Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est rendu, mardi 22 avril 2025, à la Nonciature apostolique de Kinshasa pour exprimer sa compassion au Représentant du Saint-Siège à la suite du décès du Pape François, survenu à Rome, lundi 21 avril dernier, à l’âge de 88 ans.
Accueilli à son arrivée par le Nonce Apostolique Monseigneur Mitja Leskovar, le Chef de l’État a exprimé à ce dernier toute sa compassion à la suite de cette disparition qui affecte l’Église Catholique Universelle. Les deux personnalités ont échangé sur le programme des funérailles et sur la procédure de désignation du 267ème Pape. Le Chef de l’État et le Nonce Apostolique ont aussi évoqué la dernière mission apostolique du Souverain Pontife à Kinshasa. Dans son message écrit dans le registre des condoléances, le Président de la République a rendu hommage vibrant au St Père. « En ce jour de profonde tristesse, je rends, au nom du peuple congolais et en mon nom propre, un hommage ému à Sa Sainteté le Pape François, dont le décès laisse un vide immense dans nos cœurs. Pasteur d’une humanité rare, il a incarné l’amour, l’humilité et l’espérance, guidant l’Eglise et le monde vers la paix et la fraternité », a écrit le Chef de l’État avant d’ajouter : « le peuple de la République Démocratique du Congo (RDC) n’oubliera jamais sa visite historique à Kinshasa en février 2023, ni son cri prophétique pour la justice :« Retirez vos mains de l’Afrique, retirez vos mains de la République Démocratique du Congo ». Par ce geste, le Président Félix Tshisekedi a tenu à exprimer sa proximité et sa compassion envers les fidèles catholiques du monde et ceux de la RDC en particulier.
Le Chef de l’État et le Pape François d’heureuse mémoire s’étaient déjà rencontrés à deux reprises au Vatican : en octobre 2019 à l’occasion de la consécration du Cardinal Fridolin Ambongo, puis en janvier 2020 en visite officielle au Vatican. C’est à cette occasion que le Saint-Père avait accepté l’invitation du Président Félix Tshisekedi à effectuer une visite apostolique en RDC. Né Jorge Mario Bergoglio, le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine, le Pape François est décédé à Rome, en Italie, à l’âge de 88 ans. Du 13 mars 2013 à sa mort, il était le 266ème pape et le tout premier originaire d’Amérique du Sud.
L’affaire Bukanga-Lonzo, qui remonte à près d’une décennie, a récemment refait surface dans l’actualité congolaise, par les tensions institutionnelles qu’elle ravive au plus haut niveau de l’Etat en pleine période de guerre que traverse la RDC. L’ancien Premier Ministre Matata Ponyo, aujourd’hui Député National, est poursuivi devant la Cour Constitutionnelle pour un présumé détournement. Le procès, dont la prochaine audience est fixée à ce mercredi 23 avril 2025, divise profondément l’opinion et les institutions.
Une procédure entachée de biais ?
La principale pierre d’achoppement : Matata Ponyo bénéficie d’une immunité parlementaire. En vertu de la Constitution congolaise, aucun député ne peut être poursuivi sans l’autorisation préalable de l’Assemblée Nationale.
Or, dans ce cas précis, aucune levée d’immunité n’a été constatée. Le Président de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe, l’a fermement rappelé au parlement, appelant la Cour constitutionnelle à respecter la hiérarchie des normes et les droits fondamentaux des élus.
Dieudonné Kamuleta sous pression ?
Face à cette interpellation institutionnelle, Dieudonné Kamuleta Badibanga, Président de la Cour constitutionnelle, se retrouve à la croisée des chemins : s’opposer frontalement au président de l’Assemblée nationale ou suspendre la procédure dans le respect de la Constitution. L’attitude de la Cour à maintenir les audiences, en dépit de ce vide juridique, alimente les soupçons de partialité et de manipulation politique.
Un procès hautement politique ?
En toile de fond, le climat est électrique. Moïse Katumbi, leader de l’opposition, ainsi que son proche collaborateur, le Sénateur Salomon Idi Kalonda, dénoncent un « procès politique ». Cette interprétation trouve un écho dans une frange de l’opinion qui estime que la justice congolaise peine encore à prouver son indépendance.
La justice doit faire plus que juger
Dans un pays où les institutions souffrent d’un déficit chronique de confiance, la justice est appelée à jouer un rôle de réconciliation et de crédibilité, non de règlement de comptes. Elle doit faire plus que juger : elle doit convaincre — dans la forme comme dans le fond. Et cela commence par le respect strict des procédures, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités revêtues de mandats électifs.
La question n’est plus uniquement juridique, elle est aussi politique, parce qu’elle touche à l’équilibre des pouvoirs dans un contexte où l’opinion publique reste marquée par la méfiance envers les institutions ; morale, parce qu’elle soulève l’exigence d’impartialité et d’exemplarité dans un État qui se veut démocratique ; et institutionnelle, parce qu’elle engage la crédibilité de la Cour constitutionnelle elle-même, gardienne ultime de l’ordre républicain.
Dans ce contexte tendu, le Président de la Cour, Dieudonné Kamuleta Badibanga, est face à un dilemme d’Etat.
Va-t-il céder à la logique d’une procédure précipitée, manifestement politisée, qui fait fi de la protection parlementaire garantie à Matata Ponyo en tant que Député national ?
Ou optera-t-il pour la voie de la sagesse constitutionnelle, telle que préconisée par Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée nationale, qui en appelle au respect strict des textes et à la préservation de la séparation des pouvoirs ?
Ce choix est loin d’être anodin. Il ne concerne pas seulement le sort d’un ancien Premier ministre, fût-il influent ou controversé. Il cristallise un moment de vérité pour l’ensemble de l’architecture judiciaire congolaise.
La décision de la Cour constitutionnelle aura des répercussions sur la confiance du peuple dans ses juges, sur la lisibilité de l’État de droit, et sur la perception internationale de la justice congolaise.
Dans une démocratie encore fragile, chaque entorse à la procédure affaiblit les fondements de la République. Et chaque courage institutionnel à dire non à la pression politique la renforce. Voilà pourquoi l’issue de cette affaire pourrait, à bien des égards, marquer un tournant historique. Soit dans le sens du droit. Soit dans celui de l’arbitraire.
(Enquête réalisée par Belhar Mbuyi et Olivier Kaforo)
Félix Tshisekedi est arrivé au pouvoir avec un programme bien défini visant un seul objectif : le bien-être du peuple congolais. Cependant, la réalisation de certains pans de ce programme a été durablement entravée par celui qui était pourtant chargé de travailler à l’amélioration de la gouvernance : l’IGF-chef de service, Jules Alingete Key.
