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Election des membres du comité exécutif de l'Association des professeurs de l’université Pédagogique Nationale (APUPN)

(Patience Kabamba)

Une organisation électorale réussie signifie que les électeurs accomplissent leur tâche de voter avec aisance et facilité, dans un intervalle de temps bien déterminé avec un nombre d'électeurs connu longtemps en avance. Le temps maximum que chaque électeur passe devant l'urne est un élément essentiel pour une meilleure organisation.

Il nous a fallu moins de 10 minutes  pour nous rendre au bureau de vote et voter.

Toutes ces étapes ont été réalisées par la commission électorale indépendante (CEI) de l'APUPN. le MDW  exprime sa grande satisfaction pour une organisation qui n'avait rien à envier aux organisations des élections dans les vieilles démocraties.Après avoir déposé mon bulletin dans l'urne, j'ai pensé à M. Denis Kadima Kazadi, qui a organisé les dernières élections congolaises sans fichiers fiables et il les a même dispersées sur trois jours en violation des lois  de la CENI. Je me suis dit que M. Kadima  devait prendre quelques leçons d’entrainement auprès de notre CEI. 

Nous travaillons évidemment à des échelles différentes par rapport à la CENI, mais les principes sont les mêmes : la visibilité de fichiers fiables bien avant le vote, l'identification des dates de vote dans tout le pays et la rigueur contre les tentatives de corruption des responsables de la CENI.

La deuxième vague de félicitations va à l'heureux gagnant de ce vote interne, le Professeur Jean Collins Musonda. La commission électorale n'a pas encore annoncé les résultats officiels, mais à l'heure de What's App, il est difficile de garder longtemps le secret des votes. Nous attendons cependant les résultats officiels de la CEI.

L'admiration que nous avons exprimée pour la Commission électorale indépendante de l’APUPN doit être nuancée par certaines questions auxquelles cette commission a répondu avec désinvolture et une attitude autoritaire plutôt  qu'intellectuelle, c'est-à-dire dialectique.

 Commençons par le fait de refuser aux  professeurs légalement absents de l’UPN de participer au vote par procuration. La profession de professeur d'université est une profession libérale, ce qui signifie que les professeurs ne sont pas obligés de rester au même endroit.  Ils sont invités, conviés et appelés à donner des cours  partout sur la planète. À mon avis, le vote par procuration est légal et aurait dû être approuvé. J'ai trouvé le silence de la CEI sur cette question inacceptable et autoritaire. La CEI pensait que nous étions presque des idiots qui ne comprendraient aucune explication.

 La meilleure chose à faire aurait été de répondre aux professeurs et d'expliquer  pourquoi le vote par procuration n'était pas accepté.

 Je ne connais pas le taux de participation à ces élections, mais je soupçonne qu'au moins la moitié des 676 enseignants inscrits sur la liste électorale des enseignants ont pu voter.

Si l’on avait accepté le vote par procuration, le taux de participation pouvait varier et les résultats obtenus pouvaient aussi  varier. Veuillez noter que l'APUPN n'hésite pas à retenir les cotisations de tous les membres, y compris ceux qui ne sont pas à Kinshasa pour cause de maladie ou autres raisons. Mais, il ne les laisse pas voter !

La deuxième observation concerne l’obligation pour les candidats aux différents postes de verser des cautions pour participer aux élections de l’APUPN.

Outre le fait que la caution en question pouvait provenir de cotisations régulières, je pense que la CEI a introduit un élément de discrimination.

 Et je ne pense pas que nous devrions payer une caution pour postuler à un poste de service au sein de l’APUPN. Je m'explique : Pourquoi  ne devrions-nous pas payer pour la prestation de services au sein de l'APUPN.  L'APUPN est une association paritaire, des égaux.

 Être professeur à l'UPN est le seul ingrédient fondamental pour appartenir à ce groupe de personnes qui veulent travailler au bien-être des professeurs.

