«L’arrestation arbitraire et la détention illégale de nos 11 camarades à Goma révèlent encore une fois l’institutionnalisation de la répression au Nord-Kivu depuis l’instauration de l’état de siège. Au lieu de concentrer leurs efforts à combattre les groupes armés et le M23 qui est d’ailleurs aux portes de Goma avec l’aide du Rwanda, les animateurs de l’état de siège utilisent plutôt cette mesure comme prétexte et ressource pour réprimer et réduire au silence ceux qui dénoncent l’inexistence et/ou l’insuffisance de l’action des dirigeants pour résoudre les multiples problèmes de la population. » C’est avec ces paroles fermes que la structure « Lutte pour le Changement », LUCHA en sigle, a réitéré son vœu de voir levé l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cet appel a été lancé dans un communiqué du lundi 28 août suite à l’arrestation de 11 des leurs camarades à Goma.
Ces activistes de droits de l’homme manifestaient à Goma pour dénoncer le monnayage et le retard dans la délivrance des duplicatas aux citoyens dont les cartes d’électeurs sont devenues illisibles.
«En dépit du fait que cette manifestation avait été annoncée par écrit au maire de la ville, nos camarades ont été transférés à l’auditorat militaire de garnison de Goma le 24 août où ils sont détenus dans des conditions difficiles (...) Pour avoir participé à cette manifestation non-violente et annoncée aux autorités urbaines, nos camarades sont accusés de rébellion et risquent jusqu’à 5 ans de prison chacun en vertu de l’article 135 du code pénal Congolais. », lit-on dans le communiqué de ce mouvement citoyen.
Selon la LUCHA, les autorités militaires n’en sont pas à leur première arrestation. En effet, la LUCHA renseigne qu’un autre de ses membres est détenu depuis le 2 avril 2022 à la prison de Goma pour une peine de 5 ans pour outrage à l’armée après qu’il ait dénoncé l’inefficacité des animateurs de l’état de siège à mettre fin à l’insécurité.
A cet effet, tout en lançant un appel pour la libération de ses membres, la LUCHA a demandé aux autorités locales de mettre fin à la restriction croissante de l’espace civique, la répression et les représailles visant les personnes qui ont plaidé pour la levée de l’état de siège.
Aux autorités nationales, la LUCHA a demandé la levée de cette mesure comme tant d’autres forces politiques et sociales du pays l’avaient fait lors de la Table ronde tenue à Kinshasa du 14 au 16 août 2023.
Déborah Nitu
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Longtemps connu comme l’un des jeunes leaders des mouvements associatifs citoyens en RDC, Reagan Shole, coordonnateur national du mouvement ‘’ On a que le Congo’’ annonce la fin de son parcours de combattant et signe son entrée dans la politique active. Il évoluera, désormais, au sein de la formation politique : ‘’Causes Communes’’. Il l’a fait savoir dans un point de presse tenu hier, jeudi 17 août 2023, dans son bureau de travail à Kinshasa-Ngaliema.
Après l’UNC de Vital Kamerhe, l’Union pour la démocratie et le progrès social jette a, à son tour, jeté son dévolu sur Félix Tshisekedi, le désignant candidat commun du parti pour l’élection présidentielle de décembre 2023. L’UDPS/Tshisekedi qui était en Congrès extraordinaire, le samedi 26 août 2023, depuis Nganda Yala, à N’Sele, dans l’autre versant Est de Kinshasa, a voté à l’unanimité cette décision, qui entérine les résolutions prises pendant les assises de la Commission disciplinaire du parti tenues en janvier dernier à Kisantu, dans le Kongo Central.
*L’épineuse question de l’examen de la Loi Tshiani constitue l’épicentre de cette manifestation dont l’auteur et ses affidés de la Force du Changement se montrent déterminés à se battre jusqu’aux dents, pourvu qu’elle soit soumise à l’appréciation des Députés.
L'Udps entre en congrès extraordinaire ces vendredi 25 et samedi 26 août 2023. Objectif affiché : entériner la candidature de Félix Tshisekedi à la présidence de la République au scrutin du 20 décembre prochain.
Dans les réseaux sociaux circule déjà une info faisant état de la possibilité de voir Augustin Kabuya à la tête du parti en qualité de président national, poste demeuré vacant depuis l'investiture de Félix Tshisekedi au poste de Président de la République le 24 janvier 2019.
Si cette info est vraie, c'est quelque chose de gagné dans la normalisation du fonctionnement de l'Udps conformément à ses statuts.
Qu'on ne s'embarrasse pas de le déclarer : depuis le 24 janvier 2019, ce parti vit en violation flagrante de ses statuts.
