Malin Björk, cheffe de mission d’observation électorale de l’Union Européen, MOE UE, a, dans le cadre du lancement de la mission d’observation en RDC, dévoilé ce 21 novembre, le calendrier du déploiement et du mandat de cette mission électorale.
L’eurodéputée suédoise a laissé entendre qu’actuellement, il y a une dizaine d’experts électoraux qui sont en cours de déploiement en RDC et une quarantaine d’observateurs à long terme. ‘’Ces observateurs sont arrivés le 17 novembre et sont présentement en formation. Au moment venu, ils seront déployés dans 17 provinces’’, a-t-elle précisé.
D’après la cheffe de la MOE UE, le suivi de la campagne électorale, les préparatifs et du déroulement du scrutin, la compilation des résultats et les recours éventuels, seront les rôles qu’ils joueront dans leurs zones d’observation. A cet effet, ils rencontreront les candidats et partis politiques, l’administration électorale, les membres des bureaux de vote, la société civile et les médias. Donc, ‘’Ils seront nos yeux et nos oreilles sur le terrain’’, a renchéri L’eurodéputée.
Elle a également indiqué que ces observateurs seront renforcés quelques jours avant le scrutin par 12 observateurs dits de courte durée ainsi que par des diplomates de l’Union européenne et des États membres en poste à Kinshasa.
Etant donné que l’UE espère déployer près d’une centaine de personnes, la cheffe de la MOE UE a affirmé que le jour du vote, ils seront rejoints par des observateurs de court terme. A l’en croire, ces observateurs seront issus de 24 des 27 États membres de l’Union européenne ainsi que de la Norvège, de la Suisse et du Canada. De plus, une délégation de sept députés du Parlement européen se joindra à ladite mission
Elle a par ailleurs tenu à rassurer sur l’impartialité et l’indépendance du travail de ces observateurs. ‘’Ces observateurs qui passeront six semaines dans le pays rempliront leur mission en toute impartialité et indépendance’ ’, a-t-elle rassuré.
Malin Björk a également assuré de la présence de plusieurs autres missions internationales pour ce scrutin. Il s’agit notamment de l’Union africaine (UA), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ainsi que Le Centre Carter qui est aussi en cours de déploiement à Kinshasa. ‘’Ce sont celles qui vont finalement quadriller le mieux le territoire’’, a affirmé la cheffe de cette mission.
Plusieurs organisations de la société civiles regroupées en plusieurs plateformes en feront également partie.
Pour elle, la plus importante, sera la mission commune des églises catholiques et protestante. La Cenco et l’ECC annoncent pouvoir déployer 60 000 observateurs pour ce vote.
Et en cette période où la campagne électorale bat son plein dans le pays, la MOE UE a invité les candidats et les militants à la tolérance et d’éviter toutes sortes de violences qui risquent de plonger le pays dans le chao. ‘’En cette période de campagne, nous appelons au respect des libertés d’expression et de réunion ainsi qu’au rejet de la violence et des messages de haine. Notre objectif est de contribuer positivement à des élections générales que nous souhaitons inclusives, libres, transparentes et apaisées. L’Union européenne est pleinement engagée dans un processus d’accompagnement de la consolidation démocratique en RDC ‘’, a insisté Malin Björk.
Lors de sa visite de deux jours en République Démocratique du Congo, Malin Björk a déclaré avoir rencontré les acteurs politiques du pouvoir, de l’opposition et le président de la Commission nationale électorale indépendante.
La Suédoise a tenu à informer que l’UE se trouve en RDC sur invitation des autorités congolaises. Elle a néanmoins incité les autorités à décaisser au plus vite les fonds dont a besoin la Céni pour aller au bout de ce processus.
Il faut signaler que Malin Björk arrive à la tête de la mission d’observation électorale de l’Union Européen en RDC après avoir suivi comme observatrice de la dernière présidentielle au Libéria.
Les partis et regroupements politiques, les candidats indépendants, les missions d’observation électorale ainsi que les journalistes désireux d’obtenir une accréditation pour les scrutins combines du 20 décembre 2023 peuvent désormais, pour ce faire, introduire leurs requêtes via la consultation du site internet de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), www.ceni.cd, au lien https://portal.accreditation-ceni.com/login/.