 Chaque membre de l'association contribue à hauteur de 25 000 francs congolais pour chaque versement COGIT (indemnités de transport).  Le nombre de membres est d'environ 676 selon la liste de la CEI. Cette somme a servi à récompenser les dirigeants de l'APUPN et à organiser des événements tels que des élections. Exiger une caution introduirait une variable différentielle qui détruirait toute l'égalité fondatrice de notre association. Les différences économiques peuvent être justifiées par le fait que tous les enseignants ne se trouvent pas dans la même situation économique. Nous avons des collègues qui enseignent dans plusieurs établissements, dont certains  ont d'importantes responsabilités familiales et d'autres qui nécessitent des soins médicaux réguliers. Les inégalités financières contredisent clairement les fondements égalitaires de notre club.

Les anthropologues nous apprennent que dans les sociétés égalitaires primitives  étudiées par Pierre Clastres, les dirigeants étaient tirés au sort. Cette activité signifiait que tous les membres du groupe pouvaient servir et diriger la communauté. À l'Université de Californie à San Diego, les professeurs du département d'anthropologie dirigent le département à tour de rôle. Chacun est considéré comme capable de diriger la communauté scientifique. L'exigence d'une caution pour les candidatures aux postes de l’APUPN a complètement détruit les fondements de l'égalité sous-entendus dans notre association. Auparavant, les cautions collectées étaient versées au président sortant, mais cette fois il a été décidé qu'elles seraient versées au fonds de l'APUPN. Si cela représente certes un progrès, la réalité logique est que cette caution financière contredit le dénominateur commun égalitaire qui fait de nous  professeurs de l'UPN et  membres de l'APUPN. Sur la base de ce qui précède, je ne pense pas qu'une caution soit requise pour postuler au poste  de l'APUPN. L’Assemblée générale pourrait débattre de cette question le moment venu. À mon avis, le silence de la direction de la CEI sur cette question était également autoritaire parce que direction de la CEI ne se sentaient pas obligés d’expliquer à la communauté des enseignants pourquoi elle tenait a cette caution. Soit la CEI pensait que nous étions des idiots qui ne comprendraient pas ses explications, soit elle nous méprisait simplement. Les deux paramètres ne sont pas recommandés.

Enfin, permettez-moi de parler des attentes concernant les récentes élections. L'IGF nous a révélé que le président de l'APUPN s'en tirait avec 10 millions de francs congolais a chaque paiement de la Cogit alors que le professeur agrégé ne disposait que de 700 000 FC. Cet écart n'est justifié par aucune raison et surtout n'a pas été décidé par  l'organe suprême de notre association , l'Assemblée Générale. Il me semble que c'est le plus grand bonheur  que cette coutume soit enfin abandonnée. L'une des tâches des nouveaux pouvoirs  confiés à l'ancien vice-président, aujourd'hui président de l'APUPN, est de nous expliquer ce qu’il fera des cotisations quasi mensuelles de 676 enseignants.  

 Chaque mois, ou plus précisément pour chaque paiement  de la Cogit, l'APUPN perçoit 16 900 000 FC, soit 6 000 $ au taux de 2 850 FC (USD). Le budget annuel de  l'APUPN est donc de 71 000 $.

 Aucune utilisation de ce montant n'a été signalée au cours des trois dernières années. Pour être honnête, ce n'est pas un montant astronomique,  mais les contribuables auraient aimé savoir comment leurs contributions étaient dépensées et  quels accords étaient décidés lors de l'Assemblée générale. Nous aimerions voir naître un nouveau comité, ce qui n'est pas tout à fait nouveau puisque le président et le trésorier font partie de l'ancienne équipe. Nous leur demandons d'expliquer à quoi ils ont utilisé les 213.000 $ des trois années écoulées. Si, comme on l'entend, le CE de l’APUPN se partageait nos contributions mensuellement selon un pourcentage fixe, il conviendrait de le transmettre à l'assemblée générale des enseignants de l'APUPN.

Enfin, l'APUPN est un syndicat d'enseignants. Et comme le disait Marx, le syndicalisme n’est pas révolutionnaire. Les syndicats ne peuvent pas déclencher une révolution parce que leurs dirigeants sont soudoyables ou intimidables par ceux qui sont au pouvoir. Nos dirigeants syndicaux nous avaient fait arrêter brusquement une grève. On avait soudoyé par des fausses promesses les président et vice-président syndicaux pour faire taire ou mettre fin à la grèves.

Nous avons dû mettre fin brusquement à la  grève parce que le ministre en charge avait réussi à soudoyer les dirigeants avec de  fausses promesses. Il est donc important de tempérer les attentes à l’égard d’actions syndicales qui ne pourront jamais révolutionner notre situation d’enseignants de l’UPN. En tant que syndicat, l'APUPN ne se concentre pas sur la libération du peuple congolais, mais plutôt sur son propre travail, souvent à la merci de ses employeurs. Et c’est ce qui arrive par nature et non par hasard ; par essence et non par accident !

Election des membres du comité exécutif de l'Association des professeurs de l’université Pédagogique Nationale (APUPN)
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Page d’histoire : C’était Patrice Emery Lumumba, L’ancêtre Mongo arrive à Bumba

Patrice Lumumba et sa famille en 1952 dans le Sankuru 

De gauche à droite: son oncle Ferdinand Kalema, sa mère Julienne Amatu (c'est le nom que donnera plus tard Patrice Lumumba à sa fille), Patrice Lumumba lui-même, en tenue d'employé de la Poste, et son père François Tolenga (c'est le nom que Lumumba donnera à son fils aîné)

A la suite de la désertification du Sahara, un groupe des populations habitant l’actuel Cameroun décide de migrer vers le sud. Ce sont les populations bantoues. Un de ces groupes est dirigé par un grand chef qui s’appelle Mongo. Jusqu’à ce jour, le nom Mongo est encore très usité au Cameroun. On connaît par exemple Mongo Beti, le grand écrivain camerounais ; Mongo Faya, l’homme qui avait 80 femmes et qui est décédé en 2002 ; Stéphane Mongo, l’acteur français d’origine camerounaise. Donc le grand Chef Mongo et sa Communauté s’installe dans l’espace qui deviendra des siècles plus tard la RDC ; plus précisément vers l’actuelle ville de Bumba, dans l’actuelle province de la Mongala. 

Les Anamongo (les enfants de Mongo) se séparent 

L’une des trois branches des descendants de Mongo va quitter Bumba et remonter le fleuve Congo. Arrivés à Isangi, les membres de cette branche remontent la rivière Lomami et s’installent sur les deux rives de cet affluent du fleuve Congo. Cette population constitue aujourd’hui l’ethnie tetela – kusu. Les tetela sont sur la rive gauche de la rivière Lomami, dans la province du Sankuru. Et les Kusu habitent la rive droite, dans la province du Maniema. Les deux autres lignées de l’ancêtre Mongo se sont installées dans l’actuelle province de la Tshopo (les Lokele et les topoke …) et dans les actuelles provinces de l’Equateur et du Maï ndombe (ils s’identifient comme les Mongo, en souvenir de l’ancêtre commun). Les tetela-kusu qualifient cette grande communauté de descendants de Mongo comme les « Anamongo » ; ce qui veut dire « les enfants de Mongo ».  C'est la communauté ethnique la plus importante aujourd'hui en RDC. Elle représente environ 30% de la population congolaise. 

Naissance d'Esaïe Okit'Asombo

Revenons maintenant au groupe des anamongo qui se sont installés dans le Sankuru et qu’on appelle les Tetela. La province du Sankuru est subdivisée en 6 territoires : Lubefu, Lusambo, Lodja, Kole, Lomela et Katako–kombe. Dans ce dernier territoire, il existe un petit village du nom d’Onalua, qui signifie le fils du soleil ou le fils de lumière. Dans ce village, le couple François Tolenga et julienne Amatu a quatre garçons. Il s’agit de Charles Lokolonga, Esaïe Okit’ Asombo, Emile Kalema et Louis Onema. Après son divorce avec julienne Amatu, François Tolenga aura un cinquième garçon, avec sa deuxième épouse, du nom de jean Tolenga.

Esaïe Okit’Asombo, le 2e fils de François Tolenga, est né le 2 juillet 1925 à Onalua. Cette précision sur la date de naissance, chose rare à cette époque, est due au fait que François Tolenga, paysan de son état, avait appris à lire et à écrire auprès de missionnaires catholiques installés dans la région depuis 1910.