Que ce soit sous la présidence intérimaire confiée de façon unilatérale à Jean-Marc Kabund ou sous la « présidence virtuelle » du secrétaire général Augustin Kabuya, tout a été faux, tout est faux.
Au sein comme en dehors du parti, des voix se sont levées pour fustiger cet état des choses. Elles ont attiré l'attention des Tshisekedistes sur les risques de voir les Cours et Tribunaux invalider les listes des candidatures Udps à tous les niveaux - à commencer par la présidentielle de la République - introduites auprès de la centrale électorale par des personnes n'en ayant pas qualité de le faire au regard des statuts.
Ces voix n'auront finalement pas crié dans le désert. Car elles sont en voie d’être entendues.
Ce qui n’empêche pas de chercher à savoir pourquoi, au lendemain de l'investiture de son président national au poste de président de la République, le parti n’a pas osé organiser en bonne et due forme son congrès pour s'appliquer l'article 27 de ses statuts, tant il est vrai que la Constitution rend incomparable la fonction de chef de parti avec celle de chef d'Etat !
Cet article dispose : En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif du Président du Parti, le Président de la Convention Démocratique du Parti assume son intérim pour un délai ne dépassant pas 30 jours au cours desquels il est tenu de convoquer une session extraordinaire du Congrès en vue d’élire un nouveau Président du Parti ; élection à laquelle il ne peut faire acte de candidature ».
On ne saura peut-être jamais pourquoi le parti passant pour défenseur attitré de l'Etat de droit s'est complu dans l'exception, une fois au pouvoir.
Il faut avouer que ce n'est pas une première dans l'histoire de l’Udps.
On se souviendra qu'après la mort d'Etienne Tshisekedi le 1er février 2017, le parti est resté sans président national pendant un an et deux mois. En effet, le congrès ayant porté Félix Tshisekedi à la succession avait organisé les 30 et 31 mars 2018.
Certes, on peut supposer qu'au sein du parti, certains sont dans la logique de ramener Félix Tshisekedi à la tête de l'Udps une fois à la fin de son mandat de président de la République.
Là, c'est une erreur que de croire Félix Tshisekedi, une fois au terme de son mandat de chef d'Etat, apte à redevenir chef de parti, et encore bon chef. Ce n’est ni facile, ni aisé.
Ses proches doivent alors l’apprendre (à leurs dépens) : l'homme a atteint un niveau d'autorité tel que pour préserver sa dignité, il ne devra plus agir en président national de l'Udps et commencer à débattre non pas qu'au sein de son parti, mais également avec ses collègues chefs des partis.
Avec les joutes oratoires qui caractérisent les débats politiques qu'il qualifiait à l'époque de «débats de caniveaux», il a tout intérêt, une fois Sénateur à vie, à se mettre au-dessus de la mêlée.
Dans des pays de tradition démocratique comme en France, on n'a jamais vu un Président de la République sorti reprendre la gestion quotidienne du parti après l'Élysée.
D'ailleurs, si on n'est dans la logique du sénateur à vie privé de tout droit de postuler pour la présidentielle, il ne servira à rien de rester à la tête du parti sans aucune possibilité de revenir à la magistrature suprême.
Moralité : de un, l'Udps ne survivra qu'en rentrant dans ses statuts et son règlement intérieur.
De deux, avec sa première expérience de gouvernance institutionnelle, ce parti a suffisamment de matières pour adapter ses textes à la gestion de l'opposition et du pouvoir.
De trois, Augustin Kabuya peut être élu président national du parti, poste dont le mandat n'est soumis à aucun timing ! Mais, au moins, qui lui reconnaît en tant que «symbole de l’unité» notamment les compétences suivantes : «Il (elle) représente et engage le Parti conformément aux dispositions statutaires et réglementaires», «Il (elle) nomme, et le cas échéant, relève de leurs fonctions les membres de la Présidence», «Il (elle) s’investit et s’implique dans le processus électoral national conformément à l’article 10 des présents Statuts», «Il (elle) nomme les délégués du Parti à la structure électorale nationale et y transmet la liste des candidats investis par le Congrès ou la Convention Démocratique du Parti» et «Il (elle) négocie et signe les alliances politiques».
Au congrès extraordinaire qui se tient ces 25 et 25 août 2023, l'option pourrait être levée pour un congrès ordinaire à tenir dans les délais…statutaires !
Augustin Kabuya " présidentiable national " pour l'Udps ? Pourquoi pas si l'objectif reconnu par tout le monde, comme relevé ci-dessus, est de ramener l'Udps dans ses statuts, c'est-à-dire, sa Constitution !
