32ème LETTRE SOCIALE CONGOLAISE : « LES SIGNAUX FORTS DU NOUVEL AMBASSADEUR CHINOIS EN RDC » INFIRMERONT – ILS LES CRITIQUES CONTRE LA CONQUETE CHINOISE DE L’AFRIQUE ?
« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs,
1. La présente lettre sociale congolaise est une analyse bibliologique comparée des articles de presse et scientifique de Marcel Ngoy et Henry L. Bretton.
L’article de presse est intitulé : « Nouvel ambassadeur chinois nommé après la visite de Félix Tshisekedi, RDC- CHINE : Zhao Bin annonce ses signaux forts ! » paru au quotidien La prospérité n°6108 du jeudi 22 juin 2023.
Par contre, l’article scientifique est intitulé : « Comintern and Africa. The soviet bloc, China and Africa » paru dans East Africa Journal n°9 Volume II de Février 1966.
2. Je me permets d’inverser l’ordre de la chronologie absolue de publication de ces deux articles afin de rendre intelligible la problématique de la présente lettre sociale congolaise. Pour ce faire, je commence par le second article et le dernier qui présente les critiques de certains auteurs contre la conquête russe et chinoise de l’Afrique, l’Afrique à la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo » pour reprendre l’expression de Frantz Fanon.
3. En effet, Henry L. Bretton présente le contenu du Séminaire International sur les problèmes contemporains de l’Afrique tenu à Upsal, Suède, en 1963. Bretton précise que ce séminaire et les publications y relatives ont été sponsorisés par l’Institut scandinave des études africaines d’Upsal de Suède.
4. L’article de Bretton est donc la recension des publications des auteurs tels que Karl Muller qui a écrit sur les « Soviet and Chinese Programs of Technical Aid to African Countries ». Les programmes russe et chinois de l’aide technique aux pays africains.
5. Au sujet de ces programmes russe et chinois, Muller écrit : » both the Soviet Union and China have the potential of aiding the african states in the long and arduous task of closing the development gap. Commanding more disposable wealth and technical know how, the Soviet bloc,including Poland and Czechoslovakia, has a better record, and shows more promise than china, still far from solving her own clossal problems ». L’Union soviétique et la Chine ont toutes deux le potentiel d’aider les états africains dans la tâche longue et ardue de combler l’écart de développement. Commandant plus de richesse disponible et de savoir- faire technique, le bloc soviétique, y compris la Pologne et la Tchécoslovaquie, a un meilleur bilan et se montre plus prometteur que la Chine encore loin de résoudre ses problèmes colossaux. Muller montrait que la Russie pouvait mieux contribuer au développement de l’Afrique que la Chine. 6. Bretton présente enfin la conclusion à laquelle ont abouti les auteurs cités dans son article en ces termes : » (…) the only prospects for the Soviet Union and for China gaining appreciable influence in the new Africa lie in succesful translation of outworn, even irrelevent ideological proposition into practical meaningful policies designed to meet african’s interest instead of hypothetical world revolution ». Les seules perspectives pour l’Union sovietique et pour la Chine de gagner une influence appréciable dans la nouvelle Afrique résident dans la traduction réussie d’une proposition dépassée, voire hors de propos, en politiques concrètes et significatives conçues pour répondre aux intérêts de l’Afrique au lieu d’une hypothétique révolution mondiale.
7. Dès lors, au-delà de L’ffensive chinoise en Afrique qui est le titre de l’ouvrage de Philippe Richer publié aux Editions Karthala en 2008, la question qui a traversé mon esprit, dès la lecture de la conclusion de Bretton, est la suivante : de quelle manière les signaux forts du nouvel ambassadeur chinois en RDC rendent – ils les problèmes contemporains des congolais ?
8. Partant du contexte de nomination du nouvel ambassadeur chinois en RDC, Ngoy présente certains points saillants des signaux forts de l’ambassadeur chinois traduisant ainsi le pragmatisme chinois dans les relations d’Etat à Etat, à savoir : la consolidation des relations Sino-Congolaises, le renforcement d’un partenariat stratégique RPC(République Populaire de Chine) – RDC(République démocratique du Congo), la position de la Chine sur le respect de la souveraineté de la RDC quant aux questions relevant de la politique interne de cette dernière(RDC) notamment les élections politiques.
