, Me Célestin Tunda, dans un élan de patriotisme qui l’a toujours animé, quelles que soient les péripéties qu’impose la vie.
La Pros.
SOUTIEN AUX FARDC ET A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET COMMANDANT SUPREME DES FORCES ARMEES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO FACE A L’AGRESSION IGNOBLE SUBIE PAR NOTRE PAYS
En suivant l’évolution de la situation sécuritaire à l’Est de la République Démocratique du Congo précisément à Goma, nous avons tenu à manifester notre soutien, ainsi que nos encouragements aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo, et au Chef de l’Etat, Commandant suprême des forces armées, son Excellence Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
A cet effet, nous affirmons avec force devant le Peuple Congolais les considérations ci-après :
Depuis son accession à la magistrature suprême, le Président de la République, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, a démontré sa parfaite volonté de pacifier et de sécuriser les territoires victimes des agressions récurrentes des forces négatives et extérieures. A ce sujet, il a réorganisé comme il se doit les forces armées et les a dotées des équipements dissuasifs modernes et diversifiés devant leur permettre de faire face à tous les complots qui jaillissent régulièrement dans la région des grands lacs contre notre pays.
En effet, depuis plusieurs années le Conseil de sécurité à qui incombe la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationale, ne joue pas pleinement son rôle dans le conflit qui ronge la République Démocratique du Congo en particulier et la région des grands lacs en général.
Au regard de la Charte des Nations Unies, l’Article 39 dispose que « le Conseil de Sécurité constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ».
Malheureusement depuis 2022, tous les rapports rendus par les experts des Nations Unies mandatés par le Conseil de sécurité ne cessent d’insister sur le soutien du Rwanda et de l’Ouganda à des groupes armés en RDC. Ce soutien est manifesté notamment par la présence effective des soldats de ces pays sur le territoire congolais. Le tout dernier rapport des experts des Nations Unies, datant du 27 décembre 2024, documente la présence illégale de 3000 à 4000 soldats rwandais et leur contrôle direct sur la chaine de commandement des terroristes du M23. Ces actes d’agression documentés par les experts des Nations Unies n’ont jamais été ni condamnés et encore moins sanctionnés par le Conseil de sécurité.
A la date d’aujourd’hui, l’implication des Etats voisins dans le conflit en RDC ne devrait plus être difficile à démontrer puisqu’elle a été affirmée par le Secrétaire Général des Nations Unies lui-même, ainsi que par des nombreux Etats membres ou non du Conseil de sécurité.
Par ailleurs, si certains Etats étrangers pouvaient avoir des revendications à faire à l’égard de la RDC, le droit international, a prévu des mécanismes permettant à ces pays d’agir (Commissions de droit de l’homme et des peuples de l’union africaine, Cour africaine des droits de l’homme et des Peuples, Cour internationale de justice, saisine du Conseil de sécurité). Malheureusement, la RDC n’a pas vu lesdits Etats voisins recourir à ces mécanismes officiels prévus au niveau international ou régional.
Aussi, il y a lieu de noter qu’il y a peu, respectivement le 26 et le 28 janvier de cette année, le Conseil de Sécurité s’est penché une énième fois sur le cas congolais sans prendre de décision conséquente en faveur de la paix et la sécurité en RDC et dans la région des grands lacs, alors que dans ses us et coutumes, lorsqu’il y a crise grave, le Conseil de sécurité se réunit toujours au préalable avec un projet de résolution.
Pourtant dans le cas d’espèce, en 2013, les Etats-Unis avaient sanctionné le mouvement terroriste M23 pour avoir commis des crimes graves impliquant le ciblage d’enfants dans le conflit en RDC, y compris le recrutement ainsi que des meurtres, des mutilations et des violences sexuelles. Et en même temps avait exigé du Rwanda le retrait de ses forces du territoire congolais, ainsi que la cessation de son appui en faveur du mouvement M23.
Concernant la dernière attaque des rebelles du M23 et leur soutien rwandais, il a été signalé plusieurs morts et blessés parmi les civils innocents. Elle aurait aussi contraint le déplacement de plus de 400.000 personnes selon les sources de plusieurs organisations humanitaires évoluant à Goma. Cette situation présenterait un risque sans précédent de catastrophe en ce qui concerne les droits humains.
Il nous revient, en considérant la situation d’agression à l’Est de la RDC et les instruments pertinents du droit international, que la communauté international dans son ensemble et en particulier le Conseil de Sécurité doivent se sentir interpellés et agir avec vigueur et sans partie pris pour arrêter le désastre, faire respecter sans condition la souveraineté ainsi que l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo, sans oublier les sanctions graves qui devraient être infligées aux Etats non respectueux de la Charte des Nations Unies. L’exemple de l’Allemagne suspendant l’aide au développement en faveur du Rwanda devrait être suivi par tous.
3. D’autres part, la communauté internationale presque dans son ensemble reste inactive face à la situation déplorée en RDC. Des multiples réunions se sont tenues au niveau international et régional sans qu’elles ne soient suivies par des condamnations coercitives pouvant contraindre les différents agresseurs à abandonner leurs actions ignobles et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC.
La République Démocratique du Congo devrait être en mesure de regretter le traitement déséquilibré par rapport à un autre pays comme l’Ukraine du fait que l’accompagnement au niveau de la communauté internationale s’est avérée presque absente et pourtant faisant face à une situation similaire, c’est-à-dire une agression venant de l’extérieur.
Aussi, nous pouvons noter le mutisme regrettable ainsi que l’inaction de l’Union africaine et de l’Organisation Internationale de la Francophonie dans la situation concernant la République Démocratique du Congo.
Dans le même ordre d’idée, nous regrettons que la communauté internationale ne puisse pas mesurer la gravité des affrontements actuels qui seraient susceptibles de déborder et de provoquer des perturbations dans toute la sous-région.
Enfin, nous pensons que la communauté internationale a toujours l’idée ancienne de l’appropriation du Congo suivant l’esprit de Berlin, du fait que la conférence de Berlin de 1885 avait conclu que la RDC ne devait appartenir à personne, même pas à son propre peuple.
Nous félicitons le Chef de l’Etat, Son Excellence Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, pour tous les efforts et les sacrifices qu’il est en train d’endurer pour non seulement défendre la Patrie de nos ancêtres, mais aussi pour chercher à faire du Congo un Etat fort qui refuse de s’incliner devant toutes tentatives de domination.
Nous en appelons au Peuple congolais de se mobiliser comme un seul homme autour du Chef de l’Etat et Commandant suprême des forces armées pour refuser la conquête de notre Pays par les envahisseurs de tout genre en demeurant la tête haute avec dignité et détermination.
Nous encourageons nos forces armées à poursuivre l’élan de résistance et de bravoure jusqu’à la récupération de tous nos territoires occupés.
Fait à Kinshasa, le 29 janvier 2025
Me TUNDA YA KASENDE Célestin, PHD
VPM Honoraire et Ministre de la Justice et Garde des sceaux, Vice-Ministre Honoraire des Affaires Etrangères
(Par OSONGO-LUKADI Antoine-Dover, Docteur en Philosophie et Lettres
Professeur d’Universités)
Dédicace
Je dédie cet article
-Au camarade Marcel NGOYI KYENGI, Directeur-Editeur du journal La Prospérité, mon frère et ami littéraire et de la gauche politique.
-A son Excellence et Excellent Ministre de la Justice Constant MUTAMBA, pour la dignité et la liberté données au peuple congolais grâce à sa lutte contre la corruption, l’injustice et le deux poids deux mesures.
-Aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pour leur courage malgré le peu de moyens et le comportement irresponsable de la communauté internationale, soi-disant.
Bruxelles (Belgique), le 26 janvier 2025
16 :07
Le Pape François et le dépit du complexe de Jack London
« Non, non, mille fois non ! Ne me parlez de comprendre les Noirs.
La mission du Blanc est d’être le fermier du monde
et il n’a pas à s’attarder à des contingences
aussi dangereuses qu’inutiles »(Jack LONDON,
L’Inévitable Blanc, Robert Laffont, Paris, 1985, p. 578,
cité par Serge LATOUCHE, L’Occidentalisation du monde,
La Découverte, Paris, 1989, 1992,2005)
Donc, bien plus que l’Afrique, quand on entend cette déclaration de Jack London, la République Démocratique du Congo, pays-continent aux ressources naturelles grandioses et objet de toutes les convoitises, envies, jalousies, haines diverses, malheureusement moins créatrice, productrice et inventrice et ce disant au rabais de développement et de transformation, reste un cas spectaculaire de dépit voire de déni ontologique, anthropologique et culturel, c’est-à-dire politique, sociologique économique, technologique, historique et civilisationnel.
La faute n'étant pas toujours du côté où l’on pense souvent mais sinon de son propre côté en tant que peuple, nation, pays ou Etat. Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau avait cette phrase évocatrice parce que révélatrice « Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage ».
Mais attention, ces propos ne doivent pas uniquement être entendus que dans le sens où l’on veut uniquement les orienter habituellement contre les gouvernants, mais également les entendre au sens d’appel à la capacité créatrice, productrice, inventrice des peuples, citoyens face, par exemple à la guerre que l’Occident officiel mène contre la République Démocratique du Congo en la faveur de ses multinationales, en utilisant le Rwanda, l’Ouganda comme ses supplétifs pour sa déstabilisation chronique, parce que dans l’idée de l’Occident officiel, la stabilité des institutions républicaines de la RDC serait contre-productive pour la spoliation, le vole, l’accaparement de ses richesses et ressources naturelles.
C’est la raison pour laquelle au lieu d’une paix perpétuelle (préconisée pourtant par Emmanuel Kant, l’un des meilleurs d’entre eux les occidentaux réunis), on a l’impression que l’Occident officiel a opté au contraire pour une « guerre perpétuelle » sur le sol et les terres de la République Démocratique du Congo ; une guerre sans fin aussi longtemps que ce sera possible pour pouvoir garantir ses intérêts économique, minier, politique, culturel, historique, civilisationnel, intellectuel et technologique.
La Présence de l’ONU et de messagers pour la paix n’est qu’une façon d’endormir le peuple redécéen et ses dirigeants afin justement de prolonger in fine la guerre hybride de l’Occident officiel consistant dans sa conquête minière, financière, économique, sociologique, technologique de la malheureuse République Démocratique du Congo.
Justement, lors des Vingt-Huitièmes Journées Scientifiques de l’USAKIN du 18 au 21 Décembre 2024, nous avons premièrement proposé que la « guerre » consistait le seul argument pour pouvoir garantir définitivement la paix tant dans les grands lacs africains, et en République Démocratique du Congo en particulier, que dans le concert de nations du monde entier ; secondement que la déclaration papale pour et sur laquelle se réfugient tant le Sud Global que la RDC plus particulièrement pour penser qu’il s’agissait d’une vindicte du Pape François contre l’Occident Officiel n’en était pas une, mais au contraire un appel global à la responsabilité des peuples de l’univers à ne pas se détruire les uns et les autres et également à éviter de s’auto-détruire, faisant que l’impérialisme n’est plus, à en croire le Saint Père, une exclusivité occidentale, mais également afro-africaine.