Omer Nsongo die Lema/CP
Bita Inana Batty s’est révélé un ticket gagnant de la jeunesse du Territoire de Kasongo Lunda dans la province de Kwango. Il a beau répété à la population qu'il est entièrement et exclusivement concentré sur son travail de faire valoir la vision de son Parti, le Mouvement de Solidarité pour le Changement, de son Autorité Morale Laurent Batumona en ce qui concerne les élections de 2023, la redynamisation des activités et la conscientisation des membres. Déterminé à accorder une majorité rajeunie au président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et, apporter le changement dans la vie de ses frères et sœurs de Kasongo - Lunda, Bita Inana, fils du terroir s’est procuré la mission d'éveiller les consciences de ses concitoyens.
Après le dépôt de sa candidature à la Députation nationale sur la liste du regroupement politique Alliance des Acteurs Attachés au Peuple AAAP, dans sa circonscription électorale de Kasongo Lunda province du Kwango, le jeune leader politique kwangolais, BITA INANA Batty passe d'un village à l'autre traversant des brousses et forêts du grand territoire Kasongo Lunda pour ramener les consciences au changement que prône Laurent Batumona.
Devant les grandes manœuvres électorales qui vont bel et bien commencer dans les jours qui viennent, il devrait en avoir la confirmation et le cœur net sur l’implantation de son parti, le MSC. A cet effet, il lance : "2023 simba motema Bita Inana aleka Kasongo Lunda emona bolamu", est la dénomination de la campagne que va mener l'abeille de Laurent Batimona.
Le MSC est en ordre de marche électorale
En sa qualité de Secrétaire Exécutif National Chargé de Recrutement et Implantation du parti Mouvement de Solidarité pour le Changement, Bita Inana a rassuré que « Le MSC est en ordre de marche électorale », et s'apprête à fixer la population une feuille de route chargée : défendre le bilan de Félix Tshisekedi durant son premier mandat bien sûr et aussi critiquer les projets de l’opposition.
Il a profité de l'occasion pour étendre son parti le MSC sur sa terre natale. Il a également interpellé le gouvernement : " Le territoire de Kasongo Lunda qui, depuis l'avènement des élections démocratiques en RDC, les projets de développement du gouvernement de la République pour son territoire moisissent dans le tiroir en dépit du grand nombre d'élus au parlement tant national que provincial’’. Il estime, en d’autres termes, que sa plaidoirie pour la cause de sa population est comme une arme électorale à brandir lors de la campagne d'éveil électoral devant la jeunesse de l'espace Lunda qui accueille désormais cette idée avec joie’’. Cette jeunesse lui a rassuré lors d’un entretien que son émancipation va permettre à accompagner Félix TSHISEKEDI dans sa vision de bâtir un État de droit, les infrastructures dans les 145 territoires de la RDC. Il dénonce par la suite que la vision du Chef de l’Etat est bloquée par les anciennes figures politiques qui lui cache le trésor de l'imperium de la jeunesse dans Kasongo Lunda".
Pour sa part, la population de Kasongo Lunda se dit chanceuse d'avoir Bita Inana comme jeune leader. "Nous sommes très contents d'avoir un jeune courageux comme BITA INANA Batty qui va désormais nous défendre. Nous le soutenons pour qu'ensemble nous puissions atteindre notre but", clamait le Président du Syndicat des enseignants de Kasongo Lunda, Darius Mitsotso. La seule difficulté de la jeunesse, a-t-il ajouté, est le manque des moyens financiers qui peuvent nous permettre la visibilité du Président et des candidats de notre parti politique.
En attendant la compagne électorale, Bita Inana sollicite la vigilance de la population de Kosongo - Lunda pour que cette dernière ne se retrouve plus dans la situation d’otage des politiques sans vision.
La Pros.
Godefroid Mayobo lors du 58ème anniversaire (Photo d’archives)
*Godefroid Mayobo promet d’en parler en détails, lors d’une prochaine rencontre, après que le traitement des candidatures ainsi que toutes les formalités y afférentes aient été clôturés. C’est au siège situé au n°105 du Boulevard Lumumba, au Quartier des Marais, dans la Commune de Matete, qu’il s’est exprimé ainsi devant les camarades, les militantes et militants mobilisés autour de la célébration du 59ème anniversaire de l’existence du Palu dont il assume les fonctions de Secrétaire Général, Chef du Parti.
Il a évoqué bien d’autres sujets en rapport avec les questions d’actualité dont le condensé est accessible dans son message commémoratif repris, ci-dessous.