En effet, par des actions injustifiées et populistes, le patron de l’Inspection Générale des Finances a bloqué tantôt la levée du matériel destiné aux différents chantiers et projets, tantôt le financement de certains projets. En plus, en dehors de tout jugement par les tribunaux, et par le biais des puissantes campagnes médiatiques savamment orchestrées, il a réussi à jeter en pâture et à détruire dans l’opinion, l’image de certaines personnes parmi les principaux pions du pouvoir en place, des soldats baroudeurs qui étaient au front pour la réalisation du programme de Félix Tshisekedi, en les présentant comme des détourneurs des fonds publics. Cela sans que l’aplomb de ce qui est affirmé et le crédit qu’on donne à ce qui est proclamé n’émeuvent personne. Avec comme conséquence le fait que c’est l’action même du chef de l’Etat qui a été plombée et l’honneur des gens jeté aux chiens. Le comble, c’est que le chef de l’Etat l’a laissé faire.
Depuis l’énoncé du verdict dans l’affaire des forages, le lundi 24 février 2025, le consortium de médias économiques congolais constitué du journal Chronik Eco et du site d’informations Finance-cd.com, a décidé de mener une enquête sur cette affaire – et sur bien d’autres qui y étaient plus ou moins liées et qui avaient l’objet de dénonciations similaires de la part de l’Inspection générale des Finances, IGF en sigle.
Notre consortium a travaillé selon les règles de l’art, de manière parfaitement impartiale, confrontant les affirmations de toutes les parties, épluchant soigneusement tous les documents relatifs aux dossiers en question, recueillant les témoignages de tous les acteurs impliqués afin de faire ressortir la vérité, et rien que la vérité sur ces différents dossiers qui ont défrayé la chronique au pays. Il nous est apparu que, à bien d’égards, ces affaires ont été montées en épingle par l’Inspection générale des finances, avec, en tête, son chef, Jules Alingete Key.
Première partie : l’affaire des forages
Tout commence le 21 avril 2021. Pendant que le gouvernement Ilunga Ilunkamba, démissionnaire, expédie les affaires courantes, le ministre Guy Mikulu Pombo signe avec un consortium réunissant les sociétés Stever Construct Cameroun SARL et SOTRAD Water, et représenté par Mike Kasenga Mulenga – le même qui avait englouti des millions à l’époque de Joseph Kabila, sans produire le moindre kilomètre de route dans son Kasaï central d’origine – un contrat portant sur la construction des forages – unités solaires de pompage et de traitement d’eau et de stations mobiles de traitement d’eau de capacités respectives de 2,5 ; 5 et 10 mètres cubes par heure.
Aux termes de ce contrat, Stever Construct Cameroun et Sotrad Water s’engagent à installer 1.000 forages dans un total de 1.000 localités à travers le territoire national. Le prix convenu est de 398.982.383 dollars américains, ce qui fait qu’un forage revient à … 398 982 dollars US ! L’article 7 du contrat conclu précise que ce dernier est ‘‘forfaitaire’’, c’est-à-dire que le consortium s’engage à fournir les ouvrages, moyennant un prix fixé d’avance et de façon invariable, pour l’ensemble des travaux qui y sont définies.
Six jours plus tard, un nouveau gouvernement, dirigé par Jean Michel Sama Lukonde, est mis en place. François Rubota remplace Guy Mikulu au ministère du Développement rural, pendant que Nicolas Kazadi prend les rênes du ministère des Finances, en remplacement de Sele Yalaguli.
Il faut noter d’abord, que M. Nicolas Kazadi n’est pas le ministre sectoriel sur ce dossier et, ensuite, le dossier était passé par toutes les étapes d’approbation, que l’autorité des marchés publics l’a approuvé et que le contrat était déjà signé. Malgré cela, le nouveau ministre des Finances remarque que le prix à l’unité semble bien exorbitant. «Des éléments en ma possession montrent que le prix de près de 400 000 dollars par station de forage est bien trop élevé, comparé à la moyenne des prix que nous pratiquons dans la construction des stations de forage du projet PRISE financé par la BAD, dont les prix oscillent entre 680 000 dollars pour les plus chers et 382 000 dollars pour les moins chers, étant donné que les stations de forage du projet PRISE ont des réserves d’eau de 60 à 150 mètres cubes en béton armé, avec des mini-réseaux qui s’étendent sur deux kilomètres», nous confie-t-il.
L’Etat gagne 101 millions USD
C’est ainsi qu’il (Nicolas Kazadi) refuse de payer la somme demandée et renvoie le dossier à son collègue du Développement rural, l’invitant à renégocier les termes du contrat. François Rubota et Mike Kasenga renégocient alors le contrat, ce qui aboutit à l’augmentation du nombre des forages à construire de 340 unités au même prix, portant donc le total des ouvrages attendus à 1 340. Ce qui fait que le prix unitaire passe de 398.982.383 dollars américains à 297 748 USD. Donc, Nicolas Kazadi fait gagner à l’Etat Congolais 101 234 000 dollars américains grâce à sa perspicacité. Déjà, à ce niveau, une question se pose : « Quel est ce voleur à qui l’on propose une grosse somme d’argent et il refuse de le voler, exige qu’on la baisse d’abord, et ensuite il accepte de voler une somme moindre ? Cela n’a aucun sens », se demande un agent du ministère des Finances.
Nicolas Kazadi signe donc le paiement de la première tranche de 71 millions de dollars pour la fourniture et l’installation des 241 premières stations de forage. Certains lui reprochent ce paiement en mode d’urgence. A ce sujet, la réaction de Nicolas Kazadi est sans embage.
« D’abord, le paiement en mode d’urgence n’est pas illégal. C’est un mode auquel on recourt lorsqu’on veut aller vite face à certaines urgences, quitte à régulariser les opérations plus tard avec le ministère du Budget avec lequel on travaille en collaboration. Ensuite, il y avait des contingences politiques en cette année électorale 2023 : il était important de construire rapidement ces stations de forage dont l’impact sur la vie des populations pouvait rapporter des voix au chef de l’Etat. Quand on fait la politique, on doit tenir compte de ce genre de paramètres », nous explique-t-il.
Fin août, Mike Kasenga affirme avoir déjà construit les 241 forages attendus, mais il est vite démenti par les syndicalistes du ministère de Développement rural, qui parlent de seulement 32. Mis au courant, Nicolas Kazadi, par sa lettre n°1893/CAB/MIN.FINANCES/TRES/FMP/2023 du 24 août 2023 au ministre d'État, ministre du Développement rural, fustige le décalage entre l'exécution physique et l'exécution financière du projet des forages et, en même temps, conditionne les prochains paiements par la livraison intégrale de 241 stations par le titulaire du marché. Mais, c’est curieusement lui que l’on présente comme le détourneur de l’argent des forages dans l’opinion publique ! Au demeurant, Mike Kasenga s’expliquera que ce sont les pourparlers avec le gouvernement afin de décider des emplacements où doivent être installés les forages qui ont un peu retardé l’implémentation de ces derniers. Ce qui n’était pas faux.