C’est ce que notifie le ‘’COMMUNIQUE DE PRESSE N°065/CENI/2023’’ de la centrale électorale congolaise du jeudi 16 novembre 2023 signé par son Rapporteur-adjoint, Paul Muhindo Mulemberi Vahumawa.
Il est, en outre, prescrit aux requérants de se faire enregistrer au préalable avant de procéder au téléchargement des formulaires de demande d’accréditation et aux autres formalités d’usage.
Le Guide des procédures d’identification et d’accréditation des témoins, observateurs et journalistes, renseigne enfin le communiqué, est disponible sur la même plateforme.
Raphaël Ngoma Mabonzo, journaliste à la Radio communautaire de Moanda, une station émettant dans la ville côtière de Moanda, dans la province du Kongo Central, a passé sa première nuit de détention au cachot du Parquet du Tribunal de paix de Moanda.
Bien avant son arrestation ce jeudi 09 novembre 2023, le journaliste avait été auditionné et entendu sur procès-verbal par l’Agence nationale des renseignements (ANR) qui a transmis son dossier au Parquet.
Selon des informations recueillies par JED, Raphaël Ngoma est accusé par l’Administrateur du territoire, Madame Amina Panda, pour avoir diffusé une fausse information sur l’interdiction d’un meeting prévu par le candidat président de la République, Monsieur Matata Ponyo. Une information qui a été démenti quelques heures après par le journaliste lui-même après un appel et des menaces reçus de la part de l’Administrateur.
Joint par le correspondant de JED sur place, le journaliste explique que « Dans mon article publié dans les réseaux sociaux et sur les ondes de ma radio, je n'ai pas parlé de l’interdiction de ce meeting, mais plutôt que l’autorisation de ce meeting n’avait été encore notifiée aux organisateurs de ce meeting. Mais, malgré cela l’Administrateur m’a appelé pour me menacer en me disant que je dois faire attention à ma vie...Je dénonce ces menaces de mort ainsi que la tentative d’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité qui sont sous son autorité » déclaré le journaliste.
Journaliste en danger (JED) dénonce également cette arrestation et rappelle qu’aux termes de la nouvelle Loi sur la presse en RD Congo, la publication par le média d’un droit de réponse équivaut à la réparation pour la personne qui s’estime lésée par un article de presse. JED demande au Tribunal de paix de Moanda de considérer cette plainte comme sans objet et d’ordonner la libération sans conditions du journaliste Raphaël Ngoma Mabonzo.
A travers un communiqué de presse du 15 novembre 2023, la CENI a répondu aux observations soulevées par la mission d’observation électorale CENCO-ECC sur le fichier électoral. Accusée d’avoir commis des erreurs notamment, dans la communication du nombre d’électeurs et les données publiées dans la cartographie des bureaux de vote, la CENI dément et donne des précisions.
La CENI explique que dans son communiqué de presse n°024/CENI/2023 du 22 mai 2023, le nombre d’électeurs repris est de 43.955.181, inclus les 13.290 électeurs enrôlés dans la diaspora. Cette différence des chiffres constaté par la MOE se justifie par le fait que les électeurs de la diaspora ne sont pas pris en compte dans la répartition des sièges au niveau des Assemblées à tous les niveaux, ce qui amène à soustraire 13.290 électeurs enrôlés dans la diaspora, et qui donne le total (enrôlés sur le territoire national+ Diaspora)– 13.290 (total enrôlés dans la diaspora) = 43.941.891.
La Céni confirme ce nombre suite à son communiqué de presse sus-évoqué et à l’avant- projet de loi portant répartition des sièges transmis au parlement, et demande à quiconque aurait des doutes ‘’d’aller vérifier cela au parlement’’.
Faisant référence à une erreur de transcription déjà relevée, la CENI donne cet éclaircissement. «La CENI avait déjà relevé une erreur de transcription dans la loi n°23/025 du 15 juin 2023 portant répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections pour les élections législatives, provinciales, municipales et locales, telle que publiée au journal officiel, dans son numéro spécial du 24 juin 2023. En effet, à l’annexe I : de la répartition des sièges pour l’élection des députés nationaux, à la page 7, référence est faite à 43.491.891 plutôt que 43.941.891. Les allégations de la mission d’observation électorale conjointe CENCO-ECC se rapporte manifestement à cette coquille plutôt qu’aux données constantes publiées officiellement par la CENI ».
