L'Occident chrétien, depuis toujours, a tendance à universaliser ses défis culturels particuliers !
(Par le Prof. Alain Mutela Kongo)
*L’Afrique qui pense et réfléchit par procuration, peine à produire un savoir à partir de ses propres concepts. Il sied de noter qu’il y a des questions qui sont de l'ordre culturel et celles d'ordre spirituel qui nécessitent des réponses de la part de l'Eglise.
L'Occident, après avoir brûlés vifs les homosexuels, au motif que l'homosexualité blessait la conscience morale collective, aujourd'hui, le même Occident considère l'homosexualité comme une valeur à universaliser, et non plus comme une perversion ni encore moins une déviance.
Cette question d'ordre culturel fait couler beaucoup d'encres en Occident et dans l’Église catholique occidentale, et divise les fidèles chrétiens.
Que faut-il savoir sur la question de la bénédiction des couples homosexuels ?
La question de bénédiction des couples de même sexe est pour nous, un défi culturel et pastoral de l’Occident.
Lesdits couples, considérés jadis comme des malades et des pervers, vivent aujourd'hui, officiellement leur homosexualité. Cependant, la question de leur appartenance à l’Eglise catholique se pose avec acuité dans le monde occidental.
Pour nous, les Eglises occidentales ont le droit légitime de trouver une approche pastorale axée sur la charité, le discernement, l'accompagnement spirituel, la miséricorde et la rigueur doctrinale ou évangélique. Cependant, elles ne doivent pas généraliser cette question, étant donné qu’elle n'est pas universelle.
Nous, en Afrique, avons d’autres défis culturels et pastoraux, notamment la polygamie, l'auto-prise-en-charge totale de nos églises africaines, financièrement condamnées à la mendicité perpétuelle. Le défi crucial, reste celui de la question relative à l'émancipation épistémologique, du point de vue de l'élaboration de la théologie chrétienne africaine, et celle de la liberté effective relative à l'exercice de quatre fonctions de l'Eglise particulière africaine, à savoir :
a) la fonction liturgique (éviter de continuer à prier par procuration, avec les rites liturgiques qui reflètent la théologie chrétienne surannée de l’adaptation et des pierres d’attente);
b) la fonction éthique ou morale ( avoir une morale chrétienne africaine, qui soit un aboutissement naturel de la conversion des Africains et de leur culture dans sa globalité);
c) la fonction juridique ( avoir un droit canonique chrétien, propre aux Eglises africaines, reflétant la culture africaine fécondée par la puissance transformatrice de l’Évangile de Jésus-Christ );
d) la fonction théologique, sans oublier celle évangélisatrice, c'est-à-dire élaborer une théologie chrétienne africaine théandrique dont parlait Oscar Bimwenyi Kweshi.
Il est aussi question de se pencher sur le social des prêtres, des religieuses et religieux, sans oublier les Laïcs. Dans quelles conditions vivent et meurent la plupart des prêtres et religieuses africains ?
Comment sommes-nous en train de préparer leur vieillesse?
Le détournement des biens de l’Eglise et la gestion calamiteuse des finances de nos Diocèses, paroisses et congrégations constituent un défi permanent pour l'Église africaine.
Plusieurs questions demeurent sans réponse au sein de nos Eglises africaines. Par exemple, comment l’Eglise africaine entend-t-elle gérer la question des enfants des prêtres qui n'ont pas défroqué, mais continuent à exercer leur ministère sacerdotal ? Quel type de charité pastorale doit-on réserver à ces prêtres, à ces enfants et leurs mères ? Quel type de charité pastorale doit-on réserver aux personnes polygames ?
Il est temps que l’Eglise africaine s'interroge sur son avenir au lieu d'attendre que le Vatican lui apporte des réponses toute faites.
Un autre défi culturel et ecclésial est celui relatif au tribalisme aux couvents et dans nos Diocèses africains. Le champ est vaste et les défis à relever sont énormes. D’où, la nécessité de prier, de réfléchir et d'agir ensemble, sans culpabiliser qui que ce soit.
Que le Dieu de l'amour miséricordieux continue à nous aimer et à nous pardonner, afin qu’aimés et pardonnés par lui, nous puissions nous aussi aimer et pardonner celles et ceux qu'il a mis sur notre chemin.