Négociations de Doha : Le draft de la médiation sur l’accord final désormais disponible

Le monde est devenu un village planétaire. Il est difficile de garder longtemps le secret de projet d’accord entre la délégation de Kinshasa et celle de Goma dans un coffre-fort. Les parties en présence sont les premières à dévoiler le contenu de ce texte.
Le texte prévoit un règlement du conflit en trois phases sur au moins sept mois. La première phase se concentre sur la situation humanitaire et sécuritaire et propose la création d’une "force spéciale intérimaire" composée à 50% de membres du M23 et chargée de collaborer avec la police nationale dans les zones affectées du Nord et Sud-Kivu. À l’issue de son mandat de cinq ans, renouvelable, ses éléments seraient intégrés à l’Armée et à la Police.
Le projet envisage également le rétablissement de l’autorité de l’État dans les zones sous contrôle du M23-AFC via la nomination d’autorités intérimaires locales, incluant éventuellement des personnalités suggérées par les rebelles, jusqu’à l’organisation d’élections en 2027. Un dialogue national est également proposé pour 2026.
Cependant, plusieurs points restent sensibles. Le M23-AFC refuse le retour de l’autorité de l’État tel que formulé dans le projet et déplore l’absence de reconnaissance de son projet de fédéralisme. Du côté congolais, le texte est encore à l’étude et la délégation qui se rend à Doha vise à protéger les intérêts de l’État et à sceller une paix durable. Ci-dessous, quelques points importants de ce projet d’accord
- Une force spéciale sous influence : La demande d’une force spéciale composée à 50 % de membres de l’AFC/M23 ne reflète en rien une logique nationaliste, mais plutôt une tentative de légitimer un contrôle militaro-politique sur les zones occupées.
- Autonomisation déguisée : Exiger l’élection des autorités politiques des deux Kivu en 2027 équivaut à institutionnaliser une gestion autonome des territoires sous domination de l’AFC/M23 pendant deux ans. Une manœuvre loin de toute vision unificatrice.
- Éloignement de l’autorité de l’État : Ce calendrier électoral retardé sape la restauration de l’autorité de l’État, pourtant clairement énoncée dans la déclaration de principes, confirmant une stratégie de fragmentation.
- Risque de légitimation d’un agenda séparatiste : Si Kinshasa cède à ces exigences, cela validerait les rumeurs persistantes d’un affaiblissement du pouvoir central, suite à une alliance secrète tant évoquée par Joseph Kabila pour le transfert du pouvoir en 2018, et renforcerait les suspicions d’accords occultes.
- Balkanisation en marche: Comme une toile d’araignée, le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya tissent méthodiquement les bases d’une partition de la RDC, via des actions militaires, diplomatiques et économiques coordonnées .
- Preuves tangibles: La nomination d’un consul kényan à Goma et les revendications du M23/AFC dans l’accord final illustrent cette ingérence régionale et la collusion avec des acteurs extérieurs .
- Statut confirmé : À travers ces exigences, l’AFC/M23 achève de révéler son véritable visage : un instrument au service des intérêts rwandais, bien loin des aspirations congolaises.
La Pros.
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