Esaïe s'inscrit à l'école et se fâche avec son père 

En 1939, Esaïe Okit’Asombo, à l’âge de 13–14 ans, entre directement en deuxième primaire, comme il savait déjà lire et écrire. Mais le choix de l’école sera à l’origine d’une brouille entre Esaïe et son père. En effet, le jeune Esaïe a le choix entre l’école  de la mission protestante de Wembo-Nyama tenue par des missionnaires Suédois, située à 10Km de son village et l’école  catholique de Tshumbe  Sainte-Marie, située, elle, à 35 Km d’Onalua. Evidemment, le jeune Esaïe choisit l’école la plus proche, c'est-à-dire l’école de Wembo-Nyama, chez les protestants. Son père François Tolenga, catholique de son état, se fâche contre Esaïe à tel point qu’il le chasse du toit paternel. 

Parce que, pour lui, par son choix, son fils Esaïe a renié le catholicisme. Pendant trois mois, Esaïe sera nourri en cachette par sa mère et ses frères. Considérant l’absurdité de cette situation, les notables du village vont raisonner François Tolenga qui finira par accepter le retour du fils prodigue au bercail. 

Esaïe Okit'Asombo est chassé de l'école 

En 1942, Esaïe Okit’Asombo est en cinquième primaire. Au premier semestre de cette année, il est chassé de l’école. Pour indiscipline. Il avait du mal à respecter la rigueur des pasteurs méthodistes Suédois de Wembo-Nyama qui interdisaient à leurs élèves la fréquentation des filles, la consommation des boissons  alcoolisées, la pratique de la danse, etc. Esaïe devient un chômeur à Onalua, son village natal.

Le premier clin d'œil du destin 

Le destin va lui faire un premier clin d’œil par le passage à Onalua d’un prêtre routier de la mission catholique de Tshumbe Sainte-Marie. Voyant que le jeune Esaïe, fils du fervent catholique François Tolenga, n’allait pas à l’école, ce prêtre va l’emmener et l’inscrire à l’école de la mission de Tshumbe où Esaïe est admis en cinquième primaire.

Esaïe Okit'Asombo devient Patrice Lumumba 

Et, on n’a jamais su pour quelles raisons, le jeune Esaïe Okit’Asombo décide, à ce moment-là, de changer de nom. Il s’inscrit sous le nom de Patrice Lumumba. On sait que Lumumba est le nom que sa mère lui avait donné comme un surnom et qui venait d’un parent de la famille maternelle. Lui, il en fait son nom en remplacement de Okit’Asombo que son père lui avait donné. Il décide aussi de remplacer son prénom d’Esaïe par celui de Patrice. Nous n’avons jusqu’à présent aucune explication sur l’origine de ce prénom de Patrice. Même si l’on sait que Patrice était un titre que de dignitaires romains portaient sous l’empereur Constantin, dans la Rome antique.

Patrice Lumumba quitte le Sankuru pour le Maniema 

A la fin du second semestre (août 1943), les élèves de Wembo-Nyama partent en congé. Patrice Lumumba demande une autorisation de l’école pour se rendre à Kindu–Port–Empain, dans l’actuelle province du Maniema. Il va rendre visite à un parent qui devait lui acheter des vêtements pour sa cérémonie de première communion. Son autorisation en poche, Patrice Lumumba quitte son école de Tshumbe Sainte–Marie et n’y reviendra plus jamais. Il arrête sa scolarité au niveau de la 5e primaire. Il a 18 ans.

A Kindu, Patrice Lumumba devient commis-pointeur à la CFL

Au chef-lieu du Maniema, Pius Olenga, une de ses connaissances de Tshumbe, trouve au jeune Lumumba un emploi de commis–pointeur à la compagnie de chemin de fer CFL  (Chemin de fer des Grands Lacs). Après quelques mois, Patrice Lumumba quitte son travail et le Maniema et retourne dans son village natal Onalua. Il apprend une mauvaise  nouvelle. Ses parents ont divorcé. Très ambitieux et ne voulant pas terminer sa vie comme paysan à Onalua, à l’instar de la plupart des membres de sa famille, il décide de retourner au Maniema ; mais  cette fois-ci à Kalima, une grande cité minière de la société Symétain.

