Sur l’accord de Washington de ce 4/12/25:du show médiatique pour rien au regard des divergences persistantes entre les deux pays signataires et du système politique congolais de State capture.
(Par le Professeur Florent Gabati)
Il est évident aujourd’hui que les congolais ont la perception que tous ces accords de paix sur la RDC ne sont que du spectacle médiatique mis en branle plutôt que des véritables tentatives de paix rapide et durable. Le point d’orgue de tous ces processus, c’est la signature de l’accord de paix entre les présidents congolais et rwandais comme l’a annoncé la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavit lors d’une conférence de presse ce lundi 1er décembre. Cette cérémonie se tiendra ce 4 décembre 25 à Washington sous les auspices du président américain. En effet, la polarisation de l’agenda interroge les congolais tout comme le manque de progrès dans les efforts afin de mettre en œuvre les précédents accords signés fin juin à Washington.
Nul n’ignore aujourd’hui les divergences persistantes entre la RDC et le Rwanda dans la perception de la nature de la menace et de la responsabilité. Le Rwanda perçoit les FDLR comme un épouvantail justifiant à fortiori ses actions défensives, considérant le conflit comme une affaire interne à la RDC où le gouvernement congolais est incapable de s’assumer tandis que la RDC accuse le Rwanda de violer son intégrité territoriale en soutenant le M23. Au-delà de tous les écosystèmes politiques, quels sont les intérêts pour les congolais dans la signature de l’accord de Washington de ce 4 décembre 25? Pourquoi les députés nationaux congolais ne se sont-ils pas appropriés tous ces accords en examinant leur conformité à la Constitution ?
L’on ne peut donc pas se satisfaire d’un système politique des magouilles, de mafia systémique en accordant une prime d’excellence dans la signature de l’accord de ce jeudi 4 décembre 25 à Washington. Si le président américain estime aujourd’hui que l’Ukraine a quelques problèmes difficiles, il y a une situation de corruption, ce qui n’aide pas l’Ukraine dans les négociations pour mettre fin à la guerre contre la Russie. Qu’en est-il alors de la RDC en termes de la corruption systémique des élites politiques qui sont des pieuvres, du climat d’affaires mafieux, du pillage des ressources du pays, du système politique de State capture ? En 2024 la RDC est classée 166ème sur 180 pays avec un score de 20 sur l’indice de la perception de la corruption, la déclarant parmi les pays les plus corrompus au monde tandis que l’Ukraine est classée 105ème sur 180 pays avec un score de 35. La RDC apparaît aujourd’hui comme l’un des canards boiteux de l’Afrique à cause de ceux qui gouvernent ce pays. C’est une perception erronée de signer des accords d’intégration régionale dans le contexte actuel de la RDC où le climat des affaires reste pollué et la responsabilité de la descente aux enfers du pays incombe au président Tshisekedi incarnant beaucoup de déficits politico- économiques. Ceux qui cherchent un bouc émissaire dans la balkanisation de la RDC aujourd’hui sont frappés de cécité politique, car Pierre Corneille affirme dans son œuvre Le Cid :
«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années». Evidemment, depuis Freud, on s’accorde à reconnaître que l’homme est un animal rêveur. Et penser un avenir et le devenir de la RDC face aux défis majeurs autorise un leadership fort, crédible pour donner aux congolais de l’espérance de vie meilleure.
Il s’agit bel et bien d’un écran de fumé: des facteurs clés ne sont même pas réunis en RDC tels que : la stabilité politique et économique, la bonne gouvernance, des infrastructures solides, des lois claires, un environnement social serein s’arc-boutant sur l’éthique sociétale. Comment peut-on alors parler de l’accord de l’intégration régionale quand dans un pays le pouvoir en place excelle à ne faire que du surplace et se complaît au statu quo actuel ? Comment peut-on faire du business avec des voleurs de la république qui sont des champions en évasion fiscale? La politique du surplace mise en place demeure néfaste pour le pays. Elle empêche le développement par l’absence d’innovation, de stratégies claires. Les conséquences demeurent nombreuses en termes du taux très élevé des jeunes au chômage, de l’insécurité alimentaire. L’absence de visibilité politico-économique a impact négatif dans les politiques de grands investissements en RDC: l’agriculture et l’agro-alimentaire sont des secteurs fondamentaux qui génèrent des revenus et des emplois dans les régions rurales. A l’époque de Mobutu les zones rurales exportent d’importants produits agricoles tels que le café, l’huile de palme, le coton, le thé. Selon l’African Development Bank Group, en 2021 la RDC a importé jusqu’à 40 % des besoins alimentaires représentant le montant de 3 milliards de dollars américains malgré le très grand potentiel agricole du pays. Ce sont des médiocres qui ne veulent pas changer de paradigme économique. La signature de l’accord de paix ce jeudi 4 décembre 25 à Washington paraît comme une mise en scène politique pour rien. Avec une gravité qui sonne comme une interpellation doublée d’un appel au sursaut patriotique pour revigorer nos valeurs communes, nous réitérons notre engagement dans la tenue du dialogue national comme le souhaitent l’Église catholique et protestante sans oublier tant d’autres figures emblématiques congolaises. Nous ne voulons pas que la population soit embarquée dans un show médiatique pour rien alors que les dirigeants ne parviennent pas à mettre un terme à l’insécurité perpétrée par des groupes armés non-étatiques et surtout à la guerre à l’est que Mr Tshisekedi a générée. Les congolais n’en peuvent plus d’être pris en étau entre les accords de paix et le pillage de leurs ressources par les élites au pouvoir sans perspective du bien-être de la population. Afin de briser la chape de plomb de State capture, du braquage de la république, la RDC ne doit plus rester une jungle, un Etat mafieux.



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