Ainsi, contrairement au nombre publié, « la CENI tient la MOE CENCO-ECC responsable du nombre de 44.541.683 électeurs qu’elle a avancé selon ces combinaisons mathématiques qu’elle peut seule clarifié ».
Concernant la cartographie des bureaux de vote et du territoire de Kailo dans la province du Maniema, la CENI porte à la connaissance de la MOE CENCO-ECC que le nombre de bureaux de vote et de dépouillement (BVD) est de 75.478, y compris les cinq pays à l’Etranger et non 76.486 tel que mentionné dans son communiqué et que Kailo figure bel et bien dans la cartographie électorale à l’instar d’autres territoires de la RDC.
Pour conclure, la Céni salue l’invitation lancée particulièrement aux électeurs par la MOE CENCO-ECC de consulter la liste provisoire des électeurs, la cartographie des bureaux de vote et la liste définitive des électeurs dès qu’elle sera affichée. En plus, elle invite la MOE CENCO-ECC à se rapprocher au préalable d’elle afin d’obtenir des informations correctes à la source sur ledit processus avant de lancer des communiqués au public ; ce qui éviterait de créer une confusion tendant à discréditer inopportunément le processus électoral.
Le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a réceptionné, ce vendredi 17 novembre 2023, un lot de 21 bus Mercedes-Benz, destinés à la Société des Transports au Congo (Transco), des bus montés sur place à Kinshasa, par l'entreprise Suprême Automobile à travers son usine de la 12ᵉ rue Limete industrielle. C'était au cours d'une cérémonie officielle à la place Le Royal.
C'est des mains du Directeur général de Suprême Automobile, Monsieur Harish Jagtani que le Chef du Gouvernement a réceptionné symboliquement les clés de ces bus. Pour sa part, il a remis ces clés au Ministre des Transports, Marc Ekila qui les remettra, à son tour, au Directeur général de Transco.
C'était en présence du Ministre d'État en charge de l'Aménagement du Territoire, Guy Loando, du Gouverneur de la province de l'Équateur, de la Gouverneure de la province du Kasaï-Oriental, et des agents et cadres de Transco ainsi que de l'entreprise Suprême Automobile.
Il faut souligner que Suprême automobile est partenaire de la République démocratique du Congo. En juin dernier, le Président Félix Tshisekedi avait procédé à l'inauguration de son usine de Limete. Cette usine est dotée de toute la chaîne de montage pour produire des bus Mercedes-Benz devant servir dans le transport en commun en RDC.
A titre de rappel, il était prévu que dans sa première phase, cette usine puisse produire 25 bus par mois et elle devrait employer environ 500 travailleurs, dont des mécaniciens congolais formés par la maison mère, Mercedes-Benz.
Le Stade de Martyrs a reçu le dimanche 19 novembre, le premier présidentiable de 2023. Candidat à sa propre succession, Félix Tshisekedi, candidat numéro 20, a fait carton plein. Plus de 80.000 personnes arrivées de partout sous la bannière de différents partis de l’Union sacrée ont répondu au lancement de la campagne électorale pour un second quinquennat. Aux premières heures de la matinée, les voies conduisant au stade de Martyrs étaient bondées de monde. Les fanfares agrémentaient cette descente vers le stade au rythme des chants et danses à la gloire du candidat numéro 20.
C’est dans l’après-midi que Tshisekedi, ovationné par ce public, a foulé la pelouse du stade. Une véritable de démonstration de force avec plusieurs milliers de partisans qui ne pouvaient plus entrer étant donné que le stade était rempli comme un œuf.
De blanc vêtu et coiffé d’un képi de la même couleur, Tshisekedi a emballé la foule par son discours en indiquant : « Mon amour pour le Congo m'a poussé à mettre mes idées au programme que je vais vous présenter ».
Candidat à sa propre succession, il a commencé par vanter son bilan notamment, dans les secteurs de l’éducation avec la gratuité de l’école primaire, de la santé avec la gratuité des soins de maternité et du nouveau-né, des infrastructures avec le projet de développement des 145 territoires dans le cadre duquel plus de 1400 écoles et entre 800 et 900 centres de santé ont été déjà construits, selon ses chiffres.
Félix Tshisekedi a surtout prévenu les électeurs contre ceux qu’ils qualifient de «candidats de l’étranger» avant de poursuivre : «Nous avons des candidats de l’étranger. Ils veulent nous emmener à la ruine, à l’esclavage. Comment peut-on les identifier ? Ils ne condamnent pas nommément le Rwanda. Ils vous disent qu’ils vont finir la guerre en six mois.