C’est confirmé. Du vendredi 25 au samedi 26 août 2023, l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, va en congrès extraordinaire à Kisantu, dans le Kongo Central. Après l’annonce officielle faite par le chef du parti au pouvoir lors de sa toute dernière causerie morale avec les membres de son parti, la liste de membres du bureau de la commission technique qui doivent préparer ces assises vient d’être dévoilée.
Il s’agit du congrès qui va réunir toutes les têtes d’affiche du parti au pouvoir, les représentants de toutes les structures, pour désigner, ensemble, le candidat commun à l’élection présidentielle de décembre prochain. Dans un communiqué signé, le secrétaire général du parti, Agustín Kabuya, charge la mission à sept personnes du parti d’arborer le lieu et planter le décor pour ces assises qui s’annoncent décisives.
Il s’agit de membres de la Coordination de la Commission technique Préparatoire du Congrès Extraordinaire qui sont : PHONGO DILU Aimée : Coordonnateur ; BANDUBOLA MBONGO Acacia : Coordonnatrice Adjointe ; DIKOMA KITENGE J.P : BARUTI LIMBAYA Clément : Secrétaire-Rapporteur ; MAYO BIEME Elvis : Secrétaire-Rapporteur Adjoint, KANZA DIASIVI Irene : Chargée des finances ; ASUKA EMINA Josée : Chargée des finances Adjointe.
En effet, comme l’UNC de Vital Kamerhe, l’UDPS va renouveler son choix à Félix Tshisekedi pour un autre mandat à sa propre succession en le désignant candidat commun du parti pour 2023.
Troisième sur la liste provisoire de partis politiques ayant atteint le seuil d’éligibilité requis, le parti du Sphinx de Limete se trouve face à deux défis à relever et se voit donc obliger de prouver, une fois de plus à la face du monde, sa force connue d’antan de parti de masse, à l’issue des prochaines joutes électorales.
Deux défis majeurs sont en face de cette formation politique, à elle seule : il s’agit notamment d’offrir une majorité parlementaire confortable à Félix Tshisekedi au niveau de l’Assemblée nationale comme au Sénat, mais également, dans la plupart d’Assemblées provinciales du pays.
L’UDPS a aligné au moins 453 personnes à la députation nationale, sur la liste validée par la commission électorale indépendante. Elle annonce déjà, 780 candidats pour la députation provinciale.
Fidel Songo
L'Union Nationale de la Presse du Congo organise une cérémonie ce mardi 22 août à Béatrice Hôtel afin de présenter la nouvelle charpente qui constituera désormais ses piliers.
Cette cérémonie fait suite à de vastes mesures prises par cette instance d’autorégulation entreprises depuis l'année dernière.
En effet, à la suite de la tenue des états généraux de la presse en janvier 2022 dont l'une des recommandations était la restructuration de l'UNPC, le comité directeur de cette structure s'est réuni dans le but d'examiner les causes à la base des différentes crises qui ont secoué l'instance depuis près d'une vingtaine d'années.
De cette réunion est sortie la décision de revisiter les textes statutaires de l'organe, de deux statuts particuliers de la commission de discipline et de la commission d'octroi de l'identité professionnelle.
A l'issue des travaux du comité directeur, un comité scientifique composé d'anciens présidents de l'UNPC, d'experts en journalisme, en droit et de professionnels des médias a été mis en place.
Celui-ci a, en premier lieu, travaillé du 22 au 31 mai sur la fusion de 3 statuts en un texte unique tout en mettant sur pied des commissions, des organes techniques de l'UNPC dont le fonctionnement est défini dans le règlement d'ordre intérieur.
En outre, il s'agissait aussi de mettre à jour le manuel des procédures administrative et financière.
En 2e lieu s'est tenue la plénière du comité scientifique qui a auditionné le rapport des travaux des experts et a fait des observations intégrées par la suite dans les documents statutaires, réglementaires et procéduraux de l'UNPC.
Par ailleurs, les participants attendus à cette cérémonie sont, entre autres, le Ministre de la Communication et Médias, le groupe Inter Bailleur Médias, le comité scientifique, les membres de l'Union et les journalistes.
Déborah Nitu
(Extrait du Chapitre 3 de l’essai intitulé : Le Président F. Tshisekedi et l’UDPS en 30 Mois d’Imperium : Entre l’Esprit du Pouvoir et le Pouvoir de l’Esprit, Librinova, Paris, 2022, Hubert Kabasu Babu Katulondi)
*Une idéologie est un système (possédant sa logique et sa rigueur propres) de représentations (images, mythes, idées ou concepts selon les cas) doué d'une existence et d'un rôle historiques au sein d'une société donnée (Louis Althusser).
La problématique de l’opérationnalisation idéologique est relative à la limitation du système d’idées politiques d’un parti à ses énoncés dans les statuts et règlements intérieurs. Il s’agit de la difficulté de donner corps à l’idéologie dans l’existence (aux conditions actuelles et en projection) même des leaders, des militants, dans l’action politique tangible. C’est un problème général des leaders et partis politiques africains. Mais, en RDC, le problème se pose avec acuité. Pour mieux éclairer cette problématique, il convient de préciser que le concept d’idéologie (dont une conceptualisation porteuse d’unanimité définitionnelle absolue est quasiment impossible) est compris dans la teneur que lui assigne Guy Rocher.
Celui-ci conceptualise l’idéologie comme : « Un dispositif d’idées et de jugements, explicite et le plus souvent organisé, qui permet de décrire, expliquer, interpréter, ou justifier la situation d’un groupe ou d’une collectivité et qui, s’inspirant beaucoup des valeurs propres, projette une orientation précise à l’action historique de ce groupe ou de cette collectivité ». (Rocher, 1995 : 30).
Il est vrai que dans la perspective marxiste, l’idéologie a été captée dans le prisme de sa production et son instrumentalisation par les détenteurs des moyens de production et du pouvoir. Sous cet angle marxiste, l’idéologie a une fonction essentiellement hégémonique. Elle constitue un artefact-arsenal idéique injectant dans les esprits des « dominés-prolétaires » les idées rationalisant et justifiant l’ordre dominant. Cette perspective marxiste de l’idéologie comme «système de représentations déformantes» est exploitée, amplifiée, notamment par Louis Althusser (Ipola : 1976 :35 :40). Il propose la conception de l’idéologie comme un corpus de repères déformant la réalité sociale, pour subjuguer les prolétaires. C’est dans cette optique que l’on peut, dans une certaine mesure, asserter que le « Retour/Recours à l’Authenticité » fut une idéologie hégémonique, sous le règne du Maréchal Mobutu. Ce corpus d’idées a servi à la rationalisation et la justification de la détention du pouvoir total – avec l’assentiment, et la contribution intello-conceptuelle de ceux qui deviendront les fondateurs de l’UDPS.
Mais, dans l’optique de ce chapitre, il est question de l’idéologie dans son acception originelle de Destutt de Tracy et dans son paradigme psycho-culturaliste. Le Comte Destutt de Tracy et ses « idéologues » inventèrent ce concept en 1796. Ils envisagèrent l’idéologie comme l’étude des idées, leurs origines, leurs caractères, «leurs lois». La perspective dominante, ayant dans une certaine mesure éclipsé la conception marxiste, est psycho-culturaliste. Dans cette école de pensée, on épingle notamment Louis Dumont (1992), Paul Ricœur (1986) et Clifford Geertz (1964). Cette conceptualisation est résumée par Voird (2008 : 67-78) qui synthétise l’idéologie comme un ensemble d’idées cohérentes qui :
«Maintient l’unité et assure l’intégration sociale. Elle rend possible le comportement collectif plus que l’aveuglement dans les illusions, elle produit des schémas de perception, de compréhension et de jugement du monde environnant sans lesquels les situations resteraient incohérentes».
Dans cette optique, l’idéologie se présente à la fois comme système d’idées cohérentes, représentations mentales, mais aussi imaginaire, produisant des manières de raisonner, de penser, de voir le monde et d’agir sur lui pour le transformer.
A ce titre, l’idéologie influe sur la psychologie politique permettant d’envisager puissamment un futur, en produisant des pensées, actions et comportements appropriés aux fins visées par le groupe politique et à la réalisation d’un idéal. L’idéologie influe sur la formation de la vision, l’orientation des objectifs, et permet de modeler les programmes et projets. L’idéologie structure l’action autant qu’elle permet sa matérialisation aussi bien systématiquement que systémiquement. Elle est la force essentielle de référence dans la matérialisation d’un projet de société mobilisant les membres d’un parti politique. Et pour paraphraser Paul Ricœur, qui épingle la fonction intégrative de l’idéologie, on peut affirmer sa finalité coagulatrice et mobilisatrice dans la société dans sa marche dans une direction donnée, ou vers une destinée. Cette dernière est déterminée par ladite idéologie.
3.1. Des idéologies incantatoires à la vacuité de leur opérationnalisation discursive et matérielle en RDC
Il est erroné d’affirmer qu’en RDC les acteurs politiques et leurs organisations n’ont pas d’idéologies. Les idéologies existent, mais elles sont textuelles, déclaratoires et donc aléatoires. Dans une étude sur les partis politiques réalisée par le Think-tank Konrad Adenauer Stiftung (2013 :13) en 2013, les partis politiques congolais majeurs souscrivent formellement aux idéologies classiques. On sait, par exemple, que formellement le MLC, le Mouvement des Libéraux, l’ARC (presque tous des partis politiques issus du MLC de Jean-Pierre Bemba) sont des partis libéraux (la droite congolaise). L’UDPS, le RDC, le PPRD (et tous les partis créés par les dissidents de ces partis principalement l’UNC, MSR et l’AFDC) composent le groupe des socio-démocrates (la gauche et le centre-gauche du Congo). Mais, même au niveau du transfert des matériaux conceptuels de leurs idéologies textuelles respectives dans leurs réflexions, leurs discours, leurs pensées et leurs programmes politiques au pouvoir, il y a vacuité presque complète.
L’exemple le plus patent est certainement celui des leaders de l’UDPS. Depuis qu’ils sont au pouvoir, et en particulier, le Président Tshisekedi, le président intérimaire du parti Jean-Marc Kabund, le Secrétaire General Augustin Kabuya, n’ont jamais produit une discursivité, une réflexion ou une exhortation ni pour leurs militants, ni pour les Congolais en général, portant sur la rationalité du projet socialiste en RDC. Les slogans de l’Etat de Droit et le Peuple d’abord n’ont pas été intégrés dans un schéma idéique intelligible, pouvant mobiliser les populations, au regard d’un projet commun.
Comment en tant que nation nous allons de l’Etat de Droit et le Peuple d’abord, au regard de notre dialectique endogène, dans les défis nationaux, régionaux, et internationaux, pour produire une société développée demeure énigmatique. Même la nouvelle coalition USN montée par le Président Tshisekedi est dans une vacuité idéologique et organisationnelle patente. Comme démontré dans le chapitre 8, les slogans Etat de Droit et le credo Le Peuple d’Abord, ne constituent pas des visions dans la norme canonique du leadership d’Etat dans le concert des nations.
Aujourd’hui, la RDC est comme une société sans système de référents directeurs, expliquant sa condition et proposant les termes principaux de sa mutation intégrale dans la compétitivité mondiale. On stagne dans l’illusion des actions parcellaires et les incantations militantes qui les sous-tendent. Mêmes certains intellectuels, les académiciens et autres professeurs, embarqués dans la coalition présidentielle USN ne sont pas en mesure de fournir la rationalité développementale de ce conglomérat de politiciens de tous les bords.
C’est pourquoi, les Congolais donnent au monde l’impression d’un peuple déboussolé dépourvu des référents de sa propre existence. La RDC est dans une véritable faillite philosophico-idéologique dont les gouvernants sont inconscients.
En dehors de la réalité de l’infécondité (si pas l’incapacité totale) réflexive des politiciens congolais, qui sont plus affabulateurs et démagogues que producteurs d’idées structurées mobilisatrices pour l’action collective, ils sont « a-idéologiques». C’est-à-dire que dans leur vaste majorité, ils ne parviennent pas à proposer ni la lecture des événements ni la projection des dynamiques politiques dans les prismes des idéologies auxquelles ils ont souscrit dans leurs textes.
A ce sujet, il convient de souligner que dans certains pays africains, les leaders des partis politiques se distinguent par la production régulière de leurs pensées de manière structurée et substantielle. Ils le font dans les articles, les tribunes, les réflexions, les livres, dans les médias. Les nôtres sont plus commentateurs insipides des événements dans les réseaux sociaux et auto-encenseurs dans les médias audiovisuels. Les cas rarissimes de deux anciens premiers ministres, notamment Matata et Muzito, sont à apprécier. Ces deux économistes ont formé des écoles de pensées d’économie politique. Ils produisent régulièrement des analyses sur base des référentiels de la Science économique, en proposant des solutions. L’un a créé un Think-tank dénommé « Congo Challenge» et l’autre a initié son « Université Populaire ». Congo Challenge en particulier est une organisation crédible, moderne, proposant des productions scientifiques aux standards internationaux, et appréciées par multiples experts mondiaux. Cependant, ces deux excellents économistes effectuent toujours des analyses dans les prismes néolibéraux du paradigme des institutions de Bretton Woods. Pourtant, ils appartiennent aux partis politiques du « centre-gauche ».
3.2. L’Udps et le défi de la concrétisation idéologique dans la lutte oppositionnelle
En ce qui concerne, l’UDPS, dans le prisme général articulé dans la section précédente, elle possède une idéologie textuelle et déclaratoire : la social-démocratie (Statuts UDPS Titre 2, Art.9). En d’autres termes, les leaders et les militants de l’UDPS sont des acteurs politiques du centre-gauche. En principe, ils souscrivent aux valeurs, principes et modes d’organisation tant politique, économique (économie du marché) que sociale du socialisme.
C’est-à-dire, prônant un Etat fort, interventionniste avec des ressources significatives allouées aux besoins sociaux pour raboter les inégalités, tout en promouvant le Marché pour la production des richesses nouvelles à redistribuer équitablement dans la société. Ils sont censés souscrire aux valeurs de probité, de sobriété et de justice distributive tant dans le parti politique que dans la société en général. Et, plus important encore, comme membre de l’élite de la gauche congolaise, ils sont supposés avoir intériorisé le devoir et le principe de l’engagement à la production de la conscience politique authentique des militants pour les mutations systémiques profondes de leur propre Etre, de l’Etat et de la société en général.
En d’autres termes, l’UDPS est censée être une école de pensée influençant l’intellectualité politique congolaise. Mais, au pouvoir pendant 30 mois, l’UDPS se distingue plus par les avalanches des invectives contre ses adversaires. Elle étale une discursivité insipide, incapable de se servir de référent idéique à la société.
On a noté cette contradiction, de manière aussi très manifeste, dans l’auto-ligotage du Président Tshisekedi à une clique d’américains conservateurs sous la houlette de Dr Peter Pham. Celui-ci est un théoricien de la balkanisation de la RDC. Dans un article intitulé « To Save Congo, Let It Fall Apart” publié le 30 novembre 2012 dans le New York Times, il soutenait explicitement que la RDC est trop grande et que l’Etat n’y existe pas et que donc il fallait la décomposer en minuscules entités politiques. C’est toujours sous l’influence de Peter Pham et l’Ambassadeur Mike Hammer (perçu à Kinshasa comme le mentor politique du Président Tshisekedi), et pour amadouer la Maison Blanche, que le Président Tshisekedi fut instrumentalisé pour déclarer de manière tonitruante son soutien à Israël. C’était dans un schéma de la droite américaine caporalisée par le Président Trump, qui voulait démontrer son adhésion au lobbying des puissantes forces Evangéliques soutenant Israël. Dans l’enchainement de cette inféodation d’un président africain leader d’un parti de gauche aux logiques conservatrices de la droite-évangélique américaine, le statut de pays observateur à l’Union Africaine a été accordé à Israël. Cette initiative cavalière sous la présidence de l’UA par le président congolais a été formellement rejetée par tous les présidents de la SADC à Lilongwe en aout 2021 (voir point 18 de la résolution du 41 sommet de la SADC), en présence du Président Tshisekedi.
• Aux racines de la lutte pour éjecter les détenteurs du pouvoir et moins pour proposer aux Congolais les référents idéiques d’une mutation sociétale profonde durable.
Dans une large mesure, il s’agit ici de la fonction « révolutionnaire » de l’élite « avant-gardiste » d’un parti politique de gauche. C’est-à-dire des acteurs sociopolitiques ayant primordialement la fonction de produire ce que Gramsci appelle «la self-conscience critique ». Mais, il semble que l’essence mobutiste de la vaste majorité des fondateurs de l’UDPS, à cause du mental pré-républicain dominant, s’est davantage concentrée sur l’effort de l’éjection des détenteurs du pouvoir. La visée de cette démarche étant de conquérir l’imperium pour monopoliser ses prébendes. La mission de l’Elite avant-gardiste devant procéder à l’élaboration expansive et profonde de l’arsenal idéologique et la mettant en pratique pour transformer la société, devient alors aléatoire. Ainsi, comme c’est le cas de l’élite dysfonctionnelle de l’UDPS au pouvoir, elle étale une apathie au regard du devoir de la proposition des termes de l’interprétation constante des contradictions et évolutions de chaque ère de notre trajectoire historique pour des actions adéquates de réorientation sociétale.
Dans cette même optique, il est important de relever que la plupart de fondateurs initiaux de l’UDPS avaient en réalité tourné le dos au Président Mobutu pas nécessairement parce qu’ils avaient connu une soudaine éclosion idéologique ou une auto-libération intellectuelle du mobutisme pour une nouvelle fonctionnalité politique républicaine. La preuve est que, comme l’écrit Ngalula Mpanda Njila, personnalité maîtresse de la création de l’UDPS, dès que le Président Mobutu leur a proposé des postes, beaucoup des fondateurs de l’UDPS rejoignirent encore la monarchie absolue zaïroise. Les têtes de proue de l’UDPS, malgré les souffrances endurées et la relégation à leurs villages d’origine, signèrent des accords secrets en 1987 pour l’ouverture du MPR dans lequel l’UDPS ne serait qu’un courant politique. Le journal Le Phare écrit à ce sujet :
« Les négociations vont continuer pour aboutir aux négociations de Gbadolite. Nous sommes en 1987. Les fondateurs du Kasaï négocient avec les hommes de Mobutu, pour le compte de toute l’UDPS. Un accord est trouvé pour changer l’article 33 de la Constitution en enlevant “Parti-État”. Le MPR est la nation zaïroise organisée politiquement”. Ce qui reconnaît le droit aux tendances, dont l’UDPS. Un autre point d’accord est l’entrée au Comité central du MPR de toute la présidence de l’UDPS (Kibassa, Ngalula, Mbwankiem), la nomination des autres fondateurs à la tête des entreprises publiques, la nomination d’Etienne Tshisekedi à la primature en tant que Premier Commissaire d’Etat. »
Ces dirigeants signèrent tous cet accord et se rendirent même en Europe pour en expliquer le bien-fondé à la communauté internationale. Seul Étienne Tshisekedi résista vaillamment. Il rejeta cet accord ensuite, et impulsa la relance de l’UDPS. Cela, après un moment de retrait à cause du fait que les leaders de ce parti l’avaient quasiment abandonné pendant son emprisonnement à la Prison de Dungu (ex-Province orientale). Tout le long de la lutte pour la démocratie, alors que d’autres cadres l’abandonnèrent pour aller occuper des postes au gouvernement, E. Tshisekedi concentra ses efforts sur les dénonciations des méfaits de différents régimes auxquels il s’est opposé, et sur les marches et démarches pour les évincer. Il n’a pas eu le temps de s’atteler à la construction systématisée et substantielle de la conscience transformationnelle de l’UDPS exploitable une fois au pouvoir.
Conséquemment, comme il apparaît dans le régime de l’alternance en 2019-2021, ce parti politique a historiquement eu plus de leaders politiques contestataires que des leaders transformationnels, au sens des élites intellectuellement avant-gardistes activatrices des mutations sociétales substantielles, au sens de Gramsci. C’est-à-dire, des élites réfléchissant sur le long terme, concevant des objectifs et projets conséquents pour la mutation profonde de la société et créant des synergies avec les autres structures pour l’élévation collective dans la durée. Des élites modelant le système de pensée et d’action des membres au présent pour l’efficience de progrès dans le futur, une fois au pouvoir.
• L’instabilité des élites de l’UDPS comme reflet de la superficialité de l’idéologie incantatoire
Les va-et-vient des élites opportunistes (élites conjoncturelles au sens de Gramsci) de l’UDPS au pouvoir pour y occuper les postes, est la preuve la plus irréfutable de la superficialité de l’idéologie incantatoire. Cela démontre le déficit d’ancrage dans une idéologie de mutation, opérationnalisable au pouvoir, comme cela est le cas dans les partis politiques modernes. Ceux-ci sont des foyers des politiques publiques articulées selon les repères idéologiques.
La plupart d’élites situationnistes rejoignaient ou s’alliaient à l’UDPS pour un rituel de blanchissement et de validation aux yeux du peuple.
A chaque occasion de rejoindre le pouvoir pour jouir de ses prébendes, elles y allaient sans état d’âme. De 1980 à 2018, du Premier Ministre Birindwa, en passant par le Premier ministre Badibanga à Tshibala, aucun autre parti congolais, en dehors du MPR, n’a eu autant de Premiers ministres dont les nominations ont créé autant des scissions dans cette organisation politique. Ces divisions et instabilités ont produit l’éclosion d’une élite composée de leaders plus aptes à la contestation. Ils sont plus doués et dotés de redoutables compétences oppositionnelles protestataires-offensives et de hargne dénonciatrice qu’en personnel politique d’Etat à fonction élévatrice de la société.
Et la mentalité militantiste réfractaire s’est tellement ancrée dans la psyché et l’intellect de ce parti que ses cadres se sont transposés dans les institutions en 2019, avec ces habitus – au sens de Pierre Bourdieu comme manière d’être et comportement acquis par des individus ou par un groupe. C’est pourquoi il faut à l’UDPS comme organisation politique patrimoine du champ politique congolais, une réinvention comme parti politique moderne. Il lui faut une révolution interne. Elle doit se recréer, à la lumière de son expérience révélatrice au pouvoir de ses carences internes, comme force politique développementale.
L’UDPS est appelée à renaître, en fonction de son expérience des contradictions au pouvoir, comme une organisation politique moderne plus axée sur la conception des politiques publiques, la formation du personnel politique, et l’impulsion du développement.