La thèse contre laquelle nous formulons nos cinq antithèses, est intitulée « pour une paix durable en république démocratique du Congo et dans la sous-région des grands lacs ». Cette thèse tire sa source de la déclaration « ôtez vos mains de la RDC, ôtez vos mains de l’Afrique » prononcée par le Pape François lors de sa visite historique en RDC le 1 février 2022.
Pour bien comprendre, analyser, interpréter et expliquer cette déclaration-choc voire préoccupante du Saint Père, il nous est venu cette hypothèse : Si formellement et fondamentalement nous partons de la conviction selon laquelle la déclaration papale est satirique, énigmatique, anonymique voire foncièrement ambiguë dans la mesure où elle ne cite personne, c’est qu’une lecture sérieuse, serrée, approfondie au plan culturaliste c’est-à-dire politique, sociologique, psychologique, historique, civilisationnelle, s’y impose pour pouvoir identifier justement celui qui met ou ceux qui mettent la main sur la RDC et sur l’Afrique subsaharienne en général. En effet le caractère énigmatique, anonymique, ambiguë de la déclaration papale ne permet pas dans l’état de déterminer qui est celui ou ceux qui sont visés comme contrevenants au tissu ontologique, anthropologique ; bref culturaliste de l’homme congolais et en grande échelle de l’homme africain subsaharien.
Littérairement compris, le Pape François a utilisé une satire, c’est-à-dire une figure de style pour parler de quelqu’un ou d’un groupe de gens, mais sans les nommer ouvertement.
Ainsi donc bien malin est celui qui dans ces conditions-là doigtera avec certitude les véritables coupables de la détresse des Africains subsahariens et des Congolais rédécéens plus particulièrement. La figure satirique de cette déclaration papale a certainement créé un imbroglio voire une confusion, surtout du côté congolais et africain où très rapidement, sans s’y investir au préalable dans une analyse raisonnée, réfléchie, c’est-à-dire épistémique et praxique, où des coupables furent vite trouvés : l’homme euro-occidental. Le Pape François devenant lui-même le porte-parole voire le bouclier d’un Congo volontairement décadent, acculturé, aliéné car incompétent complet, global et dans une large mesure d’une Afrique subsaharienne aussi vulgaire qu’incompétente et sadique à la merci des puissances de l’OTAN, de l’UE, du FMI, de la BM et leurs branches dissuasives judiciaire et armée le TPI et l’ONU ! Un malentendu qui a évidemment semé un climat de suspicion généralisé au sein de ce qu’on appelle vulgairement, anarchiquement, car sans contenu praxique réel, la « communauté internationale », le tout dans un déluge, sans précédent naguère de condamnations et d’accusations gratuites et aveugles de culpabilité de part et d’autre.
C’est pourquoi pour ne pas tomber dans le même piège, de généralisation hâtive, nous avons recouru aux principes appris respectivement en philosophie et en droit que sont le doute méthodique, la critique pure, l’épochè ou la mise entre parenthèses d’un côté et la présomption d’innocence en science du droit d’un autre côté.
De notoriété, les méthodes cartésienne, kantienne et husserlienne restent un processus exemplaire pour parvenir à la vérité, à la certitude indubitable en philosophie et dans la vie courante tandis qu’en science du droit, le principe bien connu de la présomption d’innocence est celui où avant le prononcé de culpabilité, tout accusé est présumé innocent. Or dans la précipitation émotionnelle propre des Congolais et des Africains d’une manière générale, c’est Senghor, un africain noir pure souche qui le dit haut et fort, du haut de son emblématique courant philosophico-sociologique et politique nommée la négritude-, que « la raison est Hélène et l’émotion nègre », car chez l’homme noir l’apport rationaliste philosophique est abandonné au profit de l’émotion et du sentiment.
Face à cette déclaration papale on a ainsi de bonne ou de mauvaise foi refusée d’être méthodique et précautionneux. Or lire dans la pensée du Pape François aurait été pourtant la chose la plus objective et équitable qui soit pour mettre au grand jour d’éventuels acteurs auxquels il pensait qui « mettent la main sur la RDC et sur l’Afrique subsaharienne ». D’où l’exigence d’une méthodologie à deux têtes à laquelle nous recourûmes consistant de prime abord dans une « herméneutique-historico-psychologico-praxéologico-structurale »et ensuite dans une « herméneuitique-phénoménologico-constative-explicative-descriptive ».
Leur exigence nous a conduit sur une interprétation, une explication des faits historiques, culturels, civilisationnels, politiques susceptible d’affirmer ou d’infirmer les propos du Pape François. Or en lieu et place d’une analyse épistémique et praxique et qui plus est d’une telle méthodologie d’interprétation et de compréhension ouverte et fouillée, Congolais et Africains subsahariens lambda – pire encore même dans les sommités scientifiques universitaires – nous ont fait carrément consciemment ou inconsciemment, volontairement ou involontairement du Léopold-Sédar Senghor, sorti pour le besoin de la cause du placard, mais malheureusement pour venir justement confirmer la part largement émotionnelle, sentimentale imputée à l’homme afro-noir par l’Allemand G.W.F. Hegel dans sa « Raison dans l’histoire.
Une thèse ouvertement partagée, nous venons de le voir, il y a un moment, par Senghor confortant ainsi donc foncièrement Hegel dans ses convictions ethnocentristes sur l’homme afro-noir, cela malgré les nuances décisives apportées par E. Kant en la matière dans son cours de « Philosophie de l’Histoire ». Dont c’est le piège auquel nous ne voulions pas, à notre tour, nous laisser nous y enfermer.
Le pari consistait plutôt à rester rationnel, autrement dit objectif jusqu’au bout pour ne pas désigner dans la précipitation émotionnelle, irréfléchie des coupables tout désignés, sans au préalable prospecter davantage ni enquêter profondément le sens de cette déclaration papale. Parce que nous restons convaincu que l’homme congolais lui-même est le premier responsable de sa propre déliquescence politique, économique, sociologique, technologique.
Et de même pour l’homme africain subsaharien dans sa globalité. Si après plus de six décennies d’indépendance politique, l’homme euro-occidental blanc « met » la main ou continue à le faire sans désemparer sur la RCD et sur l’Afrique subsaharienne, ce qu’il le fait grâce et avec les complicités internes, c’est à-dire avec la bénédiction des Congolais et des Africains subsahariens eux-mêmes. En effet l’impérialisme extérieur ne se réaliserait jamais, sans la collaboration de l’impérialisme intérieur.
En vérité soixante-quatre ans après la décolonisation, l’influence euro-occidentale en RDC et dans les pays africains-subsahariens, est volontaire, motivée, assumée voire même délibérément choisie, plutôt que dictée, imposée de l’Occident ou d’ailleurs.
D’où dans cette déclaration papale, c’est toutes les races et nationalités confondues qui sont visées et concernées, il y a des Congolais, des Africains subsahariens, des Européens occidentaux, des Américains, des Asiatiques, des Australiens.
Au fait tout le monde, sauf personne, a sa part de responsabilité dans le déclin et la disparition presqu’aujourd’hui irréversible de la RDC dans ses frontières actuelles héritées de la colonisation. Même si notre conviction légitime irréversible est que l’homme congolais en tant qu’incompétent culturel majeur, aliéné et acculturé volontaire, irréfléchi épistémique, vulgaire praxique et donc impérialiste intérieur est le plus grand et premier responsable de la déchéance de son propre pays la RDC.
Reste cependant que pour pouvoir inverser -, car tout n’est jamais évidemment perdu d’avance, tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir, dit-on -, le rapport des forces avec celui qui met ou ceux qui mettent la main sur la RDC et l’Afrique subsaharienne, il va falloir recréer une nouvelle citoyenneté plus créatrice, plus productrice, plus inventrice où la culture et l’éducation à la guerre perpétuelle ne sera pas qu’une nécessité mais également une priorité, si tant il est vrai que de mémoire la guerre est l’essence de l’être humain, une réalité ontologique et anthropologique indiscutable (Th. Hobbes, Grotius, K. Marx).
C’est pour asseoir notre argumentation, que nous avons pu élaborer cinq antithèses suivantes :
1°La guerre est l’essence de l’être humain et précède la paix,
2°La priorisation épistémique et praxique comme un antidote contre l’impérialisme en tant qu’occidentalisme et mondialisme,
3°La nécessaire déconstruction d’une « nouvelle » citoyenneté du développement et de transformation basée sur une éducation plus praxéologique, c’est-à-dire créatrice, productrice, inventrice,
4°La marxisation, la darwinisation et la christianisation mentales de l’homme afro-congolais au détriment d’un christianisme déplacé et contreproductif,
5°La réformation de la RDC de l’Etat unitariste (centraliste) à l’Etat fédéraliste (éclaté) comme antithèse incontournable à la balkanisation, et
6°Au terme du développement de ces cinq thèses, suivra une conclusion provisoire où nous proposerons, mais essentiellement par dépit, plutôt que par forte conviction, au cas où nous échouions dans notre tentative de déconstruire une citoyenneté congolaise plus exemplaire du développement et de transformation, c’est alors que nous proposons d’ores et déjà trois pistes de solution consistant premièrement à amorcer une procédure de recrutement des populations éparses et venant de toute part qu’elles soient blanches, jaunes, rouges, noires pour venir soit remplacer l’homme congolais actuel, incompétent complet, soit cohabiter avec lui pour lui apprendre les vertus de la création, de la production et de l’invention pour le développement et la transformation d’un espace géographique, qu’on appelle un pays, un Etat, une Nation, deuxièmement en la faveur d’un processus médicalisé, en ce compris les manipulations et mélanges génétiques d’ordre anatomico-biologique pouvant donner naissance à un autre type d’homme congolais mieux éduqué, instruit, intelligent, épistémiquement, réflexivement, rationnellement et moralement, éthiquement, mieux, praxéologiquement, troisièmement, enfin, par la voie juridico-administrative par la naturalisation ou l’adoption.
Venons-en à présent à la présentation et au développement de nos cinq antithèses pour et contre la thèse du Pape François et sa réappropriation « inappropriée », qui nous paraît foncièrement contre-productive dans le contexte du développement et de transformation général, total et global de la République Démocratique du Congo et de l’Afrique subsaharienne en général, comme nous l’avions naguère déjà présenté dans une de nos études intitulée « Comment repenser l’« autonomie » du pouvoir politique à l’aune de la mondialisation des marchés et des capitaux ? », in Congo-Afrique, n° 42, 2002, pp. 130-157.
