Violation des Droits humains, RDC : Bintou Keita lance un cri d’alerte !

Violation des Droits humains, RDC : Bintou Keita lance un cri d’alerte !

Le 1er avril 2025, lors d'un dialogue interactif au Conseil des droits de l'homme à Genève, la Représentante spéciale du Secrétaire Général de l’ONU, Bintou Keita, a exprimé une profonde inquiétude quant à la détérioration de la situation des droits humains en République Démocratique du Congo. Elle a souligné que le conflit s'intensifie, aggravant la souffrance des civils notamment, dans l'Est du pays, où des groupes armés comme le M23 et les ADF continuent de commettre des violations graves. La Cheffe de la Monusco a noté une augmentation alarmante des exécutions sommaires et des violences sexuelles, appelant à des mesures de prévention robustes de la part du gouvernement congolais. Elle a également plaidé pour un soutien international renforcé et pour la responsabilité des auteurs de violations des droits humains. La situation humanitaire demeure critique, avec de nombreuses familles déplacées et des conditions de vie précaires. Pour clore son propos, elle a lancé un appel à l'action pour restaurer l'Etat de droit et protéger les droits fondamentaux en RDC.

Déclaration de la RSSG Bintou Keita au Conseil de Droits de l’Homme

Dialogue interactif amélioré sur la République Démocratique du Congo

Genève, 1er avril 2025

Monsieur le Président, 

Son Excellence, Madame la Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo, 

Son Excellence, Madame la Vice-Ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, 

Madame la Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme,

Madame la Présidente de l’équipe des Experts indépendants sur la

République démocratique du Congo,

Distingués membres du Conseil des droits de l’homme,

Je vous remercie de me donner à nouveau l’occasion de m'adresser au Conseil sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo.  Je prends la parole aujourd’hui avec un sentiment d’urgence. 

Depuis ma dernière intervention ici, le 7 février dernier, la situation ne s’est pas stabilisée. Elle s’est aggravée.

Le conflit s’enlise, la violence s’étend, et la souffrance des civils s’intensifie. 

Je remercie les efforts du Haut-commissaire aux droits de l’homme dont le travail est essentiel pour maintenir l’attention du monde sur la République Démocratique du Congo. Il renforce le plaidoyer en faveur d’une amélioration des droits humains dans le pays. Il rappelle aussi que cette crise n’est pas isolée. Et qu’il faut éviter qu’elle ne déborde vers l'ensemble de la région des Grands Lacs. 

Je salue l'engagement continu de l'Équipe d'experts internationaux, récemment venue en République Démocratique du Congo, dans la poursuite de son mandat pour faire avancer la justice et lutter contre l’impunité. 

Je souligne également le travail initial accompli par l'équipe de démarrage de la mission d'établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l'homme. Je plaide pour que toutes les parties apportent leur soutien et leur coopération à ce mécanisme important. 

Je note avec intérêt l’intention des autorités congolaises de finaliser en urgence un cadre pour la justice transitionnelle, comme annoncé le 28 mars. C’est un pas dans la bonne direction.  

Mais pendant que des efforts se poursuivent à Genève, à Kinshasa et ailleurs, les populations de l’est du pays souffrent d'un conflit prolongé. Les avancées du Mouvement du 23 mars, soutenu par les forces de défense rwandaises, l'activisme continu des ADF, de la CODECO et de diverses factions de Wazalendo perdurent.  Résultat : les souffrances de centaines de milliers d'enfants, de femmes, de personnes âgées et déplacées à l'intérieur du pays s’aggravent. 

Sur les 1 099 violations des droits de l'homme recensées par le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de L’Homme depuis le début de l'année, 88 pourcents ont eu lieu dans des provinces en conflit. 71 pourcents de ces violations ont été commises par des groupes armés. 

Monsieur le Président, distingués membres du Conseil des droits de l’homme,

Je suis profondément préoccupée par l'annonce récente de Thomas Lubanga - condamné par la Cour pénale internationale - de la création d'une coalition armée en Ituri à partir d'un pays voisin. Cette évolution inquiétante aggrave les tensions interethniques dans une zone déjà troublée et pose un risque de répétition de crimes internationaux. 

Pendant que le conflit perdure, nous assistons à un revers inquiétant de décennies d'investissements et d'efforts pour faire respecter l'État de droit dans l'est de la RDC. C'est une évolution regrettable que nous ne pouvons pas permettre.

Nous devons aux générations présentes et futures congolaises des sociétés justes, ouvertes et pacifiques. Des sociétés où la loi protège, où la vie a un prix, où la dignité n’est pas un luxe, mais un droit. 

Je vous ai parlé aujourd’hui avec un sentiment d’urgence. 

Un sentiment nourri par les réalités vécues chaque jour par les populations en République démocratique du Congo. Là où les populations attendent que le droit reprenne sa place, et que la protection devienne une réalité. 

Il est encore temps d’agir.

Merci pour votre aimable attention.

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