Puissante campagne médiatique de sape
Et pour cause : après une enquête de l'Inspection générale des finances, IGF en sigle, l'affaire est révélée au grand public. L’IGF orchestre alors une puissante campagne médiatique de sape qui présente le ministre des Finances comme le plus grand détourneur du pays, une sorte de Bernard Madoff des tropiques. Une foule de médias sont payés pour relayer cet hallali d’une puissance inouïe qui ne vise qu’une chose, qu’un objectif : détruire l’image de Nicolas Kazadi dans l’opinion publique. Désormais, dans les bas quartiers de tout le pays, c’est lui (Nicolas Kazadi) l’homme à abattre, et des grappes humaines crient crânement « à mort… à mort Nicolas ». Desservi par un service de communication inapte et aux abonnés absents, Nicolas Kazadi voit avec désespoir son image durablement détruite dans l’opinion sans avoir la force de réagir.
Pour peu, tout le monde a oublié que Nicolas Kazadi est l’un des soldats baroudeurs les plus brillants du régime. C’est lui, Nicolas Kazadi, qui a beaucoup œuvré pour la transparence dans la gouvernance de l’Etat et la lutte contre la corruption. C’est encore lui qui a mis en place de nombreux outils de contrôle informatiques de la TVA, introduit la facture normalisée, réalisé l’assainissement des jeux de hasard et fixé des contrats de performances qui ont permis de multiplier de manière exponentielle les recettes des régies financières. Résultats : en à peine trois ans, Nicolas Kazadi réussit à tripler le budget de l’Etat, là où un économiste réputé comme Alassane Ouattara a dû mettre neuf ans pour doubler le budget de la Côte d’Ivoire hérité de Laurent Gbagbo.
Fragiliser un homme qui a réussi tant de goals pour Félix Tshisekedi, revient à fragiliser Félix Tshisekedi lui-même. Mais, si le chef de l’Etat, lors d’une interview donnée depuis Bruxelles à Top Congo FM et Congo Indépendant, salue le travail mené sous la direction de Nicolas Kazadi pour que, pour la première fois, le pays puisse conclure six revues économiques avec le Fonds monétaire international (FMI), et déplore que son ministre des Finances soit ainsi « aujourd’hui jeté en pâture », il laisse faire ses détracteurs, et le sacrifie même sur l’autel de la clameur publique en ne le reconduisant pas au nouveau gouvernement formé par la Première ministre Judith Suminwa.
Le rapport de l’IGF est transmis à la justice qui ouvre un dossier judiciaire. Au moment où le procureur près la Cour de cassation sollicite l’autorisation de poursuite à son encontre, M. Kazadi est le premier qui demande à être entendu. Mais, ses appels à être entendu par la justice ne sont suivis par personne, étouffés par la cohue populaire qui fait de lui le coupable idéal. Comme la foule criant à tue-tête de libérer Barrabas et de crucifier Jésus devant un Pilate abasourdi, Nicolas Kazadi est déjà condamné par avance. « Le peuple voulait qu’on condamne un puissant du régime pour tempérer son mal vivre, et Nicolas Kazadi était la victime idéale, peu importe qu’il soit réellement coupable ou pas », déclare l’excellent confrère Willy Kalengay, Directeur général du groupe de presse Géopolis.
La justice va donc essayer de se conformer à la puissante clameur publique qui monte dans le pays. La mise en accusation de Nicolas Kazadi par un procureur près la Cour de cassation repose sur des éléments qui pousseraient à s’esclaffer de rire. D’abord : « Ayant relevé que le coût retenu dans le contrat précité pour l’installation des forages était très élevé, monsieur le ministre des Finances invitera le ministre du Développement rural à renégocier avec le consortium pour revoir à la baisse le coût. En réaction, le ministre Rubota a obtenu d’augmenter le nombre de stations de 340 unités supplémentaires ». Ça, c’est une chose.
Et puis son contraire : « Bien qu’ayant constaté la surfacturation des forages après la négociation sus-vantée, monsieur le ministre des Finances a reconnu au cours du briefing de presse avec le ministre de la Communication le 24 avril 2024, avoir payé la somme de 71 millions de dollars américains, apparemment en l’absence de tout élément d’évaluation technique pouvant lui permettre de connaître le coût réel de chaque station d’eau ». On se croirait dans un scenario d’un mauvais film hollywoodien de série B. Personne ne relève cette contradiction. Nul ne se rappelle que c’est au ministère sectoriel qu’il revient de négocier le dossier, et à l’Autorité de régulation des marchés publics qu’il appartient de vérifier la conformité de l’appel d’offre et des prix notamment, et non au ministre des Finances.
Sur ces entrefaites, Nicolas Kazadi est interdit de voyager le 28 avril 2024. Le voyage était pourtant destiné à signer des contrats importants pour le pays : le premier, de 60 millions d’euros avec le trésor français pour le financement de lampadaires au bénéfice des populations congolaises ; et le deuxième, avec la société Alsthom, pour l’implantation d’un métro à Kinshasa. Ces deux projets sont restés en suspens depuis lors. Encore une fois, c’est le pays qui a perdu. Encore une fois, c’est l’action du président de la République qui a été entravée.
‘‘L’honneur d’un homme livré aux chiens’’
Il reste que des questions fusent, sans réponses : comment ignorer que le traitement de ce dossier n’était pas du ressort du ministre des Finances, mais incombait au ministre sectoriel, en l’occurrence le ministre du Développement rural ? Comment oublier que ce dossier était passé par toutes les étapes d’approbation, en ce compris l’approbation par l’autorité de régulation des marchés publics, pouvoir attitrer pour juger de la qualité et de la recevabilité du dossier ? Pourquoi s’en prendre à celui qui, malgré le fait que ce n’était pas à proprement parler son travail, a refusé de payer un dossier trop visiblement cher, et a obtenu d’en abaisser le prix à l’unité et, du coup, permis à l’Etat de gagner 101 millions de dollars ?
Finalement, la justice se rendra compte qu’il n’y avait rien à reprocher à Nicolas Kazadi. Ainsi, le lundi 4 novembre 2024, dans un courrier du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Nvonde, adressé à Me Bulambo Wilondja, avocat de l’ex-argentier national, la justice annonce avoir “disculpé” M. Nicolas Kazadi de “faits infractionnels” mis à sa charge dans ce dossier retentissant.