De Kalima à Stanleyville (Kisangani)

Kalima sera juste une étape pour lui. Il y trouve un travail de commis à la cantine de Symétain. Grace à cet emploi, il va épargner la somme nécessaire qui va lui permettre de partir du Maniema pour sa destination finale : Stanleyville (Kisangani), le chef-lieu de la Province Orientale et troisième pôle économique du Congo-Belge ; aux côtés de Léopoldville (Kinshasa) et d’Elisabethville (Lubumbashi). Patrice Lumumba débarque à Stanleyville en 1944 avec seulement quelques francs en poche et quatre atouts majeurs : son intelligence, son courage, sa sociabilité et sa volonté de sortir du lot. 

Patrice Lumumba, un phénomène social et historique 

Mais comment ce jeune tetela, âgé de 19 ans seulement,  deviendra en une quinzaine d’années, l’homme le plus populaire de Kisangani et du Congo ?

Comment cet autodidacte va–t–il devenir si influent que les Belges et leur Roi en tête, vont le détester, lorsqu’il devient le premier Premier ministre du Congo Indépendant, au point d’organiser la balkanisation du Congo de Léopold II en suscitant les sécessions du Katanga et du Kasaï ?                             

 Pourquoi Dwight D. Eisenhower, le président du tout puissant Etats-Unis d’Amérique, va-t–il souhaiter la mort de Patrice Lumumba, ce fils de paysan devenu 1er ministre du Congo ?

A suivre !        

Thomas Luhaka Losendjola

Vos observations, corrections et critiques sont les bienvenues

Source principale: " Sur les traces de Patrice Emery Lumumba " du Professeur Emérite Mutamba Makombo.

Page d’histoire : C’était Patrice Emery Lumumba, L’ancêtre Mongo arrive à Bumba
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Sommet Chine-Afrique : quelles retombées pour la RDC ?

(Par Eric Kamba, Analyste de la Géopolitique, Coordonnateur de CADA)

Les rideaux se sont fermés sur la grand-messe Chine-Afrique qui a eu lieu à Beijing du 4 au 6 septembre derniers.  L’heure est au bilan de ce haut Sommet dénommé FOCAC (Forum sur la Coopération Sino-Africaine) qui a accueilli une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains et dont le mot d’ordre du président hôte, Xi Jinping, résonne encore fort : « Modernisation du Sud global et écrire un nouveau chapitre dans la construction d’une communauté d’avenir ».   Cinquante milliards de dollars de nouveaux investissements sur les trois prochaines années pour le développement des infrastructures, l’agriculture et les énergies vertes du continent, telle est la grande annonce à Beijing.  Quelles retombées pour la RDC qui s’avère un Etat-clé du fait de ses importantes ressources et dont le Président Félix Tshisekedi a été le premier à être reçu, en bilatérale, par le numéro un chinois dans ce partenariat renforcé avec l’empire du milieu ?

Tenu à Beijing du 4 au 06 septembre, le neuvième Sommet du Forum sur la Coopération Sino-Africaine a vécu. Plus de 40 chefs d’Etat et de gouvernement du continent ont fait le déplacement de la Chine et rencontré le président Xi Jinping pour discuter du renforcement des relations économiques entre les deux parties : le continent et l’empire du milieu.

A l’occasion, Pékin a établi ou renforcé des partenariats stratégiques avec tous les pays avec lesquels il a des liens diplomatiques. Au total, une trentaine de pays s’y sont exercés.

Lors de ce Sommet, les réunions et les accords ont tourné autour des thèmes de l’industrialisation, des progrès agricoles, de la sécurité et de la coopération dans le cadre de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route », un projet massif visant à relier plusieurs continents à la Chine par des infrastructures physiques. Et Pékin compte ainsi bâtir avec l’Afrique une communauté d’avenir et le mot d’ordre de Xi Jinping est désormais : la modernisation du Sud global.

Point de doute, la Chine, à travers son président, compte poursuivre son influence croissante sur le continent africain dans un face-à-face silencieux avec les pays occidentaux.

Souhaitant écouler, entre autres, ses technologies vertes en Afrique, elle espère que ses investissements croissants en Afrique encourageront les dirigeants à absorber davantage de produits chinois. Comme pour dire, s'attirer les faveurs de l'Afrique l'aide dans son ascension vers le statut de «superpuissance mondiale ».

Il va donc sans dire qu’en exerçant une influence dans les pays en développement, l’empire du milieu est en mesure de contrecarrer la portée des États-Unis et de l’Europe, en particulier sur un continent si riche en matières premières dont il utilise pour fabriquer les produits qu’elle expédie dans le monde entier.