Il nous faut bien comprendre et intégrer que nos antithèses sont pour la paix et donc absolument positives, dans la mesure où quoique faisant l’éloge de la guerre, notre démarche prêche la paix, en même temps qu’elle vénère la guerre comme cette porte-là qui nous conduit à la paix et vice-versa de la paix à la guerre, donc en la faveur de cette dialectique qui tend et sous-tend le survit destinal de l’humanité.
La guerre est l’essence de l’homme, elle fait et précède la paix
La « première antithèse » porte sur l’énonciation suivant laquelle « la guerre est l’essence de l’homme et qu’en cela elle fait et précède la paix ». Parce qu’à notre humble avis, négocier, c’est savoir manier l’arme pour se faire respecter. C’est Lénine l’un des plus et grands emblématiques chefs d’Etat soviétique qui affirmait comment « on reconnaît la puissance d’un Etat, d’un pays, par sa capacité de nuire ». Qui dira qu’il avait tort, au regard de ce qu’on voit dans les pays qu’on qualifie des super puissances, des pays puissants pour les uns et des pays faibles pour les autres.
Curieusement la notion de super puissance et de puissance est liée à l’épithète développement, transformation économique, politique, technologique, historique, civilisationnel ; bref culturel des pays de l’OCCIDENT-OFFICIEL tandis que le sous-développement, l’absence de transformation, de mouvement sont des concepts relatifs à l’incapacité à la puissance militaire, à l’insuffisance technologique, à l’aliénation culturelle, à l’acculturation volontaire, choisie voire réclamée par les pays et peuples du SUD-GLOBAL.
Disons les choses clairement. Nous constatons, expérience aidant, qu’au fait c’est la guerre qui permet le développement et la transformation politique, économique, technologique, historique, civilisationnelle, culturelle, sociologique de l’hémisphère NORD et l’incapacité voire la « souciance » des pays et peuples Etats et nations du SUD-GLOBAL pour la paix ; une « souciance » dictée par sa référence aux valeurs, vertus et principes hérités du catholicisme christianiste romain, dont les argumentations phares -, pourtant un frein au développement et à la transformation, en tant qu’elles bloquent les citoyens du SUD-GLOBAL qui s’en réfèrent et en font usage -, dont « Laissez la vengeance à Dieu, « Tendez donc les deux joues droite et gauche pour recevoir la gifle du tortionnaire », « Le royaume des cieux est pauvres, c’est-à-dire aux pauvres qui ont laissé les autres s’y enrichir », etc.
Notons donc que DIEU lui-même, créateur de la Terre et du Ciel, est le modèle archétype même de la guerre. Son combat perpétuel avec l’un de ses anges, SATAN, qui s’est transformé en une lutte millénaire entre le Bien et le Mal, est le symbole même de cette essence guerrière de sa créature raisonnée et réfléchie que nous sommes – nous les humains. C’est ce qui justifie notre formule « la guerre est l’essence de l’homme ». Elle est son instinct primordial. Chacun en naissant, en grandissant, en vivant et en mourant fait sa petite ou grande guerre pour se maintenir comme existant (Sartre) ou ek-sistant (Heidegger). Il en est ainsi fait de notre environnement. Ce qui n’est pas nécessairement toujours de mauvais augure. Car en effet il n’y a pas de paix, sans guerre et inversement de guerre, sans paix. La guerre précède et transcende la paix. C’est la guerre qui amène la paix. Qui veut la paix, prépare la guerre, est-il écrit. Tout en effet part de cette recommandation divine « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front », et « Aide-toi et le Ciel t’aidera ». Pour bien assoir nos antithèses et particulièrement notre première antithèse, nous allons essayer de comprendre, d’analyser, d’expliquer, en confrontant Thomas Hobbes et Emmanuel Kant, qui parlent respectivement de l’essence de la guerre dans l’être humain et de la paix perpétuelle en tant que vertus salvatrices de l’être humain. Olivier Dekens note comment Grotius (1583-1625), juriste et philosophe hollandais (était) l’un des principaux représentants de la doctrine du droit naturel ; comment dans son Droit de la guerre et de la paix, il définit les fondements de l’Etat juste et les différents modes possibles de relations entre les Etats ; enfin comment il a élaboré surtout une théorie de la guerre dont l’influence a été considérable (DEKENS O., Projet de paix perpétuelle. Texte intégral, Bréal, 2002, p. 29).
Pour bien préciser la pensée, O. Dekens signe cette déclaration de Grotius : « Sur le point de traiter de traiter du droit de la guerre, nous devons voir ce que c’est que la guerre, ce que c’est que le droit dont il s’agit. Cicéron a défini la guerre : « Un débat qui se vide par la force. » Mais l’usage a prévalu de désigner par ce mot non pas une action, mais un état ; ainsi la guerre est l’état d’individus qui vident leurs différends par la force, considérés comme tels. Cette définition générale comprend toutes les sortes de guerres dont il sera parlé par la suite ; car je n’en exclus pas la guerre privée qui, étant plus ancienne que la guerre publique, et ayant incontestablement la même nature, doit pour cette raison être désignée par ce seul et même nom, qui lui est propre » (GROTIUS cité par DEKENS O., Projet de paix perpétuelle. Texte intégral, Bréal, 2002, p. 29).
Nous semblons opposer deux auteurs dont Th. Hobbes comme théoricien de la guerre et l’autre E. Kant comme théoricien de la paix. Pour Thomas Hobbes, l’image de l’homme et de la société est peinte dans cette formule devenue virale selon laquelle « l’homme est un loup pour l’homme », en latin « homo homini lupus » « De Cive » (1642) ; ses principaux ouvrages sont De Cive, Autour des éléments de la loi naturelle et politique (1640) et le Leviathan (1651).
Contractualiste, Hobbes tente de fonder l’ordre politique sur un pacte entre les individus afin que l’homme soit un auteur décisif dans l’édification de son monde social et politique. Son but est de sortir l’homme de l’état primitif et de fonder un état artificiel sur les bases de la raison : passage de l’état de nature à l’état civil. Pour Hobbes l’homme est sociable par crainte de la mort violente, qu’il fait la société avec ses semblables. L’état de nature est un état de la guerre de TOUS contre TOUS (Bellum omnium contra omnes). L’état civil c’est l’incarnation du pouvoir souverain : c’est-à-dire de l’ordre social coercitif : autrement dit un contrat passé entre les individus pour fonder la souveraineté : par ce contrat chacun transfère tous ses droits naturels, à une « PERSONNE » appelée SOUVERAIN, en devenant aussi « ACTEUR » de tous les actes du SOUVERAIN.
Quant à Emmanuel Kant, il est connu en philosophie pour ses trois légendaires « CRITIQUES » : critique de la raison pure (que m’est-il permis de savoir ? », critique de la raison pratique (que dois-je faire ?), et critique du jugement ou de la faculté de juger (que m’est-il permis d’espérer ?).
Or un reproche lui avait été fait de n’avoir pas « critiqué » la politique ; un reproche que nous avions pensé combler dans notre article intitulé « Kant et la Gestion de l’Espace publique.Critique conceptuelle de la « Communauté internationale » et Refondation d’une « Critique de la raison politique », in Revue Africaine du Savoir-Institut Africain du Savoir-Bibliothèque Royale Albert 1er de Belgique, Vol. 9, n9, 2018, en nous fondant sur son ouvrage « Projet de paix perpétuelle » ; ouvrage dans lequel Kant est contre la guerre et fait plutôt l’éloge de la paix ; et où à la suite d’Olivier DEKENS, nous épinglons une première section dans laquelle Kant énumère six articles préliminaires d’une paix perpétuelle entre les Etats.
Mais dont à raison de l’économie du temps, nous nous limiterons à la première des conditions minimales pour qu’une paix, selon Kant, soit possible selon laquelle » « nul traité ne peut mériter ce nom s’il contient une réserve qui donnerait matière à une guerre future » (E. KANT cité par DEKENS O., Projet de paix perpétuelle. Texte intégral, Bréal, 2002, p. 21).
R. SAFRANSKI dans son ouvrage « Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ? » met en évidence également trois tendances suivantes pour une paix perpétuelle entre Etatspremièrement l’évolution démocratique consistant à consulter le peuple avant le déclenchement de toute guerre ;deuxièmement la force civilisatrice du commerce mondial, consistant à privilégier le commerce mondial, qui est incompatible avec la guerre, la puissance de m’argent (parce que Kant pense que les Etats sont dans l’obligation de promouvoir la paix au lieu de se battre les uns contre les autres et inversement et troisièmement, enfin, le rôle croissant de la sphère publique, « dont » c’est le principe de publicité selon laquelle porter les questions politiques sur la scène publique contraindra la guerre à se défendre à coups d’arguments, car la publicité somme la guerre de se justifier, d’argumenter ou de s’argumenter.
Or trois remarques, mais en vérité des faiblesses, pour l’instant, sont soulevées par R. Safranski, H. Arendt voire J. Habermas contre la théorie kantienne sur la paix :
En premier lieu,
R. SAFRANSKI reprenant la deuxième tendance pour la paix selon laquelle l’esprit commercial doit être privilégié car il est incompatible avec la guerre, la puissance de l’argent étant la plus sûre, faisant que les Etats se verraient dans l’obligation de promouvoir la paix au lieu donc de se battre les uns contre les autres et inversement, malheureusement, pense que « Kant ne pouvait pas deviner où mènerait l’impérialisme chauffé à l’économie, et quelles énergies, quels motifs nouveaux la concurrence capitaliste fournirait à la guerre » (R. Safranski cité par DEKENS O., Projet de paix perpétuelle. Texte intégral, Bréal, 2002, p. 21).
En deuxième lieu,
Hannah ARENDT « Tout laisse à penser que le problème de Kant, à cette période de la vie tardive de sa vie – lorsque la révolution américaine et plus encore la Révolution française l’eurent pour ainsi dire éveil de son sommeil politique (comme Hume l’avait, dans sa jeunesse, réveillé du sommeil dogmatique et comme Rousseau l’avait tiré, à l’âge mûr, du sommeil moral) – était le suivant : comment concilier le problème de l’organisation étatique avec sa philosophie morale, autrement dit avec le précepte de la raison pratique ? Et, fait surprenant, il n’ignorait pas que sa philosophie morale ne pourrait lui être d’aucun secours. Aussi prit-il ses distances à l’égard de toute position moralisante et comprit-il que le problème était de contraindre l’homme à devenir un bon citoyen, même s’il n’est pas moralement bon » (ARENDT H. cité par DEKENS O., Projet de paix perpétuelle. Texte intégral, Bréal, 2002, pp. 36-37).