« Cette décision clôt une enquête approfondie qui confirme l’intégrité de Nicolas Kazadi dans l’exercice de ses fonctions ministérielles. Dès le début des investigations, il a collaboré avec les autorités, fournissant les documents et explications nécessaires pour prouver son innocence. La justice a finalement reconnu l’absence de preuves justifiant les accusations portées contre lui », lit-on dans un communiqué signé des avocats de l’ancien ministre des Finances.
Patron des sociétés prestataires, Mike Kasenga a été acquitté par la Cour de cassation qui a estimé que les travaux de forages étaient bel et bien en cours, y compris pendant qu’il était en prison en détention préventive. Au final, trop de bruits pour rien.
Cette affaire démontre si besoin en était, comment une personne innocente peut faire les frais de la méchanceté humaine à son égard, et combien l’honneur d’un homme peut être livré aux chiens, pour reprendre la fameuse expression de l’ancien président français, François Mitterrand. Elle démontre aussi comment, sous les dehors honorables d’une lutte contre la corruption, certaines actions de l’IGF-Chef de service Jules Alingete Key n’ont eu pour conséquence que de freiner l’implémentation du programme du chef de l’Etat, programme pour lequel il a pourtant été élu.
Belhar Mbuyi (Finance-cd.com) et Olivier Kaforo (Chronik Eco)
Le Caucus de Députés Nationaux du Kongo Central visite le Terminal à conteneur de Matadi
Les Députés Nationaux Ne Kongo reçoivent les explications du PCA et du DG de MCTC
A l’invitation de la Direction Générale de la Multinationale Matadi Corridor Terminaux à conteneurs (MCTC), le Caucus de Députés Nationaux originaires du Kongo Central s’est rendu, samedi 19 avril 2025, au port de Matadi pour évaluer l’état d’avancement des travaux de modernisation du parc à conteneurs. Une visite d’inspection qui s’inscrit dans la dynamique de redevabilité et de transparence prônée par le concessionnaire Matadi Corridor Terminaux à Conteneurs (MCTC), dans le cadre du partenariat conclu avec la République Démocratique du Congo.
Sous la conduite de son Président, l’Honorable Pierre Nsumbu Mutu Kalavo, le Caucus des députés nationaux Né Kongo a foulé le sol de Matadi, samedi 19 avril 2025, via l’aéroport de Tshimpi, pour une mission d’inspection stratégique. Objectif : évaluer la mise en œuvre du projet de mise en concession et de modernisation du parc à conteneurs du port de Matadi, confié à la multinationale Matadi Corridor Terminaux à Conteneurs (MCTC).
Dans un esprit de redevabilité et de transparence, valeur cardinale prônée par l’équipe dirigeante de MCTC, cette visite a permis aux élus du peuple de « palper du doigt » les avancées concrètes d’un projet structurant, fruit d’un partenariat entre la RDC et l’État du Qatar.
Le Président du Conseil d’Administration de MCTC, M. Bodom Matungulu, a d’emblée tenu à saluer cette démarche parlementaire avant de préciser : « « Nous recevons la délégation du Caucus des Députés Nationaux du Kongo Central pour palper du doigt l’avancée significative de la modernisation du parc à conteneurs de Matadi, qui est le fruit d’un accord entre la RDC et le Qatar. J’aimerais signifier que ces travaux reflètent la volonté du Chef de l’Etat à moderniser les infrastructures de la RDC pour une croissance forte ».
Sur le terrain, les députés ont été impressionnés par la qualité des équipements nouvellement acquis sur fonds propres du concessionnaire, et par les explications fournies par le PCA Matungulu et le Directeur général Christian Ngoy. Ces derniers ont détaillé, documents et plans à l’appui, les différentes étapes de ce vaste chantier : de l’origine du projet à la signature des accords, en passant par le recrutement des agents TCM issus de l’ONATRA et l’implication du fonds social.
Face aux interrogations formulées par les élus, notamment quant aux retombées locales du projet pour la population du Kongo Central, les dirigeants de MCTC ont réaffirmé leur engagement à respecter les accords signés et à intégrer les recommandations des parties prenantes. « Nous voulons œuvrer de manière collaborative avec les élus afin de garantir que les attentes locales soient prises en compte », a insisté Bodom Matungulu.
Très ému à l’issue de la visite, le Président du Caucus, l’Hnorable Pierre Nsumbu Mutu Kalavo, n’a pas caché son enthousiasme : « Il faut dire que nous aurons les conclusions de tous les membres du Caucus lorsque nous allons retourner à Kinshasa. En ce qui me concerne personnellement, j’ai été très impressionné, très ému, quand j’arrive dans un port qui est moribond, qui est vieux depuis l’époque de l’indépendance du pays, et à côté j’ai vu des machines pimpantes neuves, de dernière génération, je me suis demandé, est-ce que dans 65 ans, le Congo était incapable d’acheter ces machines ? En dehors des travaux qui vont commencer, rien qu’avec l’outil que nous avons trouvé là-bas, nous sommes très impressionnés et ça va booster le développement du port. Les investisseurs et nous la population, nous allons trouver notre compte. Cette rencontre a eu pour mérite une certaine transparence dont la société a fait montre face aux rumeurs, soupçons de corruption, d’opacité, nous avons compris quelque chose. Nous encourageons la société à continuer avec la transparence ».
Cette mission parlementaire, diligentée sur invitation de la direction de MCTC, s’inscrit dans une dynamique nouvelle de gouvernance des projets d’infrastructures portuaires en République Démocratique du Congo. Le port de Matadi, fleuron de l’économie nationale, amorce ainsi une nouvelle page de son histoire, tournée vers l’innovation, la performance et la compétitivité.
La 40ème réunion ordinaire du Conseil des Ministres, présidée par Son Excellence Monsieur le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ce vendredi 18 avril à Lubumbashi, a été marquée par des discussions cruciales concernant l'amélioration des conditions de vie des Congolais, le développement économique et la situation sécuritaire du pays.
Au cœur des échanges, la 37ème session du Conseil National du Travail, qui se tiendra du 21 au 24 avril, a été saluée par le Chef de l'État. Insistant sur la nécessité de dépasser le simple cadre institutionnel, le Président a appelé à des mesures concrètes pour renforcer le pouvoir d'achat, garantir la dignité des travailleurs, encadrer l'emploi des étrangers et consolider la protection sociale. L'augmentation du Salaire Minimum Garanti (SMIG) devra prioritairement bénéficier aux plus vulnérables. La Première Ministre a été chargée de veiller à ce que le futur SMIG soit adapté aux réalités du marché et aux besoins vitaux des travailleurs.
Sur le plan économique, le Président a rappelé l'importance des corridors de développement, insistant sur leur rôle vital pour dynamiser l'économie, renforcer l'intégration régionale et améliorer le quotidien des populations. La modernisation de l'aéroport de la Luano à Lubumbashi et la construction d'un centre médical ultramoderne, le premier de cette envergure en Afrique Centrale, ont été présentées comme des initiatives clés de cette transformation structurelle. Un Comité national de suivi du développement des corridors sera mis en place pour piloter ces projets.