Entretemps, Katumbi qui, dans son programme d’actions, prévoit de mettre fin à la guerre de l’Est, qui sévit depuis environ trois décennies, en 6 mois, une fois élu. « Qu’il vous dise comment il va s’y prendre», a déclaré Félix Tshisekedi qui a qualifié cette promesse de démagogie.
Et de renchérir : « Ils vont vous promettre monts et merveilles, mais ils ne feront rien. Certains ont gouverné, mais ils n’ont construit ni d’écoles ni de routes ».
Devant près de 80.000 personnes réunies dans cette enceinte sportive au cœur de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession pour un second mandat a réitéré sa détermination de « mourir » pour les congolais.
Et de rassurer ses partisans : « Moi votre candidat numéro 20, moi Président de la République, sachez que jusqu’à ma mort je ne cesserai jamais de vous aimer, d’aimer mon pays, je donnerai ma vie à cause du Congo… Nous souffrons nous Congolais. Vous êtes au centre de ma préoccupation, de mon souci. Si le congolais rentre au centre de nos actions, il va construire son pays », a lancé Félix Tshisekedi.
"Que ceux qui ont cru que le Congo leur appartient, qu'ils se préparent. La RD-Congo est à nous tous. Ça appartient à Dieu. Ils n'ont rien compris le sens de notre démarche, celle de consacrer ce pays entre les mains de Dieu", a-t-il indiqué.
En conclusion, Tshisekedi a rappelé : "Nous avons le choix entre donner le pouvoir aux Congolais qui vont amener le pays dans la perdition ou consolider les acquis. Nous avons des candidats de l'étranger, qui vont nous conduire à l'esclavage. Soyez prudents".
Comme en 2018
Félix Tshisekedi s’est rendu, quelques heures avant, au mausolée de son père, Étienne Tshisekedi à N’sele pour un recueillement avant le lancement officiel de sa campagne pour l’élection présidentielle prévue le 20 décembre prochain.
En 2018 déjà, alors qu’il se présentait pour la première fois, il s’était recueilli devant le cercueil de son père exposé à Bruxelles, avant de partir en campagne. Aujourd’hui, cinq ans plus tard et à quelques heures du meeting de lancement au stade des Martyrs de Kinshasa, Félix Tshisekedi a tenu à honorer la mémoire de son illustre père et continuateur de son combat politique.
Le Président-candidat en République démocratique du Congo Félix Tshisekedi accorde une interview exclusive à RFI et France 24. Il affirme que les financements pour la tenue de l’élection présidentielle du 20 décembre prochain seront assurés et que les délais seront respectés. Il se dit confiant, estimant que son bilan parle pour lui, et se refuse à commenter les discussions en cours au sein de l’opposition. Il commente l’arrestation du correspondant de Jeune Afrique, Stanis Bujakera. Pour la première fois, il admet que les tensions sécuritaires au Nord-Kivu empêcheront la tenue du scrutin dans le Rutshuru et le Masisi et accuse une nouvelle fois le président rwandais Paul Kagame d’être le véritable chef du M23. Félix Tshisekedi répond aux questions de Christophe Boisbouvier de RFI et de Marc Perelman de France 24.
France 24 : Monsieur le Président, les élections sont bientôt, elles sont prévues le 20 décembre. On a entendu beaucoup de rumeurs sur un possible glissement. Est-ce que ce scrutin se tiendra bien le 20 décembre en temps et en heure ? Et deuxièmement, est-ce que le financement est là ? On a entendu le président de la Commission électorale dire qu’il manquait 300 millions de dollars.
Félix Tshisekedi : Je crois que c’est plutôt à lui qu’il faut poser la question. Mais à ce stade, nous, le gouvernement, nous n’avons encore reçu aucune indication selon laquelle il n’y aurait pas d’élections. Tout porte à croire que ça va se passer le 20 [décembre], et j’en veux pour preuve encore sa dernière déclaration, lorsque tous les candidats ont répondu à l’invitation de la Céni pour signer le code de bonne conduite et faire les derniers réglages, on va dire. Pour ces élections, jusque-là, il n’y a pas de problèmes. Maintenant, ce qu’il reste à faire, évidemment les 300 millions il ne faut pas penser qu’ils viendront d’un coup, ce sera étalé jusqu’à la période électorale. Et en ce moment, ce que je sais, c’est que le gouvernement est attelé à des discussions avec la Céni pour trouver les voies et moyens d’y parvenir, mais il n’y a pas d’inquiétudes de ce côté-là, nous trouverons la solution.