Une relation sur un respect mutuel et des projets concrets

Pékin reste « sans égal » dans son soutien économique à l’Afrique par rapport à aucun autre pays, et espère pouvoir utiliser cette position pour « exercer une influence diplomatique aux Nations Unies. 50 milliards de dollars de nouveaux financements pour le continent, c’est la grande annonce de Beijing, sont mis sur la table pour les trois prochaines années. 

Cette somme rondelette va permettre de développer les infrastructures, l’agriculture et les énergies vertes du continent.

Cependant, des inquiétudes, quant à la dette, demeurent. Les partenaires africains de la Chine n’ont pas mâché leurs mots pour la mise en place de meilleures conditions commerciales avec cette dernière, espérant un meilleur accès des produits agricoles et manufacturés africains aux marchés chinois. 

Leur attrait à coopérer avec la Chine réside dans l’accès à des solutions de financement potentielles qui peuvent aider à alléger les dettes économiques écrasantes que beaucoup connaissent. Présent au sommet, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que « l'accès insuffisant des pays africains à l'allégement de la dette et aux ressources limitées était une recette pour les troubles sociaux ».

Toutefois, Pékin reste disposé à prêter des sommes importantes aux pays africains. Et, au cours des 20 dernières années, note le journal New York Times, « un projet d'infrastructure sur cinq en Afrique a été financé par la Chine ». C’est pourquoi, les dirigeants africains sont si désireux de se rencontrer et de se montrer réceptifs au Président Xi Jinping, lors du sommet, malgré certaines promesses non tenues dans le passé.

La relation entre la Chine et l’Afrique, souligne-t-on, se base sur un respect mutuel et des projets concrets.

Et, une particularité : l’empire du milieu s’engage à respecter les choix politiques faits par les Etats africains sur la base de leurs spécificités, à ne pas s’immiscer dans leurs affaires intérieures et à ne pas assortir de conditions son aide.

RDC : qu’attendre de ce Sommet ?

Le 9ème Sommet du FOCAC a mis en exergue la relation croissante entre la Chine et la RDC. Et le président congolais Félix Tshisekedi a été le premier président africain, sur la douzaine reçue, à conférer en bilatérale avec l’hôte chinois. Cela dénote de l’importance que revêt la RDC qui s’avère un acteur-clé pour la Chine du fait de ses ressources dont elle a besoin.

Des différents mémorandum d’entente ont été signés entre les entreprises chinoises, tel est l’accord portant sur l’accroissement de la puissance énergétique en RDC entre le ministre congolais des Ressources hydrauliques et le géant chinois du secteur de l’énergie renouvelable.

L’agriculture n’était pas en reste en vue de la production des produits vivriers tels que, notamment, le manioc, le riz et le maïs. Les hommes d’affaires congolais, ainsi que certains gouverneurs de province ont exploré les domaines qui peuvent faire l’objet de coopération entre les deux pays.

Mais, un équilibre devra être trouvé pour que tous ces accords profitent à l’Etat congolais, à son peuple et à son environnement.

Le grand problème qui plombe le développement de la RDC reste l’instabilité dans sa partie orientale due à la guerre que le Rwanda lui mène depuis trente ans avec des dommages considérables en termes de vie humaine, non sans compter plusieurs millions des déplacés.

Et, la question qui reste posée est celle de savoir comment la relation croissante avec la Chine peut générer des mécanismes à même de créer les conditions qui puissent mettre un terme à cette tragédie de l’Est qui n’a que trop duré et non se limiter à considérer le Congo comme un réservoir d’approvisionnement des matières premières dont l’on a besoin.

Sommet Chine-Afrique : quelles retombées pour la RDC ?
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Est-il possible de diriger l'Université Pédagogique Nationale (UPN) ?