La Première Ministre a également mis en lumière le lancement de la cartographie du deuxième Recensement Général de la Population et de l’Habitat, attendu depuis plus de trente ans, qui fournira des données fiables pour une planification efficace du développement. Elle a aussi annoncé le réengagement du pays dans la Convention du Cap Town, relative aux garanties internationales sur des équipements mobiles et matériels aéronautiques, ce qui devrait faciliter le désenclavement et le développement de plusieurs secteurs.
Concernant la situation sur le territoire, le Vice-Premier Ministre de l’Intérieur a fait état d'un calme général, tout en soulignant l'activisme de groupes armés dans certaines zones du Haut-Katanga et les conséquences dévastatrices des récentes pluies diluviennes dans plusieurs provinces. Des mesures urgentes ont été décidées pour la gestion des catastrophes, incluant le curage des rivières, la démolition de constructions illégales et la mise en place de stocks d'urgence.
Sur le front sécuritaire, le Vice-Premier Ministre de la Défense a informé de l'intensification des opérations militaires dans l'Est du pays et du démantèlement de bastions de la milice Mobondo près de Kinshasa.
La situation épidémiologique, présentée par le Ministre de la Santé, montre une tendance à la baisse des cas suspects de Mpox et de choléra au niveau national, bien que des préoccupations persistent dans certaines provinces. L'attaque d'un hôpital au Nord-Kivu par des occupants a été déplorée.
Dans le domaine de l'éducation, le Conseil a pris acte de l'installation d'une commission interministérielle chargée d'élaborer la Politique nationale de l’éducation inclusive, visant à garantir un accès équitable à une éducation de qualité pour tous les enfants.
La célébration de la Journée Internationale du Travail le 1er mai aura pour thème national "Unis et solidaires pour la résilience en République Démocratique du Congo" et sera marquée par une dimension patriotique et la décoration de travailleurs méritants.
Le lancement des activités de la RDC à l'Exposition universelle 2025 d’Osaka, où le pays présentera ses atouts sous le thème "Inspirer des vies, connaître des vies et sauver des vies", a également été annoncé.
Enfin, la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse le 3 mai sera l'occasion d'un forum national sur les défis du journalisme congolais face à l'intelligence artificielle et à la désinformation, dans un contexte d'agression rwandaise.
Le Conseil a également approuvé le relevé des décisions de sa précédente réunion et adopté deux projets de loi majeurs : l'un portant sur les modalités d’application de l’état d’urgence et de l’état de siège, et l'autre portant création du Tribunal Pénal Economique et Financier (TPEF), marquant une étape importante dans le renforcement de la justice et de la lutte contre la criminalité économique.
En conclusion, le Président de la République a adressé ses vœux de joyeuses fêtes de Pâques à la communauté chrétienne, avant de lever la séance.
Dans un tournant spectaculaire de l’actualité politique congolaise, le Ministère de la Justice a annoncé ce 19 avril l’ouverture de poursuites judiciaires à l’encontre de l’ancien Président de la République, Joseph Kabila Kabange, pour haute trahison et complicité dans l’agression rwandaise via le mouvement M23. Cette décision intervient quelques jours seulement après un communiqué tout aussi explosif émanant du Ministère de l’Intérieur, lequel évoquait déjà des restrictions de mouvement et une surveillance renforcée des figures de l'ancien régime.
Le Ministre d'Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, affirme avoir donné injonction à l’Auditeur Général des FARDC ainsi qu’au Procureur Général près la Cour de cassation, pour l’ouverture d'une enquête judiciaire visant M. Kabila et les cadres du PPRD/FCC, sa plateforme politique. Selon le communiqué officiel, il leur est reproché une implication directe dans les opérations militaires du mouvement terroriste M23, considéré par Kinshasa comme le bras armé du Rwanda dans l'Est du pays.
« Il a été requis de procéder à la saisie de l’ensemble de leurs biens mobiliers et immobiliers, et d’appliquer des mesures restrictives de mouvement à l’égard de tous les responsables impliqués », précise le document du ministère.
Un signal fort du pouvoir en place
Cette offensive judiciaire fait suite à une série de révélations sur le soutien logistique et politique que certains hauts responsables de l’ancien régime auraient apporté au M23, dans le contexte de l’insécurité persistante à l’Est de la RDC.
Le Ministère de l’Intérieur, dans un communiqué antérieur daté du 17 avril, avait déjà ordonné un renforcement des contrôles aux frontières, la suspension des passeports diplomatiques de plusieurs anciens dignitaires, et placé sous surveillance des propriétés soupçonnées de servir de relais logistiques au groupe rebelle.
Une nouvelle ère de justice ?
L’initiative du gouvernement s’inscrit dans la volonté déclarée du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, de « mettre fin à l’impunité et aux réseaux de trahison », tandis que le pays fait face à une intensification des affrontements dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Cette action judiciaire sans précédent contre un ancien président soulève de nombreuses interrogations, aussi bien sur le plan politique que sécuritaire. Elle pourrait également redessiner les équilibres dans la classe politique congolaise à l’approche des élections locales prévues dans plusieurs provinces.
Pour l’heure, ni Joseph Kabila ni les responsables du PPRD/FCC n’ont encore réagi officiellement à ces accusations. Mais des sources proches de l’ancien chef de l’Etat évoquent une volonté de se défendre « devant la justice nationale et internationale ».
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la RDC, a profondément exprimé hier, lundi 21 avril 2025, sa consternation suite au décès du Pape François, survenu à Rome, à l’âge de 88 ans. Pour le Chef de l’Etat congolais, cette disparition bouleversante constitue un vide immense aussi bien pour l’Eglise universelle que pour le monde. Dans son message de condoléances, le Président Tshisekedi affirme que l’Evêque de Rome aura été, tout au long de son pontificat, un modèle de fidélité et un serviteur universel engagé pour la paix et la justice.
‘’Les Congolais, en particulier, garderont un souvenir impérissable de l’héritage spirituel du Pape François. Ses prières ferventes, notamment lors de ses messages Urbi et Orbi, ont toujours porté une attention spéciale à la République Démocratique du Congo, invoquant la paix et la réconciliation pour notre nation. Sa visite apostolique à Kinshasa, du 31 janvier au 3 février 2023, demeure un moment historique, empreint d’espérance et de communion. À cette occasion, son cri prophétique, « Retirez vos mains de l’Afrique, retirez vos mains de la RDC », a retenti comme un appel puissant à la justice et à la souveraineté, gravé à jamais dans la mémoire collective du peuple congolais’’, rappelle, avec insistance, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, dans son message de compassion, publié lundi 21 avril 2025.
