Le vendredi 19 décembre, Kinshasa a été le théâtre d’une manifestation marquée par la présence des formations politiques membres de la majorité présidentielle, un acte significatif dans le paysage politique congolais. Les militants, soutenus par divers responsables politiques, sont descendus se sont rassemblés au palais du peuple, pour revendiquer le respect des accords de Washington, qui visent à instaurer un cessez-le-feu dans l'est du pays. Il n’y a pas de doute : ce type de mobilisation, qui interpelle inévitablement le médiateur américain et l'ensemble de la communauté internationale, n'est pas à négliger. Elle souligne une volonté d'engagement démocratique et de quête de paix, affirmant ainsi le droit des Congolais à faire entendre leur voix face aux enjeux cruciaux de sécurité et de stabilité.
Cependant, au-delà de la symbolique de ces rassemblements, il est impératif que la majorité présidentielle procède à une introspection sérieuse concernant les contre-performances de sa politique sur le terrain. En tant que gouvernement en place, il est de leur responsabilité d’analyser la réalité complexe du paysage sécuritaire. Depuis plusieurs années, le pays fait face à des défis colossaux, exacerbés par l'ingérence étrangère, en particulier l'agression du Rwanda et la résurgence des groupes armés comme l'AFC/M23. Ces phénomènes ne peuvent être simplement attribués à des facteurs extérieurs; ils doivent également être analysés à travers le prisme des politiques gouvernementales et des choix stratégiques effectués par les dirigeants congolais.
La réalité est que dans des situations de conflit comme celle-ci, une approche combinée de négociation et de lutte militaire est souvent nécessaire. Alors que la mobilisation populaire est essentielle pour rappeler à la communauté internationale son rôle dans la résolution du conflit, il est tout aussi crucial que le gouvernement congolais explore toutes les avenues diplomatiques possibles pour faire face à l'agression rwandaise. La bonne nouvelle est que la dynamique diplomatique peut modifier les rapports de force sur le terrain. Aujourd'hui, le Rwanda qui, jusqu'alors, opérait dans l’ombre, est de plus en plus exposé comme le principal instigateur des troubles à l'Est.
Il faut reconnaître que cette mobilisation populaire peut être un levier pour une meilleure prise en compte des enjeux de sécurité, mais sans une évaluation approfondie des politiques publiques dans ce domaine, les risques de désillusion sont élevés. Il est donc temps pour la majorité présidentielle non seulement de crier au respect des accords, mais également de réévaluer ses tactiques en matière de sécurité nationale et de diplomatie régionale. Le moment est venu d'adopter une approche proactive, de renforcer les capacités de l'État à défendre son intégrité territoriale, tout en engageant un dialogue constructif qui permettra de rassembler toutes les forces vives de la nation autour d’un objectif commun : la paix durable et la restauration de la souveraineté du Congo.
La voie à suivre est claire : la responsabilité incombe maintenant à ceux qui détiennent le pouvoir d’action afin d’éviter que ces marches et autres mobilisations ne se transforment en manifestations de désespoir face à des années d'inefficacité. Il est crucial de transformer ce mouvement en une stratégie unifiée qui mette fin à l'avancée des forces hostiles tout en ouvrant la porte à une diplomatie sincère et efficace.
La Pros.



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