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Le triangle des Bermudes

Le triangle des Bermudes

(Par l’Ambassadeur André-Alain Atundu Liongo, Bureau d’Etudes de Stratégie)

La Francophonie a 3 structurants, à savoir : l’usage ou le taux d’usage du français dans une communauté nationale comme langue de communication dans l’administration publique et dans la vie sociale ; l’organisation internationale de la Francophonie, une organisation faussement culturelle mais réellement politique pour la promotion des intérêts de la France à travers les Etats dits francophones ou avec comme valeur de base le référent idéologique ; l’académie française, une institution mémorable destinée et vouée à la protection et à la pureté de la langue française.

Les 3 éléments mis ensemble en lien logique constituent le triangle à cause de l’impossibilité de localiser le locuteur du français est un véritable Triangle des Bermudes ; c’est-à-dire : un espace improbable où disparait tout ce qui s’y aventure.

Les 3 structurants ne travaillent pas formellement en synergie. L’élément le plus dangereux parce que non seulement instable, mais aussi déstabilisant est l’OIF, qui a quitté la logique culturelle pour se verser, corps et âme, dans la logique politique, c’est-à-dire d’intérêt économico-politique du moment. Sinon comment comprendre l’humiliation du plus grand pays francophone à la limite de bon mérite lors d’un sommet organisé chez lui. Ou encore l’absence de la Secrétaire Générale de l’OIF et d’un haut responsable français lors des jeux francophone de Kinshasa.

Est-il normal qu’à l’occasion de la fête de la francophonie, les autorités françaises n’aient pris aucune initiative significative dans le sens de mettre fin à la guerre que le Rwanda livre à la RDC ?

Est-il normal que, à l’occasion de son message à la francophonie, la Secrétaire Générale de l’OIF n’ait eu aucun mot de compassion pour les femmes victimes de cette guerre atroce dans leur chair ?

S’agissant d’une femme, cette indifférence révoltante est un comble !

Dans cet ordre d’idées, l’on ne peut s’étonner de la prime de récalcitrance donnée au Rwanda en lui accordant un poste de Secrétaire général, alors que son Chef d’Etat a contribué à faire reculer l’usage de la langue française en décrétant l’anglais comme langue officielle et de l’enseignement au Rwanda.

Tout cela pour faire oublier le rôle imputé à la France dans le génocide rwandais.

Cette bacul est un message troublant et entraine bon an, mal an la descente aux enfers de l’usage de la langue française dans le continent.

A côté de cela, même des Etats qui ont un usage national et massif du français en tant que langue d’Etat ou de l’Etat préconisent sans ambages l’enseignement et la promotion de l’anglais.

D’où l’intérêt de plus en plus croissant de ces Etats pour le Commonwealth. Tel est le cas du Gabon et du Togo. De façon de plus en plus commune, l’Afrique francophone considère l’OIF comme un instrument suranné du néo colonialisme de la France. Si l’usage du Français est encore monnaie courante au Mali, Niger et Burkina-Faso ; on ne saurait être étonné et surpris que ces Etats décrètent à la longue l’abolition de la prévalence de l’usage du français dans leurs pays.

L’Académie française est la seule institution de la langue française à l’écart de toutes les turbulences politiques du moment.

Au lieu d’examiner et d’évaluer froidement l’état de la question de l’OIF, la France espère avec une certaine naïveté que l’inertie de l’utilisation du français consécutive à sa longue présence coloniale est un droit acquis et une garantie de statut privilégiés dans les anciennes colonies françaises.

Cependant, il faut se rendre à l’évidence que l’OIF et l’Académie française ne garantissent pas pour toujours le taux de l’usage du français à un niveau convenable par rapport aux grandes langues sur le plan international.

Seul le génie créateur de la France et les groupes d’écrivains locaux et de sociétés savantes qui portent l’avenir de l’usage de la langue française.

La création des concepts en français dépend du génie créateur du français qui, aujourd’hui est à la traine de l’anglais et émigre vers l’anglicisme.

On préfère parler de « meeting » plutôt que de « rendez-vous, rencontre ou rassemblement » ; on préfère « OK » au lieu de « RAS »…

Tous les termes liés à l’informatique sont anglais, faute de concepts équivalents en français.

Alors qu’il y a quelques siècles par l’invasion normande, Guillaume le Conquérant a réussi à introduire des mots français en anglais comme chaise déformée en chair, porc distinct du pig anglais, « bon appétit » que l’on voit sur la carte de menu des restaurants dans les pays anglophones ou encore l’expression « lune de miel », traduction anglaise « honey moon ».

Tous biens considérés, mieux vaut fêter l’usage de français dans le monde que de fêter l’OIF qui ne contribue pas du tout à l’expansion de l’utilisation de la langue française.

Senghor et Aimé Césaire, pour ne citer que ces 2 figures emblématiques, ont fait plus pour l’extension de l’usage de la langue française que l’OIF, devenue véritable machin.

Le français a apporté au monde les concepts comme « Liberté, Fraternité et Egalité » qui ont survécu à l’assaut de l’anglais en « Fraternity, Egality, Liberty ».

L’usage du français a un avenir à sauver puisque devenu un grand village, le monde ne saurait se transformer en une grande maison où tout le monde aurait la même culture, la même langue, la même religion, une même expression dans son aspiration au bienêtre.

Enfin, pour que le français ne se perde dans le Triangle des Bermudes, il faudrait supprimer l’OIF au bénéfice du soutien des organisations littéraires et savantes qui promeuvent l’usage du français.

La pléiade zaïroise ou les poètes et écrivains, comme MASEGABIO, ELEBE, YOKA et NZUJI KADIMA ont plus fait pour que la langue française soit d’usage courant et massif que l’OIF qui est aujourd’hui un nid de frustration qui pourrait réduire l’usage du français dans le monde comme une peau de chagrin.

Vive la fête de la belle langue française qui unit les peuples et ouvre les esprits et qui véhicule les valeurs spécifiques à travers le monde ; non à l’OIF, instrument rétrograde, néocolonialiste et inapproprié pour la promotion et l’extension de l’usage du français.

A mort l’OIF pour le salut du français comme langue universelle !

Bonne fête à tous !

Fait à Kinshasa, le 22 mars 2024

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