RFI : La campagne pour ces élections présidentielle et législatives débute ce dimanche matin et on sait qu’il y a de nombreuses interrogations, Monsieur le Président, sur la fiabilité du fichier électoral. L’opposition dit qu’il pourrait y avoir plusieurs millions d’électeurs fictifs. Est-ce que le scrutin pourra se dérouler sereinement ? On sait notamment qu’il n’y a pas eu d’audit indépendant de ce fichier…
Dans quel but inventerait-on des électeurs fictifs ? Dans quel but ? Je ne comprends pas très bien quelle est la revendication de l’opposition. Pour moi, c’est un débat d’opposants, de gens qui ne sont sûrement pas prêts à aller aux élections, parce qu’à plusieurs reprises, ils ont demandé le report de ces élections, ils ont demandé un dialogue, alors qu’il n’y a pas de crise politique, que je sache, dans le pays, et je ne comprends pas très bien quelle est la revendication dans ce sens de l’opposition. Et en plus, la Céni a fait, a organisé, un audit du fichier avec des personnalités venues de tous bords, des personnalités crédibles dont la réputation n’est pas à remettre en cause, la probité n’est pas à remettre en cause.
RFI : Il y a la question des électeurs de l’Est, et notamment du Nord-Kivu. Le 20 octobre, en conseil des ministres, vous avez appelé le gouvernement et la Céni à tout mettre en œuvre pour que tous les Congolais puissent voter, compte tenu de ce que vous avez appelé la « libération progressive des territoires de Masisi et du Rutshuru », au Nord-Kivu. Mais depuis, les rebelles du M23 ont repris du terrain. Est-ce que cela veut dire que le vote ne pourra pas se tenir dans ces deux territoires ?
Malheureusement. Malheureusement pour Rutshuru et pour Masisi, je ne crois pas que cela pourra se faire. Mais, qu’à cela ne tienne, nous allons continuer nos efforts pour libérer ces localités, ramener nos compatriotes dans leurs localités d’origine et imposer cette paix. Mais, en même temps, il y a le processus électoral qu’il faut continuer à mener à son terme.
France 24 : 26 candidats pour la présidentielle sur la ligne de départ – on verra combien seront à l’arrivée –, c’est une élection à un tour, est-ce que la dispersion des candidatures de l’opposition fait de vous le favori logique de ce scrutin ?
Je reste serein, modeste. Ce qui se passe dans l’opposition, ce n’est pas mon problème. Nous vivons dans un pays où il y a une vitalité démocratique certaine et tant mieux, j’allais dire, pour la démocratie. Maintenant, si leur stratégie c’est de se mettre ensemble ou d’y aller en ordre dispersé, ce n’est pas mon problème, comme je le disais. Moi, je reste concentré sur ma tâche, sur ma mission que j’ai commencée il y a maintenant cinq ans et que je veux proposer à mes compatriotes pour à nouveau avoir leur confiance. Ce qu’ils font dans l’opposition, c’est leur problème, pas le mien.
France 24 : Mais, vous vous sentez favori ?
Bien sûr, sinon je n’aurais pas demandé à rempiler. Je crois que j’ai fait du bon travail. C’est vrai que beaucoup de choses restent encore à faire, mais le Congo revient de loin, ça il faut le reconnaître. Tous ceux qui viennent aujourd’hui après cinq ans de ma présidence – presque cinq ans – me le disent très clairement, les choses ont vraiment évolué dans le bon sens et même les paramètres à l’international le prouvent. Je fais ici allusion aux agences de notation, qui nous ont maintenant attribué la note de triple B, par exemple. Donc c’est pour vous dire que les choses évoluent dans le bon sens. Elles ne demandent qu’à être consolidées.
RFI : En 2018, vous n’êtes pas parvenu à faire une candidature commune de l’opposition et vous êtes bien placé pour le savoir. Cette année, pensez-vous que ce sera pareil et que chaque candidat de l’opposition aura un ego trop fort pour se désister en faveur de son voisin ?
