Littérature : l’inusable libre-penseur Pasu Lundula revient et signe l’ouvrage « La France sans masque »

Comme de coutume, la belle série de questionnements de ce libre-penseur et chercheur émérite, Pasu Lundula, est à découvrir à la quatrième de couverture de son œuvre. En voici quelques-uns : « La France est-elle la patrie des droits de l’homme ? Quel pays est-elle ? Est-elle l’amie de l’Afrique ? Comment sont les Français ? Pourquoi ont-ils préféré Pétain à de Gaule en 1940 ? Est-il le décolonisateur de l’Afrique ? … Qu’apportent les sommets France-Afrique aux Africains ? Qui arrêtera la France-Afrique ?... »
L’auteur de « La France sans masque » affirme s’accorder lui-même une palme d’or car, selon lui, ce livre comble un vide béant. Dans sa préface de 2007, il écrit : « Les ouvrages sur la France remplissent des rayonnages entiers de bibliothèques, mais la France vu par un Noir y est quasiment introuvable ; c’est là que réside l’intérêt de ce bouquin dont le titre illustre parfaitement l’originalité de mon propos : il a le mérite de faire entendre un son de cloche que personne ne peut se permettre d’ignorer. »
Dans sa préface de 2021, Pasu Lundula dit que la première édition de ce bouquin a eu un grand écho au Congo et qu’il n’a pas manqué des gens pour le qualifier de chef-d’œuvre. Il y a eu une pile des réactions aussi bien par mails que nez à nez. Selon lui, il se dégage l’effarement des Congolais par le fait de se trouver en face d’une France qu’ils ne s’imaginaient pas le moins du monde : de « la patrie des droits de l’homme » tant claironnée ad nauseam. L’auteur déclare qu’il est le premier Noir à avoir pondu un ouvrage sur la France de cette veine.
« La France n’est pas la patrie des droits de l’homme »
Après les deux préfaces, le tout premier point qui suit, s’intitule « Haro sur un mythe ». La France est-elle la patrie des droits de l’homme ? Pasu Lundula répond qu’il n’a jamais avalé cette couleuvre. Il dit que c’est une enseigne mensongère. D’après lui, la France n’est pas la patrie des droits de l’homme mais elle est plutôt la patrie de la Déclaration des droits de l’homme. Les Français peinent de faire en sorte que la réalité soit conforme à la « Déclaration ».
Plus loin, l’auteur écrit, noir sur blanc : « Aucun pays au monde n’exalte les droits de l’Homme, jusqu’à satiété, autant que la France. Quand on pratique l’esclavage et la colonisation, avec des slogans tels que LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE et qu’on continue à piller, à tromper et à massacrer tout en se proclamant la patrie des lumières est le comble des combles. La France devait normalement en avoir honte. » A sa manière, Pasu Lundula démystifie la France et apporte ainsi une réponse claire à son premier questionnement.
Avec des mots durs, cet écrivain explique que l’Histoire nous enseigne que jusqu’en 1791, Haïti, alors Saint-Domingue, faisait vivre la France et que c’est là, en Haïti, que l’Hexagone a tiré la richesse qui a énormément contribué, par l’exploitation monstrueuse des esclaves Noirs, à lui donner son visa d’entrée dans le gotha des pays riches. Pasu Lundula martèle que la première défaite de Napoléon Bonaparte c’est Haïti en 1804 et non pas Waterloo en 1815.
Quel pays est la France ?
La charpente de cet ouvrage comprend, en outre, le point 2 intitulé « France », le point 3 « Portrait des Français », le point 4 « Vè République ». Ici, l’auteur brosse, « sans masques », les portraits de quelques grandes figures de ce pays européen dont De Gaule, Foccart, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron. Le point 5 c’est « Les Noirs en France », le point 6 « Les Juifs en France », le point 7 « Les Arabes en France », le point 8 « Les Asiatiques en France », le point 9 et tout dernier « Des vérités à retenir ».
Selon l’auteur, la France est un pays des paradoxes. C’est une grande nation qui doit son rayonnement dans le monde par son histoire tumultueuse, son ingéniosité, sa littérature. Il ajoute que ce pays n’a pas inventé la révolution ; la révolution anglaise de 1688 et la révolution américaine de 1776 l’ont devancé.
Abordant le « Portrait des Français », cet écrivain indique que la France n’est pas exempte de racisme même si c’est reconnu comme un délit. Selon lui, sept, ou même huit Français sur dix, sont racistes. Il ajoute que les racistes sont repartis en deux catégories : les ultras et les condescendants. Il dit aussi que le débat est une passion française. Le livre est une denrée précieuse pour les Français. Et ils savent valoriser leurs œuvres, ils sont amateurs d’arts et fous des spectacles.
L’auteur rappelle que De Gaule était un amoureux des livres. Pour la France, Charles de Gaule a été l’homme providentiel par excellence. Il a gagné son pari quand il a changé en victoire la défaite écrasante de tout un peuple abasourdi et résigné.
Plus loin, dans « Des vérités à retenir », Pasu Lundula donne la définition de la francophonie : « La francophonie est le nouvel avatar de l’impérialisme français, elle est la plus vénéneuse, par son caractère soporifique, et la pire forme des impérialismes des temps modernes. » Il ajoute que les sommets France-Afrique sont, pour l’Afrique, une insulte suprême. Selon lui, sans l’Afrique, la France n’est rien. Bien d’autres vérités sont à y découvrir.
Ce livre immensément riche de plus de 300 pages mérite d’être lu et relu. Et s’il était publié en France, sa publication aurait eu des effets d’un séisme, écrit-il. Pasu Lundula donne cette conclusion à la quatrième de couverture : « La France s’est construite sur des mythes tellement forts que tout regard critique, émanant d’un Africain, ressemble, aux yeux des Français, à une transgression. Ce livre ne heurtera que les sots. »
James Mpunga Yende
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