En troisième lieu,
J. Habermas juge que « Le concept kantien d’une alliance des peuples qui soit permanent tout en respectant la souveraineté des Etats, n’est pas consistant. Il faut que le droit cosmopolite soit institutionnalisé de telle manière qu’il engage les différents gouvernements. La communauté des peuples doit à tout le moins être capable d’amener ses membres, sous peine de sanctions, à respecter le droit. Ce n’est que de cette manière que le système instable est fondé sur des menaces réciproques des Etats souverains qui s’affirment par eux-mêmes se transforme en une fédération dotée des institutions communes, laquelle, tout à la fois, assume ders fonctions étatiques, régule juridiquement le rapport existant entre ses membres, et contrôle le respect de ces règles.
Le rapport externe des relations internationales entre Etats qui constituent de simples environnements les uns pour les autres, relations qui sont régulées par des contrats, est alors modifié par un rapport interne entre membres de l’organisation, rapport cette fois fondé sur un règlement ou sur une Constitution » (HABERMAS J. cité par DEKENS O., Projet de paix perpétuelle. Texte intégral, Bréal, 2002, pp. 37-38).4.
On voit très bien le caractère tant naïf que foncièrement formaliste des recommandations kantiennes sur ce qu’il appelle « paix perpétuelle » c’est-à-dire « définitive » ; le même formalisme qui a caractérisé et déterminé sa loi morale et/ou éthique sur sa formulation d’un impératif catégorique dans son ouvrage intitulé « Critique de la raison pratique », car inapplicable dans la réalité sinon seulement envisagé, espéré.
La « deuxième antithèse » consiste dans la « priorisation épistémique et praxique de l’espace géopolitico-culturaliste africain subsaharien et congolais en particulier comme un antidote à l’impérialisme en tant qu’occidentalisme et mondialisme » (OSONGO-LUKADI A-D, « Comment repenser l’« autonomie » du pouvoir politique à l’aune de la mondialisation des marchés et des capitaux ? », in Congo-Afrique, n° 42, 2002, pp. 130-157).
En effet dans cette première antithèse, nous annonçons aux auditeurs l’identité des deux maladies, deux carences, deux déficiences ontologiques dont souffre l’homme africain subsaharien congolais : primo la déficience épistémologique, et secundo la déficience praxéologique. Si cet homme est autant malade et déficient ontologiquement, plutôt que victime d’impérialisme comme occidentalisme, mondialisation et mondialisme, c’est à cause de son épistème incohérent, sénile, inutile, futile et de son comportement matérialiste (« chiffré » voire « friqué »). Cette deuxième antithèse comporte quatre sous-antithèses suivantes.
La « première sous-antithèse » énonce que l’impérialisme s’installe en Afrique subsaharienne et en République Démocratique du Congo en la faveur de la ruse et des dérives. Notre principale thèse sur cette question en est que c’est par la ruse de l’homme euro-occidental et les dérives proliférantes dont est volontairement et/ou involontairement, consciemment et/ou inconsciemment l’homme afro-subsaharien que l’impérialisme extérieur exercé, pratiqué par l’homme euro-occidental met la main sur l’homme africain subsaharien en général et sur l’homme congolais en particulier.
Compte tenu du temps qui nous est imparti, on nous permettra simplement d’égrener la liste d’auteurs euro-occidentaux qui comprennent et expliquent honnêtement cette ruse euro-occidentale, s’identifiant sensiblement, principalement en impérialisme extérieur. C’est dans ce contexte que Jean Ziegler dans son livre « Les nouveaux maîtres du monde.
Et ceux qui leur résistent, épingle, entre autres, ce qu’il nomme « l’idéologie du maître », en expliquant comment « « Toute idéologie assume une double fonction : elle doit signifier le monde et permettre à chacun de dire sa place dans le monde. Elle est donc à la fois explication totalisante de la réalité et structure motivationnelle des acteurs singuliers » (ZIEGLER J., Les nouveaux maîtres du monde. Et ceux qui leur résistent, Fayard, 2002, p. 70).
Or « l’idéologie des dominants, si elle s’impose aux dominés ne ment donc pas seulement à ceux-ci : elle mystifie aussi ceux qui la propagent. Et il n’est pas rare que les principaux protagonistes de la mondialisation croient eux-mêmes à leur mission bienfaisante. Quoi qu’il en soit, la pratique réelle de l’oligarchie sous le règne de laquelle opère la mondialisation est jugée bonne à partir des paramètres fournis par des énoncés faux » (ZIEGLER J., Les nouveaux maîtres du monde. Et ceux qui leur résistent, Fayard, 2002, p. 71).
Cette idéologie pénible – c’est le mot que nous mettons dans la bouche de J. Ziegler même s’il ne nous démentira point – c’est le libéralisme : « Idéologie noble ! écrit-il, le néo-libéralisme opère en se servant du mot « liberté ». Foin des barrières, des séparations entre les peuples, les pays et les hommes ! Liberté totale pour chacun, égalité des chances et perspectives de bonheur pour tous. Qui n’y adhérerait ? Qui ne serait pas séduit par d’aussi heureuses perspectives ? La justice sociale, la fraternité, la liberté, la complémentarité, l’ordre librement accepté, la loi qui libère, les volontés impures transfigurées par la règle commune ? Des vieilles lunes.
D’archaïques balbutiements qui font sourire les jeunes et efficaces managers des banques multinationales et autres entreprises globalisées ! » (ZIEGLER J., Les nouveaux maîtres du monde. Et ceux qui leur résistent, Fayard, 2002, pp. 71-72). Pour J. Ziegler tout ceci n’est que des écrans de fumées, puisque rien n’est ni vrai ni cohérent. C’est plutôt « Le gladiateur, dit-il, qui devient le héros du jour » (ZIEGLER J., Les nouveaux maîtres du monde. Et ceux qui leur résistent, Fayard, 2002, p. 72).
Et pourtant chez J. Ziegler, l’« idéologie des maîtres », c’est celle où « Les maitres règnent sur l’univers autant par leurs énoncés idéologiques que par la contrainte économique ou la domination militaire qu’ils exercent. La figure idéologique qui guide leur pratique porte un nom anodin : « Consensus de Washington. »
Il s’agit d’un ensemble d’accords informels, de gentleman agreements, conclus tout au long des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix entre les principales sociétés transcontinentales, banques de Wall Street, Federal Reserve Bank américaine et organismes financiers internationaux (Banque mondiale, Fonds monétaire international, etc.) » (ZIEGLER J., Les nouveaux maîtres du monde. Et ceux qui leur résistent, Fayard, 2002,). Ce qui lui fait dire, citant Guy Debord, que « Pour la première fois les mêmes sont les maitres de tout ce que l’on fait et de tout ce que l’on en dit. » (ZIEGLER J., Les nouveaux maîtres du monde. Et ceux qui leur résistent, Fayard, 2002, p. 63).
Quant à Serge Latouche, dans son ouvrage « L’occidentalisation du monde », Serge Latouche élabore une théorie sur l’Occident, et l’occidentalisme qui en découle, d’une façon très remarquable, car très pertinente. Dans son ouvrage perspicace intitulé « L’occidentalisation du monde », l’auteur pointe du doigt ce qu’il appelle « La singularité occidentale ».
Il la décrit de la manière selon laquelle « La mondialisation actuelle nous montre ce que le développement a été et que nous n’avons jamais voulu voir. Elle est, en effet, le stade suprême de l’impérialisme de l’économie. Rappelons la formule cynique d’Henry Kissinger : « La mondialisation n’est que le nouveau nom de la politique hégémonique américaine. » lancé par Henry Truman en 1949 pour permettre aux Etats-Unis de s’emparer des marchés des ex-empires coloniaux européens et éviter aux nouveaux Etats indépendants de tomber dans l’orbite soviétique. Et avant l’entreprise développementiste ?
Le plus vieux nom de l’occidentalisation du monde était tout simplement la colonisation et le vieil impérialisme. Si le développement, en effet, n’a été que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens, la nouvelle mondialisation, à son tour, n’est que la poursuite du développement avec d’autres moyens. Mondialisation et américanisation sont des phénomènes intimement liés à un processus plus ancien et plus complexe : l’occidentalisation » (LATOUCHE S., L’occidentalisation du monde, La Découverte, Paris, 1989, 1992, 2005, pp. 9-10).
De même « Aujourd’hui, l’Occident est une notion beaucoup plus idéologique que géographique. Dans la géopolitique contemporaine, le monde occidental désigne un triangle enfermant l’hémisphère nord de la planète avec l‘Europe de l’Ouest, le Japon et les Etats-Unis. La triade Europe, Japon et Amérique du Nord, rassemblée parfois sous le nom de Trilatérale, symbolise bien cet espace défensif et offensif. Le G8, ce sommet périodique des représentants des huit pays les plus riches et les plus développés (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Japon, Canada, Russie), tient lieu d’exécutif provisoire de cet ensemble » (LATOUCHE S., L’occidentalisation du monde, La Découverte, Paris, 1989, 1992, 2005, p.11).
Pour Ed MORIN, dans « Culture et barbarie européennes », il a cherché de loin les racines occidentales de la barbarie en expliquant comment « Si l’Europe occidentale a été le foyer de la domination barbare sur le monde, elle a également été le foyer des idées émancipatrices, comme celles des droits de l’homme et de citoyenneté, grâce au développement de l’humanisme. Les idées émancipatrices ont été reprises par les représentants des peuples colonisés et asservis : c’est à partir des droits des peuples, droits de l’homme et droits des nations, que le processus d’émancipation a pu avoir lieu » (LATOUCHE S., L’occidentalisation du monde, La Découverte, Paris, 1989, 1992, 2005, p.64).
En soulignant dans le même ordre d’idées comment « la mondialisation, phénomène dont la date de naissance symbolique est 1492, s’est principalement manifestée par la traite des Noirs et de nombreux autres asservissements. Mais j’ajoutais qu’une deuxième mondialisation se met en marche, presque dans le même temps : celle des droits de l’humanité, du droit des nations, de la démocratie.
Enfin, nous sommes aujourd’hui dans une mondialisation contradictoire : les progrès fantastiques de la mondialisation techno-économique suscitent, mais aussi étouffent, une mondialisation citoyenne et humaniste » (LATOUCHE S., L’occidentalisation du monde, La Découverte, Paris, 1989, 1992, 2005,pp.64-65).
Pour conclure provisoirement, nous notons comment Rüdigger SAFRANSKI dans son ouvrage intitulé « Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ? », il explique le phénomène de mondialisation Pour comprendre voire spécifier concrètement le phénomène de mondialisation, en montrant « Tout d’abord quelques faits. Nous vivons une ère de mondialisation, aucun doute là-dessus. Depuis la bombe atomique, une communauté mondiale vit sous la même menace. Les fusées peuvent atteindre n’importe quel point de la Terre. Le potentiel d’armes nucléaires rend possible le suicide collectif de l’humanité et une dévastation planétaire. On peut disposer de la vie sur le globe. Les guerres ne sont plus seulement régionales ni menées par les seuls Etats ».
Un pouvoir découplé des Etats ou un terrorisme aux bases étatiques mouvantes étroitement à la criminalité organisée opèrent à l’échelle mondial et tentent de s’approprier des armes de destruction. Nous savons cela depuis le 11 Septembre, mais c’était à craindre dès avant. Un détournement terroriste de la force atomique civile, une frappe sur une centrale atomique par exemple, peut avoir lieu à tout moment.
D’autres techniques des plus dangereuses dont l’emploi reste, pour l’instant, encore réservé au domaine civil, telles que la biotechnologie et le génie génétique, peuvent être utilisées à des fins terroristes – et leur impact serait alors planétaire. Ces quelques pistes suffiront à indiquer que la mondialisation moderne a commencé avec une mondialisation de la peur et de l’effroi » (SAFRANSKI R., Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, pp. 17-19).Cependant, ce qui vient d’écrit, la mondialisation techno-scientifique, n’est pas pour R. Safranski le seul danger de la mondialisation, puisqu’il y en a une autre forme plus sournoise et dévastatrice touchant et détruisant l’humain et la nature en plein cœur, dont c’est la mondialisation économique.
En effet, « Selon une définition de l’OCDE, la mondialisation de l’économie est le processus qui lie les marchés et la production des différents pays dans un rapport d’interdépendance de plus en plus étroit, du fait du commerce transfrontalier des biens, des services et de la main-d’œuvre, ainsi que du mouvement des capitaux et des technologies » (Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, p.18).
Dans le même ordre d’idées, « La mondialisation, c’est le triomphe du capitalisme devenu seul et unique modèle économique dominant après l’effondrement du bloc de l’Est. En dépit des différences politiques et religieuses persistantes, les structures politiques économiques et techniques s’uniformisent – à des niveaux de développement, il est vrai, fort divers.
Il existe des mouvements contraires, mais ils restent tributaires du capital et de la technique occidentale » (Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, pp. 18-19).R. SAFRANSKI différencie la mondialisation et le mondialisme, en expliquant comment « Le mondialisme comme idéologie produit l’image d’une société mondiale plus uniforme qu’elle n’est en réalité.
Il omet souvent le fait qu’à mesure que l’homogénéité s’accroît dans certaines régions, d’autres se coupent de façon dramatique de la marche du monde. Pendant que certaines sociétés et régions communiquent entre elles, d’autres deviennent comme des « taches blanches » sur la carte et reculent à des stades antérieurs de développement. Dans un monde qui communique en temps réel, les inégalités se creuse.
De nouvelles zones de temporalité se forment, des fuseaux historiques et non plus horaires. En Afrique, par exemple, les Etats se délitent dans le tribalisme et la guérilla. Féodalité, chevaliers, brigands, piraterie resurgissent ; une pauvreté inconcevable et des luttes sans merci pour survivre annihilent les règles sociales. Le minimum de civilisation disparaît » (Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, pp.21-22). R. Safranski ne nie jamais qu’il y ait un apport positif de la mondialisation dans le développement et la transformation des rapports sociaux, mais il récuse le mondialisme qui en découle en tant qu’idéologie où tout en bout de course tous les profits vont, comme K Marx l’avait dit en maintes reprises, dans les mains des plus offrants, c’est-à-dire des capitalistes.
Pour ce faire, il distingue trois variantes de ce qu’il nomme premièrement « mondialisme normatif » que sont le néolibéralisme, l’antinationalisme ou mondialisme idéologique et enfin le mondialisme partagé entre la compassion et l’alarmisme. S’agissant du mondialisme néolibéralistes, pour R. Safranski, c’est la plus puissante voire la plus influente des trois variantes, dans la mesure où « Le mondialisme néolibéral est une entreprise de légitimation idéologique du libre mouvement du capital en quête des conditions favorables pour fructifier (Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, p.23)».
On l’a très bien compris, ce n’est pas de l’être humain dont il s’agit, de ses problèmes, ses souffrances, ses dangers, ses risques, ses pauvretés, ses misères non mais des conditions d’investissements pour un capital juteux. Deuxièmement le mondialisme idéologique ou antinationalisme professe un avenir planétaire au détriment des allants et accents nationalistes dans certains peuples du monde. Malheureusement pour R. Safranski, il s’agit d’un vœu vorace, sénile, puéril, futile, car « Si l’on songe aux monstres qui furent engendrés par le nationalisme, c’est hautement souhaitable.
Mais pas plus qu’un autre, le mondialisme antinationalisme ne changera quoique c soit au fondement anthropologique selon lequel la mobilité et ouverture au monde doivent être contrebalancées par l’ancrage dans un lieu » (Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, p.26). Quant troisièmement au mondialisme de la compassion et de l‘alarmisme, pour R. Safranski il est celui où « nous contemplons, telle une planète vue de l’espace, la pauvre Terre que nous sommes en train de détruire et qu’il s’agit à tout prix de sauver » (Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, p.27).
La « deuxième sous-antithèse » énonce, quant à elle, que l’appel du côté africain subsaharien et congolais en particulier d’une urgence à la maîtrise épistémique et praxique est la seule arme à opposer à l’homme euro-occidentale pour faire échec à l’impérialisme extérieur qu’il lui impose grandiloquement avec envahissement et rempli de mauvaise volonté.
Sur cette urgence à la maîtrise épistémique, nous recommandons l’imprégnation de la « Critique de la raison pure » de Kant, car l’ouverture des peuples à la science est la solution idoine. Que c’est par la science et avec la science qu’il est possible de prime abord à un homme isolé et ensuite à une communauté de se développer, de se transformer, de se créer et de se recréer, de produire et de se reproduire, d’inventer et de se réinventer.
Or qui dit science dit épistémologie. D’où avons-nous interpelé les peuples et races en échec scientifique, technologique à se forger une mentalité scientifique et épistémologique pour prétendre à une vie meilleure et acceptable.
De même qu’il est vrai qu’on peut s’interroger sur la pauvreté, la misère de certains peuples, de certaines races par rapport à la richesse et l’opulence d’autres peuples, mais l’on s’égarerait de penser que le nœud de la solution est politique, sociologique, psychologique, historique, anthropologique ou prioritairement ontologique, il est au contraire épistémologique, car tout ceci ne devient possible à tout être humain qu’en se forgeant une mentalité scientifique (OSONGO-LUKADI A-D, Séminaire de Philosophie de science, Master 1&2, Faculté de Philosophie, Université Catholique du Congo, 2021-2022, (inédit)). Il s’agit d’établir un rapport entre la science et le développement ou encore la transformation d’un peuple, d’un pays, d’un Etat, d’une nation. Et autour de cette relation, construire une maison finalement à trois où l’épistémologie, c’est-à-dire la capacité qu’a tout être humain de se développer et de se transformer par l’importance qu’il accorde à la recherche scientifique et technologique, car l’une ne va jamais sans l’autre, prend le commandement.
Pour sa part, Alvin Toffler est un auteur que nous admirons et citons souvent dans nos textes. Parce qu’il est très pertinent. Parlant de pouvoir, découvrons ce qu’il écrit : « Dans toutes ses applications pratiques, la force est une quantité finie : il existe une limite au-delà de laquelle son emploi détruira ce que nous voulons conquérir ou défendre. Il en va de même pour la richesse : l’argent ne peut tout acheter, et il arrivera un moment où la caisse la mieux garnie se trouvera vide » (TOFFLER A., Les Nouveaux pouvoirs, Fayard, 1991, p. 38).
Le même Alvin Toffler, qui vient de montrer les limites tant du pouvoir politique que du pouvoir de l’argent, nous conseille de faire confiance au contraire au savoir. Ce n’est pas possible qu’autour du chef de l’Etat, au gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Sénat et partout ailleurs, on ne respecte que le pouvoir et l’argent en défaveur du savoir.
A telle enseigne que pour les faire perdurer, des charlatans sont capables d’inventer n’importe quelle stratégie pour demeurer éternellement au pouvoir, pour rester assis aussi éternellement sur des malles d’argent. Pourtant, nous venons de voir il y a un moment avec A. Toffler, que tout ceci n’est qu’éphémère.
Que le pouvoir, l’argent et la force liée à eux deux ne développent et ne transforment un peuple, un pays et ni encore moins ne forgent une nation. A. Toffler note ce qui suit sur le savoir, qu’il nomme une richesse infinie, « Le Savoir, lui, ne s’épuise pas : il nous est toujours possible d’en créer davantage » (TOFFLER A., Les Nouveaux pouvoirs, Fayard, 1991, p. 38).
« Une autre différence intrinsèque, explique-il, sépare le savoir de la force physique ou de l’argent : en règle générale, si j’utilise un pistolet, vous ne pouvez en même temps utiliser le même ; et vous utilisez un dollar, je ne peux en même temps utiliser le même. Au contraire, nous pouvons tous deux utiliser le même savoir pour nous aider ou nous combattre - et, ce faisant, nous avons de plus une chance de produire un supplément de savoir. Ce seul fait suffit à montrer que les règle du jeu du pouvoir mené sur la base du savoir sont profondément différentes des principes auxquels se fient ceux qui prétendent arriver à leur but par la force et l’argent » (TOFFLER A., Les Nouveaux pouvoirs, Fayard, 1991, p. 38).
Pour sa part, A. Kabou est tout à fait d’accord avec notre préoccupation, quand il montre lui également que l’émergence d’un esprit analytique fécond parait se heurter essentiellement à trois obstacles bien connus, notamment les tabous traditionnels, l’absence de démocratie, et à une pierre d’achoppement insoupçonnée mais de taille :la sorcellerie (KABOU A., Et si l’Afrique refusait le développement ? Paris, l’Harmattan, 1991, p. 92).
C’est ainsi et hélas en lieu et place d’un territoire épistémologique, l’Afrique selon Axelle Kabou est restée une Afrique foncièrement traditionnaliste. L’Afrique est restée profondément ce qu’elle a toujours été : un terroir de traditionalisme. Axelle Kabou ne croit pas à l’aliénation culturelle. Ces mythes ont pour seule fonction d’instaurer un climat de résistance à la pénétration d’idées nouvelles dans les mentalités. L’Afrique n’est pas en danger d’occidentalisation.
Cette pseudo-aliénation a pour fonction de cacher l’extraordinaire homogénéité des modes de pensée en Afrique contemporaine, et l’inexistence d’une couche sociale capable d’assumer les transformations imposées par la détérioration croissante de la situation économique. En effet, l’Afrique ne connaît pas de révolutions sociales. Cela s’explique par le fait qu’il n’y a aucune différence de mentalité entre les intellectuels et les masses (KABOU A., Et si l’Afrique refusait le développement ? Paris, l’Harmattan, 1991, p. 92).
De telle sorte qu’aucune dictature, selon A. Kabou, ne peut se maintenir durablement dans un pays par son seul pouvoir de répression et de corruption. Seule la préexistence d’un terrain social et culturel favorable explique que de tels régimes puissent prendre racine et prospérer. La vie quotidienne des Africains n’est pas régie par un mouvement de balancier ou les cœurs saignants seraient constamment déchirés entre les deux termes d’une cruelle alternative : être ou ne pas être soi-même.
II n’y a pas, à proprement parler de déracinement, mais plutôt une sorte de mauvaise conscience à l’égard des valeurs traditionnelles. C’est en ce sens que le dualisme tradition-modernité est fallacieux : il postule le progrès des mentalités vers une ouverture après avoir diabolisé les valeurs de la modernité. Le métissage culturel donne un mythe reposant sur la conviction erronée que la compréhension des civilisations et des traditions réciproques est le préalable sine qua non de la communication interculturelle (KABOU A., Et si l’Afrique refusait le développement ? Paris, l’Harmattan, 1991, p. 92).
La « troisième sous-antithèse » consiste dans l’urgence à la maîtrise praxique recommandant à la « Critique de la raison pratique » de Kant, dans laquelle le comportement éthique et/ou moral est astreint au choix libre total est entre l’impératif hypothétique et l’impératif catégorique. Même si le formalisme de la moralité kantienne ne permet pas de changer toujours le penchant de l’être humain quel qu’il soit pour l’impératif hypothétique, il est constamment utile d’en parler autour de soi voire de l’imposer. S’agissant maintenant de l’urgence pour la maitrise praxéologique c’est-à-dire éthique et/ou morale, il s’agira pour l’homme afro-congolais et africain tout court de se mettre à l’école de Kant. En effet le véritable enseignement à tirer, c’est la connexion établie par Kant entre l’acte rationnel et l’acte moral dans tout être humain.
Sans verser dans les particularismes absolument voire inutilement contreproductifs, nous dirons comment en observant l’agir politique de l’homme afro-subsaharien, cette connexion laisse souvent à désirer. Nous avons certainement un faible pour Kant – même si sa principale est qu’il a théoriser, disent ses détracteurs, une mémoire formaliste voire donc inapplicable – mais nous ne voyons pas même dans l’intention simplement, un philosophe qui en a élaboré une de plus consensuelle universellement.
C’est pour cette raison que nous devons rendre obligatoire la philosophie pratique (morale, éthique) de Kant en Afrique noire et en République Démocratique du Congo plus particulièrement, où l’humanité, l’humanisation, la socialisation, la socialité sont grandement encore en recule.
Pour rappel, notons que dans la « Critique de la raison pratique », Kant distingue deux impératifs moraux et/ou éthiques dont l’un impératif hypothétique (qui n’est pas moral), et l’autre catégorique (qui est moral).
Pour Kant l’impératif hypothétique n’est pas moral parce qu’il soumet le bien au désir (fais ton devoir si tu y trouves ton intérêt), ou bien si tes sentiments spontanés t’y poussent). Mais l’impératif catégorique est moral parce qu’il n’y a ni conditionnalité ni calcul (fais ton devoir sans conditions).
L’impératif catégorique est quant à lui subordonné à trois formes d’impératifs. Kant part du constat selon lequel parce que les lois que la raison s’impose ne peuvent en aucun cas recevoir un contenu de l’expérience, puisqu’elles doivent exprimer l’autonomie de la raison pure pratique, alors les règles morales ne peuvent consister que dans la forme même de la loi.
D’où la première formulation de la loi : « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle » (première formule du devoir). La deuxième formulation tient au respect de la raison qui s’étend au sujet raisonnable : « Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité, en toi et chez les autres, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen » (deuxième formule du devoir).
Dans l’esprit de Kant parce que cette deuxième formule nous oblige à considérer tout être raisonnable comme une fin en soi, on doit proscrire tout autant le suicide que l’esclavage.
La troisième formulation part du principe selon lequel les hommes, pour s’unir dans une juste réciprocité de droits et d’obligations, n’ont à obéir qu’aux exigences de leur raison : « Agis comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la république des volontés » (troisième formule du devoir[1]. Puisque chez Kant le respect est le seul sentiment qui a par lui-même une valeur morale, dans cette éthique rationaliste, non parce qu’il serait antérieur à la loi, mais parce que c’est la loi morale elle-même qui produit en moi ce sentiment, par lequel mon orgueil est humilié. La morale de Kant tout en magnifiant la raison humaine, exprime sa méfiance à l’égard de la nature humaine et de tout ce qui est empirique, passif, passionnel, pathologique (HUISMAN D. et VERGEZ A., Histoire des philosophies illustrée par les textes, Nathan, 1996, p. 191, pp. 191-192).
La « quatrième et dernière sous-antithèse » recommande, enfin, à se référer au mouvement panafricaniste tant politique que philosophique constitutif de la négritude d’Aimé Césaire, Léon Damas, Léopold Sédar Senghor, à l’afrocentrisme de Cheikh ANTA DIOP, à l’historicisme panafricaniste de J. Kizerbo, de Théophile Obenga, jusqu’aux idées panafricanistes de Barthelemy Boganda,de Patrice-Emery Lumumba Kwame Nkrumah, Modibo Keita, Mouammar Kadhafi, Thomas Sankara, Nelson Mandela au « recours à l’authenticité de Mobutu Sese Seko, aujourd’hui d’Ibrahim Konate, entre autres, sans oublier le remplacisme-culturaliste de développement et de transformation que nous proposons comme l’un des moyens cruciaux en vue de la rentabilité de la culture afro-subsaharienne et rdécéenne plus particulièrement par la réappropriation des vertus de la créativité, de la productivité, de l’inventivité.
Nous en venons à présent à la « troisième antithèse », impliquant la nécessité pour une déconstruction de la nouvelle citoyenneté afro-congolaise plus créatrice, plus productrice, plus inventrice du développement et de transformation comme nous l’avons déconstruit dans notre conférence intitulée « Pouvoirs, vouloirs et devoirs pour une praxis afro-créationniste dans un monde des partenaires concurrentiels, in Actes des Vingt-Septièmes Journées Scientifiques, organisées du 13 au 16 Décembre 2023 avec le concours financier de Missio Aachen e.V, et publiée dans ma foulée par la revue Pensée Agissante, USAKIN, 2024). Entre autres, dans cette conférence, nous indiquions en quoi et comment l’éducation et l’instruction de la jeunesse sont la clé du développement et de la transformation de l’Afrique subsaharienne et de la République Démocratique du Congo plus particulièrement. Nous conseillâmes, par conséquent, la mise « entre parenthèses » des principes éducatifs, excepté ceux de Noam Chomsky y insistant sur la sensibilité chez l’enfant, hérités de Kant, de Rousseau, de Piaget et de tant d’autres, en tant qu’ils ne reflètent plus ni l’éducation ni l’instruction telles qu’elles devaient être, car submergées et dépassées par les aléas et affres de la modernité apportée et générée par l’Occident officiel, au détriment du Sud global, qui tient encore et toujours aux valeurs traditionnelles. Afrique.
Or en cette matière, il conviendrait bien de regarder tout prêt de nous ou Willy OKEY doyen de la faculté de philosophie a publié en collaboration avec Nkay, un ouvrage intitulé « Valeurs, principes et symboles de la république (composante éducation à la citoyenneté, Unité d’enseignement destinée aux étudiants en L1/LMD, Université Saint Augustin de Kinshasa, Editions de l’Académie de la Paix », et évidemment votre serviteur dans un ouvrage intitulé « Enseigner l’éthique et la déontologie professionnelle et de l’enseignant à l’Enseignement Supérieur de la République Démocratique du Congo et à l’Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe. Questions et réponses philosophico-phénoménologiques et sociologico-pédagogiques sur les prérequis des Enseignants et des Etudiants en matière des « manières d’être » et manières d’agir », Louvain-La-Neuve, CRPIC éditions, Bibliothèque Royale Albert 1er de Belgique Maison de Dépôt, 2024 » afin de renouveler la citoyenneté citoyenne en la faveur des arguments non pas fictifs mais concrets et adaptés aux conditions culturelles de notre environnement en Afrique et dans chaque pays africain avec ses spécificités.
Quant à nous, l’éducation et l’instruction de la jeunesse africaine demeure la seule alternative crédible eu égard aux questions de développement et de transformation de l’Afrique noire et de la République Démocratique du Congo en particulier. Par éducation on entend en gros l'apprentissage et le développement des facultés intellectuelles, morales et physiques, les moyens et les résultats de cette activité de développement.
L'éducation inclut des compétences et des éléments culturels caractéristiques du lieu géographique et de la période historique, l'éducation a pour but de faire progresser, améliorer et penser par soi-même d'un sujet et la création de cultures. Éducation, instruction ou enseignement. Le mot « éducation » est directement issu du latin educatio de même sens, lui-même dérivé de ex-ducere (ducere signifie conduire, guider, commander et ex, « hors de ») : faire produire (la terre), faire se développer (un être vivant).
Il convient cependant de noter la différence pointée par Mialaret entre les deux étymologies educare (nourrir) et educere (élever) pour saisir la double instance liée au concept d'éducation et dont la conciliation est une problématique pédagogique majeure : nourrir/remplir de connaissances et élever c'est-à-dire maximiser les potentialités des individus selon Mialaret. Pour Émile Durkheim, l'éducation est une « Socialisation méthodique pour la jeune génération ». Enseigner, c'est transmettre à la génération future un corpus de connaissances et de valeurs de la vie sociale([1]OSONGO-LUKADI A-D, Enseigner l’éthique et la déontologie professionnelle et de l’enseignant à l’Enseignement Supérieur de la République Démocratique du Congo et à l’Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe. Questions et réponses philosophico-phénoménologiques et sociologico-pédagogiques sur les prérequis des Enseignants et des Etudiants en matière des « manières d’être » et manières d’agir », Louvain-La-Neuve, CRPIC éditions, Bibliothèque Royale Albert 1er de Belgique Maison de Dépôt, 2024).
Or parmi les plus grandes références de la philosophie de l’éducation, avons-nous rappelé, figurent E. Kant, Jean-Jacques Rousseau, J. Piaget même si nous n’entendons plus nous en référer au regard de ce qu’est culturellement devenu aujourd’hui l’homme euro-occidental. Avec la sacralisation des antivaleurs, en tout cas contraire aux recommandations bibliques et du christianisme millénaire qu’il était venu via l’esclavage et le colonialisme imposer à l’homme noir, l’Afrique noire n’entend plus en faire des modèles.
Il y a donc comme une obligation sinon une urgence de trouver en RDC et dans toute l’Afrique d’autres pistes pour forger une nouvelle éducation et instruction à la citoyenneté, qui permette l’affranchissement de l’homme congolais et africain de l’acculturation, de l’aliénation euro-occidentale. Dans un ouvrage tout récent Willy Okey et Flavien Nkay Malu ont le mérite de souligner et de montrer comment « En parlant de développement et de sous-développement, on se réfère aux conditions de vie de la population d’un pays donné. Chaque pays a le devoir d’améliorer tous les aspects de la vie de ses citoyens.
