Chronique – balises congo30juin. 2025-057 : En 1982 et en 1991-1992, l'UDPS voulait la Refondation du Zaïre par consensus. En 2025, l'UDPS doit s'engager dans la Refondation du Congo par consensus !
L'événement est passé inaperçu ou presque : Félix Tshisekedi a visité le 28 octobre 2025 l'exposition initiée par Nzanga Mobutu pour son père dans le musée bâti sous Joseph Kabila. À trois, ces enfants ont eu des parents (Mobutu, Etienne Tshisekedi et L.-D. Kabila) liés intimement dans l'histoire palpitante du pays au cours de ces 35 dernières années (1990-1997), parents qui s'étaient mutuellement haïs...
Elle a pris 37 ans, la lutte de l'UDPS contre respectivement les dictatures (sic) de Mobutu de 1982 à 1997, de Laurent-Désiré Kabila de 1997 à 2001 et de Joseph Kabila de 2001 à 2018. Ces dictatures se sont caractérisées, selon ce parti, par le non-respect des droits de l'homme, le déni de l'Etat de droit, la justice à la tête du client, les détournements des derniers publics, la corruption, le népotisme, la carence de justice distributive, le chômage, l'insécurité généralisée, le non-développement du pays et, bien entendu, la mauvaise organisation des élections. Ce qui revient à dire qu'une fois aux affaires, l'UDPS devait restaurer les fondamentaux de la bonne gouvernance. En a-t-il été le cas au cours des sept des dix ans du double mandat quinquennal de Félix Tshisekedi ? Non, car on assiste quasiment et malheureusement à la répétition des mêmes travers ! Preuve qu''à la base, il y a un SYSTÈME faisant que tant qu'il n'est pas éradiqué, tous les partis et regroupements politiques aux affaires risquent de connaître le même sort ! Donc de faire rater aux Congolais le rendez-vous avec le progrès social résultant de leur foi dans l'union pour la démocratie.
Refondation du Zaïre en 1982 et en 1991-1992
Ceci dit, il est indiqué d'interpeller l'UDPS en rouvrant une page de son Histoire ignorée de la majorité de sa base, surtout sa jeunesse combattante.
À l'origine de la création de ce parti le 15 février 1982, il y a la célèbre Lettre des 13 Parlementaires du 1er novembre 1980 (voici 45 ans) au maréchal Mobutu.
Ces Parlementaires y font un état des lieux exhaustif du régime à partir de son avènement le 24 novembre 1965 jusque fin octobre 1980. Un état des lieux qui reprend le bilan de la gouvernance institutionnelle, domaine par domaine. Objectif : réengager l'Autorité dans la Refondation du Zaïre.
Hélas !, conseillé par le courant conservateur du MPR-PARTI ÉTAT hostile au courant réformateur constitué de ces parlementaires, Mobutu n'en veut pas.
Qualifiés de complotistes et ayant créé sur ces entrefaites l'UDPS, ces derniers seront traqués. Les uns finiront par vivre en clandestinité s'ils ne sont pas relégués, les autres par se résigner à l'exil, les autres encore par rentrer dans les rangs.
Neuf ans après, le parti croit le moment venu de retenter le coup.
Nous sommes en 1991. Un an plus tôt, le maréchal Mobutu vient de proclamer la fin du MPR Parti-Etat. Pour l'UDPS, il faut absolument organiser la Conférence Nationale Souveraine (CNS) pour la...Refondation du Zaïre. Il y pèse de tout son poids.
Malheureusement, la combinaison des forces centrifuges et centripètes atomisent le schéma.
Sur les fora qui vont suivre, notamment le Dialogue inter congolais entre 2001 et 2003, son leadership pèsera de moins en moins...
Refondation de la République Démocratique du Congo
Aux affaires à la faveur de l'alternance politique consacrée légalement le 24 janvier 2019, l'UDPS se devait d'offrir aux Congolais ce qui lui avait été privé en 1982 et en 1991-1992, entendez une gouvernance institutionnelle visant la Refondation de la RDC.
Sept après, peut-on dire qu'il en a relevé le pari ?
Honnêtement parlant, c'est NON !
La cause est facile à circonscrire :
-en 1980 (Lettre des 13 Parlementaires), en 1982 (année de création du parti) et en 1991-1992 (Conférence nationale souveraine), l'UDPS voulait s'engager dans la "Refondation du Zaïre" avec toutes les forces politiques et sociales en présence, même les partis qualifiés d'alimentaires, ne jurant que par l'inclusivité ;
-en 2025, l'UDPS se livre à l'exclusion d'autres forces en présence, se croyant à même de procéder à la Refondation de la République Démocratique du Congo avec des forces politiques dont il détermine les critères de participation. Parmi lesquels la dénonciation de l'agression rwandaise.
Ainsi croit-il entreprendre les réformes structurelles dont le pays a besoin pour normaliser la gouvernance institutionnelle.
Or, de quelles matières est-elle faite, cette gouvernance ?
Comment le régime UDPS peut-il croire résoudre le problème Rwando-rwandais ?
