Inondations à Ndanu (Limete) : enjeux, causes et solutions pour une urbanisation durable face au changement climatique

Inondations à Ndanu (Limete) : enjeux, causes et solutions pour une urbanisation durable face au changement climatique

Le quartier de Ndanu, une agglomération d’environ 8 km², se situe derrière les anciennes usines de Goodyear et de Bia, sur la route des poids lourds, dans la commune de Limete. Caractérisé par un taux d’occupation du sol très élevé, ce quartier est naturellement sujet aux inondations. A l’origine, cette zone était une rizière exploitée par des Chinois dans les années 1970. A ses débuts, elle n’était pas destinée à accueillir une population aussi nombreuse qu’elle le fait aujourd’hui.

Dans les années 1980, les autorités locales ont commencé à lotir le quartier et à vendre des parcelles, sans toujours évaluer correctement le risque d’inondation. En effet, ces ventes ont été réalisées dans une zone potentiellement inondable, sans prendre en compte les données historiques, les crues probables ou les événements météorologiques extrêmes. Il aurait été essentiel d’étudier précisément le risque, de respecter la réglementation en vigueur, et de prévoir des mesures pour limiter l’impact des inondations. Cela aurait permis de garantir la sécurité des habitants tout en préservant l’environnement.

En lotissant le quartier Ndanu, les autorités coutumières et locales n’ont pas sollicité l'avis d'architectes urbanistes ou d'autres professionnels de l'urbanisme. Le rôle de ce dernier est d'assurer que le développement du quartier respecte les règles d'urbanisme, qu'il soit cohérent avec le plan d'aménagement de la ville de Kinshasa, et qu'il prenne en compte des aspects tels que la circulation, l'environnement, les espaces verts, les réseaux d’assainissement et la qualité de vie des futurs habitants. En faisant appel à des architectes urbanistes, on s’assure que le projet sera bien pensé, équilibré et conforme aux réglementations en vigueur. Cela contribue aussi à éviter des problèmes futurs liés à l'aménagement, et à garantir une urbanisation harmonieuse et durable.

En l’absence de règles ou de leur application effective, comme cela est malheureusement courant dans notre pays, Ndanu a été aménagé sans prendre en compte ces enjeux. En conséquence, chaque année, des inondations mortelles surviennent, sans que les autorités n’aient encore trouvé de solution durable. En avril 2025, les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la province du Congo Central ont rempli le lit de la rivière N’djili. Son débordement a entraîné un surplus d’eau qui a inondé les quartiers de Ndanu (Limete) et Debonohomme (Matete) faisant de nombreuses victimes. La montée des eaux, atteignant parfois 3 mètres de haut, a dévasté ces quartiers périphériques et défavorisés de Kinshasa, une ville marquée par une urbanisation anarchique. La boue, mêlée de matières fécales, a envahi les habitations, aggravant la situation. Si aucune action n’est entreprise, une crise sanitaire pourrait se profiler dans les mois à venir, notamment si les autorités n’accompagnent pas les populations dans des campagnes de désinfection et d’hygiène, car ces scénarios se répètent.

Afin de limiter les dégâts et d’éviter des conséquences irréparables dans un contexte où le changement climatique menace l’avenir de notre planète, il serait judicieux pour les autorités municipales et nationales d’anticiper ces enjeux et de mettre en œuvre des mesures efficaces pour lutter contre les inondations soudaines et imprévisibles, qui pourraient causer des dommages plus importants qu’actuellement.

Étant donné que la zone est aménagée depuis plusieurs décennies, il n’est pas envisageable de recourir à des mesures extrêmes telles que l’expulsion des occupants. En revanche, des solutions concrètes peuvent être envisagées, telles que la construction de bassins de rétention d’eau le long de la rivière N’djili. Ces bassins joueront un rôle crucial dans la gestion des crues en permettant de stocker temporairement l’eau lors des périodes de forte pluviométrie, ce qui contribuera à réduire le débit qui remonte vers les quartiers Ndanu et Debonhomme.

Par ailleurs, il est essentiel d’engager des travaux d’urbanisation visant à renforcer la résilience de la zone. Cela inclut la création de caniveaux pour l’évacuation efficace des eaux pluviales et usées, ainsi qu’un programme ambitieux de gestion des déchets ménagers, afin d’améliorer la qualité de l’environnement et de prévenir les risques liés aux inondations. Concernant ce sujet, il est nécessaire que les habitants participent financièrement aux travaux d’aménagement, afin de leur offrir des conditions de vie améliorées.

Enfin, compte tenu du changement climatique, qui pourrait accentuer ces phénomènes, nous estimons que la création de bassins de rétention constitue la solution la plus appropriée pour protéger Ndanu et Debonhomme contre un éventuel déluge catastrophique.

Dr David MENGE

Conseiller Municipal honoraire de la ville d’Ivry-sur-Seine (France)

 

 

 

Comments est propulsé par CComment

Author’s Posts

Image

Download Our Mobile App

Image
Image
© 2025 JoomShaper. All Rights Reserved

Design & Developed by IKODI DESIGN & IT SOLUTIONS