Mais pourquoi voulez-vous que je vous dise absolument que j’ai peur d’une union de l’opposition ? Non. Ils peuvent amener les scenarii qu’ils veulent – unis, désunis –, ils ne m’inquiètent pas, ils ne me font pas peur. Je vous ai dit que j’ai confiance dans mon bilan, nous avons fait des choses. Je ne sais pas si vous étiez déjà à Kinshasa il y a deux jours quand j’ai fait mon discours sur l’état de la nation, donc vous avez dû suivre ce bilan et je crois quand même que vous avez pu comprendre qu’il y a eu beaucoup de choses de faites. Le Congo revient de loin, le Congo est sur une très bonne lancée et le peuple ne demande qu’à continuer sur cette lancée.
France 24 : Vous défendez votre bilan devant nous, vous l’avez fait devant le Parlement, certains de vos opposants, évidemment, ne sont pas d’accord. Moïse Katumbi…
C’est le rôle de l’opposition.
France 24 : Oui, mais peut-être que les critiques peuvent être fondées. Par exemple, Moïse Katumbi parle de coupures d’électricité incessantes. Martin Fayulu et Denis Mukwege dénoncent la corruption des élites du pays, est-ce que c’est de la pure Opposition ou est-ce que, malgré tout, oui il y a des coupures d’électricité, oui il y a de la corruption ?
Les coupures d’électricité, ce n’est pas nouveau. Ce que nous, nous faisons, c’est d’essayer de juguler justement ces coupures intempestives et nous le faisons en renforçant les capacités des barrages d’Inga et de Zongo 2. Je viens d’ailleurs d’inaugurer une centrale électrique là, maintenant, qui va desservir une dizaine de communes dans Kinshasa et ça fait des millions de consommateurs, de clients, qui vont pouvoir maintenant être raccordés au réseau électrique. Donc nous essayons de juguler cela. Lorsque, moi, je suis arrivé à la tête de ce pays, il n’y avait que 9% de ménages dans la population qui avaient accès à l’électricité. Aujourd’hui, nous tournons autour de 20% et l’objectif, c’est d’aller encore beaucoup plus loin. Donc eux, ils peuvent parler, d’accord. Moïse Katumbi, il a été gouverneur de la province du Katanga qui, à l’époque, n’était pas encore divisée en quatre morceaux, mais qu’est-ce qu’il en a fait ? Je parlais d’ailleurs récemment de l’aéroport international qui est en train d’être construit, qui est déjà d’ailleurs terminé, à Kolwezi. Il a été gouverneur pendant neuf ans, il n’a même pas pensé à construire un aéroport international dans la capitale mondiale du cobalt. Aujourd’hui, des gens, des investisseurs, pourront venir de partout, sans devoir passer par Lubumbashi et chercher des petits cercueils volants pour arriver à Kolwezi. Ils vont venir directement avec leur jet privé ou leur avion régulier sur Kolwezi. J’ai des tas d’exemples comme ça qui peuvent démontrer que je n’ai aucune leçon à recevoir de Moïse Katumbi.
France 24 : Il y a une affaire qui défraie la chronique, celle du correspondant de Jeune Afrique, Stanis Bujakera. Il est détenu depuis deux mois en prison. Il est accusé de diffusion de fausses informations et il risque dix ans de prison. Il est accusé d’être à l’origine d’un rapport interne de l’ANR, les services secrets, mettant en cause les renseignements militaires dans le meurtre, au mois de juillet, de Chérubin Okende, qui est un proche de Moïse Katumbi. Le journaliste et l’association Reporters sans frontières nient toute manipulation de cette nature. Monsieur le Président, pourquoi tant d’acharnement contre un simple journaliste ?
Je ne suis ni à l’origine de son arrestation, ni en train de tirer les ficelles pour qu’on enfonce Stanis Bujakera. Je ne peux pas intervenir. Je n’interviendrai que peut-être plus tard, s’il est condamné, ou quoi, pour une amnistie, une grâce, ou que sais-je. Si… Mais, à ce stade, je n’ai rien à dire. Je suis le premier à être peiné par ce qu’il lui arrive. Mais, j’ai aussi en même temps besoin de savoir ce qu’il s’est passé. Parce que je sais qu’en ce qui concerne le malheureux Chérubin Okende, ni mon régime, ni un des mes proches, qui qu’il soit, n’y est ni de près, ni de loin lié. Je n’avais aucun intérêt à donner la mort à ce compatriote, parce que d’abord, remarquez, il était le porte-parole d’Ensemble [Ensemble pour la République, la coalition pro-Katumbi], il n’a jamais pris la parole, il ne gênait en rien le régime. Et quand bien même il y en a qui gênent, plus que ça, qui profèrent des injures, des menaces, qu’est-ce qu’il leur arrive ? Et pourquoi on s’en prendrait à Chérubin, le pauvre ? Pourquoi chercherais-je à lui ôter la vie ? Ça n’a pas de sens. Donc, pour moi, c’était aussi une curiosité, je voulais savoir : mais qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce qu’on a voulu faussement attribuer aux services de renseignements la responsabilité de la mort de Chérubin ?