Le Pape François achève son pèlerinage sur cette terre des humains après une longue et pénible période de maladie. Tout récemment, il avait été pris en charge à Gemelli, une formation hospitalière basée à Rome, en Italie, pour subir un traitement intense d’une double pneumonie sévère. Par miracle, l’Ancien Archevêque de Buenos Aires avait légèrement retrouvé sa santé, quittant son lit de malade pour reprendre du service. Lors du dimanche de Pâques, le Jésuite avait fait sa dernière apparition sur la Place Saint Pierre, bénissant les fidèles malgré des signes de fatigue visibles. C’était donc ses adieux, au lendemain de la fête de Pâques.
La Pros.
MESSAGE DE CONDOLEANCES DE SON EXCELLENCE FELIX ANTOINE
TSHISEKEDI TSHILOMBO, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO, A LA SUITE DU DECES DE SA SAINTETE LE PAPE FRANÇOIS
Kinshasa, le 21 avril 2025
C’est avec une profonde affliction et une immense douleur que Son Excellence
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo, a appris la nouvelle du décès de Sa Sainteté le Pape François, survenu ce lundi 21 avril 2025.
En ces moments de deuil, le Chef de l’État, au nom du peuple Congolais et en son nom propre, exprime ses condoléances les plus émues et ses sentiments de compassion chrétienne aux fidèles catholiques du monde entier, et tout particulièrement à ceux de la République Démocratique du Congo. Il s’associe à leur peine et partage leur chagrin face à la perte de ce guide spirituel d’exception.
Le Président de la République rend un hommage solennel à la mémoire de ce grand serviteur de Dieu, dont la vie a été un témoignage vibrant de foi, d’humilité et d’engagement indéfectible pour la paix, la justice et la dignité humaine. Le Pape François, pasteur universel, a marqué le monde par sa simplicité, sa proximité avec les plus vulnérables et son appel incessant à la fraternité entre les peuples. Jusqu’à ses derniers instants, il a porté haut les valeurs évangéliques, invitant l’humanité à bâtir un monde de concorde et de solidarité.
Les Congolais, en particulier, garderont un souvenir impérissable de l’héritage spirituel du Pape François. Ses prières ferventes, notamment lors de ses messages Urbi et Orbi, ont toujours porté une attention spéciale à la République Démocratique du Congo, invoquant la paix et la réconciliation pour notre nation.
Sa visite apostolique à Kinshasa, du 31 janvier au 3 février 2023, demeure un moment historique, empreint d’espérance et de communion. À cette occasion, son cri prophétique, « Retirez vos mains de l’Afrique, retirez vos mains de la RDC », a retenti comme un appel puissant à la justice et à la souveraineté, gravé à jamais dans la mémoire collective du peuple congolais.
En cette période de recueillement, le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO invite tous les Congolais à s’unir dans la prière pour le repos éternel de l’âme du Pape François, afin qu’il trouve la félicité auprès du Créateur. Que son message d’amour, de paix et de justice continue d’inspirer les générations présentes et futures.
Que Dieu, dans sa miséricorde infinie, accueille son fidèle serviteur dans la lumière de sa gloire éternelle.
(Etude réalisée par Me Christian Tshilumba, Président de la CEM/MLP et Avocat près la Cour)
Contexte d’une mesure exceptionnelle
En République Démocratique du Congo (RDC), une décision récente des autorités a suscité un vif débat juridique et politique : la saisie des biens de l’ancien Président Joseph Kabila.
Dans un communiqué officiel du 19 avril 2025, le ministre de la Justice, M. Constant Mutamba, a ordonné l’ouverture de poursuites contre l’ex-chef de l’Etat, accusé de haute trahison, et la saisie de l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers appartenant au sénateur à vie Joseph Kabila. Cette mesure spectaculaire – couplée à la suspension du parti politique de M. Kabila – interpelle quant au respect des règles de droit établies. Un tel acte, pris en dehors de toute décision judiciaire préalable, soulève la question fondamentale du respect de l’Etat de droit et des procédures légales dans la conduite des affaires publiques en RDC.
Etat de droit et primauté de la Constitution
La Constitution du 18 février 2006 proclame que la RDC est un État de droit. Ce principe n’est pas qu’une formule : il signifie que tous, gouvernants comme gouvernés, sont soumis à la loi et à la Constitution. Dans un État de droit, les autorités ne peuvent agir que dans le cadre fixé par les textes juridiques en vigueur, et toute atteinte aux droits fondamentaux doit être strictement encadrée par la loi. Le respect des droits de la défense, de la présomption d’innocence et des procédures régulières n’est pas optionnel, même face à des accusations graves telles que la haute trahison. Personne n’est au-dessus de la loi, certes, mais personne n’est en-dessous non plus – y compris un ancien Président de la République.
La lutte contre l’impunité doit se faire sans jamais renier les garanties légales qui sont le socle de la démocratie congolaise.
L’immunité parlementaire du Sénateur à vie
Joseph Kabila n’est pas un citoyen ordinaire : en tant qu’ancien Président élu, il bénéficie du statut de sénateur à vie conformément à l’alinéa 7 de l’article 104 de la Constitution, qui dispose que « Les anciens Présidents de la République élus sont de droit sénateurs à vie ». À ce titre, il jouit de l’immunité parlementaire attachée à tout membre du Parlement. L’article 107 de la Constitution consacre cette immunité en deux volets : d’une part, l’irresponsabilité pour les opinions et votes émis dans l’exercice des fonctions parlementaires, et d’autre part, l’inviolabilité qui encadre strictement les poursuites pénales éventuelles. Plus précisément, « aucun parlementaire ne peut, en cours de sessions, être poursuivi ou arrêté, sauf en cas de flagrant délit, qu’avec l’autorisation de l’Assemblée nationale ou du Sénat, selon le cas. En dehors de sessions, aucun parlementaire ne peut être arrêté qu’avec l’autorisation du Bureau de l’Assemblée nationale ou du Bureau du Sénat, sauf en cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnation définitive ».
Le statut particulier d’un ancien Président de la République
Au-delà de la Constitution, le législateur congolais a prévu des garanties supplémentaires pour les anciens présidents. Une loi spécifique relative au statut des anciens Chefs de l’État renforce en effet le cadre procédural les concernant. Son article 8 dispose que pour des actes commis en dehors de l’exercice de ses fonctions présidentielles, les poursuites contre un ancien Président de la République élu doivent être préalablement autorisées par le vote des deux tiers des membres de chaque Chambre du Parlement, réunies en Congrès.
Autrement dit, même une fois qu’il a quitté le pouvoir, un ancien Président – devenu sénateur à vie – ne peut être traduit en justice que si une large majorité qualifiée du Parlement l’estime nécessaire. Cette même disposition ajoute par ailleurs qu’« aucun fait nouveau ne peut être retenu à charge de l’ancien Président de la République élu », affirmant ainsi la volonté de protéger l’ancien Chef de l’État contre toute accusation opportuniste surgissant après son mandat.