(Par le Professeur Patience Kabamba)

L'université pédagogique nationale est la seconde grande institution tertiaire de la ville de Kinshasa avec près de 40.000 étudiants et un millier de professeurs. De toutes les universités de la RDC, l'UPN a sans doute le meilleur corps professoral dont une université peut rêver. Les professeurs de l'UPN proviennent des différentes horizons et des meilleures universités dans le monde : nous avons des anciens étudiants de France, de la Belgique, d’Allemagne, d'Italie, de la Grande Bretagne, du Canada, des États-Unis d'Amérique, du Japon, de la Chine, du Mexique, du Congo, du Sénégal, du Benin, du Kenya, d'Afrique du Sud, etc. La plupart des professeurs de l'UPN sont très brillants individuellement. Leurs cours sont souvent au-dessus de la moyenne. La question qui me vient à l'esprit est de savoir :

Si le pays regorge d'autant de talents, comment se fait-il qu'il va mal, qu'il ne soit pas très organisé pour participer au progrès du monde avec toutes les richesses naturelles et humaines dont il est béni ? Le Congo a près de 100 millions d'habitants, même si le dernier recensement sérieux date de 1984. 10 % de la population congolaise, soit 10 millions de Congolais, vivent à l'extérieur du pays. Ce pourcentage serait repris élevé si les jeunes Congolais avaient l'opportunité de quitter le pays. En effet, le pays va tellement mal que la seule option qui se présente aux personnes intelligentes est de le quitter. Le Congo est un pays de plusieurs paradoxes. Je vais en citer quelques-uns. Un pays potentiellement riche, mais où les habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 2 dollars par jour. Le Congo a une prison construite à l'époque coloniale pour abriter 1500 détenus ; aujourd'hui, la fameuse prison de Makala héberge 12.000 détenus. Des massacres des prisonniers venaient d'avoir lieu en toute impunité et banalisation de la vie humaine, comme l'ont fait remarqué les évêques catholiques de la conférence épiscopale du Congo, la CENCO. Un autre paradoxe consiste à avoir dans son territoire le lac le plus poissonneux du monde, le lac Tanganyika, et à continuer à importer du poisson de l'étranger alors que ses propres poisons meurent de vieillesse dans le lac. Aujourd'hui, je voudrai plancher sur le paradoxe qui consiste à avoir beaucoup d'intellectuels dans le pays sans être capable d'organiser la vie nationale de manière décente. Dans le présent MDW, je voudrais aborder une des raisons pour lesquelles une institution tertiaire comme l'UPN n'arrive pas à s'organiser pour tirer profit de son potentiel académique.

Un des problèmes de l'UPN

Je suis engagé à l'UPN depuis décembre 2017. La décision de mon engagement était signée par le Recteur Kimwanga Pèlerin et ma notification par le professeur Kabamba Kabata.

Aujourd'hui, je suis dans ma 7e année à l'UPN et l'université est à son quatrième comité de gestion. En 7 années, j'ai connu 4 recteurs et quatre comités de gestion différents. Chaque comité de gestion fait en moyenne 1,75 année de course. Le mandat électoral des députés nationaux est de 5 ans. Le présupposé derrière cela est qu'en 5 ans, il est concevable de mettre en place un processus de changement ou de poser les bases pour un changement substantiel qui pourrait prendre plusieurs années, sans doute. Si le comité de gestion de l’UPN ne reste que pendant 1,75 année en moyenne, comment peut-on attendre des changements ?. Les chances d'un changement substantiel sont extrêmement limitées à cause de la durée d'un comité de gestion de l'UPN. Je pense que les prochains recteurs devraient exiger de rester au moins cinq années avant d'accepter le défi de diriger l'UPN. Le manque de transparence dans le processus d'assignement et la mauvaise compréhension de ses responsabilités montrent que les personnes sélectionnées pour faire partie d'un comité de gestion ne posent pas souvent la question de leur chance de succès dans une pareille aventure. Il y a deux choses qui manquent dans la vie professionnelle des Congolais : a) refuser une nomination  lorsqu'on sait que les conditions de réussite seront difficiles et b) démissionner lorsqu'on se rend compte que l'on ne peut pas travailler dans une atmosphère anxiogène. Les conditions politiques pour devenir un bon recteur de l'UPN sont entre autres l'exigence de rester au minimum 5 ans pour pouvoir donner toute sa mesure au travail de recteur. Le temps permet d'apprécier les avancés ou la régression de l'institution que l'on dirige. Sans le temps, on se précipitera à empocher le rapidement possible les fonds de la caisse en prévision de quitter son poste suite aux changements intempestifs auxquels nous sommes habitués. Une seconde condition politique pour accepter le poste de Recteur à l'UPN est d'avoir la liberté de démissionner lorsqu'on se rend compte que l'on ne peut plus rien contrôler.