France 24 : Est-ce que ce journaliste est responsable de ça ?
Non, le journaliste, on peut l’avoir manipulé en lui faisant croire que c’était une information de première main, et ensuite, on désoriente les enquêteurs, c’était peut-être ça le but.
France 24 : Il y a un mois, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et son envoyé spécial dans la région ont parlé devant le Conseil de sécurité des Nations unies et ils disent craindre une guerre directe entre le Rwanda et la RDC.
Oui, mais à cause de qui ?
France 24 : Je ne veux pas entrer dans la cause.
Vous devez entrer dans la cause.
France 24 : On y viendra. Mais d’abord, est-ce que vous partagez cette crainte ?
Vous parlez de craintes, les craintes sont là, d’accord, mais à qui la faute ? Nous, nous sommes les victimes.
France 24 : Est-ce qu’on est au bord d’une guerre, Monsieur le Président ?
Moi, je n’exclus aucun scénario. Nous sommes les victimes. Je viens de vous parler de millions de gens qui, en ce moment, vivent dans des conditions infrahumaines. Qui ont été obligées, sinon elles allaient se faire massacrer, de quitter leurs localités pour venir vivre aux abords de Goma dans des conditions infrahumaines. Alors, quel est l’Etat qui peut accepter ce genre de choses ? On n’a pas à regarder dans notre direction, il faut regarder dans la direction de ceux qui sont coupables de cette agression, de cette situation. Et nous, nous disons, après avoir appelé plusieurs fois la communauté internationale à intervenir par des sanctions contre le Rwanda, si celles-là tardent à venir, nous allons nous protéger nous-mêmes, nous allons utiliser nos propres moyens pour nous défendre, défendre nos populations.
France 24 : Y compris par les armes ?
A votre avis, comment est-ce qu’on pourrait faire autrement que par les armes ?
France 24 : Combien de soldats rwandais, d’après vos informations, sont sur le sol congolais ?
Des milliers.
France 24 : Des milliers ?
Oui, ils sont là par milliers.
France 24 : Est-ce que Paul Kagame, pour vous, est le véritable chef du M23 ?
Bien sûr. D’abord, le M23, c’est une coquille vide. Ce sont les RDF [Forces rwandaises de défense, NDLR] qui se battent et nous en avons les preuves. Parce qu’aujourd’hui, avec les armes que nous avons, la technologie que nous avons, nous les voyons, nous avons des images. Je ne parle pas en l’air. Je parle sur la base de faits avérés. Les images sont là, de leurs cadavres et même lorsqu’ils s’amoncellent pour porter leurs attaques. Nous avons tout et pas que nous, l’ONU, les Nations unies, ont aussi les mêmes images. N’oubliez pas que la mission de la Monusco est encore à l’est du pays, à Goma.
RFI : Début octobre, des milices patriotiques congolaises, les fameux Wazalendos, soutenus par votre armée, ont reconquis une partie du Masisi, notamment autour de Kitshanga. Mais depuis, le M23 a repris le terrain perdu, il menace à nouveau des localités, les villes de Sake et bien sûr de Goma, c’est donc un échec ?
Ils ne prendront pas Goma. Retenez-le, ils ne prendront pas Goma.
RFI : Pourquoi ?
Parce qu’il y aura une réplique de notre part.
RFI : Mais là, quand même, il y a eu un échec non ?