La confiscation des biens : cadre légal et droits en jeu
La saisie-confiscation des biens d’un individu est une mesure grave, prévue par le droit pénal comme une peine ou une mesure de sûreté prononcée par une autorité judiciaire. En droit congolais, la confiscation de biens n’est envisageable qu’à l’issue d’un processus judiciaire régulier, généralement comme sanction faisant suite à une condamnation pénale.
Avant toute condamnation définitive, la saisie de biens peut certes être utilisée à titre conservatoire dans le cadre d’une enquête, mais de telles saisies préventives obéissent à des procédures strictes sous le contrôle de magistrats. En revanche, il n’existe aucune base légale permettant à un ministre, par simple communiqué, de confisquer les biens d’un individu en dehors de tout cadre judiciaire.
Impératif démocratique : respecter les procédures établies
Que faire face à des accusations aussi sérieuses que la haute trahison, impliquant la sécurité nationale et la souveraineté de l’État ? La tentation peut être forte pour le pouvoir en place d’agir dans l’urgence. Cependant, l’efficacité apparente ne doit jamais primer sur la légalité.
L’histoire institutionnelle de la RDC a enseigné combien le contournement des lois peut conduire à des abus de pouvoir et à l’instabilité. Poursuivre un ancien Président est possible, mais cela doit se faire en suivant chaque étape prévue par le droit : saisine du Parlement pour la levée des immunités requises, réunion du Congrès pour autoriser les poursuites, instruction judiciaire impartiale, et jugement par une cour compétente.
Conclusion : pour une justice exemplaire, gage de stabilité
La confiscation des biens de l’ancien Président Joseph Kabila, opérée en marge des procédures légales, constitue un précédent dangereux pour la démocratie congolaise. En agissant ainsi, le gouvernement envoie le message que la fin justifierait les moyens, au risque d’éroder les fondements mêmes de la République. Il n’est pas question de défendre l’impunité, mais de rappeler que la justice, pour être crédible, doit être exemplaire dans sa méthode. Le respect de la Constitution et des lois est la condition de la stabilité du pays. Aucun combat politique ne justifie l’abandon du droit. Seule une justice rendue selon les règles peut inspirer la confiance du peuple.
(Par l’Ambassadeur Jean Thierry Monsenepwo, Communicateur de la République)
Prologue : Une arrivée, mille signaux
Le 18 avril 2025, Joseph Kabila foule le sol de Goma. Une apparition millimétrée, orchestrée avec une sobriété presque militaire : pas de drapeau national, pas d’accueil officiel, aucun protocole républicain. Rien qui ne rappelle un ancien Chef de l’Etat rentrant dignement au pays. Et pourtant, cette arrivée n’a rien d’un retour anodin. Elle s’apparente à un acte inaugural.
Le signal d’une stratégie à plusieurs couches, d’une manœuvre politique au service d’un projet ténébreux. Goma n’est pas seulement une ville meurtrie par la guerre : elle est, dans ce cas précis, le ventre de l’agression, le cœur battant d’un plan de démembrement national.
Dans ce dossier, nous proposons quatre scénarios stratégiques permettant de décrypter la démarche de Joseph Kabila.
Quatre angles qui, mis ensemble, dévoilent le visage réel d’un projet dangereux pour l’unité nationale.
Scénario I – L’aveu en acte : Kabila, père de l’AFC
Le Président Félix Tshisekedi, à deux reprises, l’a affirmé sans ambages : « Joseph Kabila est derrière l’AFC, la plateforme politico-militaire pilotée par Corneille Nangaa et adossée au M23 et au Rwanda ».
Ce que la parole présidentielle a formulé, l’acte posé à Goma vient le confirmer avec brutalité. Kabila aurait pu revenir par Lubumbashi, Kinshasa ou tout autre espace contrôlé par l’Etat. Il a choisi Goma, épicentre de la rébellion, zone partiellement occupée par des forces étrangères.
Ce choix n’est pas anodin.
Il est hautement symbolique : Kabila ne revient pas au Congo, il retourne dans le dispositif qu’il parraine.
Souvenons-nous aussi de ses prises de parole depuis l’Afrique du Sud : il n’a jamais condamné le M23. Il a même plaidé pour le retrait des forces de la SADC de la région du Nord-Kivu, en alignement total avec les intérêts du Rwanda.
Dès 2024, nous l’avions dit : « Joseph Kabila est l’ombre logistique, politique et financière derrière l’AFC ». A l’époque, ce fut l’objet d’insultes et de campagnes de diffamation. Mais l’Histoire, elle, parle avec des faits — et le sang des Congolais est aujourd’hui témoin de cette vérité.
Aujourd’hui, alors que Kigali, acculé par la pression diplomatique internationale, se voit contraint de retirer progressivement ses troupes du territoire congolais, il devient urgent pour le système de substituer la vitrine militaire rwandaise par une vitrine politique congolaise : c’est ici que Kabila se “titularise” dans le projet qu’il a incubé. Il devient la façade nationale d’un plan transfrontalier.
Scénario II – La tentative de relance d’un projet militaire en déclin
Ce scénario repose sur une lecture tactique de l’échec : le projet de conquête rapide, façon AFDL 1996-97, n’a pas fonctionné.
L’AFC peine à fédérer. Le M23, malgré l’armement rwandais, stagne sur le terrain. Les Congolais ne suivent pas. L’opinion publique nationale ne s’est pas retournée contre le pouvoir légitime. Le coup narratif tenté par Nangaa a échoué.
Et c’est ici que Kabila entre en scène, non pas comme un leader en exil, mais comme une figure d’autorité historique venant injecter une dose symbolique à une insurrection qui patine.
Ce retour vise à repositionner la coalition rebelle comme un projet structuré, avec une profondeur historique, une légitimité imaginaire. Il tente de convertir une rébellion sans âme en un “mouvement politique” en lui offrant un “parrain”. Lui-même.
Et si Goma n’est qu’un point de passage, c’est probablement le Katanga, sa terre d’influence, qui est dans le viseur stratégique.
Scénario III – Le caméléon tactique : de chef de guerre à “artisan de paix”
Ce scénario, plus sournois, mise sur le retournement narratif. Lorsque l’option militaire échoue, l’option politique entre en jeu.
Joseph Kabila se présente alors comme l’homme de la réconciliation, le pont entre le chaos et la paix, le sage retiré qui revient pour apaiser les tensions. Il espère être perçu comme un arbitre, alors qu’il est au cœur même du déséquilibre.
