Accords de Washington et Doha, RDC : Thierry Monsenepwo optimiste pour le retour d’une paix durable

Accords de Washington et Doha, RDC : Thierry Monsenepwo optimiste pour le retour d’une paix durable

Thierry Monsenepwo sonne la fin des aventures meurtrières de Kigali dans la partie orientale du Congo. Ce membre du bureau politique de l’Union sacrée est serein quant au retour de la paix dans l’est congolais à la suite de l’accord de Washington et bientôt celui de Doha. Il justifie son optimisme par le fait que le Rwanda, acteur principal de la balkanisation de la RDC, a été mis à nu et devra répondre de ses actes. A Ouragan, ce leader est convaincu que le pouvoir de Kigali qui a longtemps opéré à travers des mouvements rebelles fabriqués à l’exemple du CNDP et M23, dans le but de piller les minerais de la RDC, est obligé de cesser tout soutien aux rebelles et de respecter l’intégrité territoriale de son voisin.

Toucher le point névralgique de la guerre, c’est le deuxième élément qui rassure Monsenepwo quant à la fin des cycles de violences dans la partie orientale du pays. Pour le PCA de Cobil, la rhétorique légendaire évoquée par l’agresseur pour justifier ses expéditions militaires en RDC ne peut plus tenir car, le gouvernement congolais a décidé de résoudre les questions liées aux problèmes linguistiques, ethniques et des réfugiés. Aux yeux de Thierry Monsenepwo, les accords de Washington et Doha touchent le vrai problème qui continue à endeuiller les provinces de l’est.

Ouragan : Quel changement, selon vous, le gouvernement Suminwa II doit-il apporter face à la situation socio-économique actuelle, sachant que la question sécuritaire cristallise les attentions ?

Monsenepwo : Votre question est en train de me faire susciter énormément de questions, en ce qui concerne le programme du gouvernement. Il faut savoir que Judith Suminwa, notre Première ministre, avait déposé un programme du gouvernement au niveau de l'Assemblée nationale lors de son investiture. Et c'est cette continuité qui se fait aujourd'hui avec la nouvelle équipe qui a reçu 14 nouveaux membres, lesquels vont continuer à mener les actions, décidera selon sa vision du chef de l'Etat. Il y a nécessité de poursuivre le programme de développement de 145 territoires, qui est aujourd'hui exécuté à plus de 60% dans plusieurs territoires de notre pays, un programme inédit. Il faut poursuivre la Couverture santé universelle, il y a la gratuité de l'enseignement qui, pour cette nouvelle rentrée scolaire, attend près de 5 à 6 millions de nouveaux élèves qui vont prendre le chemin de l'école. Il y a à soutenir la progression diplomatique de notre pays pour qu'on ait une inclusion beaucoup plus grande et beaucoup plus importante que nous avons connue il y a 10 ans maintenant. Il faut poursuivre la pacification de l'est de notre pays. Vous savez que le gouvernement Suminwa avait, sur ordre du chef de l'Etat, entamé des contacts avec les Nations unies, mais aussi même ouvert les négociations avec les Etats-Unis, pour la question de l'est. Il y a eu des accords de principes qui ont été signés, d'abord entre la RDC et le Rwanda, ensuite un accord de principes avec le M23 au Qatar. Il est donc important que le gouvernement puisse poursuivre sur cet élan. Et en ce qui concerne la situation sociale, il faut maintenir les apports du gouvernement sur les produits sociaux de base. Vous savez que le gouvernement s'est délesté de la plupart des taxes pour permettre à ce qu'il y ait une baisse de prix. Nous-mêmes dans le secteur du carburant, nous avons enregistré cette baisse qui a ramené le litre à la pompe de 3 200 à 2 900 FC aujourd'hui. La connectivité qui se poursuit avec les grands projets de routes, notamment à Kinshasa avec la rocade et la réhabilitation de certaines artères névralgiques de la capitale qui permettent une fluidité de la circulation des citoyens congolais. Donc, je pense que nous sommes sur la bonne voie. L'actuel gouvernement va aller dans le sens non seulement de poursuivre cette lancée de développement, mais aussi de renforcer ce qui a été fait et d'améliorer ce qui n'a pas été convenablement fait.

Nombreux sont ceux qui disent que le chef de l’Etat a intégré au sein de l’exécutif certains opposants et membres de la société civile afin de contourner le dialogue tant réclamé. Qu’en dites-vous ?

Vous devez savoir que le chef de l'Etat, dès l'entame de son mandat, a tendu la main pour que tous ceux qui ont un amour du Congo puissent venir travailler avec lui. C'est plutôt les autres qui ont tourné le dos à cet appel du président de la République. Donc, aujourd'hui dire que le président de la République a mis des opposants et des membres de la société civile dans le gouvernement pour contourner le dialogue, c'est manquer de cible. Parce que le chef de l'Etat a de tout temps voulu que les Congolais se parlent. Il a même organisé des consultations à l'époque. Donc, il faut plutôt poser la question à nos frères, pourquoi est-ce que depuis très longtemps, ils n'ont pas pris la main tendue du président de la République pour travailler avec lui afin que la paix revienne et que nous puissions ensemble travailler pour le développement de notre pays. Il y a cette fois-ci ceux qui ont été convaincus par le travail réalisé par le conseiller spécial du président en matière de sécurité. Nous continuons à espérer qu'il y aura d'autres qui vont accepter de se mettre ensemble pour que nous puissions avancer.

Le gouvernement Suminwa II est-il resserré comme avait promis le président de la République ?

Oui, le gouvernement est resserré parce qu'il y a des ministères qui ont été écartés, d'autres fusionnés, notamment celui de la Recherche scientifique. Ce département est maintenant associé au ministère de l'Enseignement. Il y a des ministères qui ont connu des améliorations en termes de réponse économique et stratégique qu'il faille donner, notamment le ministère des PT-NTIC, qui aujourd'hui est scindé en deux avec le ministère de l'Economie numérique. Cela a permis de ne pas aller dans un gouvernement éléphantesque parce que beaucoup s'attendaient à ce qu'avec l'arrivée de certains opposants et membres de la société civile dans le gouvernement Suminwa II, on allait avoir une inflation des ministères, mais ce n'est pas le cas, cela correspond à la vision du président de la République qui voudrait qu'il y ait un resserrement de la vie des institutions de la République pour que ces moyens puissent être orientés vers les infrastructures et les besoins sociaux de base.

Quel budget pour 2026 et quelles seront les priorités dans ce budget ? Parce que la session budgétaire, c’est déjà pour le mois prochain.

Oui, je pense que ce projet est déjà prêt. Le collectif budgétaire avait été établi. Et vous allez vous rendre compte que cela va aller en augmentant. Depuis que le président de la République a pris ses fonctions, il a trouvé un budget à peu près de manière réelle à 4 milliards et demi, mais aujourd'hui il l'a triplé pour ne pas dire quadruplé. Donc, il faut être certain que le prochain projet budgétaire va connaître une hausse qui va aider la République à aller cette fois-ci vers les investissements, parce que n'oubliez pas que le plus gros de notre budget pour l'exercice passé a été orienté vers des besoins sociaux, mais aussi vers des besoins sécuritaires.

Sur le plan politique, votre haute autorité a réuni à trois reprises le présidium de l’Union sacrée en moins de deux semaines pour réorganiser votre famille politique. Veut-il une nouvelle dynamique ?

Il faut comprendre que nous sommes dans un contexte où la démocratie est devenue la vie de chaque jour de nos institutions, de notre pays. Il est donc important que l'Union sacrée, si elle veut rester au pouvoir, devra s'organiser en tant que plateforme qui proposerait des projets, qui consoliderait ce qui avait été fait pour permettre à ce que le peuple congolais puisse continuer à faire confiance à cette famille politique. Mais, cela commence par une organisation interne. Il était donc impérieux qu'après le cycle électoral de 2023, qu'il y ait ce resserrement de rang pour permettre à ce que la plus haute autorité organise sa famille politique, et c'est ce qui est en train d'être fait notamment, avec la révision de la charte, avec l'adoption du règlement d'ordre intérieur et en vue d'un congrès qui adoptera tous ces textes qui permettront à ce que l'Union sacrée devienne réellement une machine politique qui propose aux Congolais non seulement des hommes, mais aussi des projets de société qui feront gagner la confiance de nos compatriotes.

En quoi l’accord de Washington constitue-t-il un piège pour le Rwanda?

La guerre que nous subissons dans la partie-est de notre pays a un double objectif. Le premier objectif, c'est ce que Lumumba a dit depuis 1960, c'est la balkanisation de notre pays. Mais, le second objectif qui a été exécuté depuis 1996, c'est mettre la main basse sur les minerais stratégiques qui sont dans le sous-sol de notre partie-est. Donc, le Rwanda a ainsi créé une situation d'insécurité pour avoir la possibilité de faire main basse sur les filons des minerais de la RDC et les sortir par son pays. Aujourd'hui, vous trouverez dans les statistiques un pays comme le Rwanda, être premier exportateur du cobalt par exemple, sans oublier d'autres minerais tels que les tourmalines. Donc, au lieu que la République démocratique du Congo continue à subir, non seulement la mort de ses filles et fils à cause des appétits économiques de certains pays, il a été décidé que nous puissions d'une part, mettre un terme à cette guerre économique qui rend notre sol mouillé du sang de nos compatriotes, mais d'autre part aussi que nous puissions nous-mêmes avoir la maîtrise de ces minerais en traitant avec des partenaires qui nous respectent et qui respectent le code minier de notre pays. Et donc, le Rwanda qui se retrouvait en train de jouir de nos minerais de manière illicite, va cette fois-ci être obligé de faire une traçabilité. Donc, s'il faut profiter des minerais de la RDC, il faudrait passer par la grande porte et non par la fenêtre comme un dérobeur. Et c'est ça le travail qui a été fait et qui continue d'être fait. C'est un piège dans la mesure où le cycle de pillage qui a été enregistré, organisé en 1996, est en train de se terminer parce que l'accord parle de la traçabilité. Et vous allez remarquer que les Etats-Unis viennent de sanctionner des sociétés qui commercialisent des minerais qui sortent des espaces aujourd'hui contrôlés par les terroristes du M23, notamment qui exploitent les mines de Rubaya en sortant les minerais par Kigali. Donc, tout cela aujourd'hui permet à ce que nous puissions mettre fin à un cycle. La logique est simple. Si vous cassez l'alimentation de la guerre, vous terminez la guerre. C'est aussi simple que ça.

Est-ce que les accords de Washington et de Doha vont-ils permettre le retour d’une paix durable dans l’est de la RDC ?

Je pense et je suis convaincu que les accords de Washington et de Doha vont permettre le retour d'une paix durable. Pourquoi ? Parce que contrairement aux accords précédents, il est aujourd'hui interpellé comme l'acteur principal de la déstabilisation, c'est-à-dire le pouvoir de Kigali. Dans les accords précédents, il était plutôt présenté des fantômes, des hommes gris qui travaillaient pour le compte de Kigali comme étant des acteurs majeurs, c'est-à-dire d'abord le CNDP, puis le M23 et enfin le M23. Donc, cette fois-ci, c'est lui-même, le marionnettiste qui sort des coulisses et le monde entier le voit. Premier élément. Deuxième élément, ces accords touchent le point névralgique de la guerre. Parce que, d'antan, on avait des arguments qui ne tenaient pas la route pour expliquer cette guerre notamment, les questions liées aux problèmes linguistiques, des questions liées à des ethnies, des questions liées à des réfugiés.

(Propos Recueillis par Ouragan/ le titre est de La Pros.)

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