Comprendre la portée juridique, politique, économique, sécuritaire et diplomatique de l’accord du 27 juin 2025

(Par Grâce Tshiunza Tantamika)
L'accord signé le 27 juin 2025 à Washington entre la République démocratique du Congo RDC et le Rwanda, sous médiation des Etats-Unis, repose sur plusieurs fondements juridiques et diplomatiques.
1. Nature juridique
L'accord du 27 juin 2025 est un traité international au sens du droit international public. Il a été signé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays en présence du secrétaire d'État américain, Marco Rubio, ce qui lui confère une valeur juridique contraignante. Ce traité s'appuie sur une Déclaration de principes signée le 25 avril 2025, qui, bien que non contraignante juridiquement, a préparé le terrain pour l'accord formel.
2. Principes et engagement clés
L'accord repose sur des principes fondamentaux du droit international, notamment : Respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale:
Les deux parties s'engagent à respecter mutuellement leurs frontières et à s'abstenir de toute ingérence dans les affaires internes de l'autre.
Cessation du soutien aux groupes armés : Les deux pays s'engagent à ne plus soutenir les groupes armés non étatiques opérant dans l'est de la RDC, notamment le M23.
Désengagement et désarmement : L'accord prévoit le retrait des troupes rwandaises de l'est de la RDC dans un délai de 90 jours, ainsi que le désarmement et la réintégration des groupes armés.
Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire : Un mécanisme est mis en place pour coordonner les efforts de sécurité entre les deux pays.
Cadre économique et investissement
L'accord inclut également des dispositions visant à :
Lancer un cadre économique régional: Dans les 90 jours suivant la signature, un cadre économique régional sera établi pour attirer les investissements occidentaux dans la région riche en minerais.
Favoriser la transparence dans les chaînes d'approvisionnement:
Les deux pays s'engagent à renforcer la transparence dans les chaînes d'approvisionnement des minerais critiques.
Médiation et soutien international
L'accord a été facilité par les États-Unis, avec l'appui du Qatar, et s'inscrit dans le prolongement des processus de paix régionaux de Nairobi et de Luanda. Il bénéficie également du soutien de la communauté internationale, notamment en ce qui concerne la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui exige le retrait de toutes les forces étrangères du territoire congolais.
Porte juridique et mise en œuvre
Bien que l'accord soit juridiquement contraignant, sa mise en œuvre dépendra de la volonté politique des parties et du soutien continu des médiateurs internationaux. Des mécanismes de suivi et d'évaluation sont prévus pour assurer le respect des engagements pris.
En résumé, l'accord entre la RDC et le Rwanda signé aux États-Unis repose sur des principes du droit international public, avec une attention particulière portée à la souveraineté, à la sécurité régionale et au développement économique. Sa réussite dépendra de la mise en œuvre effective des engagements et du soutien continu de la communauté internationale.
Que gagne la RDC dans cet accord ?
La RDC gagne plusieurs choses stratégiques dans l’accord signé avec le Rwanda aux États-Unis :
- Retrait militaire rwandais;
Le Rwanda s’engage à retirer ses troupes de l’Est de la RDC dans un délai de 90 jours, sous supervision internationale.
Cela pourrait réduire les violences dans le Nord-Kivu, surtout autour du M23.
- Fin du soutien aux groupes armés ; Le Rwanda promet de cesser tout appui au M23. Cela affaiblit ce groupe et ouvre la voie à une démobilisation.
- Reconnaissance de la souveraineté de la RDC ; Le Rwanda reconnaît officiellement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC. C’est une victoire diplomatique pour Kinshasa.
- Création d’un mécanisme sécuritaire conjoint ; Un mécanisme bilatéral permettra de surveiller la frontière et prévenir de futures tensions.
- Appui international et investissements; L’accord prévoit un cadre économique régional soutenu par les États-Unis. Cela pourrait attirer des investissements américains dans les minerais stratégiques de la RDC.
- Renforcement du rôle diplomatique de la RDC;
Kinshasa gagne en stature sur la scène internationale comme partenaire crédible dans la résolution de conflits régionaux.
En résumé, la RDC obtient un désengagement militaire rwandais, des garanties politiques, un cadre sécuritaire commun et des perspectives économiques, tout cela avec le soutien des États-Unis.
Que perd le Rwanda en signant cet accord ?
Le Rwanda perd plusieurs avantages stratégiques dans cet accord :
1. Perte d’influence militaire en RDC;
Le retrait de ses troupes de l’est de la RDC, notamment dans les zones minières, signifie une perte de contrôle militaire sur un territoire stratégique.
2. Fin du soutien au M23;
Le Rwanda s’engage à cesser tout appui au M23, qui lui servait d’outil d’influence et de pression contre Kinshasa.
Cela affaiblit sa capacité à intervenir indirectement en RDC.
3. Pression diplomatique accrue;
L’accord met le Rwanda sous surveillance internationale (notamment américaine) pour respecter ses engagements.
En cas de non-respect, Kigali pourrait faire face à des sanctions ou à un isolement diplomatique.
4. Reconnaissance claire de la souveraineté de la RDC;
Le Rwanda reconnaît officiellement les frontières et la souveraineté de la RDC, ce qui limite ses prétentions sécuritaires dans l’est congolais.
5. Partage économique et transparence;
Kigali devra renoncer à une partie des ressources qu’il exploitait ou contrôlait indirectement via le M23.
Le nouveau cadre régional impose plus de transparence, notamment sur les minerais stratégiques.
En résumé; le Rwanda perd une part de son levier militaire, économique et politique dans l’est de la RDC, en échange d’un apaisement diplomatique et de possibles gains dans un cadre économique régional partagé.
Que doit faire la RDC pour matérialiser ces bénéfices diplomatiques ?…
Je vous promets, d’introduire une note technique dans la réception du Président de la République Chef de l’Etat son Excellence, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et de la MinEtat des affaires étrangères ce mardi 1 juillet.
Grâce TSHIUNZA TANTAMIKA/ antithèse des professeurs thésards.
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