9. Il importe de rappeler que le respect de la politique interne de la RDC exige aux congolais d’avoir de la hauteur, du sens et de l’action, de la responsabilité, de la prise de conscience individuelle et collective, de la confiance mutuelle et réciproque pour servir l’intérêt général et lutter contre l’opportunisme et la mesquinerie dans la gestion de la chose publique.
10. C’est dans cet ordre d’idées que je m’appesantis sur cet extrait de l’article de presse de Marcel Ngoy : « (…) les questions de développement et de la nouvelle civilisation placées au cœur des discussions franches et directes ont été tellement déterminantes que le Président congolais, au regard des faits et réalités palpés au bout de doigt a adhéré aux initiatives du Président XiJinping en termes de coopération SinoAfricaine ».
11. Cet extrait regorge les deux thèmes dont la matérialisation permet à la RDC de décoller une fois pour toutes. Ces deux thèmes sont « développement » et « nouvelle civilisation ». Ici encore, je me permets d’inverser l’ordre de présentation de ces thèmes par l’auteur, car, le dernier thème, « le développement » doit être la conséquence logique de la « nouvelle civilisation ». La Chine est un modelé d’inspiration pour les dirigeants africains comme le montre Pascal Perri dans l’avantpropos du livre L’offensive chinoise en Afrique. A ce sujet, Perri (2008 :8) écrit : « pour beaucoup de dirigeants africains la chine est un pays du Tiers – Monde qui réussit son développement et accède au statut de grande puissance et elle un interlocuteur qui traite d’égal à égal ». 12. L’invocation de la nouvelle civilisation par le nouvel ambassadeur chinois en RDC introduit l’idée d’une comparaison qui ne peut avoir de sens que si l’ancienne civilisation a existé. Evidemment, les arabes et les occidentaux ont eu à introduire leurs civilisations en Afrique.
13. En effet, le mode opératoire des arabes et des occidentaux pour conquérir l’Afrique a été essentiellement basée sur la traite négrière et l’islam pour les uns et sur le colonialisme et le christianisme pour les autres afin d’ asservir les africains.
14. Aujourd’hui, le christianisme émietté (catholicisme, protestantisme et église de réveil) et l’école (université, institut supérieur) selon la pensée occidentale, sont en déphasage avec les besoins et demandes populaires en terres africaines, car, ils jouent souvent le rôle de relais d’influence du néocolonialisme. Ils sont nombreux, aujourd’hui, en Afrique à être colonisés sans colonisation.
15. Dieu merci, le nouvel ambassadeur chinois en RDC annonce la nouvelle civilisation au moment où « l’Afrique est en train de s’échapper aux mains des anciennes puissances coloniales » comme l’a écrit l’Afriquespoir n°102. Afriquespoir cite Remy Rioux, Directeur Général de l’Agence Française de Développent, qui a affirmé, dans la revue et ouvrage en sciences humaines et sociales, que « l’Afrique a repris sa place dans le monde et se dessine désormais sa propre voie vers l’émergence ».
16. Pour l’émergence de l’Afrique, à l’opposé des traite négrière et colonisation utilisées pour la conquête de de l’Afrique par les arabes et les occidentaux, l’astuce de la Chine pour conquérir l’Afrique est la coopération Sino- Afrique avec comme idéal ‘’ Développement’’.
17. Les propos de Serge Mombouli, Conseiller de la présidence, Brazzaville : « Les chinois nous offrent du concret et l’Occident des valeurs intangibles. Mais ça sert à quoi la transparence, la gouvernance, si les gens n’ont pas d’électricité, pas de travail ? La démocratie, ça ne se mange pas" qui constituent le prologue du livre intitulé La Chinafrique. Pekin à la conquête du continent noir, de Serge Michel et Michel Beuret (2008), témoignent l’importance que les africains accordent à la présence des chinois en terres africaines. Le concret des chinois est la réalisation des œuvres qui contribuent au développement tandis que les valeurs intangibles de l’Occident sont une déclaration théorique des concepts tels que démocratie, transparence, bonne gouvernance, leadership…
18. Je pense que Paul Houée(2009) qui montre que « développement et progrès sont confondus dans le même mouvement de maitrise du devenir collectif par la raison et la volonté humaine » doit inspirer le modèle de développement que nous voulons pour la RDC.