Prenons le cas précis de la situation sécuritaire à l'Est transformée en unité de mesure du nationalisme et du patriotisme au point même de devenir l'enjeu premier de la tenue ou non du Dialogue national.
Dans la dernière livraison intitulée "Belligérants : tuez, pillez autant que possible d'ici au 13 novembre 2025 pour faire valoir le rapport de force !", allusion est faite au conflit rwando-rwandais (Hutu-Tutsi) qui se déroule sur le territoire congolais depuis 1994, année du génocide rwandais.
Dans "Chronologie des événements (1959-1996)", l'Assemblée française recense une bonne dizaine d'affrontements fratricides Hutus-Tutsis au Rwanda et au Burundi.
Des recherches sur Internet permettent d'ailleurs de situer ces affrontements à avant Berlin 1885.
Petit extrait tiré du Réseau Canope sur "LA GENÈSE DU GÉNOCIDE DES TUTSI» : «Influencés par les thèses racistes des Européens de l’époque qui qualifient les humains d’après leur apparence physique – par exemple dans l’Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855) rédigé par le français Arthur de Gobineau – les Belges, à la suite des Allemands, réalisent des mesures anthropométriques non scientifiques (diamètre des crânes, taille des hommes, longueur de leurs membres, etc.) et en tirent des conclusions qui vont contribuer à ancrer l’idée que la distinction entre les Tutsi et les Hutu est le résultat d’un clivage entre deux ethnies différentes. Ainsi, les Hutu seraient des Bantous, jugés inférieurs, tandis que les Tutsi seraient les descendants des Hamites, d’anciens blancs d’origine aristocratique provenant d’Abyssinie (Égypte) qui auraient soumis des paysans indigènes à une époque abrahamique. Alors, les Hamites auraient colonisé le Rwanda et soumis les Twa ainsi que les Hutu au servage, à la culture de la terre, selon un système féodal».
Le texte poursuit : «En conséquence, la Belgique promeut un développement séparé pour les Hutu et les Tutsi. Par exemple, les Tutsi se voient ouvrir les écoles missionnaires, tandis que les Hutu en sont exclus ; les chefs traditionnels hutu sont dépossédés de leurs attributions, que l’on confie aux Tutsi. Ces injustices vont engendrer une profonde rancœur de la part des Hutu qui sont alors, pour ainsi dire, 'vassalisés' par les Tutsi. Cette rancœur n’est pas dirigée contre le colonisateur belge, qui est bien loin, et qui dirige avec peu de personnels sur place, mais contre les Tutsi, qui acquièrent un rôle dominant dans la société".
Ainsi, au regard de ce qui précède, on ne voit pas comment le régime UDPS peut-il croire résoudre le problème rwando-rwandais sans y associer les autres forces politiques et sociales, ni y impliquer la Belgique et l'Allemagne (ex-puissances coloniales), tout comme se passer des pays voisins des Grands Lacs, de même que certaines puissances occidentales et orientales !
Et surtout, résoudre ce problème en dehors des Kivutiens eux-mêmes en pratiquant l'exclusion !
Quoi qu'on en dise, l'agenda humanitaire confectionné à Paris les 29 et 30 octobre 2025 nous rattrape par rapport à l'utilisation de l'aéroport international de Goma ayant le "malheur" de se situer à la frontière congolo-rwandaise. L'enthousiasme suscité par l'adoption de cet agenda s'étiole devant les contraintes géostratégiques, le dossier étant maintenant renvoyé au Processus de Doha reconnu par Massad Boulos comme un puzzle important dans le Processus de Washington.
L'avenir de l'UDPS entre les mains de l'UDPS...
Or, il n'y a pas que le conflit Rwando-rwandais à affecter la sécurité dans les Grands Lacs.
I y a aussi la présence indésirable des ADF-Nalu qui tuent d'ailleurs plus les Congolais au Congo que des Ougandais en Ouganda alors qu'ils sont des groupes armés ougandais luttant contre le régime ougandais ! Il y a également la présence des éleveurs Mbororo. Il y a en plus cette crise foncière entre communautés locales (une tribu-une terre).
Rien que le volet sécuritaire de l'Est de la RDC nécessite une approche inclusive dans l'objectif de la Refondation de la RDC
Pour l'heure, une chose est vraie : l'avenir politique de l'UDPS est entre les mains de l'UDPS.
Parti aujourd'hui au pouvoir comme le furent successivement le MPR-Fait privé pendant la Conférence nationale souveraine, l'AFDL pendant les négociations de Lusaka, la composante Gouvernement/PPRD pendant le Dialogue inter congolais, l'UDPS dispose de l'impérium pour convoquer ou ne pas convoquer le Dialogue National pour la Refondation du pays.
S'il réussit à le faire d'ici au 20 décembre 2028, il pourra survivre.
S'il n'y parvient pas, ce sera une vraie catastrophe, car il ne pourra même pas réclamer sa participation à un Dialogue devenant de plus en plus incontournable et qu'il aura combattu pour des raisons autres que celles des 13 Parlementaires et de la CNS !
Omer Nsongo die Lema
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