Il souhaite devenir un interlocuteur incontournable dans les futures négociations- celles qui viendront lorsque la communauté internationale, fatiguée du conflit, proposera une table de discussion. Sûrement selon le plan du duo ECC-CENCO.
Ce scénario repose sur une tentative de blanchiment politique : faire oublier son rôle dans le déclenchement du conflit pour se vendre comme facteur de sa résolution.
Mais pour nous, la mémoire est intacte :
les infiltrations dans l’administration,
les relais économiques dans les entreprises minières,
les appuis diplomatiques détournés,
la logistique rebelle organisée depuis l’intérieur du pays. Tout cela porte un seul nom : Joseph Kabila.
Scénario IV – La rupture constitutionnelle : vers une République sécessionniste de Goma
C’est peut-être le plus extrême des scénarios, mais certainement pas le plus improbable.
En entrant par Goma, Kabila entre dans un espace où les éléments d’un État parallèle sont déjà en place :
une administration de fait (judiciaire, fiscale, logistique),
une autorité politico-militaire (AFC – M23 – RDF),
une diplomatie souterraine (via le Rwanda et ses relais à l’étranger),
une économie de guerre, adossée aux minerais.
Il devient possible, dans cette configuration, d’imaginer une déclaration unilatérale d’autonomie, voire la proclamation d’une République séparatiste de Goma.
Et Joseph Kabila, fort de son passé présidentiel, deviendrait la figure morale, sinon politique, d’un territoire balkanisé. Ce serait la validation d’un processus amorcé depuis des années, par petites touches : une balkanisation de fait, portée par des Congolais eux-mêmes.
Conclusion : Ce n’est pas un retour, c’est un signal !
Le 18 avril 2025 n’est pas une simple date. C’est un marqueur historique. Celui où un ancien Président, loin d’agir comme un homme d’Etat, choisit la zone de guerre pour réapparaître comme acteur politique.
Ce n’est pas un retour républicain. C’est un retour à la subversion. À la division. A la duplicité.
Et le peuple congolais, les institutions républicaines et la communauté internationale doivent comprendre une chose : ce n’est pas une visite que nous avons vue à Goma. C’est une déclaration silencieuse de guerre.
Une situation confuse est née depuis l’annonce du retour en RDC, via la ville de Goma, une zone occupée depuis plus de deux mois, par l’armée rwandaise, de Joseph Kabila Kabange, Président de la République honoraire. Si, dans le camp du Sénateur à vie, certains cadres ne confirment pas encore la présence de leur leader sur le sol congolais, le Gouvernement, pour sa part, n’a pas tardé pour prendre des mesures de restriction strictes à l’encontre de l’homme de Kingakati.
Dans une double correspondance flottant sur la toile, depuis samedi 19 avril 2025, le Gouvernement national, par le truchement du Ministère de la Justice et celui de l’Intérieur, a annoncé une litanie de dispositions rigoureuses urgentes : poursuites judiciaires, saisie de ses biens mobiliers et immobiliers, restriction des mouvements des membres de sa famille politique, suspension des activités du PPRD, son parti. Par ces initiatives, le Gouvernement en place entend décidément passer un message clair pour dire que, malgré la guerre imposée dans l’Est, par le Rwanda, en complicité avec le M23/AFC, aucune tentative insurrectionnelle en RDC n’est la bienvenue.
‘’ Le ministère de l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières informe l’opinion que, conformément aux articles 29, 30 et 31b de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, les activités du parti politique « Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) » sont suspendues sur toute l’étendue du territoire national.
Cette décision fait suite à l’activisme avéré de l’Autorité Morale du PPRD dans cette guerre d’agression rwandaise ainsi qu’au silence coupable voire complice dudit parti, violant ainsi le prescrit de l’article 6 de la loi sus-évoquée et article 5 de la loi portant statut des anciens Présidents de la République élus et fixant les accords aux anciens Chefs de Corps Constitués.
Le ministère de l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières continue de rappeler aux partis politiques leurs obligations de veiller à la consolidation de l’Unité nationale, à la préservation de la Souveraineté de l’Etat congolais, à la préservation de la Sécurité et de l’intégrité du territoire national’’, insiste, dans son communiqué, le Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani.
La Pros.
COMMUNIQUE N°098 DU MINISTERE DE LA JUSTICE ET GARDE DES SCEAUX
Son Excellence Monsieur le Ministre d'Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux informe l'opinion publique nationale et internationale qu'il a donné injonction à l'Auditeur Général des FARDC ainsi qu'au Procureur Général près la Cour de cassation d'engager des poursuites judiciaires contre Monsieur Joseph Kabila Kabange et ses complices, responsables du PPRD/FCC, pour leur participation directe à l'agression menée par le Rwanda à travers le mouvement terroriste AFC/M23.
En outre, il a été requis de procéder à la saisie de l'ensemble de leurs biens mobiliers et immobiliers.
Par ailleurs, des mesures de restriction de mouvement sont ordonnées à rencontre de tous les membres et responsables du PPRD/FCC impliqués dans cette affaire de haute trahison envers la Nation.
Fait à Kinshasa, le 19 Avril 2025
Le Cabinet du Ministre d'État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux
MINISTERE DE L’INTERIEUR, SECURITE, DESCENTRALISATION ET AFFAIRES COUTUMIERES
Le Vice-Premier Ministre
COMMUNIQUE OFFICIEL
N° 25/CAB/VPM/MINISTERESEDECAC/SLBJ/09/2025
Le ministère de l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières dénonce et condamne :
-L’attitude ambigüe de Monsieur Joseph Kabila, ancien président de République, Sénateur à vie et Autorité Morale du Parti du Peuple pour la reconstruction et la Démocratie (PPRD) qui, face à l’occupation d’une partie du territoire national par l’Armée Rwandaise et ses supplétifs duM23/AFC, n’a jamais, dans ses déclarations devant la presse, condamné cette agression ;
-Son choix délibéré de rentrer au pays par la ville de Goma sous contrôle de l’ennemi qui assure curieusement sa sécurité.
A cet effet, le ministère de l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières informe l’opinion que, conformément aux articles 29, 30 et 31b de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, les activités du parti politique « Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) » sont suspendues sur toute l’étendue du territoire national.
Cette décision fait suite à l’activisme avéré de l’Autorité Morale du PPRD dans cette guerre d’agression rwandaise ainsi qu’au silence coupable voire complice dudit parti, violant ainsi le prescrit de l’article 6 de la loi sus-évoquée et article 5 de la loi portant statut des anciens Présidents de la République élus et fixant les accords aux anciens Chefs de Corps Constitués.
Le ministère de l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières continue de rappeler aux partis politiques leurs obligations de veiller à la consolidation de l’Unité nationale, à la préservation de la Souveraineté de l’Etat congolais, à la préservation de la Sécurité et de l’intégrité du territoire national.