19. C’est ainsi qu’il convient de se souvenir de Confucius et Mao Zedong pour avoir posé des bases solides dans la civilisation chinoise. Les idées de ces deux personnes ont contribué à la matérialisation de la maitrise du devenir collectif des chinoises et chinois par la raison et la volonté humaine pour le développement de leur pays.
20. En son temps, au nom de la raison et pour la raison, Confucius a eu à jouer un rôle que doit jouer impérativement tout intellectuel pour le développement de son pays. Georges Defour(2009) revient sur le rôle qu’a joué Confucius en écrivant, je cite : « Confucius a écrit, aux 5è et 6è siècles av.JC, à l’empereur de Chine ce qui suit : « Dans vos décrets, vos lois, votre réflexion, votre comportement vous devez nécessairement tenir compte de l’homme, de la terre et du ciel, s’il y manque un de ces trois éléments, votre action sera boiteuse, souvent même nuisible ». Confucius, par sa pensée philosophique humaniste, revient à préciser que « la réforme de la collectivité n’est possible que si elle commence par la reforme de chaque individu puis sa famille. C’est ici que le changement des mentalités prôné depuis le début de la 3ème République revêt toute son importance. Mais, il faut savoir où devrait commencer ce changement des mentalités comme option politique et non comme valeur déclarative.
21. De son côté, Mao Zedong au nom de la volonté humaine a joué un rôle très déterminant dans le développement de la Chine. Si Confucius a été le conseiller de l’Empereur, Mao s’était fait conseiller par l’écrit (livre) pour avoir été assistant bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale de Pékin. C’était dans cette bibliothèque que Mao a appris et maitrisé le marxisme qui a servi d’essence au maoïsme.
22. Le maoïsme est donc l’idéologie de Mao qui déclare adapter le marxisme au cas des pays en voie de développement. Mao met l’accent sur l’indépendance nationale (« compter sur ses propres forces ») et sur le développement équilibré de la paysannerie et de l’industrie légère ( marcher sur ses deux jambes »).
23. Le modelé de développement proposé par Mao est en étroite cohérence avec celui que prône Georges Defour ci-haut cité. Defour montre que « le développement est, non l’acceptation naïve d’un modelé étranger, mais le cheminement d’un groupe humain à sa façon et vers son propre mieux – être. Ce groupe ne peut construire sa propre identité qu’en s’appuyant sur ce qu’il est, ce qu’il a, ce qu’il vit et surtout ce qui lui apparait comme pouvant conduire à son épanouissement ».
24. C’est pourquoi les congolaises et congolais doivent avoir honte de poser des actes qui montrent leurs limites voire incompétences, car, ces actes constituent l’ouverture de la porte aux personnes et structures étrangères pour venir en « aide » à la RDC. Pourtant ces dernières (personnes et structures étrangères) n’ont ni le souci ni la volonté de voir ce pays se développer au risque qu’elles manquent à faire.
25. C’est alors que j’affirme avec Paul Houée qu’ «un peuple se développe avec ses ressources matérielles et financières, avec le déploiement de ses intelligences, organisations et de ses volontés ».
26. Ceci suffit pour comprendre que dans l’actuelle configuration de la coopération sinocongolaise, les congolaises et congolais qui auront à jouer un quelconque rôle dans la matérialisation des accords issus de la rencontre des Présidents Félix Tshisekedi et Xi Jinping se doivent de refuser, par honneur et dignité, d’offrir au public les spectacles désolants du genre contrat chinois. Chapeau bas à l’Inspection Générale des Finances, car, c’est grâce à sa dextérité que la prédation des ressources minières et financières de la RDC avec la complicité de certains congolais indignes et inciviques a été révélée au grand public.
27. J’ai fait ma part. Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, WhatsApp ou X et à l’e-mail
Fait à Kinshasa, le 16 août 2023
Jean Joseph Ngandu Nkongolo
Anthropobibliologue, Formateur Psycho Socio-Professionnel, et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail