Survol du bouquin « Sankara, l’Insurgé » sous la plume de Pasu Lundula

Pour bien appréhender l’intérêt des écrits du libre-penseur Pasu Lundula, il faut toujours commencer par lire la quatrième de couverture. L’on y découvre une série d’interrogations fondamentales permettant de mieux cerner le sujet. Dans cette œuvre-ci, « Sankara, l’Insurgé », il s’interroge comme suit : « Comment était le Burkina Faso avant Sankara ? Quelle signification son arrivée au pouvoir a-t-elle revêtu ? Qu’a-t-il fait de son pouvoir ? Dans le sillage de quel homme politique africain s’est-il inscrit ? Quel est l’auteur de son assassinat ? Qu’est devenu le Burkina Faso après sa mort ?... »

C’est un livre de 161 pages dont la préface et l’épilogue et aussi la table des matières constituent les deux extrémités. La charpente de « Sankara, l’Insurgé » comporte 5 chapitres ou points essentiels, à savoir : Le chemin du destin ; Avant Sankara ; L’astre ; La tragédie ; Après Sankara. L’auteur, Pasu Lundula, se présente lui-même comme libre-penseur, chercheur émérite et romancier. Il a écrit pas moins de quarante ouvrages, essentiellement des essais et des biographies dont la monumentale Lumumba. Le Messie noir.

« C’est dans le train, qui me ramenait des vacances du Sankuru, que j’avais appris l’assassinat de Sankara par la voix de Jean Hélène – en direct d’Abidjan – sur RFI. J’en étais affligé. J’ai tout de suite conclu, sans me poser des questions, que la France était derrière ce coup fourré. C’est l’affrontement Sankara-Mitterand d’octobre 1986, à Ouagadougou, qui m’a amené à cette déduction. », écrit le préfacier Pasu Lundula.

Dans le tout premier chapitre, « Le chemin du destin », l’auteur rappelle que Thomas Sankara qui a vu le jour en 1949, a grandi dans la foi catholique. Il servait même la messe, dit-il. Mais il n’est pas allé au séminaire parce qu’il ne voulait pas porter la soutane. Fils d’un ancien combattant de l’armée coloniale qui fut prisonnier pendant la Deuxième Guerre Mondiale, poursuit-il, Sankara suivit une formation d’officier à l’Ecole militaire inter armes de Yaoundé au Cameroun ; de là il s’envolera pour Madagascar où il a fait l’Académie militaire d’Antsirabe. En 1976, il effectue un stage d’aguerrissement au Maroc.

Sankara a une riche biographie. L’auteur indique que c’est pendant sa formation à Antsirabe que survint la Révolution malgache, de mai 1972. C’est la Révolution malgache qui a amené Sankara à concevoir l’idée d’une révolution démocratique et populaire. Et il est retourné en Haute-Volta (Burkina Faso) en 1973 avec le grade de sous-lieutenant. Thomas Sankara considérait la Révolution burkinabé comme héritière de toutes les révolutions.

Pasu Lundula rappelle aussi que la Haute-Volta, ancienne colonie française, accéda à l’indépendance le 3 août 1960. Et que l’entrée de Sankara en politique date de septembre 1981. Le colonel Saye Zerbo le nomma Secrétaire d’Etat à l’Information. Le nouveau régime va supprimer le droit de grève. Ce qui incita Sankara à rendre le tablier en faisant une déclaration le 21 avril 1982 en direct à la télévision. En conséquence, il fut dégradé et relégué loin de la capitale. 

La suite de cette histoire est fort intéressante et passionnante. Selon l’auteur, la révolution sankariste fut l’une des plus grandes tentatives d’émancipation nationale que l’Afrique ait connues. Qu’a-t-il fait de son pouvoir ? Cet écrivain répond : « En quatre ans qu’il était au gouvernail, Sankara a beaucoup fait pour son pays : il a vaincu la faim en rendant le Burkina Faso alimentairement auto-suffisant et il est parti propre pour n’avoir pas empoché un centime de l’Etat à son profit ; … » 

Mais la tragédie arrive un certain 15 octobre 1987, à 16 heures 20, onze mois après les terribles paroles de Mitterrand. Sankara qui occupait le fauteuil suprême est fauché par douze balles dans un putsch militaire. Pasu Lundula affirme dans l’épilogue que, dès ce jour-là, la place de Sankara au Panthéon des icônes noires était assurée.

C’est captivant le parcours de cet homme d’exception qui a révolutionné le pays des hommes intègres.

James Mpunga Yende