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Ce que la pharmacopée chinoise peut apprendre à la politique Congolaise

Ce que la pharmacopée chinoise peut apprendre à la politique Congolaise

(Par le Prof. Patience Kabamba)

 

Il y a quelques mois, on m’a confié le cours de médicine traditionnelle en plus du cours d’anthropologie médicale que j’enseignais déjà. En bon académique, je me suis plongé dans la littérature sur les médecines traditionnelles. J’ai passé plusieurs heures à lire sur la médicine traditionnelle chinoise. Elle est basée sur le Livre de l’Empereur Jaune écrit entre 475-225 BC par Huangdi Nei Jing.

Ce livre qui est le plus ancien sur la médecine chinoise était écrit sous forme d’un dialogue entre l’empereur chinois et son médecin traitant. La médicine chinoise repose sur trois idées fondamentales que Patrick Shan décline en ces termes: a) l’être humain est un produit du ciel et de la terre; b) Notre vie ne nous appartient pas, nous appartenons au vivant; c) Nous ne sommes pas fait du même bois. Ce sont-là les fondements de la médicine traditionnelle chinoise qui date du  5eme siècle avant notre ère.

L’être humain est un produit du ciel et de la terre signifie que nous dépendons de l’air que nous respirons et que nous empruntons du ciel, nous dépendons des battements de notre cœur pompe notre sang qui lui-même provient des fruits de notre terre.  Et notre conscience est suspendu entre la danse des éléments céleste et l’écologie terrestre. Pour la médicine chinoise, la mort n’est pas l’opposée de la vie, mais plutôt de la naissance. La vie ne nous appartient pas, notre vie fait partie du grand ensemble du vivant. Le livre de Huangdi est un dialogue entre l’empereur et son docteur. Pour la médicine chinoise, chaque patient est un roi, et qu’il faut le traiter ainsi. Le troisième pilier de la médicine chinoise est que même si nous partageons les mêmes gènes, nous ne sommes pas identiques.

Chaque personne est une essence particulière. Nous ne sommes pas fait du même bois  disent les chinois. La médecine occidentale utilise souvent par un médicament guérir une maladie ; une seule molécule qui qui traite la maladie. Chez les chinois, le rêve d’un médicament qui soignerait tout le monde n’existe pas. Il ne s’agit pas d’adapter le malade au médicament, mais plutôt le médicament au malade dans sa spécificité. Il est, par exemple, anormal de déterminer la pression artérielle de manière normative pour tout le monde, car cela dépend des individus, il y a des personnes qui peuvent supporter une tension artérielle plus élevée à cause de leur constitution physique, et d’autres non. Les Chinois ne prescrivent jamais la même chose ni la même dose pour tout le monde. Ceci est le propre de la médecine chinoise. Deux malades ne sont jamais identiques. 

La médicine chinoise est un système complet basé sur trois types de diagnostics: a) symptomatique, qui traite les symptômes. On trouve des mangues malades, et on traite les mangues; b) diagnostique physiopathologique, les mangues sont malades, et on traite la branche qui porte ces mangues malades ou l’arbre lui-même. On va donc traiter le manguier dans le cas où on trouve des mangues malades. Enfin c) le diagnostic étiologique, ici on traite les  causes  ou la racine de la maladie. Pour le cas des mangues malades, on va traiter le sol sur lequel pousse le manguier. Le traitement symptomatique n’est pas de la médicine, c’est tout simplement un dépannage. J’ai des maux de tête et je prends une aspirine. C’est un traitement symptomatique. Si au lieu de prendre l’aspine je cherche pourquoi j’ai des maux de tête. On va regarder du côté du foie qui équilibre la pression sur le corps. C’est le diagnostic physiothérapeutique. Et enfin le diagnostic étiologique va poser la question de savoir pourquoi le foie pousse si fort le sang pour donner des migraines.

 Il existe 9 causes de maladie en médicine chinoise: 1) les climats; 2) les émotions; 3) les épidémies; 4) l’alimentation; 5) Le surmenage (intellectuel, physique, ou sexuel); 6) le traumatisme; 7) le parasite; 8) les poisons et  9) les facteurs héréditaires. 

Et enfin, parlons des branches thérapeutiques de la médicine chinoise. 

a) Les interventions externes comme l’acuponcture, le massage, la saignée, ventouse, orthopédie, chirurgie , moxibustion, chauffage des points, etc. 

b) Les interventions internes comme la pharmacopée et la diététique,

c) Les exercices : postures/mouvements; respiration, attention, la méditation qui aide à se tourner vers l’intérieur de soi dans un monde ou le silence est devenu une denrée extrêmement rare.

d) Intervention psychologique :  la médecine psychosomatique, parler avec les gens…

e) La prévention: les conseils sur la santé. 

C’est en fonction du type de maladie que l’on utilisera un de ces outils thérapeutiques. Dans certaines maladies, le médecin doit toucher l’esprit du patient. 

La pharmacopée chinoise:

Dans la pharmacopée chinoise, il n’y a pas une seule plante. Il y en a plusieurs et chaque plante a un rôle précis à jouer. Dans la phytothérapie chinoise, la plante principale qui soigne est appelée l’Empereur. On lui ajoute trois ou quatre plantes qui agissent en synergie avec l’empereur. Elles sont appelées des ministres. A côté des ministres, il y a aussi des plantes qui traitent des effets indésirables possibles provenant de la plante principale (comme des anti inflammatoires) elles sont des conseillers.

D’autres plantes vont diriger l’action vers telle partie du corps ou telle autre, elles sont appelées des ambassadeurs. Les ambassadeurs vont donc cibler le traitement. 

Le rationnel de la phytothérapie chinoise est que l’empereur ou le président seul ne peut pas soigner le corps ou diriger le pays. Il doit lui être associé des ministres qui participent à son action , des conseillers qui traitent (ou rectifient) les effets indésirables de sa présidence, et des ambassadeurs qui ciblent les effets de l’action de la présidence. Cependant, si une des plantes est toxique, elle va détruire toute la thérapie, et c’est l’empereur qui en portera la responsabilité. Si un des ministres surfacture les forages, les lampadaires ou les achats d’armes et détournent plusieurs millions des dollars, il devient toxique et détruit toute l’action thérapeutique de la plante principale, l’empereur. De la phytothérapie chinoise , la politique congolaise pourrait s’inspirer pour éliminer les plantes toxiques de son gouvernement afin de remettre debout la République Démocratique du Congo qui n’a pas l’air de bien se porter en ce début du second mandat de l’empereur.

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