Malgré l’appel des chauffeurs décommandant la grève, Kinshasa paralysé hier par des transporteurs en commun
C’est des marées humaines qui ont arpenté à pied les différentes artères de la ville de Kinshasa pour différentes destinations. Le centre-ville était morose. Les travailleurs et les clients n’étaient pas au rendez-vous faute de transport. La population qui est partie de la Tshangu, a préféré rebrousser chemin. Visiblement, seuls les trans-academia, les bus transco et esprits de vie qui tentaient de décongestionner le transport perturbé par cet appel à la grève des transporteurs privés.
Les conducteurs de motos se sont comportés en petits rois doublant le coût de différents trajets. Rond-point Victoire était bondé de monde jusque tard l’après-midi. Négocier une moto était un véritable casse-tête. Le tronçon Victoire-Magasin qui se négocie en temps normal autour de 2.000 CDF, est subitement passé à 6.500 CDF prenant au dépourvu bon nombre de clients.
Tandis qu’une course qui coûtait par exemple 1.000 FC, le cas de Bayaka dans la commune de Ngiri-Ngiri au Rond-point Huileries à Lingwala est passée à 2.000 FC.
Au niveau de Victoire, les différents services accusés de tracasseries avaient disparu. Seuls quelques policiers, sans doute réfractaires aux ordres des autorités urbaines, tentaient d’intercepter les conducteurs des motos ou des tricycles. Comme le job auquel ils étaient habitués, n’offrait plus les garanties de sécurité, ils ont fini par s’éclipser sans crier gare.
Les témoins sur l’avenue du 24 novembre de l’UPN au marché de Selembao ont indiqué que les chauffeurs manifestants auraient brûlé de pneus sur la chaussée. La police est intervenue pour les disperser et rétablir la circulation.
Appel à la suspension, pas suivie
La Synergie des associations pour la défense des droits des chauffeurs et la promotion du civisme routier en RDC, qui avait lancé le mot d’ordre de la grève préalablement prévue du 5 au 7 juin, a décommandé son action après les contacts qui se sont avérés positifs avec l’autorité urbaine. Mais, malheureusement, les sociétaires de cette synergie n’ont pas été informés à temps de nouvelles dispositions. Ils ont carrément débrayé.
D’abord, le ministre provincial des transports de la ville de Kinshasa a commencé par lever le contrôle par manque de note de perception pour autorisation des transports. C’est l’occasion pour les transporteurs privés de Kinshasa de se mettre en ordre. Ensuite, pour mettre un terme au conflit entre ACCO et ACHACO, la commission a décidé des mesures conservatoires allant jusqu’à supprimer les frais octroyés aux chargeurs communément appelés «Marayi» au profit de la taxe de stationnement. Cependant, ces derniers seront identifiés et pris en charge par leurs communes respectives. Pour ainsi dire qu’aucune ASBL ne peut s’autoriser le droit de percevoir les frais comme l’avait décidé à l’époque Nkoy Mafuta alors le gouverneur de Kinshasa.
Enfin, les chauffeurs ont exigé que seuls les éléments de la PCR et les services de la DGRAD puissent opérer dans les parkings. De ce fait, la présence des unités appelées Udjana, PP B2 Mbata ne sont plus les bienvenus pour percevoir les amendes ou interpellent les chauffeurs.
Pour l’hôtel de ville, aucune raison de grever
Le ministre provincial des Transports, Honoré Mbokoso a, pour sa part, déploré la décision des conducteurs des transports en commun de déclencher un mouvement de grève, malgré, dit-il, un début de réponse à leurs revendications.
Parmi ces réponses, il cite une suspension en cours, durant 10 jours, des contrôles des documents dans la ville de Kinshasa avant d’appeler les grévistes à reprendre le travail. Il a assuré que la réponse gouvernementale à leurs revendications ne devrait pas tarder. « Ils n’ont aucune raison d’aller en grève», a-t-il conclu.
Emma Muntu