La démission est un mot extrêmement rare dans l'arène politique du Congo. Une troisième condition politique pour bien diriger l'UPN, en plus des deux citées aussi haut, c'est la transparence sur le nombre des étudiants et du staff de l'UPN. À une époque, il y a eu des embauches tous azimuts, au point que ceux qui étaient engagés à l'UPN se retrouvaient sans salaire pendant plusieurs années, car le rythme d'embauche ne suivait pas celui de l'augmentation de la masse salariale. Une transparence de la part du comité de gestion vis-à-vis des professeurs, des scientifiques et des administratifs est une condition sine qua non pour réussir son mandat à la tête de l'UPN. Un recteur comme d'ailleurs tout membre du comité de gestion est un « primus inter pares » pour les professeurs. Le premier parmi les égaux. Il n'est ni plus ni moins, il est l'égal d'un professeur. Cet état d’esprit devrait conduire le comité de gestion à être plus transparent et à se considérer comme des égaux vis-à-vis de ses collègues professeurs et des scientifiques qui sont des professeurs en devenir. Les administratifs sont la pierre sans laquelle l'édifice unpennienne ne tiendrait pas. Les relations de transparence envers ces corps académiques, scientifiques et administratifs demeurent la condition principale pour réussir son mandat de recteur de l'UPN.

Pour clore, je voudrais étendre la remarque ci-dessus au sujet de l'UPN à tout l’enseignement tertiaire de la République démocratique du Congo. Le secteur de l'enseignement tertiaire partage les tares de toute la République. Les universités participent de la folie des dépenses inutiles sans trop réfléchir au devenir des enfants qui nous sont confiés.. Nous avons applaudit le décaissement des funds par le ministre des finances pour le centre financier sans un débat au Sénat ni à l'Assemblée. Cet édifice a englouti, sans convaincre, une bagatelle de près de 500 millions de dollars américains. Pourquoi tout cela ? Est-ce vraiment la priorité ? Dans la même veine, je pense qu'il est temps de restructurer l'enseignement universitaire en RDC. Le moment des fusions est arrivé pour profiter davantage du corps académique que nous avons et surtout pour que l'on mette de côté suffisamment de ressources pour mieux prendre soin de l'éducation de nos enfants. Je verrai par exemple l'ISP/Gombe fusionner avec l'UPN pour qu'ensemble, les deux institutions, qui n'en feront qu'une seule, puissent se focaliser à la fois sur la recherche et sur l'enseignement. Sous un même comité de gestion, l'UPN augmenterait ses ressources pour la recherche et l'ISP/Gombe se focalisera sur le développement de l’enseignement. La fusion permettra d'épargner des ressources et de mieux les dispatcher pour la recherche et pour l'enseignement. Le pays va mal parce que ses intellectuels vont mal et n'arrivent pas à s'organiser pour mieux tirer avantage des individualités exceptionnelles dont regorgent nos universités.

Enfin, mon point de vue au sujet de l'université congolaise est que l'on devait tout simplement fermer toutes les universités. Pour le moment, nous n'avons pas besoin d'universités. En réformant l'enseignement secondaire, il sera concevable de produire des individus très utiles au pays à leur sortie de l'école secondaire. La formation des infirmières pourrait se rallonger jusqu'à leur apprendre des petites et grandes chirurgies ; les électriciens, plombiers et maçons et architectes sortiront de nos écoles secondaires. Les cours de droits seront introduits au niveau du secondaire et des conseillers juridiques sortiront du secondaire pour prendre en charge la justice du pays. Les universités seront donc fermées et disparaitront. Dès la fin de l'école secondaire, les Congolais doivent être capables de diriger leur pays. Il est temps de sauver l'économie congolaise contre les économistes congolais ; de sauver la justice congolaise contre les juristes congolais et de protéger la santé des Congolais contre les médecins congolais, souvent mal formés dans les facultés de médecine qui foisonnent dans le pays ; de protéger l'histoire congolaise contre les historiens congolais. Abat l'université dans sa configuration présente !

Est-il possible de diriger l'Université Pédagogique Nationale (UPN) ?
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