L’ironie de la chose c’est que ce sont ces mêmes citoyens d’un Etat qui doivent travailler pour que cette amélioration de leurs conditions de vie ne soit pas un simple souhait mais se concrétise dans la réalité de leur vie quotidienne. Ceci exige de leur pat des qualités intellectuelles et morales capables de transformer leur vécu quotidien. La qualité des citoyens est donc un facteur majeur dans l’accomplissement du devoir de l’Etat d’offrir à ses citoyens des conditions optimales de vie » (OKEY W. et NKAY FL., Valeurs, principes et symboles de la république (composante éducation à la citoyenneté, Unité d’enseignement destinée aux étudiants en L1/LMD, Université Saint Augustin de Kinshasa, Editions de l’Académie de la Paix, Juin 2024, p. 5).
De même que pour W. Okey et FL. Nkay Malu, « L’éducation est, sans conteste, un atout majeur dans la formation civique des citoyens pour leur permettre d’adopter un comportement digne et responsable dans la gestion de la chose publique. L’éducation dont l’homme a besoin est celle qui lui permet non seulement d’être un homme, mais aussi et surtout d’être citoyen, l’université ou l’enseignement supérieur, comme haut lieu de formation des futurs cadres du pays, est en extirpant en est les antivaleurs qui peuvent mettre en péril la vie de la société.
D’où l’importance de l’éducation à la citoyenneté. Ce cours a pour objectif institutionnel « éduquer l’étudiant, le former pour qu’il devienne un citoyen capable d’aimer passionnément son pays, de chercher à la servir et d’y trouver son propre bonheur » (OKEY W. et NKAY FL., Valeurs, principes et symboles de la république (composante éducation à la citoyenneté, Unité d’enseignement destinée aux étudiants en L1/LMD, Université Saint Augustin de Kinshasa, Editions de l’Académie de la Paix, Juin 2024, p. 5).
Quant à nous, nous estimons que l’exigence d’une éducation à une nouvelle citoyenneté en Afrique passe par les facteurs ci-après :
1°La reconstruction et la prééminence des Académies militaires, 2°L’établissement d’un lien profond entre la culture et l’éducation, parce que cultiver c’est éduquer où il s’agit d’éduquer des enfants conquérants, audacieux, créateurs, producteurs, inventeurs, transformateurs, plutôt que des simples perroquets, récitateurs, poètes, romantiques, pensifs, passifs, théorétiques,
3°La rationalisation du conflit intergénérationnel.
4°La lutte contre l’illettrisme globalisé professionnel d’un côté et l’éradication de l’analphabétisme intimiste global conscient ou inconscient entre d’un côté ceux qui prétendent tout connaître mais ne connaissent rien et d’un côté les voyeuristes numériques « instruits » et « non instruits », qui ont abandonné l’écriture et la lecture, plutôt principale source d’éducation, d’instruction et d’information au profit des images télévisuelles et vidéothèques d’un autre côté,
5°L’intégration de la capacité citoyenne créatrice, productrice, inventrice comme socle du développement et de transformation,
6° L’initialisation et le renforcement épistémologiques et praxéologiques citoyens en tant que facteur du développement et de transformation ontologico-anthropologique,
7°Le refus à l’authenticité comme chantage identitaire, consistant à utiliser les voies de développement et de transformation des pays, des Etats et des nations au seul prétexte de la différenciation et distinction culturelles, se résumant à un abrégé obsolète « nous sommes noirs et avec notre culture et donc notre façon de voir et de progresser selon notre espace et notre temps », 8°Le combat contre l’aliénation mentale et l’acculturation.
9.L’appropriation panafricaine de la science et de la praxis.
10. La marxisation et la darwinisation culturaliste citoyenne africaine subsaharienne.
Au total, et à la lumière de ce qui précède, l’éligibilité à une citoyenneté créatrice, productrice, inventrice panafricaine s’évaluerait proportionnellement
11. à la lutte contre la dispersion juvénile entre nature et culture, en sachant que l’homme « cultivé » n’est pas nécessairement celui qui a étudié ou qui a un diplôme, un doctorat, un brevet ou un certificat, mais sans doute un homme éduqué et donc doté des valeurs éthiques et morales, et enfin
12. A favoriser une jeunesse leadershipique, en se disant qu’il y a une différence flagrante entre leadership et management en ce que le leadership se définit comme étant un charisme naturel permettant d’influencer et de fédérer autour de soi afin d’atteindre un objectif commun.
C’est lorsque ces douze (12) facteurs citoyens panafricains font défaut, que la citoyenneté africaine est infectée par quatre types de citoyens afro-subsahariens intellectuellement défaillants voire controversés déjà énumérés et signalés lors des Vingt-Troisièmes Journées Scientifiques de Décembre 2023(OSONGO-LUKADI A-D., Pouvoirs, vouloirs et devoirs pour une praxis afro-créationniste dans un monde des partenaires concurrentiels, in Actes des Vingt-Septièmes Journées Scientifiques (organisées du 13 au 16 Décembre 2023 avec le concours financier de Missio Aachen e.V), Revue Pensée Agissante, USAKIN, 2024), c’est-à-dire :
1°Les intellectuels-intellectuels, ceux qui ont étudié, obtenu un diplôme et censés ainsi se démarquer de la médiocrité tant épistémique que praxéologique,
2°Les intellectuels-analphabètes, ceux qui effectivement ont étudié et obtenu un diplôme mais dont le niveau épistémique et praxéologique ne reflète aucunement leur niveau et encore moins les différencient des illettrés, des abrutis, des parvenus,
3°Les analphabètes-intellectuels, sont ceux qui n’ont ni étudié ni obtenu aucun diplôme ; qui se sont formés soit sur le tas par eux-mêmes soit structurellement par « autodidactat » mais affichant un niveau de responsabilité épistémique et praxéologique digne voire supérieur aux intellectuels sur la paperasse, et enfin,
4°Les analphabètes-analphabètes, sont ceux desquels on ne peut formellement et fondamentalement rien espérer d’épistémologiquement et de praxéologiquement constructif dans la mesure où leur niveau n’est pas différent de la nature et au contraire éloigné de la culture, cette fois-ci comme esprit cultivé.
Ces quatre types de citoyens sont un danger pour la société. Des vrais cobayes pour l’abrutissement de la citoyenneté au travers lesquels s’incrustent les pouvoirs politiques pour y installer leur dictature d’opinion. En effet c’est simple comme l’exprime Anders Günter, « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celle d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour le ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste … que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique.
Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s’interroger, penser, réfléchir. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté » (Anders GÜNTHER cité par Willy Okey et Flavien Nkay Malu, Valeurs, principes et symboles de la république (composante éducation à la citoyenneté, Unité d’enseignement destinée aux étudiants en L1/LMD, Université Saint Augustin de Kinshasa, Editions de l’Académie de la Paix, Juin 2024, p. 5).
D’où au-delà de tout, l’apport de Noam Chomsky n’en est pas moins très significatif, bien au contraire il mérite donc toute notre attention mais de la manière la plus courte et brève qu’il soit. Les analyses portées par N. Chomsky sur l’éducation sont non seulement pertinentes mais louables dans le contexte africain dominé, aliéné, démuni et terriblement encore privé d’humanisme.
Dans son livre « Pour une éducation humaniste »( CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010)[2], l’auteur prêche en faveur d’une conception humaniste de l’éducation des enfants(CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010,pp. 13-48).
Dans l’ensemble paraphrasant Bertrand Russell, N. Chomsky rapporte que « l’éducation devait avoir pour objectif premier de stimuler et de fortifier les impulsions créatrices pour chacun » (CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010,p.13). Telle est la conception révolutionnaire de l’éducation des enfants, mettant l’accent sur les impulsions créatrices, c’est-à-dire productrices, inventrices et donc véritablement développementales et transformatrices, comme nous ne cessons de le proclamer constamment dans tous nos travaux voire discours.
Donc au nom de sa « conception humaniste de l’éducation », N. Chomsky prévoit une école bien conçue, dans un environnement stimulant : « La conception humaniste de l’éducation, en effet, veut que l’on garantisse aux enfants l’environnement le plus riche et le plus stimulant qui soit, laissant libre cours à l’impulsion créatrice : une école bien conçue devrait en donner les moyens » (CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010, p.27).
Même s’il montre cependant comment il est difficile, en matière éducative, ce que Goodman et Illich ont à dire, lorsqu’il prend un exemple où l’un de ses amis proches, venu d’Europe à l’âge de quinze ans, s’était inscrit dans un lycée américain à New-York, et où d’emblée, il a été frappé de voir que, s’il arrivait à l’école avec trois minutes de retard, il devait se présenter devant le proviseur pour recevoir une sanction ; qu’en revanche, s’il ne faisait pas ses devoirs intelligemment, s’il n’était ni créatif ni original, il ne figurait pas au tableau d’honneur mais au moins il n’était pas convoqué dans le bureau du proviseur. Ponctualité et obéissance : telles étaient les valeurs qui devaient être inculquées. L’originalité ou le talent, c’était bien beau mais, à l’évidence, ce n’était pas primordial » (CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010, pp.27-28).
L’éducation est quelque chose de plus qu’existentiel pour un être humain, qu’on appelle enfant-élève. C’est ainsi que revenant sur l’une des thèses centrales de Dewey, selon laquelle « la production n’a pas pour but ultime de produire des marchandises, mais des hommes libres, associés les uns aux autres sur un pied d’égalité » (CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010, p.47), N. Chomsky estime établir un lien entre cette thèse de Dewey et sa principale thèse sur l’éducation, qui est sa grande préoccupation. Pour citer B. Russell, N. Chomsky considère que l’ « éducation a pour objectif de « donner aux choses une valeur autre que celle de domination, de former des citoyens avisés dans une société libre, de concilier citoyenneté et liberté, créativité individuelle, ce qui suppose de traiter l’enfant de la même façon qu’un jardinier traite une jeune pousse, dotée d’une nature propre, qui pourra éclore pleinement si on lui apporte le terreau, l’air et la lumière dont elle a besoin »( CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010,pp.41-42).
C’est ainsi « Malgré leurs différends sur bien d’autres sujets, Dewey et Russell s’accordent sur ce que ce dernier appelait la conception humaniste, issue des Lumières, selon laquelle l‘éducation ne consiste pas à remplir un contenant mais, bien plutôt, à accompagner l’éclosion d’une plante (en d’autres termes, à préparer le terrain où fleurira la créativité » (CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010, p.42). A telle enseigne que « Mises en application (ces idées directrices des Lumières et du libéralisme classique révolutionnaires), ces idées pourraient former des êtres libres, qui n’auraient pas pour valeurs l’accumulation et la domination, mais la libre association en termes d’égalité, de partage et de solidarité, et qui coopéreraient en vue d’objectifs communs et démocratiques » (CHOMSKY N., Pour une éducation humaniste, L’Herne, 2010,p.42).Vraisemblablement – que nous ayons récusé comme modèles, les théoriciens occidentaux de la philosophie – reste que ces développements amorcés par N. Chomsky sur l’éducation inspirés de Dewey et Russell, méritent d’être intégrées, combinés, mélangés à nos efforts pour l’élaboration d’une nouvelle citoyenneté négro-africaine et congolaise plus particulièrement.
