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Justice, communication et légèreté institutionnelle : une dérive en marche ?

(Par Cyrille Ludunge Bagenda Banga)

Introduction

Le communiqué n°098 du Ministère de la Justice, daté du 19 avril 2025, prétend annoncer l’ouverture de poursuites judiciaires contre Monsieur Joseph Kabila Kabange, ancien Président de la République Démocratique du Congo, ainsi que ses proches, pour leur supposée complicité dans l’agression du pays via le mouvement M23. Un texte qui, s’il n’était pas aussi grave dans ses implications, pourrait être classé parmi les maladresses administratives d’un cabinet improvisé.

Entre accusations de haute trahison, ordres de saisies de biens, restrictions de mouvements, et un ton martial à peine voilé, ce communiqué interroge autant sur le fond que sur la forme. Est-ce un acte de justice mûri, un coup politique de diversion, ou simplement une œuvre de néophytes pris dans l’euphorie de leur toute-puissance institutionnelle ?

1. L’incongruité de la forme : une note brouillonne pour une affaire d’État

À la lecture du communiqué, on est d’abord frappé par la forme : absence de référence juridique, ton approximatif, et un usage flou du langage administratif. Il n’y a ni visa des articles constitutionnels ou légaux, ni indication d’une base procédurale crédible. Le document ressemble plus à une décision de cour de récréation ministérielle qu’à une communication d’un ministère d’État.

Où est la rigueur juridique ? Où est la solennité de l’État ? Ce genre de déclaration, s’il est authentique, jette un doute sérieux sur la qualité des conseillers politiques et juridiques du ministre de la Justice.

2. Le fond : entre précipitation politique et amateurisme judiciaire

Accuser un ancien Chef de l’État de haute trahison, pour des faits aussi lourds que la collaboration avec un mouvement qualifié de terroriste, requiert une enquête sérieuse, des éléments de preuve accablants et une procédure conforme à la Constitution. Il ne s'agit pas d'une affaire partisane. C’est une question de souveraineté nationale.

Or, ici, on inverse l’ordre des choses : injonction d’engager des poursuites, saisie des biens, puis on parlera d’enquête. On devine donc une stratégie de diabolisation politique, motivée peut-être par l’opportunité de neutraliser un adversaire redouté ou de détourner l’attention d’une autre crise en cours.

3. L’hypocrisie sélective : pourquoi maintenant ? Pourquoi Kabila seul ?

Si la République doit se purger de ses traîtres, où sont les noms de ceux qui ont cohabité, mangé, gouverné, négocié avec le M23 à Kinshasa pendant 14 mois ? Pourquoi la justice ne s’est-elle pas réveillée plus tôt ? Qui a donné l’ordre de loger les émissaires du M23 à l’Hôtel du Fleuve ? Pourquoi n’a-t-on pas ouvert les mêmes procédures contre ces acteurs de l’Union sacrée ?

Ce deux poids, deux mesures dénote une instrumentalisation politique de la justice, au détriment de sa mission sacrée.

4. Une dérive dangereuse : quand l’État devient une scène de règlement de comptes

Ce type de communiqué, s’il est réel, est la preuve de l'effritement de l'État de droit. Il transforme l’administration en un théâtre de vengeance politique. Cela nourrit la méfiance envers les institutions, installe un climat de peur, et banalise la justice. Or, dans un pays qui cherche la stabilité, on ne peut pas se permettre une telle désinvolture.

C’est aussi une leçon de gouvernance ratée : même pour neutraliser ses adversaires, un État responsable agit avec méthode, avec retenue, avec respect pour ses propres lois.

Conclusion : vers une justice spectacle ?

Si ce document est un fake, il est le symptôme d’une société désorientée, qui ne croit plus à l’orthodoxie des institutions.

S’il est authentique, alors c’est le signe d’une dérive inquiétante, d’un pouvoir pris de panique, prêt à piétiner les fondamentaux pour survivre politiquement.

Dans les deux cas, la République sort perdante. L’histoire, elle, retiendra que certains ont confondu la justice avec la communication, la politique avec le ressentiment, et le leadership avec l’arrogance des improvisés.

CLBB

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Echanges fructueux avec Prabowo Subianto, RDC-Indonésie : Félix Tshisekedi met le cap sur le renforcement des relations bilatérales !

 Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l’Etat, s’est entretenu, mercredi 23 avril 2025, par visioconférence, pour la deuxième fois, avec le Président de l’Indonésie, Prabowo Subianto, sur le renforcement de la coopération entre leurs pays.

Les deux dirigeants ont précisément discuté de la mise en place d’un partenariat dans les domaines de la diplomatie, du développement économique, des infrastructures, des mines et de l’agriculture.

À cette occasion, le Président Subianto a renouvelé son invitation au Président Tshisekedi pour une visite d’État en Indonésie dont les dates devraient être annoncées au deuxième semestre de cette année.

Cette rencontre virtuelle fait suite à celle du 14 décembre 2024 qui était organisée juste après l’investiture du Président indonésien. Lors de cet échange, les deux Chefs d’État avaient notamment évoqué la perspective d’une coopération stratégique sur le plan écologique afin de faire front commun face aux défis environnementaux. 

La République démocratique du Congo (RDC) et l’Indonésie figurent parmi les principaux leaders des grands bassins forestiers au monde. En 2023, les deux pays avaient pris part au Sommet des 8 États signataires du Pacte de l’Amazonie, au Brésil. Ces derniers avaient décidé de coaliser leurs efforts en vue de parler d'une même voix et de développer un agenda commun pour la sauvegarde et la préservation de leurs ressources forestières.

La Pros.

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