Oui, mais des Wazalendos, c’est normal. Qui sont les Wazalendos ? Ce sont des patriotes, des civils au départ, des gens qui ont décidé de défendre corps et âme les intérêts de leur communauté, parce qu’en son temps, ils n’avaient pas confiance en l’armée, ils ne pensaient pas que l’armée était capable de les protéger, donc ils ont pris leur courage à deux mains et se sont engagés dans ce combat. C’est même héroïque. On l’a vu en Ukraine, des Ukrainiens qui étaient de la société civile ont juste évacué leur famille et ont décidé de prendre les armes, d’être formés. Pourquoi est-ce que c’est valable quand ça se passe en Ukraine et quand c’est au Congo, on qualifie les Wazalendos de forces négatives ? Ce sont des Congolais qui ont décidé de se battre contre l’agression dont ils sont victimes, d’une agression injuste et barbare.
RFI : Avec le soutien des FARDC, de votre armée ?
Bien sûr. Là où les FARDC peuvent les soutenir, s’ils sont dans leur giron, l’ordre est donné pour que celles-ci les soutiennent. Je ne m’en cache pas, parce que ce n’est pas un crime qu’ils commettent. Ils défendent leur patrie, avec raison et courage. Ce sont des héros, pas des criminels comme le M23 et les RDF du Rwanda.
France 24 : Pour tenter de retourner la situation en votre faveur, vous avez aussi eu recours à des compagnies de sécurité occidentales, une française, Algemira, une roumaine, Congo protection.
Bien sûr. C’est pour renforcer les capacités. Ce sont des experts, attention, ce sont des experts, qui ont eux-mêmes eu des carrières de forces spéciales, de commandos, etc. Et dont la mission est de renforcer les capacités des Forces de défense en situation réelle, sur le terrain.
France 24 : En se battant ?
Bien sûr. Ils doivent être à nos côtés.
France 24 : Ils sont combien ? 900 ?
Par là. Un bon millier peut-être.
France 24 : Quand il y a des sociétés de sécurité étrangères, d’où que ce soit, qui viennent, qui se battent, qui sont nombreuses, on appelle ça des mercenaires.
Qu’est-ce que vous appelez se battre ? Parce que, quand je vous dis qu’ils sont en situation réelle, qu’ils sont sur le terrain, ils coachent. Est-ce qu’un coach de football joue avec son équipe ? Pourtant, il est sur le terrain, il voit ses joueurs jouer, il est là. Les joueurs sont là en train de jouer et lui, il coache. Ce sont des coachs, si vous voulez une image.
France 24 : Pas des mercenaires ?
Non, ce ne sont pas des mercenaires. Les mercenaires, ils n’ont pas de statut social. Vous avez parlé de la société Algemira, donc c’est une société, une personne morale reconnue, dont l’adresse est connue, dont les activités sont connues, alors pourquoi parler de mercenaires ? C’est une activité qui est connue et qui est légalement acceptée dans les pays où ces sociétés sont enregistrées, sinon il y aurait déjà eu des poursuites contre eux, non ? Vous n’êtes pas d’accord avec ça ? Ce ne sont pas des mercenaires.
RFI : Vous avez aussi remis en état de marche une flotte d’avions et d’hélicoptères – d’avions de chasse et d’hélicoptères armés, bien sûr –, vous attendez trois drones chinois, est-ce que vous comptez sur ces nouveaux moyens, ces renforts…
Vous êtes bien renseigné, vous.
RFI : … pour peut-être obtenir une victoire de prestige avant le 20 décembre ?
D’abord, nous ne les attendons pas, ils sont déjà là, les drones. Ils sont là depuis quelque temps.
RFI : Des drones d’attaque ?
Bien sûr. Qu’est-ce qu’il y a de mal ?
RFI : Est-ce que vous comptez sur ces nouveaux moyens pour avoir une victoire militaire de prestige avant le 20 décembre ?
Non, je ne joue pas avec ça. Moi, je ne fais pas de politique politicienne. Pas du tout. Moi, je défends les intérêts de mon pays et de mon peuple et je les défends avant, pendant, ou après les élections. Je vous ai dit que pour Rutshuru, pour le Masisi, c’était mort pour les élections en ce moment. Je l’avale avec difficulté, mais je l’aval.
Mais, cela ne va pas nous pousser à baisser les bras. Donc l’urgence s’impose. Nos populations sont dans des conditions inacceptables. Il faut les ramener chez elles. Et donc, même pendant le processus électoral, des efforts pour les ramener vont continuer. Donc vous voyez que ce n’est pas lié du tout à un résultat quelconque qu’il faudrait avoir avant le 20 décembre.