Maintien des filles enceintes à l'école , RDC : le FDAPID appelle à une approche réfléchie

Le lundi 14 juillet 2025, le gouvernement de la République Démocratique du Congo, par l'intermédiaire du ministère de l'Education nationale et de la Nouvelle Citoyenneté, a officialisé la décision de maintenir les élèves enceintes dans le système scolaire. Cette mesure vise à leur permettre de poursuivre et d'achever leur cursus sans interruption, mettant fin à une pratique d'exclusion de longue date.
Auparavant, une élève qui tombait enceinte était systématiquement contrainte d'abandonner ses études, une politique qui a contribué à un taux de déscolarisation élevé chez les jeunes filles en RDC.
En réaction, l'organisation non gouvernementale Foyer de Développement pour l'Autopromotion des Pygmées et Indigènes Défavorisés (FDAPID) a publié une note ce mardi 15 juillet 2025. Tout en reconnaissant le potentiel positif de la mesure, l'ONG appelle à une "conceptualisation" plus approfondie pour prévenir d'éventuels effets pervers dans les établissements scolaires et garantir la protection des droits des jeunes filles concernées. Dans une note adressée au gouvernement et à ses partenaires, l'organisation exprime sa crainte que cette décision, si elle n'est pas correctement encadrée, n'entraîne des conséquences négatives.
Le FDAPID se dit préoccupé par les vifs débats sur les réseaux sociaux suscités par la note circulaire n° MINEDU-NC/SG/80/DEVC/90/1245/2025 du 14 juillet 2025. L'ONG reconnaît que la décision est à première vue « salvatrice », car elle promeut le droit à l'éducation garanti par l'article 43 de la Constitution de la RDC, qui stipule : « Toute personne a droit à l'éducation scolaire. Il y est pourvu par l'enseignement national ».
Cependant, l'organisation met en garde contre des risques importants. « Nos larmes de tristesse coulent après avoir identifié les dégâts collatéraux camouflés par la décision prise sans une analyse critique et objective en amont », alerte le FDAPID. L'ONG craint que la mesure, en l'état, n'ouvre « grandement la porte à des conséquences sur plusieurs familles », notamment un possible accroissement du taux de grossesses non désirées, les jeunes filles n'ayant « plus rien à perdre » et les auteurs pouvant se sentir moins responsabilisés.
L'organisation s'inquiète également d'une potentielle banalisation de ce qu'elle qualifie de "délinquance juvénile", qui pourrait causer une détresse considérable aux parents.
Fort de son expérience dans le secteur de l'éducation et de sa connaissance des problématiques de déperdition scolaire, le FDAPID, qui promeut les principes d'inclusion, formule les recommandations suivantes :
- Suspendre l'application de la note circulaire pour mener une étude approfondie afin d'identifier les causes profondes des grossesses en milieu scolaire et d'élaborer une stratégie adaptée.
- Renforcer les sanctions contre les auteurs de ces grossesses dans une optique de justice réparatrice.
- Adapter les règlements scolaires en y intégrant des mesures de protection spécifiques pour les jeunes filles mineures et les autres groupes vulnérables.
- Investir massivement dans l'éducation civique et morale pour promouvoir une citoyenneté responsable, fondée sur la dignité et les valeurs humaines.
Guellord Risasi
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