S’agissant de la « quatrième antithèse », il s’agit de proposer une marxisation historique et matérialiste, une darwinisation originale et intégrale et une christianisation praxéologique à l’homme africain subsaharien pour son développement et sa transformation culturaliste, ontologique voire anthropologique comme une urgence impérative pour lutter avec plus d’efficacité, de détermination, combativité mais également et surtout avec davantage de dignité aussi bien contre l’impérialisme extérieur (euro-occidental) que l’impérialisme intérieur (exercé par les dictateurs au pouvoir en Afrique subsaharienne et en RDC en particulier). Enfin quant à la « cinquième et dernière antithèse »
Quant à la « cinquième et dernière antithèse », il s’agit de prôner la « fédéralisation de la République Démocratique du Congo (Etat-continental) comme un antidote structurel à la balkanisation à l’heure du temps ». Parce que nous sommes et restons convaincu que ce ne sont pas les hommes qui changent, développent et transforment la société, mais les idées, les mentalités culturelles et civilisationnelles ensemencées dans leur essence praxéologique. En effet, en panne épistémiquement et praxiquement, nous avons prôné et proposé à l’homme congolais dans son ensemble la thèse d’une réformation de l’Etat congolais passant du système électoraliste, du système unitariste-centraliste au système fédéraliste-éclaté(Nous avons, dans le journal La Prospérité, consacré à cette question portant sur la réforme de l’Etat plusieurs contributions), mais qui sont malheureusement demeuré, sans suite, bien au contraire au lieu de nous écouter, le pouvoir s’engage inopinément et aveuglement à la procédure conduisant à la révision constitutionnelle, bien alors qu’étant à la guerre, la priorité aurait été cette question sur cette réformation étatique.+, comme nous en avons développé dans une conférence-séminaire tenue pour le Master 1&2 de la faculté de philosophie de l’Université Catholique du Congo le jeudi 06 Juin 2024, intitulée « La pensée scientifique à la rescousse de la transformation mentale de la République Démocratique du Congo par la réformation de l’Etat du système électoraliste et centraliste-unitaire pour le système fédéraliste et éclaté».
Premièrement nous avons montré comment le système électoraliste fait d’organisations permanentes, récurrentes est la cause du sous-développement voire du blocage politique, économique, sociologique, technologique, civilisationnel, historique ; bref culturel » en république Démocratique du Congo. Comment ce système n’est rien de démocratique. Car ce ne sont pas toujours les élus proclamés qui le sont réellement.
Tout est joué d’avance. Les machines à voter sont instrumentalisées en fonction des élus du et au pouvoir, pour le besoin de la majorité absolue. L’ampleur de la contestation apportant de l’eau au moulin de son discrédit. Sur le système électoraliste, Laurent Mauduit dans son livre « Les imposteurs de l’économie », taillant et stigmatisant ceux qu’il appelle « Les agents doubles de la pensée unique », écrit : « D’Alain Minc à Jacques Attali, nous avons pu en prendre la mesure : cette OPA que la finance a faite sur le monde des économies, et, au-delà, le système de l’oligarchie française, produit nécessairement de la « pensée unique ». Le peut voter, la démocratie peut faire son œuvre … les mêmes survivent à toutes les alternances et enferment toutes les politiques économiques dans le « cercle de la raison ». Tout peut changer, mais rien ne change. C’est l’éternel commandement que nous avons déjà évoqué, celui de Tina ». « There is no alternative » … » (MAUDUIT L., « Les imposteurs de l’économie », Gawsewitch, 2012, p. 233).
Quant au premier typede forme d’Etat, l’unitarisme, le centralisme, notre argument est que le centralisme socio-politico-administratif est un argument pour la balkanisation de la république Démocratique du Congo. Parce que la concentration de l’Etat dans la capitale Kinshasa ne peut aider le Congo à aller de l’avant.
Car bien que le centralisme soit la forme la plus courante dans la plupart des pays, cette forme de l’Etat ne convient pas à la République Démocratique du Congo au regard de son immensité. Enfin quant au second type d’Etat, le fédéralisme, il est dans la situation actuelle de la République Démocratique du Congo, le seul qui est un antidote efficace contre la balkanisation. Le pouvoir doit réformer l’Etat et passer au système fédéral ou éclaté.
En tout cas malgré des failles voire manques propres à n’importe quel système politique, avec le fédéralisme ou la forme de l’Etat éclaté, le pouvoir congolais sera omniscient et omnipotent, c’est-à-dire présent partout et nulle part ailleurs au même moment.
Pour conclure sans conclure
La présentation et le développement des cinq antithèses pour et contre la thèse du Pape François et sa réappropriation « inappropriée », n’avait qu’un seul objectif défendre le Saint Père François dont la déclaration et a été globalement mésinterprétée, mécomprise, déformée eu égard à sa véritable essence et intention. Une mésinterprétation foncièrement contre-productive dans le contexte du développement et de transformation général, total et global de la République Démocratique du Congo et de l’Afrique subsaharienne en général.
Il nous faut bien comprendre et intégrer que nos antithèses sont pour la paix et donc absolument positives, dans la mesure où quoiqu’en faisant l’éloge de la guerre, notre démarche prêche la paix, en même temps qu’elle vénère la guerre comme cette porte-là qui nous conduit à la paix et vice-versa de la paix à la guerre, et donc en la faveur de cette dialectique qui tend et sous-tend le survit destinal de l’humanité.
Les Etats-Unis d’Amérique, la tête de pont de l’OTAN, de l’UE, de l’ONU et du TPI ont horreur des grands espaces. La guerre Russie-Ukraine est la résultante d’une telle hantise. C’est la Troisième Guerre Mondiale. Mais qui ne dit pas son mot. Sous l’Administration démocrate Clinton, les USA ont activé la théorie du domino. Cette théorie s’appelle également le Basculement. L’ex-Yougoslavie en a fait les frais. Le Sud-Soudan en est la résultante africaine. Or si nous continuons à ignorer le savoir et à mépriser le temps, la RDC n’y échappera pas.
Quant aux « charlatans de la démesure », ils devaient se ressaisir pour réorienter la gouvernance du président de la République.
Cette réorientation c’est sur la réformation de l’Etat congolais, plutôt que sur la révision constitutionnelle ou sur un énième dialogue inter-congolais. Parce que ce n’est nullement la révision ou la modification des certains articles de la Constitution, qui empêcheront la balkanisation, mais au contraire la maîtrise du temps, le savoir, l’épistémisation et la praxisation de cette gouvernance. « Le philosophe grec Zénon d’Elée, note A. Toffler, affirmait que si un voyageur parcourait chaque jour la moitié du chemin qui le séparait de sa destination finale, il ne pourrait jamais parcourir y parvenir puisqu’il lui resterait toujours une moitié à couvrir.
Semblablement, il se peut que nous n’atteignions jamais au savoir ultime sur aucun sujet, mais nous pouvons toujours faire un pas de plus, qui nous rapprochera d’une compréhension complète.
En principe du moins, le savoir est indéfiniment extensible (TOFFLER A., Les Nouveaux pouvoirs, Fayard, 1991, p. 38).
Des propos, soit dit en passant, à eux seuls, qui mettent en lumière les enjeux du dialogue Nord-Sud et le rapport des forces entre les pays riches et les pays pauvres, mieux l’Occident officiel chrétien et le SUD GLOBAL. C’est là qu’il va falloir aux charlatans de la démesure de changer de métier pour devenir épistémiques, réfléchis, praxiques plutôt que flambeurs, nuitards, danseurs absolutistes.
Ce rapport des forces avec l’Occident est dans le savoir, qu’Africains subsahariens et Congolais devaient d’atteindre pour sauver leur pays de la balkanisation ou du moins éteindre ses racines. Incompétent complet et absurde, personne ne peut crier à l’injustice, concernant l’homme congolais. Et encore moins de parler de non-assistance en personne en danger. Il n’est pas en danger. Il vit dans la jouvence et dans l’insouciance. Tous les matins et soirs, las bars, les supers marchés, les églisettes sont bondés. Et tous souriants qu’il pleuve ou fasse chaud. La guerre à l’est du pays ne le préoccupe nullement. D’autres s’en chargeront. Le Pape François précisément. Il pourra parler à sa place.
Pendant ce temps-là, lui, il se la coulent tout doucement. Voilà l’esprit congolais et négro-africain en général : le Corps au détriment de l’Esprit. L’africain noir entretient le Corps. Quand l’Européen s’occupe de son Esprit. En cela il n’y a pas de miracle que l’un (le Noir) pourrisse, meurt pauvrement, tristement et que l’autre (le Blanc) s’y éternise, se développe et développe, se transforme et transforme, se crée et se recrée, se produise et se reproduise, s’y invente et s’y réinvente.
C’est pourquoi s’il arrivait que nous échouions dans notre tentative de déconstruire une citoyenneté congolaise plus exemplaire du développement et de transformation, nous proposons d’ores et déjà deux pistes de solution consistant premièrement à amorcer une procédure de recrutement des populations éparses et venant de toute part qu’elles soient blanches, jaunes, rouges, noires pour venir soit remplacer l’homme congolais actuel, incompétent complet, soit cohabiter avec lui pour lui apprendre les vertus de la création, de la production et de l’invention dans l’Histoire, pour le développement et la transformation d’un espace géographique, qu’on appelle un pays, un Etat, une nation; deuxièmement en la faveur d’un processus médicalisé, en ce compris les manipulations et mélanges génétiques d’ordre anatomico-biologique pouvant donner naissance d’un côté à un autre type d’homme congolais mieux éduqué, instruit, intelligent, épistémique, réflexif, rationnel et d’un autre côté moralement, éthiquement, mieux, praxéologiquement conséquent, humainement humanisant, et enfin, troisièmement par la voie juridico-administrative par la naturalisation ou l’adoption promouvoir un type d’homme adapté aux exigences d’une société moderne en mouvement sans cesse.
Conférence prononcée à L‘occasion des Vingt-huitièmes Journées Scientifiques de l’USAKIN, le jeudi 19 janvier 2025
Antoine-Dover OSONGO-LUKADI
-Habilité à Diriger des Recherches de Philosophie
(Université de Poitiers-France)
-Docteur en Philosophie et Lettres
(Université Catholique de Louvain-Belgique)
-Professeurs d’Universités
-Membre Association des Philosophes Américains (APA)