Augmentation de 42% de sa contribution au budget de l’Etat, RDC : la SNEL appelle à une réforme de la fiscalité énergétique !

La Société Nationale d’électricité (SNEL SA) a présenté, devant le Conseil Supérieur du Portefeuille (CSP), son rapport d’exécution budgétaire pour l’exercice 2024. A cette occasion, le Directeur Général Fabrice Lusinde a mis en avant des résultats financiers positifs et des avancées techniques notables, tout en plaidant pour une réforme profonde de la fiscalité énergétique. Si la contribution de la SNEL au budget de l’État a bondi de 42 %, l’entreprise publique reste confrontée à de lourdes contraintes qui freinent sa capacité à répondre à la demande croissante en électricité.
Des performances financières consolidées
L’année 2024 marque une amélioration substantielle pour la SNEL. Les produits ont progressé de 10 %, tandis que les charges ont reculé de 3 %. La trésorerie s’est nettement redressée, passant d’un déficit de 28 millions USD en 2023 à un solde positif de 53,8 millions USD, soit une amélioration de 129 %.
La contribution de la société au budget de l’État a, pour sa part, bondi de 70 à 100 millions USD, sans aucun retard enregistré dans le paiement des impôts. « C’est un indicateur de discipline et de rigueur financière », a salué le DG Fabrice Lusinde, rendant hommage aux efforts consentis par ses équipes.
Malgré une légère baisse du chiffre d’affaires, la SNEL a accru son budget d’investissement : 288 millions USD ont été engagés, dont 13 % sur fonds propres et 25 % via des financements extérieurs.
Des réalisations techniques majeures
Ces investissements se sont traduits par des avancées significatives dans la réhabilitation et la modernisation des infrastructures. La remise en service du 4ᵉ groupe de Nseke, la ligne Bipemba–Mbuji-Mayi et le poste de dispersion d’Inga figurent parmi les chantiers achevés.
Le DG Lusinde a également annoncé la réhabilitation complète des turbines d’Inga 2, dont une nouvelle unité couvrira à elle seule 10 % de la production totale de la société d’ici deux mois. Le poste haute tension de Nyota-Kasumbalesa, désormais opérationnel, garantit une meilleure fluidité des flux d’énergie importée et sécurise l’approvisionnement des opérateurs miniers du Grand Katanga.
Sur le volet distribution, la SNEL poursuit le déploiement du système de prépaiement et a lancé l’application SNEL Box, prochainement interconnectée aux solutions de paiement mobile. Des partenariats, notamment avec Shanghai Electric, visent à moderniser le réseau dans plusieurs zones de Kinshasa et de province. Le nombre de clients a progressé de 17 % entre 2023 et 2024.
Un impact social visible
Au plan social, la société a régularisé le paiement des salaires, désormais assurés autour du 20 de chaque mois. La masse salariale a connu une hausse, avec un salaire moyen annuel passé de 19 200 USD à 23 086 USD en 2025.
La SNEL a également procédé à 931 engagements depuis 2023, dont 831 journaliers régularisés. Elle prévoit 604 nouveaux recrutements d’ici fin 2025, incluant 404 jeunes diplômés et la mécanisation de 200 journaliers. Une dynamique saluée par le CSP comme un signe de vitalité dans la gestion des ressources humaines.
Les contraintes persistent
Malgré ces progrès, des freins importants subsistent. Le DG Lusinde a dénoncé une fiscalité énergétique « confiscatoire », le maintien des tarifs de 2009 malgré l’inflation et les retards dans l’application des exonérations douanières pour les équipements.
« La fiscalité doit être visible, stable, incitative et juste », a-t-il plaidé, insistant sur l’urgence d’une réforme pour soutenir les investissements.
Il a par ailleurs alerté sur la menace qui pèse sur certaines infrastructures, notamment le pylône 8 de la ligne 400 kV, exposé à l’érosion. « Si ce pylône tombe, Kinshasa sera plongée dans le noir. Ce n’est pas seulement une affaire de la SNEL, mais une affaire de l’État », a averti le patron de la société.
Entre défis et perspectives
L’évaluation du CSP conclut à un bilan positif : amélioration des performances financières, investissements accrus, modernisation des infrastructures et renforcement du capital humain. Cependant, la SNEL reste confrontée à une équation délicate : une demande électrique en forte croissance, face à des moyens de production encore limités.
Pour y faire face, l’entreprise appelle à un contrat de performance clair avec l’État, propriétaire et principal client, ainsi qu’à la construction de nouvelles centrales pour répondre aux besoins stratégiques, notamment dans le secteur minier.
« L’électricité est au cœur du développement économique. La SNEL fait sa part, mais l’État doit jouer pleinement son rôle », a conclu Fabrice Lusinde, tout en réaffirmant sa détermination à aligner l’action de la société sur la vision du Chef de l’Etat et les priorités du Gouvernement.
La Pros.
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